Les jeunes résistants et la politique du PCF

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par com_71 » 16 Nov 2007, 22:02

(Combat Ouvrier 3 11 2007 a écrit :Après la lettre de Guy Moquet. Les jeunes résistants et la politique du PCF

Guy Môquet, un militant communiste de 17 ans, a été exécuté le 22 octobre 1941 par l’armée d’Hitler occupant la France. Il avait été au préalable emprisonné, le 15 octobre 1940, par la police française, soumise à l’ordre nazi, à cause de son appartenance au Parti Communiste français, interdit en France par le gouvernement Daladier.

Le 20 octobre 1941, un officier allemand fut exécuté par un groupe de résistants. En représailles, l’armée d’occupation demanda au gouvernement de Vichy, dirigé par Pétain, de lui livrer 50 otages, qui furent exécutés. Guy Môquet était l’un d’eux.
Comme lui, de nombreux jeunes, communistes ou non, se sont engagés dans la résistance au nom du combat contre le fascisme. Tony Bloncourt, de famille guadeloupéenne et haïtienne fut l’un d’eux à Paris. Dans les colonies des Antilles-Guyane de jeunes résistants aussi ont fait preuve de courage jusqu’à la mort. Ils ont fait preuve d’héroïsme dans ce qu’ils pensaient être la défense de la liberté. Mais la voie qu’avait choisie leur parti, le PCF pour ces jeunes résistants communistes, si elle a contribué à délivrer la France de l’occupation allemande, n’a aucunement aidé la classe ouvrière à se délivrer de l’oppression de la bourgeoisie, et de ce fait, du danger toujours existant d’une nouvelle guerre.

Quand, le 3 septembre 1939, la France déclara la guerre à l’Allemagne, le Parti Communiste y était hostile, parlant de fraternisation avec les soldats allemands au nom de la communauté de classe. Par la suite, sa position devait changer. En 1941, après l’offensive allemande contre l’Union Soviétique, l’Allemand devint péjorativement «le Boche», l’ennemi, qu’il soit ou non un travailleur. Vers la fin de la guerre, le slogan «à chacun son Boche» devint celui du PC, qui encouragea et organisa des attentats terroristes, comme celui dont fut victime l’officier allemand, à l’origine de l’exécution de Môquet et de ses camarades. On peut certes comprendre que dans un pays occupé, la révolte des jeunes ait pu les pousser à ce type d’actions. C’est moins compréhensible de la part de dirigeants adultes et formés se réclamant du communisme. Les attentats avaient pour conséquence des représailles sanglantes de l’armée allemande dans les villages suspectés d’abriter un résistant. Les attaques de trains de permissionnaires allemands ne pouvaient que les rejeter dans le camp de leur propre bourgeoisie, contre les travailleurs français. Cela n’avait plus rien à voir avec l’appel à la fraternisation des débuts! De leur côté, certains révolutionnaires trotskystes, beaucoup moins nombreux et moins influents auprès de la classe ouvrière que le PC, préconisaient certes de lutter contre le nazisme, mais que les travailleurs le fassent avec leur propres méthodes, pour défendre leurs propres intérêts, et pas pour servir ceux d’une bourgeoisie contre une autre. La guerre était un conflit entre impérialismes, et les résistants, avec toute leur bonne foi et leur courage, servaient sans le vouloir et au nom de la liberté, leur propre impérialisme.

C’est ainsi qu’après la guerre, le Parti Communiste utilisa sa force, et ses luttes dans la classe ouvrière pour aussi engager les travailleurs qui lui faisaient toujours confiance, dans la reconstruction de l’économie. Il fallait «produire d’abord, revendiquer ensuite». La CGT, dirigée par le PC écrivait sur les murs du métro: «retroussons nos manches, ça ira mieux après». Les bénéficiaires de tout cet effort «d’unité nationale» ont été bien sûr les capitalistes. Des ministres du PC étaient au gouvernement, et alliés à de Gaulle. C’est à cela que la résistance, et le sacrifice de jeunes comme Môquet, avaient mené.

Aujourd’hui, un conflit mondial ne s’annonce pas, mais reste une possibilité. Les bruits de bottes et les bombes qui éclatent dans le monde nous le rappellent chaque jour, tout comme la crise économique latente. Pour que cela s’arrête pour de bon, la solution reste la même que celle préconisée par les révolutionnaires du siècle dernier: il faut renverser le capitalisme fauteur de guerres.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par Lannig » 27 Nov 2007, 01:01

Bonjour Com et les autres copains et copines

Je cherche tant par curiosité que par culture mais aussi parce que dans un atelier d'écriture un peu informel, je voudrais raconter l'histoire sommairement, des camarades de Brest qui essayait de fraterniser avec les troupes allemandes et ont édité un petit bulletin "arbeiter uns soldat" selon ce que j'ai pu déniché sur le net.
Dans ma folle jeunesse, j'avais entendu parler par un bulletin du PSU qui racontait l'historique du trotskisme en France et au sein du PSU. Puis ici ou là.
Sur le net, on trouve ceci :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Courant_lambertiste

et ceci :


La résistance trotskiste

La résistance trotskiste occupe une place à part car elle ne participe pas à l'élan nationaliste qui anime toutes les résistances et refuse le travail commun avec les courants "bourgeois" de la Résistance, considérés comme des adversaires dans la lutte pour la révolution. Les petits groupes trotskistes refusent la dérive nationaliste du "À chacun son boche !", se veulent internationalistes et organisent même un travail en direction des soldats allemands de la Wehrmacht, publiant des journaux en langue allemande, en Bretagne, par exemple. L'activité était risquée et la Gestapo réussit à démanteler assez aisément ces réseaux.

