(gerard_wegan @ mardi 24 mai 2005 à 19:04 a écrit :Question marginale :
... c'est quoi l'"engagisme" ?
L'abolition de l'esclavage accordée par la révolution de 1848 devra quand même attendre le 20 décembre de l'année pour être appliqué à la Réunion, le temps pour les gros planteurs de faire terminer la saison de coupe de la canne, et pour l'émissaire de la 2ème république Sarda Garriga de rassurer ces gros planteurs sur la suite : d'abord une indemnisation conséquente pour leur "investissement" perdu, ensuite, un système qui oblige les esclaves tout juste libérés à rester chez leur maître pendant une période (ils partiront en masse car cette toute fraîche liberté avait décidemment bien trop le goût de l'esclavage...).
Mais cette abolition pose le problème de la main d'oeuvre pour l'économie de plantation qu'est alors la Réunion. Depuis l'interdiction de la traîte négrière, les planteurs ont cherché d'autres moyens de se procurer de la main-d'oeuvre : ça sera l'engagisme. Ce système expérimenté dès avant 1848 sera alors généralisé. Il s'agit d'aller chercher en Inde ou sur les mêmes côtes d'Afrique ou de Madagascar de la main-d'oeuvre soit disant libre, et de les faire venir avec un contrat signé pour 5 ou 10 ans avec une indemnité.
Evidemment, sur les côtes africaines notamment, les conditions de liberté et de libre choix des nouveaux engagés seront particulièrement incertaines, les mêmes réseaux fournissant précédement les esclaves. C'est en Inde que se fourniront en grosse majorité les planteurs réunionnais, d'où la part indienne de la population réunionnaise. Arrivés sur l'île, les engagés indiens, africains ou malgaches connaîtront les mêmes conditions de travail et de vie à peu de choses près que les anciens esclaves, notamment ils iront habiter les mêmes masures, se verront imposer les mêmes tâches, et connaîtront les mêmes sévices ; nombre de plaintes seront alors portées à l'administration locale (ce que ne pouvaient pas faire les esclaves).
Les derniers engagés arriveront sur l'île dans l'entre-deux guerre, venus de Madagascar, de l'île Rodrigues, etc...
(à préciser)