Salut à toutes et tous,
Un message long (rassurez vous ce sera pas toujours comme ça
Sauf ton respect, il me semble Zelda que ton appréciation des conceptions organisationnelles des anarchistes est assez superficielle. Tu sembles sous entendre que les anarchistes seraient contre la discipline ... C'est sur que si tu considère que ce qui se fait passer pour le mouvement nanar aujourd'hui, et qui n'est que l'expression de la confusion idéologique né d'un "savant" mélange d'individualisme et de nombrilisme spectaculaire, tu as raison ... (1)
En fait il ne faut pas oublier que, pour reprendre la formule d'Elysée Reclus l'anarchie est la plus haute expression de l'ordre (cf son texte :
http://www.cnt-ait.info/article.php3?id_article=442) Je t'invite à lire également les textes de Durrutti sur l'autodiscipline dans les milices.
Parfois, je crois que nous restons bloqués - les uns et les autres - sur un mot, sans chercher à comprendre ce qu'il recouvre pour l'autre. Par exemple, j'étais toujours opposé à la conception de "militant professionnel". Jusqu'à ce que je lise la définition qu'en donne Hardi dans son bouquin. Cette définition à mon avis est tout à fait acceptable par tout militant anarchiste conséquent (2). Idem sur le fait que l'organisation révolutionnaire doit être claire, sans concession.
Par ailleurs sur le mythe de trotsky et la révolution mondiale, certes avec d'autres bolchéviques il fondait son espoir sur l'entrainement dans la lutte du prolétariat allemand, mais il ne faut pas oublier que dans le même temps il a sacrifié les révolutionnaires communistes iraniens de la république du Gilan pour "acheter" la paix avec les anglais ... L'internationalisme était surtout européen alors ... (3)
Enfin, pour renverser la question de Quijote : l'échec sanglant (4) de la révolution d'Octobre n'est il pas précisément dû à l'existence de cet outil : un parti ultra centralisé ?
La notion de parti centralisé n'est pas consubstantielle du marxisme, mais est un conception léniniste. Il existe tout un courant communsite tout authentiquement marxiste mais qui rejette la notion de parti centralisé : le communisme de conseil. Pour en savoir plus, cf les textes de Pannekoek ou de Paul Mattick, qui sont disponibles partout sur le net.
Je pense, comme les communistes de conseil, que ce dont nous avons besoin ce n'est pas d'un "parti/syndicat de combat" mais d'une classe de combat ! La révolution ne sera pas l'oeuvre d'une organisation, mais celle de la classe ouvrière en lutte. Les soviets en Russie en sont la parfaite illustration.
L'organisation des révolutionnaires (appellons le parti, syndicat ou ce que vous voulez) doit se concevoir essentiellement comme un outil social, ayant pour but fondamental le développement de l’autonomie populaire, qui seul pourra peut-être un jour amener un changement social en profondeur.
L’autonomie populaire, c’est la capacité toujours plus affirmée et confirmée des masses a s’auto-organiser, à s’auto-défendre contre les iniquités produites par le capitalisme, à autogérer leurs luttes ( et donc quelque part leur propre futur ), à s’auto-représenter et à promouvoir un projet révolutionnaire.
Elle seule peut permettre la libération de la formidable puissance sociale qui réside potentiellement dans les masses exploitées. C’est dans l’autonomie populaire que réside la clé d’une révolution sociale authentique, constructive et libératrice, et il n’y a que dans et par la lutte sociale, la résistance quotidienne et multiforme au capitalisme que l’autonomie populaire pourra se construire et qu’elle en arrivera un jour, souhaitons-le, à se nourrir de sa propre nécessité.
Elle ne pourra être que le résultat d’un long processus social, fait de phases d’avancée et de phases de recul. L’important pour les masses étant alors leur capacité à capitaliser et à transmettre les connaissances théoriques et pratiques acquises par l’expérience.
Quoi qu’il en soit, c’est à son propre perfectionnement et renforcement en tant qu’outil social ainsi qu’à ce processus d’autonomisation des masses que doit travailler l’organisation. Elle se doit de contribuer à l’apparition et au développement de ce processus et, également, de tenter de l’orienter le plus clairement possible dans la voie de la révolution sociale, évidemment. Et cela, elle ne pourra le faire par la magouille, la manipulation et la récupération. Non, pour cela, elle devra convaincre et montrer l’exemple. (5)
(ouf !)
A +
Pierre
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(1) toutefois, non sans ironie, on peut remarquer que dans un mouvement symétrique c'est précisément le marais libertaire et/ou "syndicaliste révolutionaire" - où le "n'importe quoi" tient lieu le plus souvent de ligne pas claire - qui en coeur avec le marais "communiste révolutionnaire" a appelé à faire preuve de discipline pour voter Chirac ... On a même vu des nanars exorter les votants à ne pas porter de pince à linge sur le nez pour ne pas faire annuler le vote ... Comme quoi pour les "choses importantes" ils savent appeler à la dsicipline ... Ce faisant, ils ont montré leur vrai visage, comme celui de tous les pseudos révolutionnaires qui ont appeler à voter pour Chirac : ce sont des fourriers du légalisme républicain bourgeois ... La voix de son maitre ... Dès lors, on comprend mieux à qui sert la confusion entretenue de ces charlots, qu'ils soient nanars ou "trotskars". De là à dire qu'il n'y a pas de fumée sans feu ...
(2) Ceci étant dit, affirmer que la discipline dans le parti bolcheviks avant la victoire de Staline n'a "rien à voir avec le régime instauré par Staline et fondé sur la peur", as tu lu "Terrorisme et Communsime" de Trotsky ? La discipline DANS le parti était peut être alors librement consentie par les membres du parti, mais la discipline DU parti sur la classe - telle qu'elle est définie par Trotsky- est plutôt terrifiante ... Dès lors que le Parti a besoin de faire régner l'ordre sur la classe qu'il est censé représenter, c'est que la Révolution à échoué, non ?
(3) cf Les bolchéviks et la révolution au Gilan
http://monderusse.revues.org/document21.htmlCitation "En appelant à utiliser la menace de « l'expansion rouge » en Asie comme un moyen de chantage contre les impérialistes britanniques, Trockij proposa de se concentrer d'abord « sur le travail de formation (cours de science politique, travail sur l'organisation du parti, instruction militaire, etc.). Toute action susceptible d'entraîner notre soutien militaire doit être évitée à tout prix »... La dite révolution du Guilan ne fut, pour Moscou, qu'une monnaie d™échange dans le grand marchandage diplomatique...
The Trotsky papers, 1917-1922, La Haye, Mouton, 1971, 2, p. 208.)
(4) Je veux bien qu'on ne se contente pas de raisonnement comptable mais les centaines de milliers de morts dû à la repression bolchévique puis stalinienne ne comptent pas pour rien quand même ! On ne peut pas faire comme si le GPU, le goulag, la terreur, n'avaient pas existé ... Les trotskistes en savent historiquement quelque chose ...
(5) Cf anarchosyndicalisme et autonomie populaire
http://cnt-ait.info/article.php3?id_article=12et
http://cnt-ait.info/rubrique.php3?id_rubrique=91