BARTA il y a 60 ans

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par alex » 25 Juil 2003, 18:31

IL Y A 60 ANS
l'Organe du Groupe Communiste (IVe Internationale)



Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !
L A L U T T E de C L A S S E S
Organe du Groupe Communiste (IVe Internationale)..


N° 15 12 Juillet 1943.


"La bourgeoisie abuse les peuples en jetant sur le brigandage impérialiste le voile de l'ancienne idéologie de la "guerre nationale". Le prolétariat démasque ce mensonge en proclamant la transformation de la guerre impérialiste en guerre civile". (Lénine)


CONTRE LA GUERRE IMPERIALISTE, VIVE LA GUERRE CIVILE !
Les nouvelles opérations entamées par l'impérialisme allemand à l'Est et le débarquement des impérialistes alliés en Sicile, étreignent à nouveau l'Europe dans un étau de feu et de sang. Que d'épreuves ont dû subir les masses prolétariennes et les peuples européens depuis 1939, pour que la perspective d'une Europe à nouveau champ de bataille, puisse leur apparaître comme l'unique solution, comme une perspective de "libération". Combien grands ont été les crimes de l'impérialisme allemand, soutenu par les bourgeoisies des pays occupés, pour que les masses désespérées, trompées par les agents impérialistes alliés (et par les partis "communistes"), se résignent à une telle perspective de "libération".

Même si tout se passait suivant le programme des impérialistes alliés, même si toutes leurs entreprises contre l'impérialisme allemand réussissaient, un sort terrible attend le prolétariat et les masses populaires d'Europe. Nous ne pouvons nous attendre à un effondrement brusque des armées de l'impérialisme allemand, tant que les soldats allemands seront entre l'enclume hitlérienne et le marteau allié. Sans perspective de révolution prolétarienne qui leur donnerait l'appui des masses prolétariennes d'Europe contre leur propre bourgeoisie allemande, ils seront obligés de tenir bon, tant qu'ils auront à leur disposition les ressources accumulées par l'impérialisme allemand pendant la période de succès de 1936 à 1942. La "délivrance" impérialiste de l'Europe nécessitera une lutte longue, acharnée et provoquerait les mêmes destructions et les mêmes déserts que la guerre en a provoqué en URSS. Les villes de France et d'Europe subiront, comme en Italie et en Allemagne, des bombardements toujours plus destructeurs. En serons-nous consolés si Radio-Londres nous explique que "mourir sous les bombes alliées, c'est la plus belle de toutes les morts" ? Accompagnée sur les arrières par de véritables guerres civiles entre les partisans armés de l'impérialisme allemand, appuyés sur l'Etat collaborationniste respectif, et les partisans armés de la "libération", la guerre n'épargnera aux masses civiles aucune des souffrances que la guerre impérialiste inflige sur les champs de bataille aux combattants. En un mot, les impérialistes qui nous apportent le même joug que nous fait subir l'impérialisme allemand uni aux capitalistes français ne peuvent le faire que par notre aide décisive, que par le sang que nous aurons versé pour eux.
° ° °
Les perspectives mirobolantes des alliés pour "après la victoire" sont illustrées on ne peut mieux par l'entente Giraud-Roosevelt en vertu de laquelle Roosevelt s'engage à armer 300.000 soldats de l'impérialisme français à condition que cette armée continue à se battre pour la défense des intérêts impérialistes en Extrême-Orient.

Comprenant que les alliés ne représentent pas un moindre mal, le prolétariat peut renverser la situation et transformer le lent étranglement des masses par la guerre impérialiste, en une lutte pour des objectifs propres, prolétariens, en une lutte pour la révolution socialiste.
Dans le tumulte des événements militaires qui viennent il est décisif pour l'issue du conflit et pour le sort des peuples que le prolétariat garde une conscience de classe et qu'il intervienne dans la lutte sous son propre drapeau. Il doit opposer aux différents drapeaux des exploiteurs (le drapeau à la croix gammée, le drapeau tricolore, etc.) le drapeau des exploités du monde entier, LE DRAPEAU ROUGE.
Si les ouvriers se laissent guider dans les mois qui viennent par la pensée socialiste, ils peuvent trouver des armes et des alliés chez le soldat revêtu de l'uniforme allemand, qui, à une certaine étape des hostilités, se trouvera forcément en lutte directe contre son propre état-major impérialiste, contre ses propres officiers. Il ne faut plus que, comme en juin 1940, les ouvriers restent le jouet des événements, et que la cause des exploités soit oubliée. Il ne faut surtout pas que le prolétariat commette le crime de repousser éventuellement une alliance révolutionnaire avec nos frères allemands ouvriers et paysans et participe à la chasse aux "Boches".
La tâche historique de la classe ouvrière en Europe dans la période qui s'ouvre, c'est de mettre à profit les embarras et les défaites militaires de l'impérialisme allemand pour réaliser l'armement du prolétariat, couvrir le pays de ses organes de classe, former des Conseils (Soviets) ouvriers et paysans, conquérir les libertés démocratiques (droit de réunion, de presse, amnistie politique, droit de grève, etc.), créer un gouvernement ouvrier et paysan appuyé sur les Conseils par une politique de classe et d'union avec tous les ex-ploités d'Europe. Cette lutte, c'est la lutte pour les Etats-Unis socialistes d'Europe, qui seule peut arrêter la décadence du continent et sa transformation en une sphère d'influence américaine.
Il y a dans le passé révolutionnaire du prolétariat français suffisamment de traditions pour nous donner l'espoir que tel sera le comportement de la classe ouvrière française dans les commotions militaires et sociales qui approchent.
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"Aux manoeuvres de la bourgeoisie pour diviser et désunir les ouvriers au moyen d'hypocrites appels à la "défense nationale" les ouvriers conscients répondront par des efforts toujours nouveaux et répétés pour créer l'unité des ouvriers de toutes les nations dans la lutte contre la domination de la bourgeoisie de toutes nations".

