Les Métamorphoses du Réel

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Louis » 08 Mars 2003, 19:37

(hektorbairlioz @ mercredi 5 mars 2003 à 10:10 a écrit :Les Métamorphoses du Réel - Commencer par les Fins

IMPERIALISME : métamorphoses du temps, métamorphoses de l’espace. Nous vivons sans lieux ni espaces. L’Impérialisme est un état sans « situation ». Les questions révolutionnaires sont à reformuler.

Rien pourtant n’est « manifeste » de ces transformations, il convient donc d’ouvrir la coque polie des apparences pour illustrer la réalité de ce prédicat, et découvrir l’horreur idéologique qui entretient la pandémie de ce virus sociétal.


1 – La négation des repères


Nous vivons en « temps réel », dans une immédiateté déconnectée de tout réel et de toute référence à la « durée ». Nous vivons d’images, chaque jour identiques et chaque jour se voulant différentes. Le temps réel n’existe plus, le « temps réel » est virtuel. Sarkozy est son paravent, quand le souci sécuritaire n’exhibe que l’insécurité en Spectacle global, et que dans le même temps – bien réel celui là – la répression « douce » sévit (en douce) chez Raffarin, hors de l’atemporel des images. De façon identique, les discours guerriers de Bush se font dans une discordance des temps : la violence n’a jamais cessé contre le peuple irakien ; chaque jour, des femmes, des enfants et des hommes meurent de l’embargo à Bagdad.

Nous vivons dans des « espaces abolis ». Le Capital, par transactions électroniques, fait et défait les fortunes, et de même décide les licenciements, les délocalisations dans des lieux non dits. L’argent transite, virtuel, de banque en banque, sans lieu précis. L’argent n’est nulle part, la misère est partout. Les profits des transnationales toutes puissantes éclatent les repères géographiques. Il en va de même en géopolitique. Là où l’Est et l’Ouest s’identifiaient en opposition il y a plus d’une décennie, viennent se substituer les menaces du terrorisme sans lieu, soigneusement entretenues par l’Impérialisme, qui, lorsqu’il ne peut engranger ses dividendes par l’échange inégal, le fait par la force, par la guerre « préventive », inversant ainsi le processus du mur de Berlin et de l’équilibre de la terreur. Selon la même logique, Sharon « détériore » l’espace palestinien, aidé en cela par la CIA qui manœuvre en sous-main un terrorisme « ami ». L’ethnique et le religieux sont aussi de bons prétextes pour l’Impérialisme.

Quel meilleure illustration des temps et espaces éclatés que celle d’un Irak rêvé par l’Impérialisme qui brise à la fois cet Etat Nation et son Histoire pour le replonger dans le chaos « oublieux » du retour au féodalisme, nourri à la tétée des Pétroliers sans frontières !


2 – Les multitudes et l’identitaire


Face à l’anéantissement des repères spatio-temporels restent les multitudes sans identité, et surtout sans force. Le mur répressif des Etats Nations donnait un sens au combat des prolétaires, qui, s’ils « n’avaient pas de patrie » avaient devant eux un ennemi de classe palpable : la bourgeoisie nationale et colonialiste et ses outils de production. Qu’importe aujourd’hui la lutte des travailleurs occidentaux face à l’Impérialisme ? L’Impérialisme casse lui-même l’outil de production, le délocalise. L’usine advient « ailleurs », ainsi que l’exploitation. Sans outil de production, les travailleurs perdent leur rapport de force, ils sont « inexploités », dé-classés et leur combat devient – hélas – celui de Don Quichotte, sur le no man’s land du « rien » aliénant. De masses travailleuses, nous devenons multitudes errantes.

Et nous avons peur. C’est ainsi que surgit le communautarisme et l’identitaire, le repli sur soi-même et sur ce qui nous ressemble. La fraternité d’individu à individu est perdue au détriment d’un individualisme concentrationnaire. Les corporatismes de toute nature s’amplifient chaque jour, le sectarisme s’exacerbe : des groupements de chasseurs à l’église de scientologie, du renouveau mystique aux hooligans, des bénévoles œuvrant pour le caritatif à ceux qui concourent dans les émissions de télévision poubelle, de l’écologie infantile sans portée politique aux comités d’entreprise transformés en agences de loisirs, nombreux sont ceux qui depuis une dizaine d’années tentent de trouver leur identité dans un cocon qui les rassure ou leur ressemble. D’une façon semblable, le verdict honteux du 21 Avril 2002 n’est pas seulement le fruit pourri de la xénophobie, il exprime aussi peut-être le désir frustré d’un retour au « territoire » connu, retour vomitif à l’Etat Nation ultra réactionnaire – certes – mais peut-être significatif d’un rejet inconscient de l’Impérialisme.


3 – La suprématie du Désordre éternel


Lénine n’avait-il pas un discours passablement mécaniste lorsqu’il voyait en l’Impérialisme le stade suprême du capitalisme ? L’Impérialisme est le début d’une ère virtuelle. Non-lieux, non-espaces. Et non-états, ces derniers se voyant relégués à ne plus jouer qu’un rôle régalien, tandis que le Capital s’occupe aujourd’hui – pignon sur rue – de régenter non seulement l’Economie, mais aussi le faisceau Politique. Que sont l’OMC (via L’AGCS), le FMI et autres organismes sinon la main mise de la sinistre « société civile » sur le pouvoir politique ? L’Impérialisme est la métamorphose du Capital économique « en armée politique ». Le décréter comme stade suprême – donc final ? – est erroné. L’Impérialisme n’a pas de force constituée en face de lui. Il peut donc prétendre s’ériger hors du temps et hors de l’espace, s’insinuer « éternel » : c’est à dire – objectivement, son contraire – présent partout à chaque instant. Il est donc un stade simplement nouveau du capitalisme (et non son stade ultime) que supporte l’idéologie de « l’éternité ».

