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Message Publié : 08 Déc 2005, 17:52
par MadMaxIII
Dans le "le Prince" de Machiavel, le constat est grosso modo le même.

Les dirigeants politiques capitalistes et ditateurs de tout poil sont toujours les mieux placés pour expliquer comment marche la plus pourrie des machine à propagande.

Un autre exemple: il a créé la légion d'honneur, ça l'arrangeait bien pour que les pauvres trouffions se fassent trucider sur les champs de bataille, alors que sous l'ancien régime les décorations étaient réservées aux nobles. Il l'explique texto: "parce que c'est avec des hochets qu'on fait marcher les hommes..."

Message Publié : 08 Déc 2005, 18:00
par Gaby
(txi @ jeudi 8 décembre 2005 à 12:54 a écrit : Napoléon

Bonaparte connaissait sa philosophie, il cite ici grosso modo Kant.

Message Publié : 08 Déc 2005, 21:28
par Wapi
gaby

a écrit :Bonaparte connaissait sa philosophie, il cite ici grosso modo Kant.


As-tu les références de ces idées chez Kant ? ça m'intéresserait d'avoir les textes. Merci d'avance.

Message Publié : 08 Déc 2005, 22:34
par Gaby
Ce n'est pas dans un de ses écrits achevés, c'est une parole qu'on lui attribue. Il a formulé cette idée une fois qu'il effectuait sa traditionnelle promenade à Konisgberg (il parcourait toujours le même chemin l'après-midi, au point qu'il servait d'horloge aux habitants du bourg). On parle de ses ballades dans toutes ses biographies.

( Kant lors d'une de ses traditionnelles promenades à Konigsberg a écrit :Moi, je n'y crois pas [en Dieu], les élites ne doivent pas croire en Dieu, mais les pauvres doivent y croire parce que c'est un facteur de paix sociale.

C'est en général une des citations qui sont sélectionnées dans les petites notices biographiques de Kant. On peut lui attribuer sans grand doute historique. Dans ses écrits, on trouve des citations qui sont plus ou moins proches de pareille idée. Je peux les copier ici. C'est du grand classique, c'est notamment ce qui a nourri la réflexion de Feuerbach et de Marx sur la religion, bien sûr en prenant un tout autre point de vue partisan.

(Kant @ Opus Postumum a écrit :On ne peut démontrer l'existence de Dieu, mais on ne peut s'empêcher de procéder suivant le principe de cette idée et d'accepter les devoirs comme des commandements divins.
(... plus loin...)
Dieu n'est pas une substance extérieure mais une relation morale en nous.

(Kant @ Réflexions sur l'éducation a écrit :La religion, sans la conscience morale n'est qu'un culte superstitieux. On croit servir Dieu lorsque, par exemple, on le loue ou célèbre sa puissance, sa sagesse, sans penser à la manière d'obéir aux lois divines, sans même connaître et étudier cette sagesse et cette puissance. Pour certaines gens, les cantiques sont un opium pour la conscience et un oreiller sur lequel on peut tranquillement dormir.


Ou encore, plus tôt dans ses oeuvres...
(Kant @ Fondements de la métaphysique des moeurs a écrit :Croyance : milieu entre l'opinion et le savoir

(Kant @ Critique de la raison pure a écrit :Je dus donc abolir le savoir afin d'obtenir une place pour la croyance.


Napoléon savait tout ça. Il a repris cette idée lorsqu'il faisait le concordat en disant (j'ai une citation un poil plus complète) :
(Napoléon à la conclusion du concordat a écrit : Comment avoir de l'ordre dans un Etat sans religion ? La société ne peut exister dans un Etat sans une religion. La société ne peut exister sans l'inégalité des fortunes, et l'inégalité des fortunes ne peut exister sans la religion. Quand un homme meurt de faim à côté d'un autre qui regorge, il lui est impossible d'accéder à cette différence s'il n'y a pas là une autorité qui lui dise «Dieu le veut ainsi, il faut qu'il y ait des pauvres et des riches dans le monde ; mais ensuite et pendant l'éternité le partage sera fait autrement. (...) C'est en me faisant catholique que j'ai fini la guerre de Vendée, en me faisant musulman que je me suis établi en Egypte, en me faisant ultramontain que j'ai gagné les esprits en Italie. Si je gouvernais un peuple de juifs, je rétablirais le Temple de Salomon.