Par ailleurs, les trotskistes éditent deux journaux clandestins La Vérité clandestine et L'Étincelle, qu'ils diffusent aussi largement que possible, c'est-à-dire fort peu. À la Libération, en raison de leur refus de l'Union nationale et de la puissance du PCF, ces journaux seront les seuls à ne pas obtenir immédiatement l'autorisation de reparaître au grand jour.

La répression touche durement le mouvement trotskiste. Ils sont victimes d'abord des nazis : ainsi, Jean Meichler, ancien membre du PCI avant-guerre, est arrêté le 3 juillet 1941. Il éditait le journal clandestin en langue allemande Unser Wort ; il est fusillé comme otage en septembre 1941. Un peu plus tard, le 22 octobre 1941, c'est la fusillade de Châteaubriant : 27 otages, essentiellement communistes, passent devant un peloton d'exécution allemand. Deux d'entre eux sont trotskistes, Pierre Guéguin et Marc Bourhis. De janvier à juin 1942, plusieurs rafles sont menées par la police française et conduisent à l'arrestation de dizaines de trotskistes, à Lyon, à Nîmes, à Aix-en-Provence, à Montauban...


extrait que j'ai trouvé par une "googlelisation" (sic !) d'arbeiter uns soldat et qui m'a renvoyé vers :

http://www.ebabylone.com/encyclopedie_Trot...e_mondiale.html

donc si toi et les autres peuvent m'en dire un peu plus ou mieux m'indiquer des sources, d'avance merci.

Je poste ici mais je ne sais pas si ça ne devrait pas être un autre fil, à vous de voir chers Modos

Lannig
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Message par artza » 27 Nov 2007, 05:18

Tu es tombé sur un beau petit bijou lambertiste :D

Pour le reste pas le temps pour l'instant.

Le passé peut attendre, on verra la semaine prochaine. :D
artza
 
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Message par yannalan » 27 Nov 2007, 10:14

Les f&ac-smile d'Arbeiter und Soldat existent, ils avaient été réédités chez EDI dans les années 75*80, mais ils sont peut être pas faciles à trouver... Vu la taille du bouquin, c'est pas facile à scanner ou photocopier non plus.
C'est culotté de mettre ça dans un article sur le lambertisme....
yannalan
 
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Message par canardos » 27 Nov 2007, 10:45

effectivement, peut-etre que certains survivants ont choisi le courant lambertiste en 52 mais dans ma jeunesse j'ai personnellement discuté avec le plus connu d'entre eux andré calvez qui avait beaucoup beaucoup de choses passionnantes à raconter, et il se réclamait de l'autre PCI, le PCI de Franck et de Lequenne.

je suis allé sur sa page: Andre Calves

dans les originaux numérisés vous trouverez ses souvenirs sur ce sujet et bien d'autres.

un grand militant.

allez je vous met deja ça en pièce jointe:

soldats_allemands_brest.pdf
canardos
 
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Message par Vérié » 27 Nov 2007, 11:51

Sur les réactions des jeunes à la canonisation de Guy Moquet, je ne sais rien.

Mais, avant Guy Moquet, on a eu une sainte vivante : Lucie Aubrac, qui a fait d'innombrables interventions dans des établissements scolaires, qui a publié un livre (dans lequel, quels que puissent être ses mérites, elle ne manifestait pas beaucoup de modestie), dont on a tiré un (très mauvais) film de Claude Berri avec... Carole Bouquet.

Sur les réactions à la lecture scolaire du livre d'Aubrac et à ses interventions, j'ai eu quelques infos, nortamment familiales. Tout cela était vraiment vécu comme un pensum moralisant aussi passionnant que les batailles de guerre de 14-18 par les jeunes. (Mais je ne dis pas que ça représente la réaction générale.)
Vérié
 
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Message par Vérié » 27 Nov 2007, 12:12

(Zelda @ mardi 27 novembre 2007 à 12:00 a écrit : Moi je suis vraiment pour que les personnes qui ont vécu les camps ou ont bougé pendant la seconde guerre viennent raconter de vive voix leur expérience.
Sur le principe, oui. Mais le problème, c'est que Lucie Aubrac était devenue très nationaliste. Son bouquin est d'ailleurs malhonnête dans la mesure où elle oublie de dire qu'elle était communiste à l'époque de la Résistance et qu'elle avait par conséquent d'autres objectifs que de "libérer la France" - c'est d'ailleurs pour cela qu'elle a été récupérée comme elle l'a été. Récupérée avec son consentement complet. Ce nationalisme n'a pas fait vivrer un jeune lycéen de ma famille, d'autant que le prof qui faisait lire son livre était un réac qui emmenait les lycéens aux Champs-Elysées le 14 juillet pour assister au défilé.
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Message par pelon » 27 Nov 2007, 12:13

Sur les leçons vivantes ce qui a vraiment été une grosse manipulation c'est le procès Barbie. A part l'évidence, la barbarie des nazis, je ne vois pas ce que des jeunes auraient pu en tirer. Tout était fait pour que l'on ne parle pas des français ... autres que résistants, sans dire d'ailleurs ce qu'ils représentaient vraiment. Et je ne parle même pas des réflexions sur l'Etat, sa police, sa justice. Comment il peut passer de la démocratie bourgeoise à la dictature avec le même personnel. Non, avec des leçons comme cela, bien retransmises par les medias, les profs dans les écoles, les jeunes, pour comprendre, devront trouver eux mêmes.
pelon
 
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