Qu'est ce que la bourgeoisie au pouvoir en France aujour

[Ottokar]

Michel Pinçon travaille depuis 20 ou 30 ans sur le thème de la grande bourgeoisie, avec sa femme, Monique Pinçon Charlot. Ils parlent toujours à deux voix, et bon nombre d'entre nous ont pu les voir à deux reprises, au chapiteau Karl Marx de la fête de LO, l'an passé et il y a deux ans. Je recommande tous leurs livres, qui sont intéressants. Si on est pressé et fauché ou radin, "sociologie de la bourgeoisie", un petit Repères, ça doit valoir une dizaine d'euros (moins 20 % avec les vignettes).

Par ailleurs, je signale un autre auteur, Thomas Picketty, qui a rejoint le staff de Ségolène Royal, et a travaillé aussi sur les grandes fortunes vue sous un angle économique. Il part des registres des impôts et retrace le 1 % supérieur, puis le 0,1 % supérieur, etc. jusqu'à arriver aux 200 familles. Sa thèse est un pavé de 5 ou 700 pages dont un bon tiers de tableaux, mais on le trouve dans certaines bibliothèques et on peut le regarder. Il montre notamment comment les impôts sur les successions -ceux que Sarko veut supprimer- ont permis d'en finir avec les rentiers du XIXème et ont favorisé une bourgeoisie plus dynamique, où les positions des parents servent évidemment de marche-pied aux enfants, mais où chaque génération de bourgeois doit continuer à se battre avec les autres bourgeois pour se faire sa place au soleil des bourgeois ! Pas simple d'exploiter le pauvre monde... mais c'est le prix à payer si on est bourgeois et qu'on veut que le pays, c'est-à-dire la bourgeoise, continue à s'enrichir au lieu de régresser et de dégénérer comme l'aristocratie espagnole confite sous sa graisse après la découverte de l'Amérique (souvenez-vous de Ruy Blas ou de De Funes "il est l'or... monsingore... ")

Tu as encore des bouquins entre tes médocs, Zelda ? L'important est que tu ne tousses plus samedi !

[jeug]

Zelda, un résumé des idées principales (zut, j'aurais du prévenir !!)

Une large fusion entre noblesse et grande bourgeoisie : La moitié des familles de la grande bourgeoisie sont mixtes.

Une même exigence, un même savoir faire : la transmission de la fortune, basée sur celle du nom de la lignée.

Le nom, la fortune, le temps disponible consacré à l’image personnelle, maintiennent la position dominante sur la base de « une impression d'exception perçue finalement comme qualité personnelle », « la pratique de la cooptation dans les conseils d'administration, les cercles et les clubs », « vernissages », etc.

La notion d’appartenance à cette classe est inculquée dès l’école, de manière à préparer les futurs PDG. Et ceux qui entreprendront des carrières différentes (chercheurs, artistes) doivent le faire à un haut niveau, participant ainsi au renom familial.

Ceux des grands bourgeois arrivés aux affaires plus récemment, comme Bernard Arnault ou François Pinault, investissent massivement dans la culture pour combler leur retard en matière de prestige.

Ainsi 40 000 familles en France, représentent en fait 10 fois moins de « lignées ». Pour plus de rentabilité, l’investissement se fait aujourd’hui par l’intermédiaire des holdings ou groupes financiers :
« Les grandes familles sont toujours propriétaires des entreprises mais ne les dirigent plus directement comme peut le faire un PDG. Elles n'en perdent pas pour autant leur pouvoir. Cela a des conséquences sur le rapport à la fortune qui se fait de plus en plus invisible, mais aussi sur la conscience que l'on peut avoir de la réalité du capitalisme. »

[Léandre]

Pas le temps de donner des éléments, mais juste une biblio :

Sur la formation des fortunes récentes, avec l'aide de l'Etat (et du Crédit Lyonnais) : Argent public, fortunes privées de Olivier Toscer.

Quelques éléments généraux : Convergences Révolutionnaires, Numéro 50, mars-avril 2007, DOSSIER : Les riches : comment, toujours plus riches, ils raflent toute la mise