Réponse à Ianovka (partie I),
Je pense que les textes que tu cites sont utiles - tu n'alourdis pas le débat, tu l'enrichis. Ceci étant, je ne suis pas sûr que ces citations soient les plus appropriées de ton point de vue....
Réglons d'abord, un quiproquo. Tu écris "l'indépendance d'un état arriéré est à moitie fictive (...) ça ne doit surtout pas être une revendication exclusive des révolutionnaires ". Je crois l'avoir écrit : pour moi, une politique marxiste en Palestine est fondée sur 3 axes : République palestinienne, gouvernement ouvrier-paysan, Etats-Unis socialistes du Moyen-Orient. Donc nous sommes d'accord.
Au passage, je note que la IV "soutient inconditionnellement la lutte de la Chine ou de l'Inde pour l'indépendance nationale, car dans cette lutte, (...), ils portent des coups sévères aux Etats impérialistes." Ce qui est évident dans le cas palestinien. Oui, en Palestine nous sommes nationaliste. Mais au sens communiste du terme.
Là où tu me sembles glisser est quand tu te prononces pour "mettre en garde contre une unité nationale qui ne servirait que la bourgeoisie pour imposer sa domination". C'est plus complexe : accords pratiques, oui, généraux, non.
:trotsky: avait été confronté à la question plusieurs fois. Voici comment il posait la question vis à vis de l'APRA, l'organisation nationaliste petite bourgeoise péruvienne, très similaire à l'OLP :
"Je pense qu'il est possible et souhaitable de conclure des accords avec les apristes en vue de tâches pratiques déterminées, à la condition de préserver notre totale indépendance d'organisation."
Source : http://marxists.org/francais/trotsky/oeuvr.../lt19380923.htm
Ce qui était généralisé dans "l'I.C. après Lénine" où il dit pour la Chine :
"L'unique " condition " de tout accord avec la bourgeoisie, accord séparé, pratique, limité à des mesures définies et adapté à chaque cas, consiste à ne pas mélanger les organisations et les drapeaux, ni directement ni indirectement, ni pour un jour ni pour une heure, à distinguer le rouge du bleu, et à ne jamais croire que la bourgeoisie soit capable de mener une lutte réelle contre l'impérialisme et de ne pas faire obstacle aux ouvriers et aux paysans ou qu'elle soit disposée à le faire. "
Mais après avoir précisé :
"Peut-être, ici, s'agit-il d'ententes circonstancielles strictement pratiques ? Il est évident que nous ne pouvons, pour l'avenir, renoncer à de tels accords, rigoureusement limités et servant chaque fois un but clairement défini. C'est le cas par exemple quand il s'agit d'une entente avec des étudiants du Kuomintang pour l'organisation d'une manifestation anti-impérialiste, ou bien de secours versés par des marchands chinois aux grévistes d'une concession étrangère. De tels phénomènes ne sont nullement à exclure dans l'avenir, même en Chine. "
Source : http://www.marxists.org/francais/trotsky/l...cal/ical23.html
Autrement dit, pour lui, des accords épisodiques avec le Fatah ne seraient pas à exclure. Seulement épisodiques.
Pourquoi ? Prenons la Palestine.
L'OLP n'est pas née par hasard. Elle est née de ce que la domination impérialiste sur le pays interdit tout avenir à la bourgeoisie palestinienne. D'où sa tentative de déserrer l'étreinte (phénomène d'ailleurs classique : cf le Vénézuela de Chavez).
Donc la bourgeoisie et la petite bourgeoisie sont face à une contradiction : autoliquidation sous la férule impérialiste ou autoliquidation par le gvt ouvrier-paysan. Ce qui explique le caractère bordélique de leur politique, les va et vient.
Et d'où le fait que sans se faire d'illusions, on ne puisse exclure des acccords sur des points déterminés. Des tk palestiniens auraient pu collaborer avec le Fatah de Marghouti pour libérer Jénine, p. ex., etc. Je n'ai rien contre un front avec eux pour exiger sa libération en France non plus, etc. Par contre, pas d'accord programmatique. Parce que 1/ nos objectifs diffèrent à long terme 2/ Nous savons qu'ils ne sont même pas capables de même réaliser l'indépendance - comme ils l'ont montré en signant Oslo. Ils cèdent forcément face à la pression impérialiste.
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