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Publié :
27 Déc 2004, 00:14
par Tchen
J'ai loupé le topo sur la guerre D'espagne

, mais un copain m'en a fait le résumé.
Je me pose plusieurs questions , il a été dit au cours de l'exposé que les principaux appuie des fascistes étaient les troupes marocaines et que si le gouvernement avait été révolutionnaire il aurait promis l'indépendance du Maroc ce qui aurait ( je schématise à l'extrème) privé Franco d'un de ses appuie. Cependant j'ai pas mal lu sur le sujet et j'ai l'impression que dans ce raisonnement l'aspect pratique et militaire est un peu oublié . Certes au début du putsch Franco s'appuyait sur les troups Marocaines mais aussi sur le Tercio (tous espagnols), mais quand la guerre s'installa dans la durée leur rôle diminua car la phalange qui avait attiré des milliers de membres s'imposa vite ainsi que les requetes carlistes et bien sûr les conscrits. En fait je me demande comment il aurait été possible même pour une direction révolutionnaire unie de toucher les troupes marocaines alors que le putsch surpris tout le monde que les troupes arrivèrent très rapidement jusqu'à Madrid? De plus dire que la démarche de promettre l'indépendance du Maroc n'a pas été fait est faux xar la CNT allait clairement en sens via ses médias notament sa radio..
Je vous met mes sources:-La Guerre d'Espagne juillet 1936_ mars 1939 Hugh Thomas
-La Guerre d4espagne et ses lendemains Bartolomé Bennassar
- L'espoir guidait leurs pas : les volontaires français dans les Brigades internationales Rémi Skoutelsky
(si vopus avez d'autres ouvrages , d'historiens , des brochures d'orgas , à conseiller je suis bien sur preneur.
Merci d'avance

Publié :
27 Déc 2004, 06:04
par Jacquemart
Le fait que la CNT parle de l'indépendance du Maroc est une chose, les décisions du gouvernement républicain en étaient une autre. Un peu comme sous Jospin, les envolées bravaches des verts et du PC devant leur propre public ne servaient qu'à faire oublier leur capitulation en rase campagne en tant que membres du gouvernement.
Quant aux aspects pratiques, il ne me semble pas que LO ait jamais dit que l'indépendance du Maroc aurait à elle seule réglé le problème de Franco et de la réaction. Mais elle fait partie de ces armes politiques qu'un gouvernement révolutionnaire aurait utilisées pour affaiblir son adversaire. Le gouvernement républicain, lui, a préféré crever - et faire crever la population avec lui - plutôt que prendre des mesures qui auraient indisposé la bourgeoisie.
Pour le Maroc, je crois me souvenir que c'est encore pire, les nationalistes marocains ayant ouvertement proposé aux républicains d'ouvrir un front à l'arrière de Franco en échange de la promesse de l'indépendance. Et évidemment, il n'y eut pas de promesse, et pas de front.

Publié :
28 Déc 2004, 16:42
par Puig Antich
Sans défendre la politique de la CNT espagnole - loin de là -, je trouve qu'il est abusif de la comparer avec le PC et les Verts d'hier ou d'aujourd'hui ; il y a une différence entre une organisation de masse plein d'abnégation et d'enthousiasme révolutionnaire, et deux bureaucraties fossilisées dont la première appuie sa reproduction sur les comportements les plus vils, et dont la seconde ne nous concerne pas, puisqu'il s'agit d'une organisation bourgeoise...
Ceci étant dit, je partage ton analyse : révolutionnarisme en parôle, capitulation en acte en participant au Front populaire.... D'ailleurs, il est bon de rappeler que, sur la question marocaine notamment, comme sur celle de la participation au gouvernement, une opposition s'est formée dans la CNT - qui sera exclue en mai 37 je crois - : " Les Amis de Durruti" ; et de même le secrétériat international de l'A.I.T. - à Paris je crois - envoya un rappel à l'ordre aux dirigeants CNT.

