par Cyrano » 09 Avr 2004, 18:14
Bon, j'ai lu depuis deux ou trois jours l'évolution de la causerie…
Ravi
M'sieur Delpla, je vais vous dire – tout simplement :
Je suis ravi qu'une personne comme vous, extérieure au bric à brac militant, trotskisant de ce forum vienne y participer, en fournissant son point de vue (et il serait vraiment intéressant si d'autres suivaient votre exemple).
Ceci ne nous oblige en rien, même si vous parlez depuis votre statut d'historien. Ceci ne vous oblige en rien, même si nous parlons depuis notre statut de jeune sot révolutionnaire ou de vieux con trotsko (c'est ma catégorie, snif !). La causerie n'est pas toujours simple, parce que d'une part : les enjeux des divers statuts sont différents, d'autre part (et ça en découle) : nous ne sommes pas habitués peut être aux même débats.
Et ne croyez pas qu'on soit embusqué, comme vous l'écrivez, « guettant l'expression fautive (d'après soi) qui va permettre (ou plutôt permettre qu'on se permette) de jeter le tout. » Comme d'hab' la remarque est simple : c'est celui qui l'dit qui y est aussi. On sait bien les chausse-trapes que réservent les formulations sur un forum, ça peut se rectifier, y'a pas de soucis.
Je relève d'ailleurs dans votre dernier message : vous avez, dites vous, ressenti « un racisme anti-intellectualiste à donner le frisson quand on songe à quoi ce positionnement a conduit tout au long du XXème siècle » Je ne sais pas à quel(s) message(s) vous faites allusion, mais dites, entre nous, hein, vous n'y allez pas un peu fort quand vous dites que c'est à « donner le frisson quand… etc. » ? je ne crois pas que vous confondez quand même.
Ce qui peut vous sembler de la férocité, de la caricature n'est que l'expression du refus de ce que à quoi aboutit (à notre sens) « la grille de lecture » que vous utilisez.
Ça c'est sûr, vous avez un péché originel, vous n'êtes pas "marxiste"… La belle affaire… vous avez du remarquer que même ceux qui sont "marxiste", sur ce forum, eh bien parfois s'épiolent, s'étripent, que c'est pis que d'la volaille. Alors, bon, marxiste, pas marxiste, je ne crois pas que notre propos soit de démontrer que vous n'êtes pas marxiste, alors que des "marxistes" se flinguent pour se démontrer mutuellement qu'ils ne sont pas "marxistes".
Scrupules scrupuleux
François Delpla mardi 6 avril 2004 à 17:17 :
« Par exemple, la personne qui me reproche de parler de la relation Hitler-Riefenstahl n'a visiblement pas poussé le scrupule jusqu'à cliquer pour voir de quoi il s'agissait. »
Ah ? La personne, alors, c'est moi ? Je ne vous reproche pas de parler des rapports Hitler-Riefenstahl. Je trouvais excessif de qualifier d'importante la rencontre entre Adolf et Leni Riefenstahl.
Et contrairement à ce que vous supputez, j'avais poussé le scrupule, j'avais cliqué, j'avais lu, y'a douze lignes, dont j'extrais :
« Mes propres grilles d’analyse m’inciteraient à penser que tout cela était calculé : Hitler devait connaître son Strasser et sentir qu’il tournerait bride en arrivant devant le Rubicon. Mais dans ce cas, en un moment pareil, aurait-il perdu quelques heures à se remonter le moral en féminine compagnie ? Il faut donc qu’il ait douté. »
Certes, j'aurais dû mettre des guillemets : « Ainsi, toute cette histoire, toute cette boucherie, parce que il va apparaître que Hitler était un "mal baisé" ? » pour bien noter la référence à une formule oiseuse, volontairement caricaturale (il est amusant de constater que le texte je suis sensé ne pas avoir lu renforcerait plutôt ma formule (trop sarcastique ? oui, bon, peut-être…).
Curieuse curiosité
François Delpla, dans l'ensemble de nos réactions, vous trouvez « bien peu de curiosité intellectuelle et beaucoup de ronronnements satisfaits. »
Ce n'est pas un manque de curiosité intellectuelle, c'est que on ne cause pas des points sur lesquels vous choisissez d'appuyer.
Ça ne veut pas dire que ce n'est pas intéressant, et même que je ne prendrais pas intérêt à lire plus, mais, à mon avis, on ne peut pas opposer aux processus sociaux qui sont à l'œuvre dans l'apparition du fascisme en Allemagne, des épicycles sur la malignité et les humeurs d'Adolph Hitler.
Il va de soi que beaucoup d'eau a coulé sous les ponts du Rhin depuis, par exemple, la parution du bouquin de Guérin (qui d'ailleurs ne me semble pas être en contradiction si fondamentale avec vous, sur certains points – c'est ce qui se disait dans un de mes messages). Les excellents messages (excellents, enfin, moi, je trouve, oui), de Byrrh, Pascal, interluttant ont tout dis, ou presque.
Bah, mouaih, allez, tiens, OK, je vais admettre : Hitler était plus mystificateur que nous le supposions ? Vous demandez une « capacité de se laisser remettre en question par des choses qu'on ignorait. » Mais toute chose ignorée ne remet pas forcément en cause. Hitler fumiste perfide, menteur comme un arracheur de dent, sans foi ni loi, premier prix de mystification, ça remet en cause pas grand chose !
Nous ("nous", j'inclus tous ceux qui participent à ce sujet et à d'autres) ne semblons pas manquer de curiosité intellectuelle.
Et j'en reviens au manque de scrupule que vous me reprochiez : en lisant plus (en ayant plus de curiosité), on ne trouve rien de plus : on trouve encore, encore des petits faits qualifiés d'importants, on trouve encore, encore toujours : le fascisme allemand, c'est Hitler qui roule tout le monde dans la farine.
Je conçois que le manque de curiosité pour ce que vous dites puisse vous agacer, je ne crois pas utile de généraliser.