(Lénine)







SOCIALISME DE CLASSE ET "SOCIALISME" GOUVERNEMENTAL
Les aspirations de l'humanité pour un ordre social harmonieux, basé sur la fraternité de tous et assurant à tous une vie digne et la participation à tous les biens économiques produits par le génie de l'homme, se sont cristallisées au XIXe siècle dans le socialisme. Aux yeux des masses opprimées, socialisme est devenu le synonyme d'une société humaine nouvelle appelée à remplacer l'actuelle société de classe, la société capitaliste.
Tant que l'humanité put faire des progrès sur des bases capitalistes, non d'ailleurs sans infliger de très grandes souffrances aux masses, la bourgeoisie défendit ouvertement le capitalisme et condamna le socialisme comme une idéologie d'esclaves.
Seulement, avec le capitalisme impérialiste (grandes banques, monopoles) le système bourgeois est entré définitivement dans une phase d'impasses et de décadence. Dans cette dernière phase du capitalisme de misère et de guerres, le socialisme devint véritablement la seule solution non seulement pour améliorer la vie humaine, mais avant tout pour empêcher l'humanité de périr.
Dans ces conditions, la défense ouverte du système capitaliste devint de plus en plus difficile pour les hommes politiques au service de la bourgeoisie. Et l'on vit peu à peu des partis bourgeois d'extrême-droite s'intituler "socialistes", des hommes d'Etat bourgeois mettre en avant des plans "socialistes" pour la reconstruction de la société.
Le trait commun de tous ces prétendus "socialistes" et qui montre qu'ils sont les défenseurs des capitalistes, c'est qu'ils prétendent construire leur "socialisme" ou imposer des réformes "socialistes" sur la base de la propriété privée des moyens de production, c'est-à-dire en maintenant le système capitaliste. Nous avons pu expérimenter en quoi consiste le "socialisme" des partis fascistes qui ne se privent pas de faire de la démagogie contre tel ou tel capitaliste, pour d'autant mieux sauver les autres et détourner la colère des masses. Quant aux plans des aristocrates anglais, ministres de Sa majesté, et des apôtres de la "démocratie" genre Roosevelt, ils prétendent "améliorer" les rapports entre les exploiteurs et les exploités. En fait, il s'agit d'un ensemble de mesures ou de concessions idéologiques destiné à masquer la lutte des classes, à voiler les contradictions de la société qui sans cela deviendraient intolé-rables, à égarer l'esprit des ouvriers et à retarder la formation de leur conscience de classe - c'est-à-dire la juste connaissance des rapports sociaux et de la mission historique du prolétariat. En fait il s'agit de créer une arène où l'énergie ouvrière cesse d'être dangereuse pour la domination bourgeoise, où elle va se perdre dans les procédures comme un fleuve dans le désert. Tels sont par exemple l'arbitrage obligatoire (qui implique un terrain commun entre patrons et ouvriers), le "socialisme municipal", les mesures (vacances, assurances, etc.) destinées à sauvegarder la force de travail des ouvriers, source de richesse pour le capitaliste.
Mais malgré tout ce "socialisme" bourgeois, la lutte des classes gagne en acuité et en profondeur et la condition ouvrière, loin de s'améliorer, empire chaque jour. La bourgeoisie n'arrive pas à adoucir son exploitation brutale de la classe ouvrière et sa domination politique dictatoriale et sanglante. Et les différents "plans" disparaissent sans laisser de trace, ce qui reste, c'est le matraquage des grévistes, la mobilisation des ouvriers. Le "socialisme national" de la bourgeoisie c'est un royaume "qui n'est pas de ce monde" et qui sert seulement à détourner les ouvriers de leur mission historique socialiste.
Seul le prolétariat peut réaliser le socialisme. La société capitaliste, basée sur la production de marchandises (où le travailleur lui-même est une marchandise) aboutit automatiquement à la monopolisation de tous les moyens de production dont dépend la vie de la société : usines, bâtiments, le sol et le sous-sol sont entre les mains d'un petit nombre de capitalistes. Seul le prolétariat, qui ne possède rien, est capable, politiquement et économiquement, d'exproprier la classe capitaliste, et de s'emparer des leviers de commande de l'économie, c'est-à-dire des banques, des industries-clé, etc., etc.
Mais à une époque où les forces productives étouffent dans le cadre "national" créé par le capitalisme à ses débuts, cette expropriation n'est pas possible à l'intérieur d'un seul pays. En Europe, cette expropriation n'est possible que dans le cadre de plusieurs pays capitalistes avancés, France, Allemagne, Italie, les Balkans, etc. pratiquement dans le cadre européen ; c'est précisément ce qui est formulé dans les "Etats-Unis socialistes d'Europe". Ainsi compris, le socialisme conduit vers de nouvelles formes, supérieures, de société, où les besoins légitimes et les aspirations progressives des travailleurs de chaque nationalité seront pour la première fois satisfaits dans l'unité internationale, après l'abolition des barrières nationales actuelles.
A l'anarchie capitaliste, basée sur "l'initiative" (c'est-à-dire sur le profit) du capitaliste individuel, succédera la production socialiste, basée sur le plan, qui assurera la marche de la production des biens, ainsi que celle de leur répartition, suivant les intérêts des véritables producteurs, les ouvriers et les paysans.
Politiquement, socialisme signifie avant tout l'éveil à la conscience de leur rôle historique des larges masses exploitées - notamment des couches les plus défavorisées : femmes et jeunes. C'est leur irruption violente sur la scène politique, la prise de leurs destinées en leurs propres mains.
Cela exige le bouleversement jusqu'au fondement (c'est-à-dire jusqu'à la structure économique, jusqu'aux rapports de propriété) de la vieille société de classes. Cela exige la destruction complète du vieil Etat, qui est le "talon de fer" que la bourgeoisie fait peser sur le prolétariat. Cela exige, contre les tentatives désespérées de la bourgeoisie de rétablir sa dictature, la construction d'un nouvel appareil d'Etat, outil de la domination de la majorité contre la minorité exploitrice hier encore, dictature impitoyable pour les oppresseurs - plus large démocratie possible pour les opprimés.
Ces conditions, le prolétariat les réalise au moyen de sa dictature, du POUVOIR DES SOVIETS.
L'instrument de cette dictature, du réveil des travailleurs, c'est le Parti révolutionnaire, groupant les éléments les plus conscients, les plus dévoués, les plus résolus de la classe ouvrière. Il la représente en entier, car à travers les flux et les reflux de la lutte sociale, il en exprime les intérêts permanents. Il est l'outil, l'arme intelligente par quoi la théorie marxiste passe dans la vie, rendant capable la transformation du monde. Tel fut le Parti de Lénine, puisant sa discipline dans le dévouement à la révolution, dans les rapports étroits avec le prolétariat et des larges masses exploitées, dans la claire vision des buts à atteindre. La tâche qui se pose devant les ouvriers d'avant-garde aujourd'hui, sur tous les champs de bataille, c'est de construire un tel Parti. De leur réussite ou de leur échec dépend leur sort dans les prochaines décades.













