évoquée par Convidado.
Voici un extrait de l'école élémentaire du PCF de 1959.
On y trouvera beaucoup de choses que ne renieraient sans doute ni Erou ni Convidado...
Ca a été reproduit par le site de la Gauche Communiste, qui semble le reprendre à son compte. On a les traditions qu'on peut... :blink:
Désolé, c'est un peu long.
a écrit :
II. LA PAUPERISATION RELATIVE ET ABSOLUE DE LA CLASSE OUVRIERE
Avec le développement du capitalisme, la richesse sociale s’accroît (construction d’usines nouvelles, de magasins, d’immeubles ; développement des moyens techniques, etc.)
Ces richesses se concentrent dans une nombre de mains toujours plus réduit, à un pôle de la société, du côté de la minorité exploiteuse dont le luxe et le gaspillage augmentent. La croissance de la richesse et de la puissance des capitalistes a sa source dans l’exploitation des ouvriers ; la richesse du capitaliste n’est pas, comme le prétendent les économistes bourgeois, le résultat du propre travail du capitaliste.
La concentration capitaliste aboutit à la ruine de millions de petits paysans et artisans qui deviennent des prolétaires. Le nombre des salariés, dépourvus de tout moyen de production, grandit au fur et à mesure que s’accumule et se concentre le capital.
La concentration du capital, de développement du machinisme et de la productivité ont comme résultat l’accroissement du chômage. Dans le régime capitaliste, l’augmentation du nombre global d’ouvriers employés est généralement plus lente que l’accroissement du nombre de gens qui s’offrent comme ouvriers.
Aussi les capitalistes disposent-ils d’une masse plus ou moins importante de main d’œuvre, une armée industrielle de réserve. En font partie les chômeurs totaux ou partiels, les ouvriers agricoles en surnombre, les paysans pauvres qui végètent misérablement sur leur terre, les jeunes sortant de l’école, les ménagères dont les ressources sont insuffisantes pour faire vivre la famille, les travailleurs à domicile, etc. Lorsqu’ils la jugent insuffisante, les capitalistes font appel à la main d’ œuvre étrangère (Algériens, Italiens, etc.). Le Marché commun, avec sa clause concernant la libre circulation des personnes entre les pays adhérents, risque d’en accroître les effectifs.
La preuve de l’existence de cette réserve de main d’ œuvre est fournie par ce qui se passe lorsque s’installe quelque part une entreprise nouvelle. Même s’il n’y a pas de chômage apparent, l’entreprise recrute en général immédiatement la main d’ œuvre nécessaire.
L’armée de réserve pèse constamment sur l’armée active des travailleurs et Marx déduit de là, la loi générale de l’accumulation capitaliste :
« A mesure que l’accumulation du capital s’opère, la situation de l’ouvrier, qu’il gagne peu ou beaucoup, ne peut qu’empirer. »
En même temps que s’accumule la richesse entre les mains de la minorité exploiteuse, à l’autre pôle de la société, du côté de ceux dont le travail crée toutes les richesses, s’intensifient de plus en plus l’exploitation et l’oppression, s’accroissent le chômage et la misère.
Le développement du capitalisme s’accompagne de la paupérisation relative et absolue du prolétariat.
La paupérisation relative est la baisse de la part de la classe ouvrière dans le revenu national des pays capitalistes.
Dans la société bourgeoise, la part qui revient à la classe ouvrière dans le revenu national, baisse constamment tandis que la part des classes exploiteuses s’élève sans cesse.
La part des salaires dans le revenu national (1) qui était en France de 45 % en 1938, est passée à 30 % à l’heure actuelle.
La paupérisation absolue consiste dans la baisse pure et simple du niveau de vie de la classe ouvrière.
La paupérisation absolue, ce n’est pas seulement la baisse du salaire réel ; c’est aussi l’aggravation des conditions de travail de l’ouvrier, de ses conditions d’alimentation, de logement, l’épuisement physique accentué, l’incertitude des lendemains accrue, etc.
Dans les paragraphes suivants, nous étudierons succinctement comment le développement du capitalisme entraîne l’aggravation des conditions de vie et de travail des ouvriers, les manifestations essentielles de la paupérisation absolue du prolétariat.
(1) Revenu national : valeur nouvellement créée dans l'année par le travail des ouvriers, des paysans travailleurs, des artisans.
1) LA BAISSE DU SALAIRE REEL (2)
Les conditions mêmes du régime capitaliste font que les patrons ont la possibilité de payer la journée de travail de l’ouvrier à un prix inférieur à la valeur des moyens de subsistance qui lui sont nécessaires pour reconstituer normalement sa capacité de travail et qu’ils y parviennent effectivement.
