crise de direction révolutionnaire

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Ottokar » 25 Sep 2005, 08:15

(txi a écrit :dans les années 30, qui peut prétendre que la "situation objective" était défavorable aux partis trotskystes? prolétariat mobilisé à l'échelle internationale, avec une tradition de luttes. Bourgeoisie clairement identifiée, les "200 familles" pour la France. Parti stalinien pas encore hégémonique en France, parti socialiste compromis dans ses participations gouvernementales avec les Radicaux. Et pourtant, les partis représentant la politique de Trotsky ne dépassent pas un millier de membres (je crois) à eux tous. Parce que leur choix a plus été de travailler en direction des intellectuels (même si cette politique ne fut pas réellement consciente) qu'en direction des ouvriers. Et aussi pour tout un tas d'autres raisons (divisions en une multitude de groupuscules...)



Je crois que c'est précisément la période illustrée par la citation de Trotsky, "crise de direction". Pour lui dans les années 30, les masses et leur activité ne sont pas en cause, la direction stalinienne et social-démocrate le sont ! et créer une direction alternative dans le feu de l'action, quand on est petits, intellos pour la plupart, coupés des masses, inconnus (à part Trotsky lui-même) coupé des militants qui viennent à peine 10 ou 15 ans avant, de rompre avec une autre direction pourrie (social-démocrate) c'est quasi impossible. Ne jetons pas trop la pierre à des militants courageux qui pour certains l'ont payé de leur vie. Avec des militants d'une autre qualité, en sortant du parti social-démocrate allemand, lié aux masses, connus, avec des dirigeants d'une autre trempe et d'un autre calibre que les Naville, Franck et Molinier, Rosa Luxemburg, Karl Liebknecht et Leo Jogishes n'y sont pas parvenus en décembre 18-mars 19.

Nous n'avons pas connu en Europe de situation comparable aux années 30 depuis la guerre. La crise de direction apparaît de ce fait moins aigue et des masses -qui n'étaient pas insurgées- ont eu la direction réformiste qui correspondait à la période. C'est constat que faisait Vérié et, en regardant la situation de façon réaliste, on peut le partager. Mais sans s'arrêter à ce constat. Car la leçon de l'histoire est qu'une direction commence à se forger AVANT, à se construire AVANT, comme les bolcheviks ont su le faire, de façon indépendante, en éduquant une génération de militants d'une certaine façon.

Bien sûr, une direction révolutionnaire et même un parti révolutionnaire de masse ne peut surgir dans des périodes calmes. Et il est inévitable que les révolutionnaires soient minoritaires. Mais ce constat doit nous conduire à travailler d'arrache-pied, en profitant de ce calme pour nous construire, nous lier aux masses, éduquer une direction, qui sera en mesure de résoudre cette crise de direction révolutionnaire... lorsque la révolution l'imposera !
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Message par artza » 25 Sep 2005, 08:52

(Ottokar @ dimanche 25 septembre 2005 à 09:15 a écrit :

Nous n'avons pas connu en Europe de situation comparable aux années 30 depuis la guerre. La crise de direction apparaît de ce fait moins aigue et des masses -qui n'étaient pas insurgées- ont eu la direction réformiste qui correspondait à la période. C'est  constat que faisait Vérié et, en regardant la situation de façon réaliste, on peut le partager. Mais sans s'arrêter à ce constat. Car la leçon de l'histoire est qu'une direction commence à se forger AVANT, à se construire AVANT, comme les bolcheviks ont su le faire, de façon indépendante, en éduquant une génération de militants d'une certaine façon.

Ce n'est pas ce constat que faisait Vérié.
Pour lui la position de Trotsky là-dessus est fausse et l'était dèjà en 1938!