PRESENTATION


Le Rapport sur l'Organisation présenté ci-dessous fut rédigé par Barta en juillet 1943. Le Groupe communiste (qui deviendra l'Union communiste en octobre 1944) ne compte alors que quelques militants, très jeunes pour la plupart.
Survenue à l’occasion d’un incident mineur mais révélateur de son irritation devant le manque de rigueur organisationnelle (le « mal français » dont se plaignait Trotsky !) , la séparation de Barta d'avec les trotskystes "officiels" remonte à septembre 1939. Mais la première véritable divergence politique apparaît à l'automne 1940 quand Barta découvre les concessions au nationalisme de militants issus du POI et du PCI. Il rédige alors (novembre 1940) La Lutte contre la deuxième Guerre mondiale impérialiste, seul manifeste authentiquement internationaliste en France à l'époque. Ajoutons que, produit de son sens politique et de sa fidélité aux analyses de Trotsky, il y prédit le retournement de Hitler contre Staline et la défaite de l'Allemagne.
Au moment de la rédaction de la Brochure de 40, le groupe n'a que quatre membres : Barta, Louise (Irène), Jacques Ramboz (Lucien), ancien des Jeunesses communistes, et Fanny (Lucienne). Début 1941 Jacques Ramboz gagne son ancien condisciple du lycée Michelet, Mathieu Bucholtz (Pamp). Le "talent d'organisateur et [l'] imagination inventive" de Pamp en font rapidement la cheville ouvrière du groupe qu'il pourvoit de faux papiers, de machines à écrire et à dupliquer, etc. Il amène, de plus, quelques renforts : celui de son frère cadet, Michel, et celui de Pierre et de Jean Bois, ex-JC eux aussi.
L'attaque allemande contre l'URSS marque un tournant dans la guerre. Le PCF abandonne le langage pseudo-internationaliste qui avait été le sien et renoue avec son chauvinisme outrancier.
Dans ce contexte, le relatif développement du groupe permet d'entreprendre, en octobre 1942, la publication de la Lutte de Classes qui sera, jusqu'en avril 1947, l'organe du Groupe communiste puis de l'Union communiste.
Le Rapport sur l'Organisation de juillet 1943 est, dans une certaine mesure, un texte d'éducation qui s'inscrit dans le processus de formation et de développement du Groupe communiste.
Adressé à de jeunes militants, il accorde une large place à la clandestinité, vitale dans les circonstances de 1943.
L'organisation et les méthodes que Barta juge nécessaire de faire prévaloir sont bien entendu celles du Parti bolchevik, du centralisme démocratique. "Centralisme rigoureux" dit-il, "qui prend tout son sens dans le contrôle politique souverain du parti ». Mais aussi, insiste-t-il, citant Lénine, "plus que la "démocratie : une confiance fraternelle entre révolutionnaires".
Discipline donc, produit de la compréhension par chacun des buts et des moyens, mais aussi démocratie. Barta s'attache à en définir le contenu vivant : "Chaque responsable doit être convaincu organiquement que sans la démocratie, c'est-à-dire sans la participation active de tous, non seulement au travail pratique mais également à l'élaboration de la politique de l'organisation, il ne peut y avoir de parti révolutionnaire, donc de victoire du prolétariat sur la bourgeoisie" .
La conception n'est certes pas neuve. Elle est celle formulée par Lénine dans Que Faire ?, mise en pratique des années durant par le Parti bolchevik dont Barta rappelle qu'il fut "un des partis les plus démocratiques qu'ait connu l'histoire" , celle de Trotsky aussi dont on est surpris, au travers des Oeuvres ou de la biographie de Pierre Broué de découvrir un dirigeant, bien sûr intransigeant sur les principes, mais aussi discutant patiemment, prenant en compte les arguments qui lui sont opposés, nuançant son point de vue, évoluant, revenant sur les questions, expliquant etc... Bref, un personnage à cent lieues du "prophète" péremptoire et cassant parfois peint en Trotsky et que, certains se sont ultérieurement plu à singer jusqu’à la caricature.
