Martin Luther King

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par com_71 » 13 Fév 2008, 22:06

(Combat Ouvrier a écrit :MARTIN LUTHER KING

Depuis 1983, la mémoire de M.L. King est plus particulièrement honorée le 15 janvier, jour de l'anniversaire de sa naissance qui est un jour férié aux Etats-Unis : Le «Martin Luther King day». La presse en a parlé en Guadeloupe et à cette occasion une statue du leader noir a été inaugurée à Saint-François.
M.L. King est né à Atlanta aux Etats-Unis le 15 janvier 1929 et est mort assassiné le 4 avril 1968 à Memphis. Il a dirigé le mouvement pour les droits civiques des Noirs américains.

Son combat pour le peuple noir américain a débuté alors qu'il exerçait la fonction de pasteur baptiste à Montgomery, dans l'Alabama, dans un contexte de ségrégation raciale.

Dans les années 40 et 50 la ségrégation raciale régnait partout dans les écoles, dans les habitations, dans les transports en commun et les lieux publics, jusque dans les toilettes où des écriteaux indiquaient «WC pour Blancs» et «WC pour Noirs» surtout dans le Sud des Etats-Unis. Malgré l'accès officiel des Noirs à la citoyenneté, les lois dites «Jim Crow» définissaient un cadre légal de la ségrégation, l'exclusion économique et culturelle des Noirs de la vie quotidienne jusqu'en 1970. Le terme «Jim Crow» désigne l'ensemble des lois instituées pour «maintenir les Nègres sous la domination blanche».

M.L. King dirigea le «Southern Christian Leadership Conference» (SCLC) créé dans les débuts de 1957. La SCLC avait pour objectif l'intégration, en obtenant le droit de vote pour chaque citoyen et en protestant contre la ségrégation par des manifestations non-violentes. Elle se composait d'une centaine de groupes à orientation religieuse. Leur philosophie était la non-violence dans la tradition du mouvement de Gandhi en Inde.

King était à cette période membre du comité exécutif de la NAACP (National Association for the Advancement of Colored People) association Nationale pour la promotion des gens de couleur, fondée avec la contribution d'un grand intellectuel noir, William Dubois, en 1909.


LE COMBAT POUR LES DROITS CIVIQUES

Les manifestations non violentes débutèrent avec Rosa Parks en 1955. Cette femme, enceinte, fut arrêtée par la police pour avoir refusé de céder sa place à un Blanc dans un bus. Martin Luther King dirigea le mouvement du boycott des autobus. Le lundi 5 décembre les Noirs ne prirent pas l'autobus. Ils se rendaient à l'école ou à leur travail à bicyclette, en taxi, à pied. Certains avaient 15 ou 20 kilomètres à faire à pied. Une nouvelle organisation fut créée, l'Association pour le Progrès de Montgomery, dont M.L. King fut le Président.

Les autorités firent pression sur King pour qu'il arrête le boycott. Elles firent tout pour l'intimider. Le 26 janvier la police l'arrêta sous le prétexte d'excès de vitesse. Quatre jours plus tard, un attentat fut commis contre son domicile, ce qui faillit déclencher une réaction violente. Il fut également condamné à 140 jours de prison et cinq dollars d'amende.

Les Noirs s'organisèrent pendant des mois en s'entraidant. La compagnie de transport, au bord de la faillite, fut obligée d'accepter la fin des mesures discriminatoires. Suite à ce mouvement, la Cour Suprême des Etats-Unis déclara inconstitutionnelles les lois imposant la ségrégation dans les transports, dès novembre 1956. Dès lors M L King apparut comme le leader national du mouvement de la résistance des Noirs.

En 1957, il fit des dizaines de milliers de kilomètres et prononça plus de deux cents discours pour la défense des droits civiques. On l'appelait le «Nouveau Moïse» ou «le Nouveau Gandhi». Tout comme Gandhi, il continuait de prôner l'action non violente comme seul moyen de transformer la société.

