L'aspirant Maillot détourne un camion d'armes et pre

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par artza » 08 Avr 2006, 07:17

Le 4 avril 1956 un jeune aspirant de l'armée française pied-noir et militant du Parti communiste algérien s'emparait d'un camion d'armes qu'il convoyait entre Alger et Miliana.

Il rejoignit un nouveau et éphémère petit maquis organisé par le PCA sous le sigle des Combattants de la libération (CDL).
Pour la presse de l'époque ce fut "le maquis rouge".

Il n'eut qu'une brève existence. Deux mois plus tard Henri Maillot est abattu par l'armée française au cours d'un accrochage près de Lamartine (aujourd'hui El Karimia) avec cinq de ses compagnons dont Maurice Laban (lire l'émouvante biographie de Einaudi). Les corps furent selon la coutume de l'armée coloniale attachés à l'arrière d'un véhicule et tractés à même le sol jusqu'au village.

Aujourd'hui Henri Maillot repose au cimetière algérois du Boulevard des Martyrs (autrefois Boulevard Bru).

A l'occasion de cet anniversaire Sadek Hadjerès dirigeant du PCA à l'époque, témoigne dans les colonnes d'Alger Républicain.

Ce témoignage est repris dans El Watan (quotidien francophone) du 6 avril (http://www.elwatan.com) et annonce une série d'articles sur les relations entre le FLN et le PCA pendanrt la guerre d'Algérie. J'y reviendrais et la discussion est ouverte à ceux qui le souhaitent.
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Message par eruditrotsk » 23 Avr 2006, 18:16

Exact Vérié. Je dois même avoir dans mes archives, un reportage photos de Paris-Match contre l'adjudant Maillot. Je ne sais pas ce que cela donnera si je le scanne (les vieilles photos manquent de définitions, mais je regarderai ce que cela donne).

La guerre d'Algérie est pleine d'histoires croquignolettes de ce genre. Je oense à un JC (j'ai oublié son nom) qui a participé au mouvement des rappelés, mais qui a fini par déserter pour ne pas y aller, puis qui est rentré un peu plus tard chez lui, et qui a été dénoncé aux gendarmes par son père... un stalinien dans la ligne de l'Union française.
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Message par yannalan » 23 Avr 2006, 20:20

(Vérié @ dimanche 23 avril 2006 à 21:10 a écrit :
(eruditrotsk @ dimanche 23 avril 2006 à 20:16 a écrit : un JC (j'ai oublié son nom) qui a participé au mouvement des rappelés, mais qui a fini par déserter pour ne pas y aller, puis qui est rentré un peu plus tard chez lui, et qui a été dénoncé aux gendarmes par son père... un stalinien dans la ligne de l'Union française.

Je te crois sur parole, mais ça parait vraiment incroyable. Ayant été militant du PC à cette époque, je ne vois pas une seule personne de ma connaissance capable de faire ça. D'autant que "la ligne Union Française", c'était plutot à la LIbération, non ? A mon époque, personne ne défendait ce point de vue et, quand les mots d'ordres officiels étaient "¨Paix en Algérie" et "Négociations", une bonne partioe de militants, sinon la majorité pensaient "Indépendance". Il me semble que ton stal devait tout de même être un cas particulier...
Je confirme ce que dit le camarade, je l'ai lu qussi dans une interview. Il me semble que ça se passait en milieu rural, où à l'époque le service militaire avait une grande importance,même pour les staliniens. Et le stalinisme rural est un milieu assez spécial et parfois surprenant....
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Message par artza » 24 Avr 2006, 09:40

Je ne vois pas en quoi les souvenirs de Vérié que je partage largement infirmeraient l'événement rapporté par eruditrotsk.

Maillot était un communiste ALGERIEN. Comme tout les communistes (selon les "principes" staliniens), il aimait et servait son pays jusqu'au péril de sa vie. Les communistes français comprenaient celà et le disaient pour expliquer, justifier l'acte de Maillot aux yeux des patriotes français :"tu aimes ton pays, les algériens aussi... les communistes français furent les premiers résistants il en va de même pour les communistes algériens..."

Oui toute la sympathie des communistes du PC allait aux algériens et à leur combat, maintenant que faire?

Beaucoup de militants se contentaient de ce que proposait leur parti, mais ils n'avaient guère d'autres choix et acceptaient toutes les histoires sur la provocation, pas se couper des masses (des travailleurs socialistes-sic-) ensuite "le pouvoir fort" qui n'attend que ça, du genre si on bouge une oreille De Gaulle va nous la couper.
C'est ainsi qu'il n'y eut pas de défilé le 1er mai de 59 à 63.

Oui, souvent les militants criaient Paix en Algérie mais pensaient indépendance, Oui.

Mais le SO n'hésitait pas à malmener les quelques jeunes qui criaient "Algérie indépendante" et les dénonçaient comme provocateurs voire les remettait à la police comme je l'ai vu faire contre un jeune de VO et les militants, ben ils regardaient, les mieux, les plus gênés les toits ou leurs chaussures.

Un militant qui voulait aider le FLN se devait de quitter le parti, parfois à l'amiable, mais il fallait qu'il accepte d'entendre qu'il avait démissionné et il ne devait pas trop compter sur la solidarité en cas de pépin et de toutes façons pas une solidarité politique.

La désertion, c'était quand même plus que déconseillé et valait l'exclusion !

Et il ne fallait à aucun prix que le Parti puisse apparaître complice de ça.

Alors dénoncer son fils pour "son bien" d'ailleurs on est en plein stalinisme! Ca devrait plaire aux laudateurs de Brecht qui aurait pu en faire une pièce!
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Message par yannalan » 24 Avr 2006, 12:00

Pour ce qui est du PCF en milieu rural, il y a très schématiquement de vieilles zones rouges déjà avant-guerre, avec des traditions plus "révolutionnaires". Et surtout des zones passées au PCF après la résistance, sur une base assez patriotique. On le voit ici en Centre-Bretagne. Les appelés auraient trouvé inconcevable de ne pas aller à l'armée puisque la République les appelait, et de toute façon, ils n'avaient nulle part ailleurs où aller. Beaucoup ne sont pas très fiers d'y avoir été, mais d'un autre côté ils se racontent qu'ils "ont fait leur devoir". Dans ce cadre, dénoncer un déserteur est concevable. De plus, la désertion est d'autant plus punie qu'elle est longue, et je pense que le père avait voulu que son fils en bave le moins possible.
C'est pas très marxiste, mais je pense qu'on peut expliquer ça comme ça.
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