Barta présente enfin une sorte de condensé de sa morale militante, montrant ce que l'activité authentiquement révolutionnaire, celle "conforme aux intérêts véritables de l'humanité" dégage "de dignité et, si l'on veut, de félicité" .
Ces conceptions organisationnelles et morales furent celles qui guidèrent la formation des militants. Les succès relatifs remportés par l'UC témoignent de leur valeur. Il serait pourtant erroné de les attribuer aux seules formes organisationnelles prônées par Barta et de faire de la "méthodologie organisationnelle" la pierre philosophale de la politique révolutionnaire. L'efficacité de l'intervention de l'UC fut, avant tout, le produit d'une analyse des situations et de la mise en oeuvre d’une politique tout entière tendue vers un but. Dans l'optique de Barta, rigueur organisationnelle et politique révolutionnaire sont indissolublement liées. Le Parti bolchevik de Lénine l'avait illustré. Barta le répète ici, à son échelle et dans les conditions de la France de 1943. Vidé de sa substance révolutionnaire et ramené à une collection de recettes organisationnelles, le pseudo-centralisme démocratique conduit aux caricatures tragiques ou comiques, hélas courantes dans l'histoire du mouvement ouvrier.
Alors, texte de circonstance, le "Rapport 43" l'est sans doute. Mais il va bien au-delà. Par la forte impression produite sur ceux qui ont eu l'occasion de le lire alors et par la suite. Mais aussi parce que, d'une certaine façon, il est, encore aujourd'hui, d'actualité.
A l'heure où il est de bon ton d'enterrer le bolchevisme avec l'URSS et les atrocités staliniennes, il témoigne de la hauteur morale des révolutionnaires de cette génération, renvoyant à leur ignorance intéressée ceux qui se complaisent à amalgamer le bolchevisme et ses sinistres parodies.
Impossible, pourtant, de ne rien dire du sort de ce document, (« le petit machin de 1943 », disait Barta) après la disparition de l’UC en 1950. Récupéré, comme l’ensemble de l’héritage de l’UC et de Barta par Voix ouvrière puis Lutte ouvrière, il fut érigé en relique mythique. Réédité sans référence à son auteur et aux circonstances de sa rédaction (« C’est ce que « les copains » ont écrit en 43 »), il était remis aux responsables de l’organisation avec des mines de conspirateur pour être enfoui dans des tiroirs d’où il ne sortait que pour être furtivement exhibé au yeux de plus jeunes camarades, caution « historique » aux pratiques de LO… qui n’ont pourtant rien à voir avec celles décrites dans le Rapport 43. Avec la brochure « La Lutte contre la seconde guerre impérialiste mondiale » de 1940 (elle aussi « écrite par les « copains » et longtemps rééditée sans le nom de son auteur), le Rapport 43 a, des décennies durant, constitué l’un des principaux éléments de la captation d’héritage de l’UC par LO.
Le paradoxe est que, même depuis sa première réédition en avril 1992 par le Centre Pietro Tresso (Florence, Italie), la fable de la filiation entre Lutte ouvrière et l’UC a trouvé à se nourrir de ce texte désormais public. Faisant complètement abstraction des conditions de sa rédaction rappelées ci-dessus et de ce qu’était l’UC en 1943, ignorant aussi le plus souvent ce que sont les pratiques internes de LO, certains ont cru déceler dans le Rapport sur l’organisation les prémices de ce qu’est Lutte ouvrière. Ce n’est pas plus sérieux que d’essayer de faire porter au Que Faire ? de Lénine la responsabilité des crimes de Staline !
Il est arrivé souvent dans l’histoire que ceux que Trotsky nommait avec mépris les épigones tentent de parer leurs agissements de la caution de noms plus grands que les leurs en dévoyant leurs textes et leur pensée : Napoléon-Bonaparte et Napoléon 1er, Staline et Lénine, etc. Il est regrettable qu’une partie de ceux qui souhaitent, parfois sincèrement, participer à l’écriture de l’histoire telle qu’elle fut ?et non pas telle qu’il est admis qu’elle ait été? tombent dans le panneau.


