crise de direction révolutionnaire

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par quijote » 19 Sep 2005, 17:37

(Vérié @ lundi 19 septembre 2005 à 18:30 a écrit : Trotsky, à la veille de la seconde guerre mondiale, considérait qu'il y avait une situation d'équilibre extrémement instable entre la bourgeoisie et le prolétariat, notamment en URSS où la bureaucratie se trouvait "dans la situation d'une bille au sommet d'une pyramide".

Trotsky considérait aussi que "les forces productives avaient cessé de croitre" dans les Etats capitalistes, à la différence de l'URSS qui les développait très rapidement. Certains trotskystes, les Lambertistes notamment, considèrent tujours que les forces productives ont plus ou moins cessé de croitre et Lutte Ouvrière n'a jamais été très clair sur ce sujet.

Dans cette situation - du moins telle que Trotsky la voyait en 1939 -, on pouvait considérer que le mouvement communiste manquait seulement d'une "bonne direction" - la direction stalinienne en étant une "mauvaise".

L'histoire a montré par la suite que Trotsky s'était complètement trompé (c'est évidemment plus facile de le voir aujourd'hui...) : le prolétariat était battu à la veille de la seconde guerre mondiale. C'est sans doute une des raisons, sinon la raison principale, pour laquelle cette guerre s'est terminée sans soulèvements révolutionnaire comme le pronostiquaient les Trotskystes de toutes tendances.

Après la seconde guerre mondiale, le capitalisme a considérablement développé les forces productives. Il s'est refait une santé grâce aux destructions de forces productives (hommes et matériels) de la guerre. S'il y a eu des mouvements et des révoltes comme en Hongrie 56 et des luttes de libération nationale, il n'y a pas eu de mouvements révolutionnaires prolétariens. Quant à la bureaucratie stalinienne, elle est restée au pouvoir un demi-siècle, contrairement à toutes les prévisions liées aux analyses de Trotsky. Et elle s'est effondrée sans le moindre affrontement de classes - LO est une des rares orgas qui considèrent toujours la Russie de Poutine comme un "Etat ouvrier dégénéré".

Penser qu'en 1968, il manquait "une bonne direction" est un contresens total. Dire "s'il y avait eu un parti sur des positions justes avec quelques dizaines de milliers de militants" etc est tout aussi absurde. Ou alors on s'imagine qu'il manquait juste un appareil bien organisé pour encadrer les ouvriers... Si les travailleurs n'ont pas rejoint les nombreuses orgas candidates à la construction du
Parti, c'est parce que les travailleurs en question se reconnaissent davantage dans le PCF réformiste et nationaliste. Ce qui est toujours vrai dans une bonne mesure aujourd'hui. Il faut se demander pourquoi les déçus du PC vont toujours à droite et non à gauche, sauf rares exceptions.

Bref un parti révolutionnaire ne peut se former, et attirer des dizaines de milliers d'ouvriers, que dans une période de crise profonde du capîtalisme et de montée révolutionnaire. Ce n'était le cas ni en 1968 ni aujourd'hui. Les ouvriers révolutionnaires ne tombent pas du ciel. La bonne direction non plus : cette direction se forge dans les luttes etc

Nous avons vécu plusieurs décennies de prospérité capitaliste et de développement sans précédent des forces productives, n'en déplaisent aux trotskystes dogmatiques. Ce développement s'est accompagné bien sur de misère, de chomage, de guerres, d'horreurs diverses - c'est la nature du capitalisme. Et aussi de crises, mais pas de crises suffisamment profondes pour que des dizaines de milliers d'ouvriers se tournent vers les révolutionnaires. Et encore moins pour qu'une bonne direction ait eu la possibilité de changer les choses. Des crises révolutionnaires, il y en a une ou deux par siècle. On peut le regretter mais c'est comme ça. Un des défaut des trotskystes (LO un peu moins), c'est de voir des crises révolutionnaires partout. Bon, c'est un travers courant chez les révolutionnaires : Marx et plus tard Trotsky aussi surestimaient souvent les possibilités révolutionnaires et la profondeur des crises.
Où veux tu en venir ?

On s 'set parfois trompé et alors ? Nous n 'avons jamais eu la prétention d 'être infaillibles ... quant à ce que tu dis (une série de constats faciles !!!), il a toujours été question pour nous de possibilités , pas de certitudes !!
quijote
 
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Message par gerard_wegan » 19 Sep 2005, 17:49

Cool quijote (je m'aperçois qu'il faut ajouter Zdanko !), il me semble que Vérié tente simplement de répondre à la question initiale de Txi qui est la raison d'être de ce fil !!!

Par contre :
(quijote @ lundi 19 septembre 2005 à 18:37 a écrit :il a toujours été question pour nous de possibilités , pas de certitudes

... n'est qu'en partie vrai : les révolutionnaires, comme Marx et Trotsky dans leurs écrits, ne se contentaient pas de discuter de possibilités atemporelles ; les "possibilités" en question résultent (ou devraient en tout cas résulter...) d'analyses de situations concrètes (même si on peut discuter rétrospectivement la pertinence de ces analyses) ; en ce sens, ce sont plus des pronostics que de simples possibilités... à défaut, mais c'est une évidence, de pouvoir être des certitudes !
gerard_wegan
 
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Message par pelon » 19 Sep 2005, 22:29

Tu ne crois pas que dans les années 30, en Allemagne puis en Espagne il n'y avait pas les conditions objectives pour la révolution ? Tu ne crois pas que l'absence d'une véritable direction révolutionnaire ont été déterminantes pour la défaite ?
pelon
 
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