Contrôlant le monde, l’Impérialisme est-il pour autant un Ordre mondial ? Non, et ce pour deux raisons : l’Ordre suppose un temps et un espace bien délimités, et l’Ordre suppose l’immobilisme. Dans une société « globalisée » immobile, les rapports de production sont de fait immobiles, ainsi que la valeur d’échange et la valeur d’usage des biens et services. Une telle société (ou civilisation) mourrait de ses propres contradictions à générer, à long terme, un profit parfaitement « inutilisable » car inopérant par manque de « dynamisme ». Il faut entendre ce terme dans toute son abjection : guerres, trafics d’influence, maffias, corruptions,… L’Impérialisme, comme toutes les phases du capitalisme, (capitalisme primitif de l’Angleterre de la fin du 18ème siècle, capitalisme des Etats Nations, colonialisme,…) ne vit et ne se nourrit que par le désordre et la confusion renouvelés. L’Impérialisme est donc le Désordre mondial savamment organisé sous le couvert manichéen du Bien et du Mal, soit de L’Ordre « apparent ».


4 – La mort des orthodoxies


L’Impérialisme règne sans partage sur le « non-temps » et le « non-espace ». Les Révolutions se construisent – au contraire – dans un contexte spatio-temporel précis et approprié. Octobre 1917 fut un processus lent, à la mesure du temps des hommes, fruit de plus de douze ans de maturation. Les grèves de 1936 et la politique « sociale progressiste » du Front Populaire furent la victoire du peuple, résultant d’une longue période de réaction et d’exploitation. La Révolution de Mai 68 (et non pas les « évènements ») n’est pas « surgie » de nulle part comme certains se complaisent à le dire, mais d’un refus exacerbé de la morale bourgeoise bien pensante qui pesait comme une chape depuis 20 ans. Les grèves de 1995, à l’inverse, se cantonnèrent au mouvement social, et nulle avancée politique révolutionnaire (ni même réformiste) n’en déboucha. Le temps des Révolutions « orthodoxes » était mort.

Peut-on aujourd’hui seulement imaginer une quelconque orthodoxie révolutionnaire ? Comment la classe des travailleurs occidentaux peut-elle envisager cela, alors que son outil de travail lui est chaque jour retiré, que sa force de travail – instrument de sa force révolutionnaire – s’étiole, et qu’il ne lui restera bientôt que sa « pauvreté oisive » ? Comment les pays d’Afrique peuvent-ils l’envisager, alors qu’il meurt du SIDA chaque jour sur ce continent trois fois plus de personnes que lors de l’attentat sur les tours de Manhattan ? Comment l’Amérique du Sud pourrait en faire de même, alors que forcée à un libéralisme à peine émergent, le joug des transnationales et du FMI la fait replonger dans un état de sous-développement ? La fin des révolutions orthodoxes est marquée par l’émergence du nouveau sous-prolétariat planétaire : l’Impérialisme fait basculer le monde de deux siècles en arrière. Et des Révolutions, il ne reste que les ectoplasmes tyranniques et honteux d'Extrême-Orient.

Comment peut donc s’ériger aujourd’hui une praxis révolutionnaire, une visée communiste qui ne prenne pas en compte ce nouveau paradigme des métamorphoses, et le nouveau façonnage sociétal ? Il est insensé d’envisager une praxis qui œuvre par l’orthodoxie du prolétariat constitué en classe consciente, forceps du mouvement révolutionnaire – puisque le prolétariat n’existe plus comme tel, et se voit éclaté en de multiples « lumpens ».


5 – L’émergence du « collectif »


La donne, cependant, n’est pas si désespérée. Les combats n’ont pas cessé pour autant. Ils ont pris des formes nouvelles, internationales et internationalistes. Ces luttes et révoltes qui émergent sont le plus souvent le fait d’associations ou de groupes peu structurés – « collectifs – travaillant sur le terrain social, éducatif et solidaire. La valeur et le mérite de leur ouvrage est précisément la ré-appropriation de « territoires » dans les espaces et les temps niés par l’Impérialisme. Ces « territoires » peuvent être géographiques ou (et) intellectuels. Pour citer certains de ces acteurs, notons le MRAP, ATTAC, Ras l’Front, AC !, Droits Devants,… Il y en a bien d’autres (sans mentionner les « ancêtres » SOS Racisme ou Greenpeace).

A examiner ces terres de luttes nouvellement fertiles, force est de constater que la vigueur de leur action se trouve dans le regroupement ponctuel sur des objectifs précis, le plus souvent à court terme, ou à l’inverse sur des thèmes consensuels aux échéances variables : qui n’a signé de pétitions pour les sans papiers, contre les massacres de Djenine, pour la paix en Irak ? Qui n’a défilé à Barcelone contre l’OMC ou à Florence pour la Paix ? Les intentions et les gestes sont nobles, éthiques et humanitaires. Humanistes. Mais l’appel de ces combats à l’analyse politique, au matérialisme dialectique fait cruellement défaut.