Richard Moyon



RAPPORT SUR L'ORGANISATION
(Juillet 1943)
David Korner [BARTA]



La composition petite-bourgeoise des groupements de la IVe Internationale en France a été prouvée par l'attitude qu'ils ont prise après Juin 1940 devant l'occupation impérialiste du pays. La grande majorité de ces éléments groupés dans les "Comités français de la IVe Internationale" (actuellement POI) ont alors abandonné la position internationaliste en faveur d'un "front commun avec tous les éléments pensant français". D'autre part certains membres en vue sont passés à des positions nettement fascistes. Ainsi se justifie définitivement la rupture avec tous ces éléments, rupture que nous avons accomplie en octobre 1939 pour nous délimiter d'un milieu petit bourgeois, dont les pratiques organisationnelles étaient social-démocratiques et non communistes.

Cette situation désastreuse du mouvement de la IVe en France s'explique de la manière suivante :

Les idées de l'Opposition russe, qui furent la base de la naissance du courant de la IVe Internationale, n'ont pas pu pénétrer dans un milieu ouvrier en France. Le prolétariat se trouvait dans ce pays sous l'emprise de deux partis prolétariens opportunistes, dont l'un, le PC, se paraît du prestige de la révolution d'Octobre. Le fait que ces idées ont été adoptées surtout par des intellectuels manquant de véritables traditions communistes, qui pendant des années (de 1928 à 1933) n'ont pas eu la possibilité de militer sur le terrain des luttes ouvrières, a conféré à l'Opposition communiste en France un caractère petit-bourgeois qui a rendu aléatoire tout développement ultérieur du mouvement de la IVe Internationale en France au moment où la situation objective (les luttes prolétariennes de 1934 à 1939) fournissait une base solide à la propagation des idées de la IVe Internationale.