Pour le reste les années 50 et la suite différentes des années 30 évidemment.
Maintenant la phrase sur les directions réformistes correspondant à la période est malheureuse.
Comment, la direction du PC "correspondait à la période" au moment des manifs de rappelés pour l'Algérie!
Pour ne citer qu'un exemple.
J'ajoute qu'une tendance révolutionnaire à l'époque ne serait-ce que de la taille et de la notoriété actuelle de LO aurait pu et du faire quelque chose et que oui ça aurait changé la donne.
artza
 
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Message par Ottokar » 25 Sep 2005, 09:38

Inutile de dire que je partage la correction d'Artza. D'ailleurs c'est ce que j'avais exprimé plus haut dans le fil : une situation est aussi le produit de ce qu'en fait sa direction, de la direction que les masses trouvent. Nous n'avons jamais atteint le niveau des années 30 en Europe, c'est ce qui fait que les directions réformiste ont été moins contestées, que la "crise de direction" (origine du fil) a été moins aigue : on n'a pas connu d'insurrection dévoyée comme en Autriche en 34, dans les Asturies, en Espagne, etc. Mais il y a eu bien des occasions qui sans être révolutionnaires, pouvaient donner autre chose : la période 44-48, les mouvements de rappelés de 56, 68 et les années 70, sans parler de l'éducation par des révolutionnaires européens d'une génération de révolutionnaires communistes dans le tiers-monde, capables de proposer une autre politique aux masses au lieu de voir les révoltés suivre des militants attirés par une version stalino-nationaliste de développement national !
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Message par logan » 25 Sep 2005, 20:06

a écrit :Pour un marxiste, il est hors de doute que la révolution est impossible sans une situation révolutionnaire, mais toute situation révolutionnaire n'aboutit pas à la révolution. Quels sont, d'une façon générale, les indices d'une situation révolutionnaire ? Nous sommes certains de ne pas nous tromper en indiquant les trois principaux indices que voici :

1) Impossibilité pour les classes dominantes de maintenir leur domination sous une forme inchangée; crise du "sommet", crise de la politique de la classe dominante, et qui crée une fissure par laquelle le mécontentement et l'indignation des classes opprimées se fraient un chemin. Pour que la révolution éclate, il ne suffit pas, habituellement, que "la base ne veuille plus" vivre comme auparavant, mais il importe encore que "le sommet ne le puisse plus".

2) Aggravation, plus qu'à l'ordinaire, de la misère et de la détresse des classes opprimées.

3) Accentuation marquée, pour les raisons indiquées plus haut, de l'activité des masses, qui se laissent tranquillement piller dans les périodes "pacifiques", mais qui, en période orageuse, sont poussées, tant par la crise dans son ensemble que par le "sommet" lui-même, vers une action historique indépendante.

Sans ces changements objectifs, indépendants de la volonté non seulement de tels ou tels groupes et partis, mais encore de telles ou telles classes, la révolution est, en règle générale, impossible. C'est l'ensemble de ces changements objectifs qui constitue une situation révolutionnaire. On a connu cette situation en 1905 en Russie

Lénine, la faillite de la 2ème Internationale, 1915
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Message par Ottokar » 26 Sep 2005, 06:49

Oui, Logan, et alors ?
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Message par logan » 26 Sep 2005, 07:37

C'est un pasage qui mérite d'être rappelé
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Message par Ottokar » 26 Sep 2005, 07:50

Tu as raison, c'est toujours bon de relire Lénine, on ne s'en lasse pas... mais ma question, c'est : à qui le rappelles-tu et pourquoi ? peut-être la réponse est "à personne, c'était pour faire avancer le chimilibli - le chibimibili- le schimilibilik !"
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Message par logan » 26 Sep 2005, 08:45

(Ottokar @ lundi 26 septembre 2005 à 08:50 a écrit : Tu as raison, c'est toujours bon de relire Lénine, on ne s'en lasse pas... mais ma question, c'est : à qui le rappelles-tu et pourquoi ?  peut-être la réponse est "à personne, c'était pour faire avancer le chimilibli - le chibimibili- le schimilibilik !"

Bien sur que j'espère faire avancer le Schmilibilibi... pardon le Schmilibili... enfin bref

Dans ce passage Lénine expose simplement ce qu'est une situation révolutionnaire et de quoi elle dépend. Il insiste sur le fait que les partis ne peuvent pas créer une telle situation, quel que soit leur poids.

C'est utile pour ceux sur ce fil qui prétendent qu'en Mai 68 ou en 1981 il y aurait pu y avoir une situation révolutionnaire avec une direction véritablement révolutionnaire (wolf si j'ai bien compris).
logan
 
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