Autre point : aurait-il fallu bloquer les facs comme je l'ai lu sur ce fil, comme lors du mouvement contre le CPE ?
En fait, on a commencé par faire le "boulot" dans les facs :passer dans les amphis, etc. Mais très vite, on a bien vu que c'était ramollos et compagnie, plein de syndicalistes étudiants qui n'avaient que faire d'organiser l'accroissement de la mobilisation. Dans la fac de province où j'étais, nous étions peu nombreux à LO. Quand on a vu qu'il y avait pas mal d'indifférence à la fac, on a décidé d'aller vers les lycées. Et là, rien à voir ! Comme l'ont décrit les copains, la mobilisation a pris très vite. Pas besoin de bloquer quoi que ce soit, on avait l'impression que tout le lycée partait. Même si c'était pas vrai. De toute façon, peu importait, car on sortait du lycée pour aller débrayer d'autres lycées. Toute la matinée en manif ! Et le cortège qui grossissait, grossissait.
Au contraire, le fait que les lycées n'étaient pas bloqués, cela nous permettait de nous retrouver le matin à 8h, de faire le plein à l'AG dans la cantine du lycée, et d'entraîner ceux qui voulaient bien se laisser entraîner.
Heureusement que nous pouvions discuter de ce que nous vivions avec des copains plus expérimentés, car c'était vraiment impressionnant. On débarquait, à deux, on rentrait dans le lycée qu'on ne connaissait pas, on nous demandait de parler : il fallait monter debout sur la table ; on proposait le comité de grève où pouvait se faire élire qui souhaitait faire gagner le mouvement ; les lycéens voulaient qu'on se présente, nous, étudiants, comme délégué lycéens. C'est ce qui m'est donc arrivé.
Les choses s'enchaînaient par bonheur « comme prévu », car pour ma part, j'aurais été incapable de m'affronter à qui que ce soit, à déjouer quelque manoeuvre que ce soit. Je tremblais de trouille et j'admirais ces lycéens qui tenaient tête à leur proviseur, comme je ne m'en serais jamais sentie capable !
C'est sûr que si les copains ne nous avaient jamais lancé dans la bataille, nous n'aurions peut-être jamais eu l'occasion de revivre un tel mouvement. Quoique pas mal de copains, devenus par la suite enseignants, ont connus des mouvements d'enseignants dans leur lycée. Sûr que leur expérience du mouvement Devaquet leur a été profitable. Ou comme lors de la lutte contre le CIP (le CPE d’alors) en 1994, où on allait devant les lycées professionnels.