(2) Salaire réel : doit être distingué du salaire nominal. Celui-ci est la somme d'argent que l'ouvrier reçoit pour la force de travail qu'il vend au capitaliste. Le salaire réel indique la quantité et la qualité des objets de consommation que l'ouvrier peut acheter avec son salaire en argent.
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Les principaux facteurs qui favorisent la tendance à la baisse du salaire sont les suivants :
a) L’existence d’une armée industrielle de réserve
Dans la vente de sa force de travail l’ouvrier est désavantagé face au capitaliste qui seul possède les moyens d’utiliser cette force de travail.
Le développement du capitalisme aggrave la concurrence entre ouvriers.
L’existence de l’armée de réserve à des conséquences redoutables pour l’armée active des travailleurs.
« C’est, en tout temps, un boulet aux pieds de la classe ouvrière dans sa lutte pour l’existence contre le capital, un régulateur pour maintenir la salaire au bas niveau qui seul satisfait le capitaliste. »
Engels
Les capitalistes ont la possibilité de faire pression sur l’ouvrier occupé. Obligé de vendre sa force de travail sous peine de mourir de faim, l’ouvrier est amené à accepter les conditions imposées par le capitaliste (bas salaire, intensification accrue, etc.)
Le chômage crée une situation instable pour les ouvriers occupés dans la production ; il engendre une situation dramatique pour les travailleurs qui y sont contraints. Il contribue à réduire le niveau de vie de la classe ouvrière tout entière. Son accroissement s’accompagne d’une incertitude accrue pour les travailleurs.
8) La baisse de la qualification du travail
Le développement de la technique, la modernisation des machines entraînent la simplification du travail. Dans l’industrie automobile par exemple, il y a vingt-cinq ans, la carrosserie se faisait à la main. Une main d’œuvre hautement qualifiée était indispensable et payée en conséquences. Aujourd’hui, avec les presses perfectionnées, une main d’œuvre non-qualifiée suffit dans de nombreux cas. La modernisation entraîne donc en même temps que l’apparition d’une minorité d’ouvriers hautement qualifiés une augmentation considérable des ouvriers non-qualifiés. Chez Citroën, le nombre des OS est passé de 52 % en 1938 à 75 % actuellement. Dans l’industrie chimique, ce pourcentage est encore plus élevé.
La diminution du nombre d’ouvriers qualifiés fait baisser le salaire moyen de la classe ouvrière.
c) La hausse systématique des prix des objets de consommation courante, détermine l’augmentation du coût de la vie ; celle-ci pèse lourdement sur le salaire réel, ainsi que la hausse des loyers.
d) Le rôle de l’Etat capitaliste
Maîtres de l’Etat capitaliste, les monopoles disposent de puissants moyens d’action, économiques, politiques, idéologiques pour contrecarrer l’action ouvrière et abaisser le niveau de vie des travailleur. Le pouvoir autoritaire a entrepris de reprendre aux travailleurs l’essentiel des avantages acquis au cours de dizaines d’années de lutte (atteintes à la sécurité sociale, etc.)
L’un des moyens essentiels utilisés par l’Etat est le prélèvement d’une partie des salaires par le canal des impôts directs (plus de 50 % des impôts directs sont perçus sur les salaires et traitements) et surtout indirects (taxes prélevées sur le prix des marchandises) qui constituent les 3/5 des rentrées fiscales.
L’Etat met au service de chaque patron le poids de la machine gouvernementale (fixation du niveau des salaires au moyen du SMIG, blocage des salaires, ordonnance sur l’intéressement des travailleurs aux résultats de l’entreprise, etc.)
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l’exemple de la France confirme la tendance générale du régime capitaliste à abaisser le salaire réel : le salaire horaire du métallurgiste parisien a diminué de 30 % par rapport à 1938, bien que la production ait doublé depuis 20 ans et que le rendement ait augmenté.
Pendant les années de développement économique, les ouvriers compensaient la baisse du salaire horaire par les heures supplémentaires et les primes au rendement. Leur appauvrissement était moins apparent. Mais leur situation n’était pas moins dégradée puisqu’ils devaient pour rétablir quelque peu le niveau de leur « gain », dépenser une quantité plus grande de force de travail, faire de longues journées et forcer les cadences.
Les difficultés économiques des premiers mois de 1959, avec les réductions d’horaires, ont ramené pour un plus grand nombre d’ouvriers leurs ressources au seul salaire horaire, rendant plus visible la profondeur de la chute du salaire et la réalité de leur appauvrissement.
