Je me pose pas mal de questions en ce moment sur les rapports que doivent entretenir les partis révolutionaires avec ceux de la social-démocratie. J’ai lu pas mal de messages là-dessus sur le forum et, pour l’heure, mon opinion est la suivante :
Sauf cas extrême (danger fasciste imminent, par exemple), il est erroné pour les révolutionnaires de s’allier aux sociaux-démocrates ou de les soutenir électoralement. En effet, appeler à voter pour eux sous pretexte qu’ils ne sont pas aussi dangereux que les conservateurs et qu’il vaut donc mieux les voir élus plutôt que la droite entretient des illusions au sein de la classe ouvrière et place les révolutionnaires hors du terrain de la lutte de classes. En outre, ce rejet de toute alliance donne leur identité aux partis révolutionnaires. Ce point me semble important car, lorsque naît la déception dans les couches populaires devant la politique menée par la gauche, il est primordial qu’il existe alors un parti vers lequel se tourner, et que ce parti soit celui de la révolution prolétarienne. Or, si un parti révolutionnaire est connu pour appeler à voter PS au second tour des élections, quel travailleur déçu par la gauche se retrouvera dans son programme ?
Tout cela est très théorique et mériterait d’être précisé et développé, j’en ai conscience, mais je voulais donner en gros ma position de principe. Évidemment, j’aimerais que vous la critiquiez, commentiez, etc.
Pour situer le contexte de mes interrogations en la matière, voici de quoi il retourne. Je suis en train de discuter avec un militant d’un petit parti révolutionnaire autrichien, à Vienne, la Linkswende (« Tournant à gauche », organisation affiliée en France à Socialisme par en-bas et en Angleterre au Socialist Workers Party), qui me soutient qu’ils ont raison d’appeler les travailleurs à voter pour le parti socialiste autrichien (le SPÖ) pour faire barrage à la droite.
J’ai quand même de gros doutes quant à la validité de son argumentation, et c’est pourquoi j’aurais voulu avoir l’avis des uns et des autres.
Il faut tout de même savoir les choses suivantes (parce que les situations de la France et de l’Autriche sont très différentes). En Autriche, pays jusqu’à présent épargné par la vague néo-libérale (mais plus pour longtemps), les révolutionnaires sont ultra minoritaires. La Linkswende possède des militants uniquement à Vienne, une petite centaine (pour 8 millions d’habitants). Enfin, le SPÖ possède une bonne base ouvrière, le KPÖ (parti communiste) étant quasi-inexistant.
Merci d’avance pour vos contributions !