Nous nous sommes engagés depuis le début de la guerre, dans la création d'une organisation de type révolutionnaire bolchevik. Le bolchevisme implique, avec une politique juste (qui pour nous est celle définie dans « la IVe et la guerre » et le « Programme de transition » qui continuent la ligne des 4 premiers Congrès de l'I.C.), un contact réel et étendu avec la classe ouvrière, la participation quotidienne à ses luttes ; il s'inspire des intérêts quotidiens et permanents de la classe ouvrière. Pour se dire parti bolchevik il faut avoir un certain poids organisationnel qui permette la conduite de la lutte de classes dans tout le pays, il faut des traditions de luttes ouvrières. Il faut avoir un bilan de lutte POLITIQUE favorable. Dans ce sens la question du parti ne peut et ne pouvait être résolue par nos propres forces de A à Z, et en 1943, la question du parti reste ouverte.
Mais notre travail a été conçu comme un travail en direction d'un parti bolchevik. Pour cela notre indépendance nous était et nous est vitale. Car on ne peut pas commencer la formation de militants communistes qui le deviennent réellement par la pratique de la lutte de classes dans un milieu petit-bourgeois opportuniste. Nous voulions et nous voulons au moyen de militants instruits et d'une politique conséquente, affirmer devant les autres organisations prolétariennes une conception révolutionnaire. Notre réussite dans cette tâche, si nous discernons dans la classe ouvrière les forces capables de former avec nous le parti, peut déclencher ou précipiter un regroupement sur la base communiste de tous les militants vraiment révolutionnaires de la classe ouvrière française. Dans ce sens la sélection que nous opérons actuellement en tant qu'organisation opposée aux autres, fera place demain à une nouvelle sélection des éléments réellement révolutionnaires à l'intérieur d'une seule et même organisation.

Dans quel milieu trouvons-nous ce type de militant révolutionnaire ? Depuis le début de la guerre nous avons orienté nos efforts surtout en direction des militants du PC. Le PC avait des militants ouvriers communistes. Notre faiblesse numérique extrême ne nous a permis de tirer que peu de fruits de cette orientation d'un point de vue numérique. Mais proportionnellement à nos forces les résultats n'ont pas été négligeables. C'est cette orientation qui a permis notre existence en tant que groupe autonome. Mais les efforts de la bourgeoisie en emprisonnant ou en enfermant dans des camps des milliers de militants communistes de la base, et la déportation en Allemagne de 2 000 000 d'ouvriers dont une partie d'ouvriers communistes, rend le travail dans cette direction très difficile. Cependant pour l'avenir (récupération des prisonniers et des déportés, libération des emprisonnés), en ce qui concerne le recrutement, le travail dans cette direction reste le travail essentiel ; dans la situation actuelle il doit être dirigé notamment vers les très jeunes (16-18 ans) avec ou sans traditions politiques.

Dans le camp des groupes se réclamant de la IVe la situation a quelque peu changé par une certaine activité d'usine. Cela est dû au fait qu'il existe en France un courant d'idées de la IVe Internationale dans certains milieux politiques et ouvriers. L'expérience de la guerre et les tournants staliniens ont contraint certains éléments ouvriers à se grouper dans le POI malgré l'incapacité de celui-ci de les organiser et de les conduire efficacement. Le POI a bénéficié de ce courant d'idées, malgré sa politique opportuniste, en tant qu'organisation numériquement la plus forte.

Notre tâche est de démontrer à ces éléments ouvriers l'opportunisme des dirigeants du POI et leur présenter une organisation et surtout des méthodes organisationnelles qui inspirent confiance. Pour aboutir à cette organisation et à ces méthodes organisationnelles justes il faut que, dans le travail révolutionnaire et politique, chaque membre de notre groupe perde ce qu'il a d'individuel et agisse en tant que membre d'une organisation. C'est seulement ainsi que nous acquerrons la cohésion interne nécessaire au travail de regroupement révolutionnaire, travail pouvant prendre de multiples formes.

Quelle est cette organisation et quelles sont les méthodes que nous voulons faire prévaloir ? Nous voulons faire prévaloir l'organisation et les méthodes de travail bolcheviks. Du point de vue organisationnel le bolchevisme implique un centralisme rigoureux qui prend tout son sens dans le contrôle politique SOUVERAIN du parti : structure organisationnelle que l'on a appelée le "centralisme démocratique". La structure centraliste du parti découle des tâches qui incombent à celui-ci à l'époque impérialiste : "toute institution a sa structure naturellement et inévitablement déterminée par le contenu de son action" (Lénine, « Que Faire ? »). Le contenu de l'action révolutionnaire du parti est double : en tant que contenant le but socialiste, le parti représente une forme supérieure d'association humaine, le concours effectif de tous dans l'élaboration de la politique et de l'idéologie du parti. En tant qu'instrument de lutte contre la société capitaliste actuelle, le parti est adapté en vue de cette lutte, qui n'est pas possible sans l'organisation centraliste. Car nous vivons à l'époque impérialiste où une petite minorité de gros capitalistes concentrent entre leurs mains les moyens économiques, techniques, politiques, culturels, etc. de peuples entiers, auxquels on ne peut opposer qu'une lutte prolétarienne rigoureusement centralisée. Une lutte prolétarienne rigoureusement centralisée implique un parti révolutionnaire rigoureusement centralisé.

