J'ai retrouvé ce texte de lutte de classe de 1979 et j'ai retapé la fin de la brochure. Je n'ai pas le courage de tout taper et peut-être que quelqu'un l'a déjà "prête à l'emploi " pour internet.
a écrit :
Le Secrétariat Unifié et le Marché Commun
Lutte de Classe 6 mai 1979 N° 64
(...)
Les avatars des monnaies d'Europe illustrent, au contraire, l'incapacité et l'absence
de volonté des bourgeoisies européennes à surmonter les cloisonnements en États
nationaux. Dans cette Communauté économique européenne, si pompeusement et si
faussement nommée, les monnaies n'ont pas moins varié les unes par rapport aux
autres que par rapport aux monnaies d'autres puissances capitalistes non «communautaires».
Plutôt même le contraire. En l'espace de quelque quinze ans, le mark allemand
a presque doublé de parité par rapport au franc français, par exemple ! Ces variations
de fond et, sans doute plus encore, les soubresauts, constituent pourtant des obstacles
autrement plus importants devant la circulation des marchandises et des capitaux que
bien des taxes douanières. Le Marché commun a peut-être enlevé les seconds, mais
pour enlever les premiers, il faudrait une monnaie européenne unique. Mais aucun des
grands Etats européens ne veut abandonner cette prérogative essentielle de souveraineté
qui est le privilège de battre monnaie. Les frontières nationales se concrétisent infiniment
plus dans ces monnaies différentes que dans la présence ou non de gabelous à
côté d'antiques barrières douanières. (Il est vrai que de toute façon, les douaniers sont
toujours là, les barrières aussi).
LA BOURGEOISIE EST INCAPABLE DE CRÉER UN ÉTAT EUROPÉEN
«Le Marché commun constitue en réalité une étape intermédiaire entre une simple
confédération tâche d'États et un État supra-national» – affirme le camarade Mandel.
C'est un non-sens. Qu'est-ce que c'est que ce nouveau genre d'État «intermédiaire» ?
Comment donc les États nationaux, représentant les i ntérêts de puissantes bourgeoisies
impérialistes, pourraient-ils, par touches successives, insensiblement, se dissoudre
dans un État supranational ?
Ce n'est pas l'existence d'un secteur en quelque sorte retardataire de la bourgeoisie
- dont les entreprises sont axées, suivant l'expression de Mandel, sur «la production et
le marché, intérieurs»- qui fait que le Marché commun ne se transforme pas plus rapidement
en État bourgeois supranational. Le Marché commun, entente limitée entre
États nationaux souverains, ne peut tout simplement pas se transformer en État supranational.
La contradiction n'est pas entre tel secteur de la bourgeoisie et tel autre. Elle
est en dedans des grandes sociétés capitalistes elles-mêmes.
Les plus puissants trusts, ceux dont les activités sont les plus «muItinationales»,
sont en même temps ceux qui sont le plus en symbiose avec leurs États nationaux, et
qui, tout en souffrant des cloisonnements nationaux par certains aspects de leurs activités,
en tirent également profit.
Si le système capitaliste constitue aujourd'hui un obstacle formidable devant le développement
des forces productives de la société humaine, c'est en particulier de par son
incapacité à mettre fin aux cloisonnements nationaux. Penser que le capitalisme puisse,
pacifiquement, unifier un continent comme l'Europe, dans le cadre d'un État unique, ce
serait lui prêter un caractère progressiste qu'il n'a plus depuis longtemps. Et rien dans
l'évolution des choses - et surtout pas le quart de siècle de tribulations du Marché
.commun - n'indique que les vieux impérialismes décadents d'Europe aient retrouvé un
tel regain de jeunesse.