(txi a écrit :dans les années 30, qui peut prétendre que la "situation objective" était défavorable aux partis trotskystes? prolétariat mobilisé à l'échelle internationale, avec une tradition de luttes. Bourgeoisie clairement identifiée, les "200 familles" pour la France. Parti stalinien pas encore hégémonique en France, parti socialiste compromis dans ses participations gouvernementales avec les Radicaux. Et pourtant, les partis représentant la politique de Trotsky ne dépassent pas un millier de membres (je crois) à eux tous. Parce que leur choix a plus été de travailler en direction des intellectuels (même si cette politique ne fut pas réellement consciente) qu'en direction des ouvriers. Et aussi pour tout un tas d'autres raisons (divisions en une multitude de groupuscules...)
Je crois que c'est précisément la période illustrée par la citation de Trotsky, "crise de direction". Pour lui dans les années 30, les masses et leur activité ne sont pas en cause, la direction stalinienne et social-démocrate le sont ! et créer une direction alternative dans le feu de l'action, quand on est petits, intellos pour la plupart, coupés des masses, inconnus (à part Trotsky lui-même) coupé des militants qui viennent à peine 10 ou 15 ans avant, de rompre avec une autre direction pourrie (social-démocrate) c'est quasi impossible. Ne jetons pas trop la pierre à des militants courageux qui pour certains l'ont payé de leur vie. Avec des militants d'une autre qualité, en sortant du parti social-démocrate allemand, lié aux masses, connus, avec des dirigeants d'une autre trempe et d'un autre calibre que les Naville, Franck et Molinier, Rosa Luxemburg, Karl Liebknecht et Leo Jogishes n'y sont pas parvenus en décembre 18-mars 19.
Nous n'avons pas connu en Europe de situation comparable aux années 30 depuis la guerre. La crise de direction apparaît de ce fait moins aigue et des masses -qui n'étaient pas insurgées- ont eu la direction réformiste qui correspondait à la période. C'est constat que faisait Vérié et, en regardant la situation de façon réaliste, on peut le partager. Mais sans s'arrêter à ce constat. Car la leçon de l'histoire est qu'une direction commence à se forger AVANT, à se construire AVANT, comme les bolcheviks ont su le faire, de façon indépendante, en éduquant une génération de militants d'une certaine façon.
Bien sûr, une direction révolutionnaire et même un parti révolutionnaire de masse ne peut surgir dans des périodes calmes. Et il est inévitable que les révolutionnaires soient minoritaires. Mais ce constat doit nous conduire à travailler d'arrache-pied, en profitant de ce calme pour nous construire, nous lier aux masses, éduquer une direction, qui sera en mesure de résoudre cette crise de direction révolutionnaire... lorsque la révolution l'imposera !