Le projet «c» comme confrontation, élaboré par SCLC en janvier 1963, devait emmener les racistes et la police à commettre leurs actes de violence au grand jour devant la presse nationale et internationale. Les images de violence et de répression choquèrent une partie de l'opinion en Amérique. En mars 1963 les confrontations entre manifestants noirs non armés et policiers armés de lances à incendie, firent la une des journaux dans le monde entier.

LES VICTOIRES OBTENUES PAR LA LUTTE DES MASSES NOIRES

Le 11 juin 1963, le président John.F.Kennedy prononça un discours télévisé et annonça une nouvelle loi sur les droits civiques, destinée à bannir la ségrégation dans tous les lieux publics.

En 11 ans, de 1957 à 1968, MLK parcourut plus de 9 millions de kilomètres dans tout le pays et s'exprima plus de 2500 fois, pour combattre l'injustice, organiser des actions de protestation et pour tenter de prouver l'efficacité de la non-violence, face aux jeunes Noirs révoltés qui voulaient répondre à la violence des racistes et de la police par l'auto défense armée.

Des dizaines de milliers de Noirs s'étaient mobilisés dans les manifestations de toutes sortes et les marches de protestation surtout dans le Sud. Les Noirs se laissèrent brutaliser, battre, emprisonner, tuer. Ils subirent ainsi les pires souffrances, sans riposter. Aux côtés de la SCLC, deux organisations le SNCC (le Comité de Coordination des étudiants non-violents) et le CORE (Congrès pour l'égalité sociale), approuvèrent le principe de la non- violence.

Le 28 août 1963, Martin Luther King organisa la marche de Washington qui rassembla plus de 250 000 personnes pour les droits civiques. Il prononça un discours resté célèbre, devant le «Lincoln memorial», pour clôturer la manifestation, «I have a dream» (je fais un rêve). Durant la marche pour l'emploi et la liberté, il rencontra John F. Kennedy qui lui apporta son soutien pour la lutte contre la discrimination raciale.

Martin Luther King, à partir de 1965 mena une campagne de protestation contre la guerre du Viêt-Nam. Le 4 avril 1967 un an avant sa mort, il dénonça l'attitude des Etats-Unis en affirmant «qu'il occupe le pays comme une colonie américaine».

Son combat contre la ségrégation et pour les droits civiques lui valut le prix Nobel de la paix en 1964. Le Civil Rights Act de 1964 fut signé par le président des Etats-Unis, Lyndon Johnson, et l'acte déclarait illégale la discrimination basée sur la race, la couleur, la religion, le sexe, ou l'origine nationale.

Martin Luther King a été le leader du plus important mouvement de masse de l'histoire des Noirs. Il fut pour cette raison traqué par les services secrets des Etats-Unis (le FBI, la CIA). Ces derniers l'ont constamment attaqué en l'accusant de fraude fiscale, de détournement de fonds, etc. Il fut en permanence menacé ainsi que sa famille. Il fut agressé plusieurs fois physiquement jusqu'à son assassinat en 1968. C'est le pouvoir qui liquida King physiquement, le même pouvoir qui l'encense «officiellement» aujourd'hui. Car derrière son assassinat c'est le puissant mouvement de masse des Noirs que le pouvoir voulait décapiter et intimider. Ce mouvement constituait effectivement une menace pour l'Etat américain dans la mesure où depuis 1965 se développaient parallèlement d'immenses révoltes noires dans les ghettos des plus grandes villes américaines. Des organisations et groupes de Noirs armés rompant avec la non-violence firent leur apparition. Mais ces derniers, dépassant «le père» restaient globalement les «enfants du mouvement des droits civiques». Le pouvoir nord américain ne pouvait en aucun cas tolérer plus longtemps en son sein une telle situation.

