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Publié :
05 Nov 2005, 16:47
par pelon
En fait, les émeutes de Watts (quartier pauvre de Los Angeles) ont commencé le 13 août 1965 mais l'évènement déclencheur a eu lieu 2 jours plus tôt. Un jeune noir avait été arrêté par la police en état d'ivresse dans son quartier, sa famille était intervenue pour l'aider et du coup la police avait arrêté 2 autres membres de la famille.
Les gens du quartier sont très remontés et les discussions sont animées, les jeunes, en colère, veulent en découdre. Bref, ça finit par éclater. Des barricades sont installées et la fabrication des cocktails molotov bat son plein. Très vite, des incendies éclatent dans le quartier, des entrepôts, des bus, des magasins ... Quand la police intervient, elle est reçue comme il se doit avec briques et des cocktails molotov.
Comme plus tard dans d'autres grandes villes américaines, le gouvernement va faire intervenir l'armée et décréter le couvre-feu. L'émeute durera encore 6 jours. Il y aura 34 morts, 1.100 blessés, 4.000 arrestations et environ 100 millions de dollars de dégâts.
Bien entendu, le mouvement politique noir était très actif depuis des années (M. L. King) mais ces émeutes firent franchir un palier dans la radicalisation. La non-violence, beaucoup de jeunes avaient du mal à s'en contenter. Ils voulaient enterrer "l'Oncle Tom".
Allez savoir pourquoi j'écris sur Watts.

Publié :
09 Nov 2005, 00:46
par com_71
Ces émeutes ont entraîné une baisse de production importante de l'industrie automobile, poue cause d'absentéisme des ouvriers noirs. Elles ont été suivies de l'apparition et du développement "explosif" de syndicats "noirs".

Publié :
10 Nov 2005, 14:55
par eruditrotsk
C'est marrant comment certains ne savent pas lire, même quelques lignes de textes, et croient voir la même chose entre la révolte de Watts et celle dite "des banlieues" actuellement. La phrase que Caupo écarte d'un revers de main parce que pas contemporaine de 1965 sur la "communauté" est pourtant éclairante. Si l'ensemble de la population des banlieues françaises actuelles étaient en révolte, parents et enfants, travailleurs et chômeurs, contre la discrimination sociale dont sont victimes les quartiers pauvres, ce serait... Watts. Sinon, c'est ce qu'on vit aujourd'hui, quelque chose de stérile.
La "révolte" de quelques jeunes (quels qu'ils soient, cf l'interminable fil sur le sujet, pollué par les remarques offusquées-condescendantes des gauchistes "canal historique" contre LO ; gauchistes pour qui la pendule de l'histoire semble s'être arrêtée pour certains, il y a un certain temps - 1988, peut-être), coupés de l'ensemble de la population me fait penser à un autre phénomène : la politique que dénonçait LO en Grande-Bretagne du temps de la montée de l'extrême-droite, vers 1977 (c'est le privilège étiquetbale "LO canal historique"...). Certains jeunes dans certains quartiers immigrés étaient prêts alors à en découdre contre les "fachos", et se moquaient bien des sentiments du reste de la population à ce sujet (leurs parents et voisins adultes, notamment) et les gauchistes anglais - petit frères de ceux qui la ramène dans ce forum - étaient prêts à leur filer le train. Le SWP avait ses érudits et valorisait les réactions des quartiers populaires londoniens dans les années trente contre l'extrême-droite, réactions orchestrées par le PC, en oubliant soigneusement de dire que cette action des années trente avait mobilisé collectivement l'ensemble de la population ouvrière, jeunes vieux, femmes, hommes, actifs, inactifs, etc. et pas seulement quelques jeunes excités.
Dans le cas qui nous occupe par ailleurs, les seules réactions collectives qui ont été possibles - et auxquels certains camarades ont pu être associés fortuitement, tout bonnement parce qu'ils étaient là et sollicités - l'ont été là où la population (non émeutière) s'est mobilisée collectivement (et cela pas spontanément comme l'a dit par ailleurs un interlocuteur que je ne citerai pas - de toute façon, il ne se rappelle pas d'un post l'autre ce qu'il a pu déclarer, j'en ai déjà fait l'expérience) pour protéger les biens communs si chichement comptés dans les quartiers populaires : piscine ou école. Et cela, en faisant à cette occasion l'apprentissage qu'on peut faire quelque chose de bien ensemble, de façon même plutôt bon enfant (il y a eu un reportage à la télé particulièrement explicite sur ce point).
:17:

Publié :
10 Nov 2005, 20:23
par boispikeur
(eruditrotsk @ jeudi 10 novembre 2005 à 14:55 a écrit : C'est marrant comment certains ne savent pas lire, même quelques lignes de textes, et croient voir la même chose entre la révolte de Watts et celle dite "des banlieues" actuellement.
En même temps...
a écrit :"Ce n'était pas une émeute, c'était une révolte politique", affirme avec fierté un ami de Frye -décédé depuis-, Tommy Jacquette, 61 ans. Pour ce militant ayant participé aux émeutes, les violences "ont marqué le jour où nous avons cessé d'avoir peur de l'homme blanc".
[...]
Pourtant, assure Joe Hicks, "il n'y a vraiment aucune raison de se réjouir" de ces événements sanglants. Très peu de commerçants se sont hasardés à rouvrir leurs échoppes pillées et détruites, aggravant la marginalisation du quartier.
J'avoue ne pas être au fait de ces émeutes de Watts, mais si on lit ce passage de
Debord, on peut quand même y voir quelques similitudes avec ce qui se passe.
Par ailleurs, je serai assez interessé par des infos là dessus.
Par exemple, erudi, tu dis
a écrit :Si l'ensemble de la population des banlieues françaises actuelles étaient en révolte, parents et enfants, travailleurs et chômeurs, contre la discrimination sociale dont sont victimes les quartiers pauvres, ce serait... Watts
Peux-tu m'indiquer des sources qui donnent des exemples sur le fait que "parents, enfants, travailleurs et chômeurs" faisaient parti des émeutiers?

Publié :
10 Nov 2005, 20:30
par Jacquemart
Méfie-toi, Boispikeur.
Je le connais, des sources, il va t'en donner, et du genre treize à la douzaine.


Publié :
10 Nov 2005, 21:40
par Puig Antich
Ce qui est sûr c'est que lorsqu'on lit le fameux "déclin de la société spectaculaire-marchande" et qu'on s'en tient aux faits, on s'aperçoit que même si l'ampleur n'a strictement rien à voir avec ce qui se passe en france, il y a des similitudes.. (des milliers d'incendies, des voitures brûlées, etc.)