Bert Brecht

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par artza » 10 Fév 2006, 22:30

B.Brecht fut du nombre de ces intellectuels qui soutinrent le stalinisme et contribuèrent à l'identifier avec le communisme.

Il était parfaitement informé et en avait les moyens.
Dans le privé il se piquait même de préoccupations théoriques. Il qualifiait Karl Korsch opposant "gauchiste" à la ligne du KPD et de l'IC "de cher professeur".
Bref il en savait bien assez sur Staline, sa clique et ses méthodes pour choisir les USA à l'URSS comme asile politique.
Beaucoup de militants communistes allemands n'eurent pas cette "prudence" et y perdirent la vie.
artza
 
Message(s) : 2527
Inscription : 22 Sep 2003, 08:22

Message par Matrok » 10 Fév 2006, 23:00

a écrit :Bref il en savait bien assez sur Staline, sa clique et ses méthodes pour choisir les USA à l'URSS comme asile politique.


Alors pour quelle raison, une fois chassé des USA par le maccarthysme, a-t-il choisi l'Allemagne de l'Est plutôt que celle de l'Ouest pour revenir ? :33:
Sinon c'est un auteur de théatre génial, peut-être le meilleur de ce siècle...
Matrok
 
Message(s) : 177
Inscription : 12 Mars 2003, 21:43

Message par artza » 10 Fév 2006, 23:21

Je ne suis pas sur que la RFA l'aurait accepté et encore moins à l'époque offert un théatre à Berlin.

Chacun peut apprécier peu ou prou l'auteur dramatique.

Que penses-tu de sa pièce La décision?

Un jeune kominternien en Chine critique la politique de l'IC qui a mené à l'écrasement des ouviers de Shanghaï par le Kuomintang.
Il doit être éxécuté.


Et cette phrase savoureuse "nous sommes des pages blanches sur lesquelles le Parti écrit son histoire".

Bref il savait parfaitement que Trotsky et les autres n'étaient pas des agents du Mikado et d'Hitler.
Il a choisi son camp c'est tout.
artza
 
Message(s) : 2527
Inscription : 22 Sep 2003, 08:22

Message par com_71 » 10 Fév 2006, 23:33

Et Sainte Jeanne des Abattoirs (le titre est déjà un programme) qui dirige une grève... par courrier.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
Avatar de l’utilisateur
com_71
 
Message(s) : 6423
Inscription : 12 Oct 2002, 00:14

Message par Matrok » 11 Fév 2006, 00:12

(artza @ samedi 11 février 2006 à 00:21 a écrit : Je ne suis pas sur que la RFA l'aurait accepté et encore moins à l'époque offert un théatre à Berlin.

Chacun peut apprécier peu ou prou l'auteur dramatique.

Que penses-tu de sa pièce La décision?

Un jeune kominternien en Chine critique la politique de l'IC qui a mené à l'écrasement des ouviers de Shanghaï par le Kuomintang.
Il doit être éxécuté.


Et cette phrase savoureuse "nous sommes des pages blanches sur lesquelles le Parti écrit son histoire".

Bref il savait parfaitement que Trotsky et les autres n'étaient pas des agents du Mikado et d'Hitler.
Il a choisi son camp c'est tout.
a écrit :Je ne suis pas sur que la RFA l'aurait accepté et encore moins à l'époque offert un théatre à Berlin.


La commission des activités anti-américaines ne siégeait pas en RFA que je sache. Qu'on ne lui aurait pas offert un théatre contrairement à la RDA d'accord. Mais si on accepte ce genre d'argument (qui est bon !) pourquoi ne pas admettre également que dans les années 30 Hollywood offrait un débouché pour les artistes interdits dans leur pays, que n'offrait pas l'URSS ? Non vraiment reprocher à Brecht d'avoir "choisi les USA plutôt que l'URSS" me paraît quand même bizarre... Qu'aurais-tu fait à sa place ?

Par ailleurs, je sais bien qu'il était stalinien et je n'ai pas dit l'inverse, et évidemment ça transparaît dans certaines pièces, voire carrément comme dans le cas de "La Décision" ça les rend franchement nauséabondes. Mais si on a le droit d'apprécier que des auteurs trotskystes on n'aura bientôt plus grand-chose à lire... Et passer à côté de "Mère Courage" ou de "La Vie de Galilée" c'est vraiment dommage.