Les limites politiques du mouvement des droits civiques

Si MLK fut incontestablement le leader de ce grand mouvement de masse pour les droits civiques, c'est que son action et ses propos correspondaient à ce moment là à un immense sentiment d'injustice et de révolte des Noirs qui ne voulaient plus accepter le racisme, les lynchages, les pendaisons, les crimes des racistes dont par exemple le KKK (Ku Klux Klan) organisation criminelle raciste blanche. Sa tactique de non violence, certes a permis à beaucoup de Noirs pacifistes de se mobiliser. Mais dans le même temps elle a aussi contenu l'expression de la colère des masses noires dans des limites plus ou moins acceptables par le pouvoir, malgré la répression féroce. Il est difficile de dire si la révolte armée, possible alors, aurait ouvert des perspectives plus larges aux Noirs. En tout cas tous ceux qui dans le sillage du mouvement noir - Malcom X ou les Black Panthers- ont utilisé l'action armée ont été impitoyablement réprimés, emprisonnés, la plupart liquidés physiquement.

Par contre, une autre politique, révolutionnaire prolétarienne, celle-là, visant à l'émancipation des Noirs mais à partir du prolétariat noir, une politique anti raciste active, doublée d'une lutte de classe, celle des travailleurs noirs contre les capitalistes blancs aurait pu ouvrir des perspectives bien plus larges aux masses opprimées des Etats-Unis. Car l'organisation du prolétariat noir, la révolte des masses noires non seulement contre le racisme mais aussi contre le capitalisme auraient pu gagner alors le prolétariat blanc opprimé. Pour le moins, cette politique aurait pu jeter les bases de nouveaux partis révolutionnaires de la classe ouvrière à même de gagner à eux une fraction au moins du prolétariat noir et blanc, ce qui dans le pays chef de file du capitalisme mondial n'aurait pas été le moindre des acquis pour l'avenir politique du prolétariat mondial.

Ce n'était évidemment pas la politique de MLK et de des compagnons de lutte, ce qui par ailleurs n'enlève rien à la valeur du combat qu'ils ont mené et aux victoires obtenues. Les Noirs, ceux des ghettos, les pauvres comme les autres ont gagné en droits obtenus, en respect, mais aussi ont gagné une grande victoire morale.

Un «establishment» noir à combattre

Il reste que 40 ans après, les plus grands bénéficiaires de la déségrégation ou de la «discrimination positive» ne sont pas les Noirs pauvres mais une partie de la petite bourgeoisie noire aisée et cultivée, médecins, avocats, chefs d'entreprise et capitalistes noirs.

L'illustration la plus évidente de cette «promotion noire» se voit au sein des gouvernements américains et des cercles dirigeants, ce qu'on appelle aux USA «l'establishment». Pour ne citer que ceux là, on a eu Colin Powell, noir issu de l'émigration antillaise, jamaïcaine plus exactement, chef des armées américaines et dirigeant de la première guerre du Golfe ou aujourd'hui Condoleezza Rice, chef de la diplomatie américaine. Et ceux là, tout noirs soient-ils, sont autant les ennemis de la classe ouvrière noire et de l'ensemble des noirs pauvres que ceux des travailleurs blancs et des peuples opprimés par l'impérialisme. Ces Noirs là, sont éminemment complices et plus que cela, acteurs, dirigeants, de ce système qui sème à coup de canons et de bombes, guerres, destructions et crimes de toutes sortes en Irak, en Afghanistan et à travers le monde, un système qui envoie des milliers de jeunes Américains se faire massacrer, pour les profits des trusts pétroliers et autres grosses sociétés capitalistes. C'est de Noirs comme cela que rêve Sarkozy dans sa politique dite de «diversité». N'a t-il pas dit un jour en Guadeloupe «mais où sont les Colin Powell et les Condoleezza Rice français?» C'est aussi ce dont rêvent les dirigeants du CRAN ou autres associations qui réclament des Noirs dans les sommets de l'Etat et de l'armée en France.

Pour les Noirs des Antilles ou les Noirs français en général, contrairement à ce qu'on entend très souvent, il n'y vraiment pas de quoi être fiers de ces Noirs là, ni fiers de suivre leurs traces.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
Avatar de l’utilisateur
com_71
 
Message(s) : 6409
Inscription : 12 Oct 2002, 00:14

Retour vers Histoire et théorie

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 4 invité(s)