Il y a là bien des ingrédients, et parmi les meilleurs, mais la « sauce » n’est pas faite. Le liant/lien révolutionnaire n’a pas (encore ?) pris. Seule la forme « organisationnelle » semble adéquate aux combats contemporains : réseaux, regroupements ponctuels, unité dans l’action tactique...

La forme est adéquate, car elle reflète le réel de l’Impérialisme, et le combat avec ses propres armes : « partout à chaque instant ». Mais pris isolément chacun des composants – en soi – n’est que de peu de force : ATTAC, par exemple, pour laquelle croît l’engouement chaque jour, est une « université populaire », le plus souvent investie par ceux que finissent par écœurer le discours pathétique du « Nouvel Observateur », ou enrager celui, consistant mais hésitant, du « Monde Diplomatique » (paradoxe !), et son rôle intrinsèque se limite quasiment à cela.

De la synergie dans l’action peuvent se gagner quelques combats ponctuels. Combats consensuels par lesquels le réformisme petit-bourgeois rejoint parfois le discours « vaguement » anarchisant, ce qui n’a rien de fort surprenant, le second étant le « trop-plein » du premier. Il n’y a donc aucune perspective révolutionnaire adéquate, aucun cadrage de praxis pour un communisme renouvelé, et retrouvé. Ces luttes tiennent de l’idéologie « dominée » face à l’idéologie dominante de l’Impérialisme, et non de la dialectique marxiste et de sa théorie pratique.


6 – Que sont nos « amours » devenues ?


Le PCF est malade depuis Mai 68, la température à 3,5% des suffrages exprimés aux dernières élections Présidentielles n’est pas conjoncturelle, et n’est surtout pas uniquement le fait du bilan attristant de quelques strapontins gouvernementaux accordés par les sociaux libéraux du PS. Le PCF peut-il encore guérir ? Je n’en sais rien – je n’en suis plus depuis longtemps. Peut-être le PCF devrait-il « lire » l’Histoire de l’Impérialisme ? Et la comprendre, pour – peut-être – découvrir qu’il n’est devenu que le miroir déformant d’une forme de Nationalisme, partant du bilan « globalement positif » de 1976-78, à la pseudo déstalinisation « annoncée » des années 1980, jusqu’à la mutation pailletée des années 1990… Mais, là n’est pas l’objet du propos. Et s’il l’est, il importe aux militants d’en discuter entre eux. A quoi bon faire la critique du passé en place publique, s’il apporte pas d’eau au moulin du présent ? Le PCF est figé, pétrifié dans le miroir ridicule des 1er Mai soviétiques à faire peur – immobilistes de Brejnev et de Tchernenko. Et le ridicule tue.

La LCR est vive, et son discours n’est pas « simpliste » ainsi qu’on le colporte à l’hôpital du PCF (ou ailleurs). Elle est féconde dans son internationalisme, prompte à (se) mobiliser, mais sa stratégie à se vouloir de toutes les luttes, notamment dans le mouvement social et associatif lui inflige les mêmes retours de bâtons que ceux mentionnés dans la section précédente – l’émergence du « collectif ». Non pas que la LCR soit opportuniste, elle est simplement trop gourmande, et n’analyse pas son combat selon ses propres forces, et selon une dialectique d’état « des lieux ». En grossissant le trait, l’on peut prétendre que la LCR est « gauchisante », sans que cela ait un caractère péjoratif notoire.

LO poursuit son parcours, inoxydable depuis des décennies, classe contre classe, dans un « classicisme » (justement) que plus rien ne reflète dans la majorité des consciences et réalités contemporaines. Ceci est un constat, amer – mais réel – qui sous une forme alternative nous renvoie l’image du Congrès de Tours. La « pureté » de l’intention est louable, et la sincérité indubitable. Mais que représente la valeur et l’efficacité réelle de cette praxis de nos jours ?

Suivent les « mouvances » : Les Alternatifs, les Communistes Libertaires, les Anars de No Border ou autres Saint-Just post-modernes, ces organes nouveaux ou anciens, hybrides, sans organisationnel strict, ce qui fait à la fois leur force et leur faiblesse sur le plan formel de la pratique (qui se distingue ici de la stratégie, plus assimilable à la visée). Du lien communiste de ces groupes méconnus aux Partis orthodoxes, il y a probablement matière à enrichissement.

Restent enfin les communistes « errants » et non nostalgiques, qui ne font que se questionner eux-mêmes en questionnant les autres, ou les « dé-rangeant » par l’apostrophe, pour mieux appréhender le bien-fondé (ou l’infondé) de leur engagement « dégagé ».


7 – Allons-nous « quelque part » ?


Si une démarche telle que celle des Etats Généraux du Communisme (EGC) porte une perspective politique théorique riche et d’origines multiples dans son discours, sa visée est-elle opérante en « situation » ? La perspective ouverte ne se contente-t-elle pas d’adresser un périmètre strictement politico-économique ? N’oublie-elle pas de décliner les combats nécessaires vis à vis de certaines aliénations hors du champ traditionnel, comme s’il existait par nature une hiérarchie des luttes à conduire ou à différer, telles que – liste non exhaustive – le rapport de l’homme à la nature et son exploitation (pourtant déjà exprimé de façon latente par Marx « le jeune » dans le Manuscrit de 1844, et rendu « manifeste » par Lefebvre), le rapport d’exploitation de la supériorité du mâle (pourtant contesté et combattu avec quelque succès depuis Mai 68), le rapport de homme à la création « libre » et immédiate comme acte désaliénant « en soi » (pourtant brandi par le fer de lance du Situationniste), …

Ne continue-t-on pas à penser en rond dans une orthodoxie pseudo renouvelée ? Le corollaire, en question inverse, ne consiste-t-il pas à résoudre l’équation de la multitude des « lumpens », et de la fusionner en des désirs formels et « situés » de Révolution ? Les « sans » de tous bords sont aujourd’hui la vraie question du Communisme, il ne s’agit plus de considérer les « sans » - nous tous en puissance – comme une « armée de réserve », mais bien d’aller là où ils le veulent. Sans obédience. Pour un monde autrement, par une autre praxis révolutionnaire, par une autre culture politique, pour les combats d’aujourd’hui.