Ainsi, le contrôle démocratique et la structure centralisée du parti découlent de son contenu socialiste et révolutionnaire.

La conception bolcheviste a été consacrée par la victoire de la révolution d'Octobre 1917. Mais la dégénérescence de la révolution d'Octobre, a remis en question la conception même du parti. Impuissants à s'expliquer le stalinisme comme le produit de la marche réelle de la lutte de classes (qui a abouti à une situation dans laquelle le prolétariat ayant pris le pouvoir et remplacé la propriété privée par l'économie planifiée est écarté du pouvoir politique par une bureaucratie qui tout en se maintenant sur la base des rapports établis par la révolution, représente au point de vue politique, social, moral, etc. la négation même du bolchevisme), de nombreux "critiques" en viennent à accuser le bolchevisme lui-même comme non démocratique, etc. et donc comme responsable du stalinisme. Mais aucun de ces critiques n'a réussi à inventer quelque chose de nouveau qui puisse empêcher le parti, qui est un moyen, de se briser dans l'accomplissement de sa tâche, soit à cause de son contenu matériel et idéologique insuffisant (comme divers partis naissants de la IIIe Internationale), soit après l'épuisement de ce contenu dans l'accomplissement de la tâche révolutionnaire : tel fut le sort du parti bolchevik en Russie. Ces "critiques" ont d'ailleurs fini à l'écart de la lutte révolutionnaire et sont revenus à des conceptions bourgeoises. LES MEFAITS DU STALINISME NE PEUVENT PAS ETRE IMPUTES AU BOLCHEVISME, DONT IL N'EST PAS LA CONTINUATION MAIS LA NEGATION.

La démocratie n'est pas une panacée, c'est une forme dont le contenu peut varier. L'expérience de la démocratie bourgeoise nous montre d'abord qu'elle cache une dictature : celle du capital sur les exploités. Le modèle de la démocratie formelle reste cependant la social-démocratie dans laquelle la démocratie complète (liberté complète de discussion) cachait en réalité la dictature politique d'un nombre restreint de politiciens sur les ouvriers social-démocrates. Cela s'explique par le double contenu petit-bourgeois (la majorité) et prolétarien (la minorité) des partis social-démocratiques.
La dictature de ces politiciens professionnels ne pouvait pas être menacée par la liberté de parole, etc, tant que le parti était divisé par des intérêts de classes différentes.

Par contre, la démocratie réelle, vivante, s'établit SPONTANEMENT entre des gens visant au même but, porteurs d'une même flamme. Elle se manifeste dans toutes les révolutions populaires. C'est dans ce sens que Lénine affirme pour le parti : "AVEC CES QUALITES (secret rigoureux, choix minutieux des membres, préparation de révolutionnaires professionnels), nous aurons QUELQUE CHOSE DE PLUS QUE LA "DEMOCRATIE" : UNE CONFIANCE FRATERNELLE ENTRE REVOLUTIONNAIRES".

La question de la démocratie a donc deux aspects : d'une part, dans tout groupement renfermant des contradictions de classes, la démocratie permet la libre expression des opinions de la minorité. La majorité peut la supprimer au nom des intérêts de classe qu'elle représente. Ainsi, quand la critique de la minorité révolutionnaire devint gênante pour la bureaucratie SFIO, elle chassa du parti cette minorité. Le sens réactionnaire de cette mesure résulte non pas abstraitement de la suppression de la démocratie pour les révolutionnaires, mais du fait qu'elle servait à la défense des intérêts de la petite bourgeoisie réformiste. Le parti bolchevik qui fut un des partis les plus démocratiques qu’ait connu l'histoire, supprime lui aussi certains droits démocratiques (droit de fraction, etc.) en l'année de péril 1920. Cependant, dans ce cas, la suppression des droits "démocratiques" fut une mesure révolutionnaire : il fallait, dans les conditions spéciales d'alors, empêcher la pression des classes petites-bourgeoises de se manifester à l'intérieur du parti bolchevik. D'autre part, dans un groupement ne renfermant pas de contradictions de classe et ayant un contenu révolutionnaire, la démocratie n'est pas une simple liberté de critiquer, de s'exprimer, c'est quelque chose d'infiniment plus, c'est une « confiance fraternelle complète entre révolutionnaires » qui par les efforts conscients de chacun détermine la direction générale, c'est un même effort opiniâtre pour rendre efficace le travail du parti, obtenir le meilleur rendement de la part de chaque membre, mettre chacun à sa place (l'homme qu'il faut à la place qu'il faut), redresser les fautes politiques, etc.