La tendance à la baisse du salaire réel s’exprime dans le même moment où les besoins de l’ouvrier augmentent.
2) L’INSATISFACTION ACCRUE DES BESOINS CROISSANTS DE L’OUVRIER
Avec le développement du capitalisme, les besoins de l’ouvrier se modifient en nombre et en qualité. A notre époque, les besoins de l’ouvrier sont plus grands qu’il y a 100 ans ; il ne satisfait pas ses besoins de la même façon.
Les changements dans les besoins s’expliquent par les modifications qui interviennent dans les conditions de travail des ouvriers, dans les conditions de vie, par l’apparition des biens de consommation moderne. Examinons quelques-unes de ces modifications.
Les changements dans les conditions de travail et de vie :
a) l’accélération des cadences de travail
L’énorme intensification du travail qui s’accompagne d’une dépense supplémentaire considérable d’énergie, le rythme trépidant de la vie de’ l’ouvrier moderne et de sa famille suscitent des besoins plus grands : nourriture plus abondante et surtout de meilleure qualité, repos, congés, plus grand confort ménager, etc.
8) l’éloignement du lieu de travail
Autrefois, les ouvriers vivaient principalement à proximité de leur travail et s’y rendaient à pied. Avec le développement de l’industrie modern,e des masses considérables d’ouvriers doivent emprunter le chemin de fer, les transports en commun ou des moyens individuels de transports. L’achat d’un moyen de transport individuel (vélomoteur, scooter) est, pour beaucoup d’ouvriers, un besoin de la vie moderne.
c) le travail des femmes
Autrefois, la femme restait le plus souvent à la maison. Aujourd’hui, le salaire du mari est insuffisant pour faire vivre la famille, la femme travaille et les et les conditions de la vie ménagère changent. L’achat de machines à laver correspond à un besoin nouveau résultant des conditions nouvelles de vie.
Le développement des biens de consommation moderne :
Le développement de la science et de la technique crée une foule de produits nouveaux, ce qui suscite des besoins nouveaux : radio, cinéma, moyen de transport, etc. Le désir de satisfaire ces besoins nouveaux est stimulé par les conditions mêmes de la vie moderne qui créent des besoins de loisirs, d’air pur, etc.
Les biens de consommation moderne prennent place progressivement dans le mode d’existence de la société : ils se répandent de plus en plus largement.
Il est parfaitement normal que les travailleurs veuillent eux aussi, bénéficier du progrès technique qui est d’ailleurs leur œuvre, qu’ils cherchent à satisfaire leurs nouveaux besoins au moyen des produits existant sur le marché ou qu’ils remplacent les anciens moyens de satisfaire un besoin par des moyens plus
modernes. Cela explique l’achat de postes de radio, la substitution du vélomoteur à la bicyclette, etc.
En satisfaisant ses besoins nouveaux : nourriture de meilleure qualité, repos, moyen de transports, etc. résultant des conditions du travail et de la vie moderne, le travailleur ne s’enrichit pas ; il ne fait que satisfaire des besoins qui correspondent aux conditions nouvelles de notre époque et dont la satisfaction est absolument indispensable pour reconstituer normalement sa capacité de travail.
Le salaire réel en France étant tombé nettement au dessous de la valeur de moyens de subsistance nécessaires à la reconstitution de la force de travail, il n’assure pas en fait les conditions normales d’existence des ouvriers.
Parviennent-ils de moins en moins à satisfaire leurs besoins croissants : seule une faible proportion d’ouvriers peut acheter les produits de la technique moderne. Lorsqu’ils se les procurent, ces achats sont bien souvent faits grâce à la réalisation d’un nombre considérable d’heures supplémentaires et d’une usure accrue de leur organisme.
L’appauvrissement des travailleurs a pour conséquence le développement des ventes à crédit. Ces ventes, à leur tout, aggravent la situation de la classe ouvrière : elles se font à un taux usuraire ; en outre, sous la facilité apparente des règlements, le système assujettit les travailleurs à des obligations qui risquent de porter atteinte à leur combativité.
La nécessité de se procurer tel ou tel produit nouveau oblige aussi souvent l’ouvrier à se priver sur d’autres besoins plus essentiels. Sa situation ne se trouve donc nullement améliorée de ce fait ; sa misère prend seulement un autre aspect.
Les propagandistes de la bourgeoisie s’emploient à entretenir la confusion ; ils voudraient faire croire que la possession des moyens de consommation modernes signifie un changement dans la condition de l’ouvrier ; en réalité, cela n’y change rien ; qu’il aille à l’usine à pied ou à scooter, qu’il possède une machine à laver ou un poste de télévision, le salarié reste un exploité dont le surtravail (1) fait la richesse et la puissance du capitaliste.
