artza
a écrit :Après la révolution d'Octobre l'antisémétisme que la réaction utilisa et pratiqua largement tout au long de la guerre civile fut combattu par le jeune pouvoir soviétique.
Je crois me souvenir que dans Ma vie, Trotsky raconte qu'il fût question qu'il devienne à un moment commissaire du peuple à l'intérieur, poste qu'il n'a pas accepté car même en période révolutionnaire, les préjugés antisémites étaient encore tenaces, et que les ennemis du régime n'auraient pas manqué de se saisir des origines juives de Trotsky pour avoir encore quelque chose à reprocher au jeune état ouvrier.
Bon, je viens de retrouver le texte, c'est dans le chapître "au pouvoir"
a écrit :Lénine, par contre, venait seulement de rentrer de son refuge, où il avait passé trois mois et demi, tourmenté de vivre à l'écart de la direction immédiate et pratique. Son retour coïncidait avec ma fatigue et je n'en étais que plus disposé à rentrer, au moins pour quelque temps, dans la coulisse. Mais Lénine ne voulait même pas en entendre parler. Il exigeait que je prisse la direction de l'Intérieur; la principale tâche était alors de combattre la contre-révolution. Je lui fis des objections et, entre autres arguments, je fis valoir la question des nationalités: était-il, disais-je, bien utile de donner à nos ennemis cette arme supplémentaire, mon origine juive ?
Lénine était presque indigné.
--Nous faisons une grande révolution internationale. Quelle importance peuvent avoir de telles vétilles ?...
Sur ce thème s'engagea entre nous une dispute à demi comique.
--La révolution est grande, répliquais-je, mais il reste un fameux nombre d'imbéciles...
--Est-ce que nous marchons sur les pas des. imbéciles ?
--Marcher sur leurs pas, non certes! Mais, parfois, il faut faire de petites concessions à la sottise... Pourquoi chercherions-nous, dès les premiers jours, des complications superflues ?...
J'ai déjà mentionné que la question de nationalité, si importante dans la vie de la Russie, n'a joué dans ma vie personnelle presque aucun rôle. Dès ma première jeunesse, les préventions ou préjugés nationaux provoquaient en moi la gêne que doit éprouver un rationaliste, laquelle parfois devenait un dégoût, et même un écoeurement moral. Mon éducation marxiste donna de la profondeur à cet état d'esprit, d'où sortit un internationalisme actif. La vie vécue en différents pays, dont j'appris les langues, la politique et la culture, m'aida à m'assimiler, en chair et en os, l'internationalisme. Si, en 1917 et plus tard, j'ai pris parfois argument de mon origine juive contre telle ou telle nomination, ce fut exclusivement par calcul politique.