a écrit :
Vérié :Une des périodes d'intervention de l'Etat la plus poussée, c'est celle des trente glorieuses. On ne peut pourtant pas dire que le capitalisme était malade.
Jeug : Justement si ! Pour sortir de l'état de ruine où l'avait laissé la période précédente. Il était même plus en péril que simple malade !
Alors, il faut s'entendre par ce qu'on entend par "malade". Le capitalisme n'est pas un long fleuve tranquille, il s'est toujours développé au travers de crises, restructurations, guerres. Mais il a connu des périodes de prospérité, ou de relative prospérité, et des périodes de stagnation voire régression des forces productives, comme celle qui a permis à Trotskty d'écrire sa fameuse phrase, élevée au rang de dogme intemporel par Erou et les Lambertistes.
Il me semble qu'on peut considérer que le capitalisme était bien malade en 1929 et qu'aujourd'hui il n'est pas très en forme, bien qu'on soit encore très loin de 1929. (1)
Mais, pendant les trente glorieuses ? Comment considérer qu'il était malade, alors qu'il ne s'est jamais développé aussi vite et qu'il n'a jamais connu une période de relative paix sociale aussi longue dans les vieux pays capitalistes riches ? Conviens que ce serait une curieuse définition de la maladie. Ou alors, il faut considérer que le capitalisme est par nature toujours malade depuis 1914 et que nous n'aurions eu affaire qu'à une courte rémission. Mais, d'une part, il présentait les mêmes symptômes avant 1914, d'autre part le capitalisme n'a jamais développé aussi vite les forces productives qu'entre 1945 et 2000.
La croissance des forces productives me semble un critère pour évaluer la santé du capitalisme. C'était d'ailleurs celui utilisé par Trotsky.
La ruine et la reconstruction ? Mais, dans les années soixante, c'est terminé. On passe à l'étape suivante. De plus, il faut répéter que les horreurs et les destructions n'impliquent pas nécessairement une baisse des forces productives à l'échelle mondiale. Les guerres et destructions, c'est même une sorte de bain de jouvence pour le capitalisme, qui se régénère comme les vampires.
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1) A ce propos un docu très intéressant a été diffusé sur la 2 : deux épisodes sur la crise de 1929. Les commentaires sur le mécanisme de la crise n'apportent pas grand chose, mais les images des conséquences sur la population sont terrifiantes.
2) Je te répondrai ultérieurement sur les autres points. J'ai beau être bavard et passionné par le sujet, j'ai aussi d'autres choses à faire...