Textes de référence :

- Lucien Sève : « Commencer par les Fins, la Nouvelle Question Communiste », éditions La Dispute (1999)
- Michael Hardt/Antonio Negri : « Empire », éditions Exils (2000)
- Daniel Bensaïd : « Le Pari Mélancolique », éditions Grasset (1997)
- Raoul Vaneigem : « Nous qui Désirons sans Fin », éditions Gallimard (1998)

Février 2003

il me semble que ce débat tout a fait riche contient toute une série d'erreur et d'aproximations dont j'aimerais bien discuter "en temps réel"

En particulier, je suis plus que réservé sur l'approche du virtuel et de l'immatériel ! mais nous en parlerons apres diner !
Louis
 
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Message par Louis » 08 Mars 2003, 21:27

(hektorbairlioz @ mercredi 5 mars 2003 à 10:10 a écrit :Les Métamorphoses du Réel - Commencer par les Fins
Textes de référence :
- Lucien Sève : « Commencer par les Fins, la Nouvelle Question Communiste », éditions La Dispute (1999)
- Michael Hardt/Antonio Negri : « Empire », éditions Exils (2000)
- Daniel Bensaïd : « Le Pari Mélancolique », éditions Grasset (1997)
- Raoul Vaneigem : « Nous qui Désirons sans Fin », éditions Gallimard (1998)
Février 2003

bon, maintenant que j'ai fait un bon repas (mon coté "irrésistiblement matérialiste") on va pouvoir s'attaquer a ce texte d'hector (apres le camembert)

IMPERIALISME : métamorphoses du temps, métamorphoses de l’espace. Nous vivons sans lieux ni espaces. L’Impérialisme est un état sans « situation ». Les questions révolutionnaires sont à reformuler.

Rien pourtant n’est « manifeste » de ces transformations, il convient donc d’ouvrir la coque polie des apparences pour illustrer la réalité de ce prédicat, et découvrir l’horreur idéologique qui entretient la pandémie de ce virus sociétal.


Il me semble que si il y a "horreur idéologique", c'est sans doute en raison de la perte de repére consécutive a une série d'évènements (eux parfaitement repérés dans le temps et dans l'espace) qui brouillent tous les repères spaciaux temporels et peuvent nous faire croire de façon tout a fait fausse que temps et espaces n'existent plus Ce sophisme (limité a l'espace socio-politique, parce que par ailleurs il fait toujours se rendre au chagrin et utiliser la meme ligne de bus) est sans doute le premier a combattre pour rebatir un projet révolutionnaire d'ampleur. MAis on ne fera pas non plus l'économie de l'analyse fine des évènements dont je parlait plus haut : la fin du "mensonge déconcertant" dans les pays de l'est et la fin du réformisme a l'ouest (puisque soit il devient un "réformisme sans réforme", soit il se vautre dans les eaux amères du libéralisme, et en tout cas, il est mal barré) Or ton analyse évite soigneusement ces deux paradigmes Singulier manque...

1 – La négation des repères
Nous vivons en « temps réel », dans une immédiateté déconnectée de tout réel et de toute référence à la « durée ». Nous vivons d’images, chaque jour identiques et chaque jour se voulant différentes. Le temps réel n’existe plus, le « temps réel » est virtuel. Sarkozy est son paravent, quand le souci sécuritaire n’exhibe que l’insécurité en Spectacle global, et que dans le même temps – bien réel celui là – la répression « douce » sévit (en douce) chez Raffarin, hors de l’atemporel des images. De façon identique, les discours guerriers de Bush se font dans une discordance des temps : la violence n’a jamais cessé contre le peuple irakien ; chaque jour, des femmes, des enfants et des hommes meurent de l’embargo à Bagdad


Je pense que la question de la temporalité est une des clefs de notre analyse : l'accelération du temps fait parti de la vulgate capitaliste depuis l'invention du capitalisme. Y as t il ou non un nouveau régime de l'économie politique du Temps ? Cette question n'est pas du tout secondaire, et l'essentiel de la stratégie et de la tactique s'y trouve condensé : si nous vivons le temps de la disparition du temps, de la possibilité pratique d'accumuler des forces en terme d'analyse et de compréhension, alors il faut admettre cette remise en cause considérable d'admettre que la tactique prend le pas sur la stratégie En ce cas, il faut remplacer karl marx et son manifeste par Michel de Certeau et ses "façon de faire" Mais nous pouvons encore penser que l'idéologie n'est qu'une ruse de la raison, et continuer a manier les données classiques avec précaution : le "retour a l"état" mâtiné d'une bonne dose de césarisme est un grand classique en france, c'est au moins la 10° fois qu'on essaye de nous refourguer ce breuvage, alors ne soyons pas dupe !