Publié :
23 Fév 2005, 17:19
par eruditrotsk
Quand on dit que "seul le prolétariat est une classe révolutionnaire", on veut dire que lorsque le prolétariat rentre en lutte et défend ses intérêts de classe, il est le seul - la seule classe sociale - qui ne soit pas attachée à la propriété privée des moyens de production, et donc qu'il n'est pas gêné de distribuer la terre aux paysans (au détriment des grands propriétaires terriens qui perdent leur rente), ni d'accorder l'indépendance aux colonies (au détriment des profiteurs de l'impérialisme). Alors si le prolétariat avait mené le jeu en Espagne, il aurait mis en avant ces mesures qui aurait miné l'armée de Franco (marocaine et... paysanne). Car si on donne aux paysans le "feu vert" légal pour partager les terres, on incite les paysans sous l'uniforme à rentrer au village pour aider sa famille à s'en découper un morceau. Mëme chose pour le tirailleur marocain. On ne peut pas dire évidemment jusqu'à quel point cela aurait été, mais en tout cas c'était la seule politique juste. Dans les grandes lignes c'était la traduction, en termes "espagnoles", de la politique des bolcheviks en Russie en 1917. (A titre indicatif, en Russie, la paysannerie russe s'était emparé du quart des terres avant octobre 17, le reste s'est fait après la publication du décret gouvernemental l'autorisant).
Mais dans l'Espagne "républicaine", les relations politiques entre les différents partis ouvriers étaient telles que les représentants du POUM filaient le train à la CNT qui, elle, acceptait de remettre en selle les politiciens bourgeois. Le PC vivait sa vie mais menait le même jeu. Et donc le gouvernement né du rejet du putsch de Franco dans la partie restée républicaine de l'Espagne était justement cautionné par les partis qui auraient dû essayer de décrédibiliser. Dans une période de vide politique de l'Etat, au lieu de tout faire pour l'achever et le remplacer définitivement par le pouvoir des ouvriers et des paysans, ils redonnaient du crédit à des politiciens disqualifiés qui allaient tout faire pour rétablir la domination de la bourgeoisie, ce qui signifiait dans le contexte de l'époque... ouvrir la porte à Franco.
Il ne faut pas non plus trop grandir l'importance des oppositions à la politique de la CNT. Elles ont existé. Les "Amis de Durutti" en sont une expression tout à fait estimable, mais très minoritaire. Le drame des militants de la CNT c'est qu'ils ont suivi globalement leurs dirigeants qui n'avaient aucune clé pour ouvrir une voie de sortie au prolétariat. Les plus "théoriciens" parmi eux estimaient que l'Etat bougeois étant aboli, la question était réglée... et ils ont ainsi aidé, consciemment ou non, à rétablir l'ancien appareil d'Etat bourgeois. Quand le piège s'est refermé sur les militants anarchistes (et poumistes), il était trop tard.
Cette tragédie du prolétariat espagnol (qui a aussi oblitéré une issue révolutionnaire, avant la Deuxième Guerre mondiale, pour l'ensemble du prolétariat d'Europe de l'époque) mérite qu'on l'étudie avec soin et qu'on en parle avec circonspection.
De ce point de vue, les livres cités par le premier intervenant de ce forum, passent pour l'essentiel à côté du problème (quand ils ne sont pas là pour le masquer). Il vaut mieux, pour une meilleure connaissance du sujet regarder du côté d'auteurs comme Trotsky (La révolution espagnole), Felix Morrow (Révolution et contre-révolution en Espagne), Bolloten (le titre m'échappe) ou Brennan (le Labyrinthe espagnol).
Pour ceux qui lisent l'espagnol, il y a un site "ultra-gauche" qui a mis en ligne beaucoup de choses instéressante sur les prises de position de l'extrême-gauche de l'époque : Balance. Notamment les "Amis de Durutti" mais pas seulement.
Tout à fait recommandable, mais malheureusement seulement en espagnol, on peut lire l'ouvrage de G.Munis (militant trotskyste espagnol de cette époque) sur la révolution espagnole, récemment réédité en Espagne ("jalones de derrota, promessa de victoria", editions Munoz).

Publié :
23 Fév 2005, 18:07
par artza
Le bouquin de Bolloten c'est simplement:"La révolution espagnole" du moins pour l'édition française de Ruedo Iberico.
Tous les ouvrages conseillés par Euritrotsk sont bons. Un seul inconvénient ils sont pour la plupart introuvables actuellement en librairie.
On ne trouve que ceux indiqués par Tchen que je n'ai pas lu et dont les auteurs ne me disent rien.
Pour finir introuvable également mais bien la brochure de J. Casanova "La révolution espagnole"(?).

Publié :
23 Fév 2005, 18:15
par artza
Et n'oublions pas la brochure n° 68 sur l'exposé du Cercle L. Trotsky: "Espagne 1931-1937: la politique du front populaire contre la classe ouvrière"(03.05.96).

Publié :
25 Fév 2005, 21:36
par ujkfr
Pour avoir une idée du contexte , un film relate l'histoire d'une milice du POUM pendant la révolution espagnole : Land and freedom de Ken Loach .
Le comportement des staliniens est abordé , on voit bien aussi que les groupes étaient hétéroclites et sans moyens.
Je ne connais pas assez l'histoire des mouvements révolutionnaires de cette époque en Espagne pour avoir une analyse très critique de ce film ; en tout cas je sais que la CNT représentait un nombre important de militants respectables et qu'elle rayonnait alors beaucoup , plus que les groupes trotskistes de tout temps ( ce que je regrette ) .
Cette période m'interesse , alors si vous connaissez des sites sérieux sur le sujet en français ?

Publié :
25 Fév 2005, 23:12
par smolny
C'est vrai que le Ken LOACH est pas mal, peut-être un peu caricatural mais bon... Sinon, en bouquins trouvables, il y a le célèbre roman de Hemingway Pour qui sonne le glas et Hommage à la Catalogne de Orwell.

Publié :
25 Fév 2005, 23:14
par com_71
[quote=" (ujkfr @ vendredi 25 février 2005 à 21:36"]
Cette période m'interesse , alors si vous connaissez des sites sérieux sur le sujet en français ?
http://www.marxists.org/francais/morrow/es...orrow_table.htm

Publié :
26 Fév 2005, 19:45
par Koceila
Lire également "Ma guerre d'espagne à moi " de Maria Etcheberrer (je me souvient plus de l'orthographe; il y a quelques années j'ai lu "Catalogne libre" de G Orwells je ne sais pas si c'est le même livre que "Hommage à Catalogne"