N'oublions pas non plus que toute une partie de son oeuvre vise à transformer le théatre d'un art qui fait oublier le présent ou le fait accepter, à une invitation à la réflexion et à l'action. Je ne parle pas seulement de ses pièces mais aussi de son approche de la mise en scène et du spectacle d'une façon générale. C'est un artiste révolutionnaire (pas dans le sens "Robespierre" mais dans le sens "Shakespeare"). Et il est encore souvent mal compris justement parce que les personnages qu'il met en scène ne sont plus des héros, mais des gens dont on peut juger le comportement. C'est pour pousser les spectateurs à avoir ce recul qu'il demandait à ses acteurs de jouer de façon distanciée, qu'il introduisait des passages musicaux ou des "panneaux" dans ses pièces, qu'il limitait le décor, les accessoires et les costumes au minimum et avec peu de réalisme, etc...
Matrok
 
Message(s) : 177
Inscription : 12 Mars 2003, 21:43

Message par artza » 11 Fév 2006, 07:59

Des mérites littéraires et dramatiques de Brecht je ne discuterais pas. Je n'y connais pas grand chose.

Je constate qu'il fut très à la mode à une époque et qu'il l'est beaucoup moins aujourd'hui.

Simplement qu'il fut un supporter de Staline au pire moment ça c'est connu et ça juge quand même le bonhomme.

La RFA des années cinquante n'était guère différente des USA. Le PC y fut interdit. Les fonctionnaires devaient prêter serment de fidélité à la constitution et les interdits professionnels pleuvaient sur tout ceux qui étaient soupçonnés de "communisme".

Pour les conditions de travail intellectuel en URSS je crois qu'elles n'étaient pas si mauvaises, valorisantes et lucratives pour les intellectuels talentueux et doués d'une grande souplesse de l'échine.

Mais les risques étaient grands! Ce que savait parfaitement Brecht!

Je n'ai jamais dit qu'il ne fallait apprécier que les auteurs trotskystes ce qui serait con.

a écrit :je sais bien qu'il était stalinien


Dis-tu. Je n'ai jamais voulu rappeler autre chose en soulignant qu'il fut stalinien en connaissance de cause.
artza
 
Message(s) : 2527
Inscription : 22 Sep 2003, 08:22

Message par com_71 » 11 Fév 2006, 11:38

Bien d'accord avec Artza et Vérié.

Donc sur un autre plan et malgré la personnalité de l'auteur j'apprécie beaucoup Mère Courage et l'Opéra de 4 sous (mais n'oublions pas la musique et ses compositeurs respectivement P. Dessau et K. Weil).

Mais comme j'apprécie beaucoup les "murales" de Siqueiros plus connu ici pour avoir été un gangster stalinien notoire que pour ses fresques.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
Avatar de l’utilisateur
com_71
 
Message(s) : 6423
Inscription : 12 Oct 2002, 00:14

Message par canardos » 11 Fév 2006, 14:03

apres l'écrasement de la révolte des ouvriers berlinois en 1953 le ministre des transports avait déclaré "le peuple a perdu la confiance du parti"...

quelqu'un pourrait il me confirmer ou m'infirmer l'exactitude de la réponse pretée à Brecht: "si le peuple a perdu la confiance du parti, il n'y a qu'à dissoudre le peuple et à en élire un autre"?
canardos
 
Message(s) : 18
Inscription : 23 Déc 2005, 16:16

Message par quijote » 11 Fév 2006, 16:40

Tout à fait d 'accord : beaucoup de ces intellectuels vont là "donde calienta el sol " comme on dit en espagnol , mais quelques autres , et non des moindres sont restés honnêtes et n'ont pas eu peur de la marginalité : citons André Breton , Panait istrati , Gide , victor Serge et quelques autres encore
quijote
 
Message(s) : 0
Inscription : 25 Mars 2003, 17:11

Suivant

Retour vers Histoire et théorie

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 7 invité(s)

cron