Message Publié : 09 Déc 2005, 08:23
par Wapi
gaby,

a écrit :Dans ses écrits, on trouve des citations qui sont plus ou moins proches de pareille idée.  Je peux les copier ici.


oui je veux bien, merci si tu as des textes précis sur le sujet. Pas sur Dieu ni la religion en général chez Kant mais justement sur cette question des riches et des pauvres dans la religion.

zelda

Je crois qu'on ne trouve pas cette idée dans ce qu'il reste des textes d'Epicure, et pour Démocrite, sous cette forme, en tous cas je ne l'ai pas trouvé.

Ces premiers matérialistes avaient une position issue de leur éthique scientifique sur la religion. Ils pensaient effectivement que les dieux ne sont pas tels qu'on les présentait à leur époque, et qu'ils n'intervenaient pas dans les affaires humaines. Certainement, ils disaient que les impies n'étaient pas ceux que l'on croyait, plutôt ceux qui rendaient un culte aux dieux de la foule ... mais on ne peut pas extrapoler bien davantage sur leur vision de la société.

Ne faisant aucune confiance à leurs gouvernants, ils étaient plutôt a-politique, ou impolitiques si tu veux. Leur problème n'était pas de changer la société, mais plutôt de s'en tenir à l'écart, où ils aspiraient à vivre comme des sages, loin des agitations humaines selon eux bien vaines.

Message Publié : 10 Déc 2005, 10:56
par Wapi
a écrit :Bonaparte connaissait sa philosophie, il cite ici grosso modo Kant.


Bon, c'est pas pour pinailler avec Gaby, mais je ne pense pas en fait que napoléon soit un kantien qui s'ignore, sauf par extrapolation d'extrapolations.

Comme il n'y a pas de textes publiés qui aillent dans ce sens chez Kant, on peut difficilement arguer que Napoléon avait en tête une phrase citée dans une promenade.

Ceci n'est qu'anecdotique. Je ne sais pas de quel système philosophique se réclamait Napoleon, mais c'est Hegel qui a reconnu en lui, lors de la parade qui a suivi la prise de Iéna en 1806, "l'esprit du monde juché sur son cheval".

ça ferait plutôt de Napoléon le premier des hegeliens, en plus désigné directement par le maître, alors ...

Message Publié : 10 Déc 2005, 13:01
par Wapi
Sur l'idée que les matérialistes de l'antiquité se faisaient des dieux, on peut dire schématiquement que

Ils existent mais sûrement pas comme nous le croyons, c'est à dire qu'ils n'interviennent ni dans les affaires humaines, ni dans celles de la nature. Ils ne sont pas comme les hommes animés de passions comme l'envie ou la haine. Ils ne manquent de rien et donc n'agissent pas et donc ne changent pas. En quelque sorte, ils sont la preuve de la permanence des lois de la nature, sur le plan scientifique, et sur le plan éthique, un modèle pour le sage que rien ne doit troubler.

Certes, les cultes maintiennent les foules dans l'effroi, mais ce n'est pas pour une raison sociale que les hommes ont inventé les dieux, plutôt parce qu'ils étaient ignorants.

Epicure, lettre à ménécée:

a écrit :D’abord, tenant le dieu pour un vivant immortel et bienheureux, selon la notion du dieu communément pressentie, ne lui attribue rien d’étranger à son immortalité ni rien d’incompatible avec sa béatitude. Crédite-le, en revanche, de tout ce qui est susceptible de lui conserver, avec l’immortalité, cette béatitude. Car les dieux existent : évidente est la connaissance que nous avons d’eux. Mais tels que la foule les imagine communément, ils n’existent pas : les gens ne prennent pas garde à la cohérence de ce qu’ils imaginent. N’est pas impie qui refuse des dieux populaires, mais qui, sur les dieux, projette les superstitions populaires. Les explications des gens à propos des dieux ne sont pas des notions établies à travers nos sens, mais des suppositions sans fondement. De là l’idée que les plus grands dommages sont amenés par les dieux ainsi que les bienfaits. En fait, c’est en totale affinité avec ses propres vertus que l’on accueille ceux qui sont semblables à soi-même, considérant comme étranger tout ce qui n’est pas tel que soi.