Nous vivons dans des « espaces abolis ». Le Capital, par transactions électroniques, fait et défait les fortunes, et de même décide les licenciements, les délocalisations dans des lieux non dits. L’argent transite, virtuel, de banque en banque, sans lieu précis. L’argent n’est nulle part, la misère est partout. Les profits des transnationales toutes puissantes éclatent les repères géographiques. Il en va de même en géopolitique. Là où l’Est et l’Ouest s’identifiaient en opposition il y a plus d’une décennie, viennent se substituer les menaces du terrorisme sans lieu, soigneusement entretenues par l’Impérialisme, qui, lorsqu’il ne peut engranger ses dividendes par l’échange inégal, le fait par la force, par la guerre « préventive », inversant ainsi le processus du mur de Berlin et de l’équilibre de la terreur. Selon la même logique, Sharon « détériore » l’espace palestinien, aidé en cela par la CIA qui manœuvre en sous-main un terrorisme « ami ». L’ethnique et le religieux sont aussi de bons prétextes pour l’Impérialisme.

Quel meilleure illustration des temps et espaces éclatés que celle d’un Irak rêvé par l’Impérialisme qui brise à la fois cet Etat Nation et son Histoire pour le replonger dans le chaos « oublieux » du retour au féodalisme, nourri à la tétée des Pétroliers sans frontières


Il ya pourtant un espace géographique bien ordonné et la division sociale et politique du travail au plan mondial n'a jamais été mieux organisé et définie : a l'asie du sud est la fabrication des mémoires les états unis eux s'occupants des microprocesseurs, la tunisie fait des jeans, l'inde s'occupe de la saisie informatique, etc etc etc La aussi, face a l'écroulement d'un empire autrefois florissant, le capitalisme doit trouver en un temps record les recettes pragmatiques qui permettent de s'en sortir Et pour le momment, il ne s'en sort pas si mal

2 – Les multitudes et l’identitaire
Face à l’anéantissement des repères spatio-temporels restent les multitudes sans identité, et surtout sans force. Le mur répressif des Etats Nations donnait un sens au combat des prolétaires, qui, s’ils « n’avaient pas de patrie » avaient devant eux un ennemi de classe palpable : la bourgeoisie nationale et colonialiste et ses outils de production. Qu’importe aujourd’hui la lutte des travailleurs occidentaux face à l’Impérialisme ? L’Impérialisme casse lui-même l’outil de production, le délocalise. L’usine advient « ailleurs », ainsi que l’exploitation. Sans outil de production, les travailleurs perdent leur rapport de force, ils sont « inexploités », dé-classés et leur combat devient – hélas – celui de Don Quichotte, sur le no man’s land du « rien » aliénant. De masses travailleuses, nous devenons multitudes errantes.

Et nous avons peur. C’est ainsi que surgit le communautarisme et l’identitaire, le repli sur soi-même et sur ce qui nous ressemble. La fraternité d’individu à individu est perdue au détriment d’un individualisme concentrationnaire. Les corporatismes de toute nature s’amplifient chaque jour, le sectarisme s’exacerbe : des groupements de chasseurs à l’église de scientologie, du renouveau mystique aux hooligans, des bénévoles œuvrant pour le caritatif à ceux qui concourent dans les émissions de télévision poubelle, de l’écologie infantile sans portée politique aux comités d’entreprise transformés en agences de loisirs, nombreux sont ceux qui depuis une dizaine d’années tentent de trouver leur identité dans un cocon qui les rassure ou leur ressemble. D’une façon semblable, le verdict honteux du 21 Avril 2002 n’est pas seulement le fruit pourri de la xénophobie, il exprime aussi peut-être le désir frustré d’un retour au « territoire » connu, retour vomitif à l’Etat Nation ultra réactionnaire – certes – mais peut-être significatif d’un rejet inconscient de l’Impérialisme.

le terme de multitude (utilisé par hart/négri) ont un usage uniquement apolégeotique, et qui ne fait qu'ajouter au processus de confusion actuelement en cours Mais l''essentiel dans le cadre de l'économie politique de l'identité, c'est qu'on ne peut échapper a la conflagration mondiale que si on admet que l'identité est d'abord constructiviste Et cela seule une classe peut y arriver, parce qu'elle doit d'abord se constituer en tant que classe (et cela n'est pas gagné d'avance)

3 – La suprématie du Désordre éternel
Lénine n’avait-il pas un discours passablement mécaniste lorsqu’il voyait en l’Impérialisme le stade suprême du capitalisme ? L’Impérialisme est le début d’une ère virtuelle. Non-lieux, non-espaces. Et non-états, ces derniers se voyant relégués à ne plus jouer qu’un rôle régalien, tandis que le Capital s’occupe aujourd’hui – pignon sur rue – de régenter non seulement l’Economie, mais aussi le faisceau Politique. Que sont l’OMC (via L’AGCS), le FMI et autres organismes sinon la main mise de la sinistre « société civile » sur le pouvoir politique ? L’Impérialisme est la métamorphose du Capital économique « en armée politique ». Le décréter comme stade suprême – donc final ? – est erroné. L’Impérialisme n’a pas de force constituée en face de lui. Il peut donc prétendre s’ériger hors du temps et hors de l’espace, s’insinuer « éternel » : c’est à dire – objectivement, son contraire – présent partout à chaque instant. Il est donc un stade simplement nouveau du capitalisme (et non son stade ultime) que supporte l’idéologie de « l’éternité ».

