par stef » 13 Juil 2003, 22:13
Et bien voilà.
Ton baba cool constate la concentration, l'industrialisation qui est apparue dans la distribution :
CITATION Les concentrations dans la grande distribution française ont abouti à la formation d’un véritable oligopole. (...). [/quote]
D'où :
CITATION L'augmentation continue du taux de marge arrière a un impact désastreux sur les entreprises qui, peu à peu, sont privées de leurs moyens d'investir, d’entretenir des services de recherche et de développement et sont poussées à recourir à des délocalisations massives qui ne sont motivées ni par des exigences de leurs actionnaires, ni par la main invisible du marché, mais bien par des pratiques qui ne sont pas sans rappeler celles de certaines organisations… peu recommandables. [/quote]
"Pauvres capitalistes français écrasés par le pouvoir des trusts ! ". Voilà ce que dit ton texte.
A comparer à ce que disait :lenine: sur le meme sujet :
CITATION Le monopole accapare la main-d'oeuvre spécialisée, les meilleurs ingénieurs; il met la main sur les voies et moyens de communication, les chemins de fer en Amérique, les sociétés de navigation en Europe et en Amérique. Le capitalisme arrivé à son stade impérialiste conduit aux portes de la socialisation intégrale de la production; il entraîne en quelque sorte les capitalistes, en dépit de leur volonté et sans qu'ils en aient conscience, vers un nouvel ordre social, intermédiaire entre l'entière liberté de la concurrence et la socialisation intégrale.[/quote]
Encore plus réactionnaire est ce passage :
CITATION On connaît l'impact du développement de la grande distribution sur le tissu commercial de proximité : désertification des villes et des villages[2], source de sentiment d'insécurité et entraînant la destruction du lien social. Il est aujourd’hui clairement établi qu’un emploi créé en grande surface (le plus souvent précaire et à temps partiel non choisi) conduit à la destruction de cinq emplois (stables et durables) ailleurs. [/quote]
Passons sur la nostalgie du bon temps des boutiquiers et constatons simplement que l'auteur fustige ce qui nous est au contraire favorable : le développement du prolétariat urbain.
Et que dire de cela :
CITATION Ces grands réseaux ont anéanti le commerce de proximité, ruiné l'artisanat, écrasé l'agriculture à taille humaine, désertifié les campagnes, poussé l'industrie à délocaliser[3] et favorisé les importations massives entraînant chômage, misère et précarité. La concurrence disparaît et le choix du consommateur se restreint au fur et à mesure que de nouvelles concentrations s'opèrent. [/quote]
comment ne pas parler de petite bourgeoisie réactionnaire et passéiste ? Comment ne pas y voir un hymne à la France éternelle béret basque-Kil de rouge dont reve Chevènement ?
Et puis là où on pourrait trouver des choses pour nous, l'auteur évite soigneusement d'aller trop loin. Il écrit en effet :
CITATION Au plan social, l’accroissement incessant du nombre des non cotisants ( salariés, entreprises, paysans ) conduit aujourd’hui à la remise en cause des systèmes de protection sociale. Pourtant le processus de destruction économique s’amplifie et s’accélère encore. [/quote]
Qu'est ce que ça signifie ? Tout simplement que l'industrialisation du commerce avive la misère des masses car elle porte la contradiction entre la socialisation de la production et les rapports de propriété à un niveau encore pire. Autrement dit : sans l'expropriation du Capital, le progrès technique se transforme en désastre.
Mais ça évidemment, notre petit-bourgeois ne va pas le dire. Donc il nous propose l'objectif réactionnaire suivant :
CITATION
Il est vain de vouloir s’opposer au néolibéralisme et à ses conséquences si de telles machines à produire de la misère et de la précarité ne sont pas combattues avec énergie et efficacité.[/quote]
Puisque son objectif est de combattre le "capitalisme débridé" et en aucun cas le capitalisme comme tel.
Tout ceci n'a rien de progressiste. Voici comment les marxistes, eux, posent la question :
CITATION "Ce n'est pas l'affaire du prolétariat, écrit Hilferding, d'opposer à la politique capitaliste plus progressive la politique dépassée de l'époque du libre échange et de l'hostilité envers l'Etat. La réponse du prolétariat à la politique économique du capital financier, à l'impérialisme, ne peut être le libre échange, mais seulement le socialisme. Ce n'est pas le rétablissement de la libre concurrence, devenue maintenant un idéal réactionnaire, qui peut être aujourd'hui le but de la politique prolétarienne, mais uniquement l'abolition complète de la concurrence par la suppression du capitalisme."[/quote]
Et :lenine: précisait meme pour les Nikonoff de son temps :
CITATION Kautsky a rompu avec le marxisme en défendant, pour l'époque du capital financier, un "idéal réactionnaire", la "démocratie pacifique", le "simple poids des facteurs économiques", car cet idéal rétrograde objectivement du capitalisme monopoliste au capitalisme non monopoliste, il est une duperie réformiste.[/quote]
Bref, pour résumer :
- Le texte en question est celui d'un petit bourgeois réactionnaire qui se refuse à combattre ce système et est par là meme embarqué sur une voie réactionnaire.
- Son ode implicite à un capitalisme "sain" n'est que l'expression des frustrations des couches écrasées par le système à son stade actuel, notamment nos propres entrepreneurs nationaux, dont un Chevènement s'est fait le hérault depuis des décennies.