(1) Surtravail : Travail gratuit qui produit la plus-value.
3) L’AGGRAVATION DES CONDITIONS DE TRAVAIL
En régime capitaliste, avec le développement de la technique, les conditions de travail ont tendance à s’aggraver.
« La machine se transforme dans les mains des capitalistes en moyen systématique d’extorquer à chaque moment plus de labeur. »
K. Marx
La modernisation des machines d’accompagne de l’accroissement de l’intensité du travail. En France, depuis 1938, les cadences ont augmenté surtout dans les branches les plus modernes. Le travail à la chaîne, aux pièces, au boni, presque inconnu il y a cinquante ans, a gagné de nombreuses industries. Ces dernières années, s’inspirant de l’exemple américain, le patronat français a mis au point toute une gamme de méthodes de surexploitation de la classe ouvrière, telle la prétendue « organisation scientifique du travail ». Ces méthodes s’appliquent aujourd’hui à de nouvelles industries comme le bâtiment, les services publics, les administrations qui y échappaient jusqu’ici.
Les capitalistes s’efforcent simultanément d’allonger la journée de travail : la semaine de travail est en moyenne de 5 heures plus élevée qu’en 1938.
a) l’usure prématurée de l’ouvrier
L’intensification du travail et l’aggravation des conditions de travail aboutissent à l’épuisement de l’ouvrier ; sa force de travail, son unique richesse, se déprécie rapidement. Avec le développement du capitalisme, la durée moyenne de la capacité de travail de l’ouvrier va en diminuant : le vieillissement de la main d’œuvre intervient de plus en plus tôt.
La situation des travailleurs usés avant l’âge est un des signes les dramatiques de la situation du prolétariat. Epuisés par un travail intensif, ils ne trouvent plus d’embauche avant même qu’ils aient droit à la retraite. Quant à ceux qui sont plus âgés, ils ne peuvent subvenir à leurs besoins avec la retraite ou l’allocation vieillesse. Les statistiques officielles indiquent elles-mêmes qu’un nombre élevé de vieux travailleurs meurent de sous-alimentation.
8) la multiplication des accidents du travail et des maladies professionnelles
La nouvelle intensification du travail n’entraîne pas seulement comme autrefois l’augmentation de la dépense d’énergie musculaire ; elle est caractérisée davantage encore par une tension nerveuse accrue qui conduit le travailleur à l’exténuation et à la maladie.
Avec un tel épuisement de la santé, même si le salaire augmente, le sort du prolétaire subit une dégradation absolue.
La névrose, « maladie moderne », due à une trop grande fatigue nerveuse, s’est considérablement développée dans la dernière période provoquant toute une série d’autres maladies : du cœur, de l’estomac, etc.
La fréquence des maladies professionnelles augmente.
Le nombre des accidents du travail n’a jamais été aussi élevé que dans les dernières années. Selon les statistiques de la sécurité sociale, le nombre des accidents graves, ayant entraîné l’incapacité totale de travail ou la mort, a augmenté de 70 % entre 1948 et 1953.
4) L’AGGRAVATION DES CONDITIONS D’ALIMENTATION ET DE LOGEMENT
La baisse du pouvoir d’achat entraîne des privations dans les familles ouvrières. La statistique officielle reconnaît que la consommation des produits de base tels que la viande, la volaille, les œufs, les poisson est en régression sensible. La vente de l’habillement diminue. La consommation se déplace des produits de qualité vers les produits inférieurs.
Les conditions de logement s’aggravent pour les travailleurs : la hausse continuelle des loyers les oblige à se contenter des plus mauvais logements. Les loyers élevés rendent inaccessibles les logements locatifs neufs à la masse des travailleurs. Nombre de ceux qui en bénéficient ne peuvent s’y maintenir qu’au prix des plus grandes privations. Alors que les salariés arrivaient à se loger tant bien que mal avant 1914 quand la crise du logement n’existait pas, des centaines de milliers de familles ouvrières sont sans logement (95 % des jeunes ménages parisiens) à l’heure actuelle.
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L’essor de la technique qui accompagne le développement du capitalisme n’apporte donc pas automatiquement aux travailleurs un allègement de leur situation comme voudraient le faire croire réformistes et révisionnistes ; elle entraîne souvent une aggravation de leur misère et de leurs privations.
La domination des monopoles se traduit aussi par la ruine et la paupérisation des couches essentielles de la paysannerie.
Il en résulte que les antagonismes de classe s’accentuent entre le prolétariat et toutes les masses laborieuses d’une part et la bourgeoisie de l’autre.