Contrôlant le monde, l’Impérialisme est-il pour autant un Ordre mondial ? Non, et ce pour deux raisons : l’Ordre suppose un temps et un espace bien délimités, et l’Ordre suppose l’immobilisme. Dans une société « globalisée » immobile, les rapports de production sont de fait immobiles, ainsi que la valeur d’échange et la valeur d’usage des biens et services. Une telle société (ou civilisation) mourrait de ses propres contradictions à générer, à long terme, un profit parfaitement « inutilisable » car inopérant par manque de « dynamisme ». Il faut entendre ce terme dans toute son abjection : guerres, trafics d’influence, maffias, corruptions,… L’Impérialisme, comme toutes les phases du capitalisme, (capitalisme primitif de l’Angleterre de la fin du 18ème siècle, capitalisme des Etats Nations, colonialisme,…) ne vit et ne se nourrit que par le désordre et la confusion renouvelés. L’Impérialisme est donc le Désordre mondial savamment organisé sous le couvert manichéen du Bien et du Mal, soit de L’Ordre « apparent ».

tout ça me semble passablement confus et faux : le capitalisme est toujours la, et bien la Et le "post-impérialisme' que tony m apelle émpire a toutes les caractéristiques de l'ancien, sous tous ses aspects

b]4 – La mort des orthodoxies[/b]
L’Impérialisme règne sans partage sur le « non-temps » et le « non-espace ». Les Révolutions se construisent – au contraire – dans un contexte spatio-temporel précis et approprié. Octobre 1917 fut un processus lent, à la mesure du temps des hommes, fruit de plus de douze ans de maturation. Les grèves de 1936 et la politique « sociale progressiste » du Front Populaire furent la victoire du peuple, résultant d’une longue période de réaction et d’exploitation. La Révolution de Mai 68 (et non pas les « évènements ») n’est pas « surgie » de nulle part comme certains se complaisent à le dire, mais d’un refus exacerbé de la morale bourgeoise bien pensante qui pesait comme une chape depuis 20 ans. Les grèves de 1995, à l’inverse, se cantonnèrent au mouvement social, et nulle avancée politique révolutionnaire (ni même réformiste) n’en déboucha. Le temps des Révolutions « orthodoxes » était mort.

Peut-on aujourd’hui seulement imaginer une quelconque orthodoxie révolutionnaire ? Comment la classe des travailleurs occidentaux peut-elle envisager cela, alors que son outil de travail lui est chaque jour retiré, que sa force de travail – instrument de sa force révolutionnaire – s’étiole, et qu’il ne lui restera bientôt que sa « pauvreté oisive » ? Comment les pays d’Afrique peuvent-ils l’envisager, alors qu’il meurt du SIDA chaque jour sur ce continent trois fois plus de personnes que lors de l’attentat sur les tours de Manhattan ? Comment l’Amérique du Sud pourrait en faire de même, alors que forcée à un libéralisme à peine émergent, le joug des transnationales et du FMI la fait replonger dans un état de sous-développement ? La fin des révolutions orthodoxes est marquée par l’émergence du nouveau sous-prolétariat planétaire : l’Impérialisme fait basculer le monde de deux siècles en arrière. Et des Révolutions, il ne reste que les ectoplasmes tyranniques et honteux d'Extrême-Orient.

Comment peut donc s’ériger aujourd’hui une praxis révolutionnaire, une visée communiste qui ne prenne pas en compte ce nouveau paradigme des métamorphoses, et le nouveau façonnage sociétal ? Il est insensé d’envisager une praxis qui œuvre par l’orthodoxie du prolétariat constitué en classe consciente, forceps du mouvement révolutionnaire – puisque le prolétariat n’existe plus comme tel, et se voit éclaté en de multiples « lumpens ».

l'orthodoxie a toujours fait mauvais ménage avec la révolution Parce qu'il y a un passage (de rien a toutà que l'orthodoxie est bien incapable d'assumer Cela ne veux pas dire pour autant, qu'il n'y a plus rien. Sur l'éclatement du prolétariat (qui me semble plus fantasme que réalité) cela serait vrai, je demande a voir ce 'lumpen" en voie de constitution


5 – L’émergence du « collectif »
La donne, cependant, n’est pas si désespérée. Les combats n’ont pas cessé pour autant. Ils ont pris des formes nouvelles, internationales et internationalistes. Ces luttes et révoltes qui émergent sont le plus souvent le fait d’associations ou de groupes peu structurés – « collectifs – travaillant sur le terrain social, éducatif et solidaire. La valeur et le mérite de leur ouvrage est précisément la ré-appropriation de « territoires » dans les espaces et les temps niés par l’Impérialisme. Ces « territoires » peuvent être géographiques ou (et) intellectuels. Pour citer certains de ces acteurs, notons le MRAP, ATTAC, Ras l’Front, AC !, Droits Devants,… Il y en a bien d’autres (sans mentionner les « ancêtres » SOS Racisme ou Greenpeace).

A examiner ces terres de luttes nouvellement fertiles, force est de constater que la vigueur de leur action se trouve dans le regroupement ponctuel sur des objectifs précis, le plus souvent à court terme, ou à l’inverse sur des thèmes consensuels aux échéances variables : qui n’a signé de pétitions pour les sans papiers, contre les massacres de Djenine, pour la paix en Irak ? Qui n’a défilé à Barcelone contre l’OMC ou à Florence pour la Paix ? Les intentions et les gestes sont nobles, éthiques et humanitaires. Humanistes. Mais l’appel de ces combats à l’analyse politique, au matérialisme dialectique fait cruellement défaut.

Il y a là bien des ingrédients, et parmi les meilleurs, mais la « sauce » n’est pas faite. Le liant/lien révolutionnaire n’a pas (encore ?) pris. Seule la forme « organisationnelle » semble adéquate aux combats contemporains : réseaux, regroupements ponctuels, unité dans l’action tactique...

La forme est adéquate, car elle reflète le réel de l’Impérialisme, et le combat avec ses propres armes : « partout à chaque instant ». Mais pris isolément chacun des composants – en soi – n’est que de peu de force : ATTAC, par exemple, pour laquelle croît l’engouement chaque jour, est une « université populaire », le plus souvent investie par ceux que finissent par écœurer le discours pathétique du « Nouvel Observateur », ou enrager celui, consistant mais hésitant, du « Monde Diplomatique » (paradoxe !), et son rôle intrinsèque se limite quasiment à cela.

De la synergie dans l’action peuvent se gagner quelques combats ponctuels. Combats consensuels par lesquels le réformisme petit-bourgeois rejoint parfois le discours « vaguement » anarchisant, ce qui n’a rien de fort surprenant, le second étant le « trop-plein » du premier. Il n’y a donc aucune perspective révolutionnaire adéquate, aucun cadrage de praxis pour un communisme renouvelé, et retrouvé. Ces luttes tiennent de l’idéologie « dominée » face à l’idéologie dominante de l’Impérialisme, et non de la dialectique marxiste et de sa théorie pratique.

Il y a là aussi tout une série de remarques a faire Mais cela viendra en son temps...

6 – Que sont nos « amours » devenues ?
Le PCF est malade depuis Mai 68, la température à 3,5% des suffrages exprimés aux dernières élections Présidentielles n’est pas conjoncturelle, et n’est surtout pas uniquement le fait du bilan attristant de quelques strapontins gouvernementaux accordés par les sociaux libéraux du PS. Le PCF peut-il encore guérir ? Je n’en sais rien – je n’en suis plus depuis longtemps. Peut-être le PCF devrait-il « lire » l’Histoire de l’Impérialisme ? Et la comprendre, pour – peut-être – découvrir qu’il n’est devenu que le miroir déformant d’une forme de Nationalisme, partant du bilan « globalement positif » de 1976-78, à la pseudo déstalinisation « annoncée » des années 1980, jusqu’à la mutation pailletée des années 1990… Mais, là n’est pas l’objet du propos. Et s’il l’est, il importe aux militants d’en discuter entre eux. A quoi bon faire la critique du passé en place publique, s’il apporte pas d’eau au moulin du présent ? Le PCF est figé, pétrifié dans le miroir ridicule des 1er Mai soviétiques à faire peur – immobilistes de Brejnev et de Tchernenko. Et le ridicule tue.

La LCR est vive, et son discours n’est pas « simpliste » ainsi qu’on le colporte à l’hôpital du PCF (ou ailleurs). Elle est féconde dans son internationalisme, prompte à (se) mobiliser, mais sa stratégie à se vouloir de toutes les luttes, notamment dans le mouvement social et associatif lui inflige les mêmes retours de bâtons que ceux mentionnés dans la section précédente – l’émergence du « collectif ». Non pas que la LCR soit opportuniste, elle est simplement trop gourmande, et n’analyse pas son combat selon ses propres forces, et selon une dialectique d’état « des lieux ». En grossissant le trait, l’on peut prétendre que la LCR est « gauchisante », sans que cela ait un caractère péjoratif notoire.

LO poursuit son parcours, inoxydable depuis des décennies, classe contre classe, dans un « classicisme » (justement) que plus rien ne reflète dans la majorité des consciences et réalités contemporaines. Ceci est un constat, amer – mais réel – qui sous une forme alternative nous renvoie l’image du Congrès de Tours. La « pureté » de l’intention est louable, et la sincérité indubitable. Mais que représente la valeur et l’efficacité réelle de cette praxis de nos jours ?

Suivent les « mouvances » : Les Alternatifs, les Communistes Libertaires, les Anars de No Border ou autres Saint-Just post-modernes, ces organes nouveaux ou anciens, hybrides, sans organisationnel strict, ce qui fait à la fois leur force et leur faiblesse sur le plan formel de la pratique (qui se distingue ici de la stratégie, plus assimilable à la visée). Du lien communiste de ces groupes méconnus aux Partis orthodoxes, il y a probablement matière à enrichissement.

Restent enfin les communistes « errants » et non nostalgiques, qui ne font que se questionner eux-mêmes en questionnant les autres, ou les « dé-rangeant » par l’apostrophe, pour mieux appréhender le bien-fondé (ou l’infondé) de leur engagement « dégagé ».

je suis totalement d'accord sur ce que tu dit (sauf sur ce carractére gauchiste de la lcr, qui ne me semble pas évident, moi je parlerais d'"activisme-opportunisme") Mais de toutes les forces que tu cites, laquelles est massivement prete a un dépassement de ce qu'elle est pour devenir radicalement autre, en dehors de la ligue ?

7 – Allons-nous « quelque part » ?
Si une démarche telle que celle des Etats Généraux du Communisme (EGC) porte une perspective politique théorique riche et d’origines multiples dans son discours, sa visée est-elle opérante en « situation » ? La perspective ouverte ne se contente-t-elle pas d’adresser un périmètre strictement politico-économique ? N’oublie-elle pas de décliner les combats nécessaires vis à vis de certaines aliénations hors du champ traditionnel, comme s’il existait par nature une hiérarchie des luttes à conduire ou à différer, telles que – liste non exhaustive – le rapport de l’homme à la nature et son exploitation (pourtant déjà exprimé de façon latente par Marx « le jeune » dans le Manuscrit de 1844, et rendu « manifeste » par Lefebvre), le rapport d’exploitation de la supériorité du mâle (pourtant contesté et combattu avec quelque succès depuis Mai 68), le rapport de homme à la création « libre » et immédiate comme acte désaliénant « en soi » (pourtant brandi par le fer de lance du Situationniste), …

Ne continue-t-on pas à penser en rond dans une orthodoxie pseudo renouvelée ? Le corollaire, en question inverse, ne consiste-t-il pas à résoudre l’équation de la multitude des « lumpens », et de la fusionner en des désirs formels et « situés » de Révolution ? Les « sans » de tous bords sont aujourd’hui la vraie question du Communisme, il ne s’agit plus de considérer les « sans » - nous tous en puissance – comme une « armée de réserve », mais bien d’aller là où ils le veulent. Sans obédience. Pour un monde autrement, par une autre praxis révolutionnaire, par une autre culture politique, pour les combats d’aujourd’hui

for bien Mais savoir si la "stratégie des sans" est une nouvelle stratégie ou au contraire le retour a une véritable tradition radicale me semble pas tout a fait secondaire Je n'aime pas les lendemains qui chantent et les proclamations lyriques Seulement je le dit en toute simplicité : nous avons des raisons d'éspérer !
Louis
 
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Message par hispa » 09 Mars 2003, 19:54

Hektor Sur le point 4.

Mais – de façon minoritaire – on voit se dessiner des perspectives nouvelles : un certain nombre de « sans » se mettent à désirer autrement. Au lieu de s’accrocher au rêve de la consommation, ils construisent des foyers de solidarité. Ils commencent – minoritairement – à dire : « Nous avons cherché des moyens de survie, et nous avons trouvé une forme de vie supérieure ».

Il existe chez les « sans », à condition qu’ils deviennent des sujets conscients, un contenu qui dépasse largement les revendications classiques, ils assument le fait d’être sans utilité économique, et d’avoir pourtant droit à la vie. Dans leurs pratiques, ils revendiquent la nature humaine, qui n’a pas à être utile : l’homme n’est pas un outil de production. Le revenu vital n’a pas à être déguisé en salaire.



Tu précises bien "de façon minoritaire" et à condition qu'ils deviennent des sujets conscients.
Mais qui sont ces "ils" (ceux qui assument) dont tu parles ? Comment s'expriment-ils ? et Où ?
hispa
 
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Message par Louis » 10 Mars 2003, 18:40

je reprend uniquement sur le premier point :


Mais on ne fera pas non plus l'économie de l'analyse fine des évènements dont je parlait plus haut : la fin du "mensonge déconcertant" dans les pays de l'est et la fin du réformisme a l'ouest (puisque soit il devient un "réformisme sans réforme", soit il se vautre dans les eaux amères du libéralisme, et en tout cas, il est mal barré) Or ton analyse évite soigneusement ces deux paradigmes Singulier manque...
(1) Pour autant que je sache, le « réformisme sans réformes » ou le libéralisme sont deux facettes d’un même trompe l’œil, soigneusement entretenues par le capitalisme contemporain et l’idéologie qui le sous-tend (Démocrates et Républicains aux USA, Conservateurs et Travaillistes en Grande-Bretagne, PS et UMP en France, …). Je ne vois pas en quoi il y a là un manque. Et s’il y en a un, une argumentation me semble nécessaire.


donc argumentons : tout d'abord, on pe peut pas faire l'économie de ce qui s'est passé a l'est et nous interpelle TOUJOURS

* meme si les trotskystes avaient depuis longtemps une approche extremement critique de ce qui s'y passait (on avait pas des analyses du genre "régime globalement positif"), il n'en reste pas moins que ce qui s'est effectivement déroulé a montré l'insuffisance de nos analyses (la dialectique "révolution politique/révolution sociale")
* il reste néanmoins indispensable de continuer a tenir le fil de la révolution perdue et donc continuer a intégrer la PREMIERE REVOLUTION SOCIALISTE dans nos analyses Sauf a passer la révolution par pertes et profits

La question du réformisme est toujours d'actualité Tu mélange hardiment deux choses de natures différentes : le réformisme (sous entendu du mouvement ouvrier) et le libéralisme bourgeois incarné par le parti démocrate aux états unis
Mais il y a plus que des différences d'histoires entre ces deux mouvements On vois en angleterre les difficultés que ses dirigeants ont a faire passer le parti travailliste d'un parti ouvrier réformiste a un parti ouvertement bourgeois sans aucun lien historique avec la classe ouvrière Et qu'on ne s'y trompe pas, meme si on a aucune sympathie pour le parti travailliste "classique", ce serait une grave défaite du mouvement ouvrier que Blair arrive a faire ce qu'il a en tete !
Louis
 
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Message par hispa » 10 Mars 2003, 18:52

Hektor,

merci pour ta réponse.

Si tu as quelques informations supplémentaires à ce sujet, je veux bien.
hispa
 
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