Dans l'illégalité, le contrôle démocratique qui tend dans cette dernière direction, est beaucoup plus difficile que dans la légalité, mais il peut être aussi efficace. Il s'agit avant tout de trouver les moyens les plus propres à assurer un échange sérieux de haut en bas et de bas en haut entre les membres de l'organisation. Le cloisonnement de l'illégalité trouble donc la démocratie de l'organisation, c'est-à-dire l'échange politique et organisationnel facile et rapide entre tous les rouages du parti. Avec des avantages pour l'organisation (sélection plus rigoureuse des membres), l'illégalité comporte de graves désavantages pour le progrès politique de l'organisation. Dans ces conditions, c'est la préparation sérieuse de chaque membre, la qualité réelle de la direction, qui peuvent remédier partiellement à cette situation. Si bien que dans un groupement révolutionnaire ayant un contenu de classe prolétarien, démocratie implique centralisme.

La condition la plus importante de l'instauration de la véritable démocratie, c'est la conscience socialiste élevée des responsables. Chaque responsable doit être convaincu organiquement que sans la démocratie, c'est-à-dire sans la participation active de tous, non seulement au travail pratique mais également à l'élaboration de la politique de l'organisation, il ne peut pas y avoir de parti révolutionnaire, donc de victoire du prolétariat sur la bourgeoisie. Seule la mobilisation totale de toutes les possibilités politiques et pratiques que renferme chaque militant permet à une petite organisation de se développer, à une grande organisation de conquérir des sympathisants, à une organisation ayant des sympathisants d'influencer les masses, et à une organisation avec sympathisants appuyée sur les masses de battre la bourgeoisie.

Le parti n'est pas la simple somme de ses membres. Il est une qualité nouvelle et ce n'est que par les liens de parti que chaque membre s'élève bien au-dessus de ses forces individuelles, devient un militant. Le militant est le produit à la fois de sa propre activité individuelle et de celle encore plus importante, collective du parti. La subordination de toutes ses ressources morales, intellectuelles et matérielles à cette vie collective du parti est donc le devoir suprême du militant, en premier lieu vis-à-vis de lui-même. Le parti d'autre part, contrairement à la manière stalinienne, ne considère pas ses membres comme des unités sans importance, mais au contraire se retrouve dans chaque membre dans ce qu'il a de plus élevé et de plus précieux.

Sur le plan moral, la première exigence du bolchevisme est la rupture complète de tous les liens avec la morale bourgeoise. On ne peut pas retenir les objections de ceux qui accusent le bolchevisme d'avoir produit l'amoralisme stalinien. La morale bourgeoise dans ses exigences les plus cachées est un des freins les plus puissants de la révolution prolétarienne. La morale du militant qui a rompu complètement, radicalement, avec la morale bourgeoise, est révolutionnaire là où le parti est appuyé sur le prolétariat, lié au mouvement des masses, là où le contrôle organisationnel et politique du parti sur les membres a comme condition le contrôle du prolétariat sur le parti par la confiance que celui-ci lui accorde. Et cette morale révolutionnaire confère au militant un comportement, une honnêteté sans pareils dans la société bourgeoise. Cette morale n'est pas une base abstraite (des règles sur ce qui est bien en général, sur ce qui est mal en général, ce qui est honnête, ce qui est malhonnête), elle a une base scientifique déduite, à l'aide de la méthode marxiste, de la lutte de classes. Les critères varient quand il s'agit d'ennemis directs, d'alliés temporaires ou du mouvement ouvrier. Le parti est d'autant plus sain que chacun de ses militants est plus instruit et pratiquement lié aux masses. Seule l'organisation centraliste bolchevik permet l'éducation dirigée des membres qui remédie le plus aux inégalités culturelles et théoriques en rehaussant au maximum les capacités culturelles et théoriques de chacun. Seule une organisation centraliste bolchevik permet le maximum d'efficacité dans le travail des membres vis-à-vis des masses (transfert des membres sur le terrain le plus adéquat à leurs capacités de travail pratique, mélange d'ouvriers et d'intellectuels pour obtenir le maximum dans le travail).

En ce qui concerne le professionnalisme des militants, celui-ci n'implique pas l'abandon de tout lien avec la production ou les différentes sphères d'activité sociale. A part une petite minorité sélectionnée, sûre, qui sous le contrôle du parti accomplit des tâches permanentes (politiques ou techniques), le parti doit être lié à l'ensemble de la vie sociale. Le professionnalisme implique que chaque militant est à l'entière disposition du parti qui l'utilise comme il l'entend au mieux des intérêts de la classe, dans ou hors la production. Nous luttons pour la victoire de formes sociales plus élevées, socialistes, et le parti doit disposer du concours le plus large possible d'intellectuels, d'ingénieurs, d'administrateurs, etc. Dans ce sens il est lié et tâche de se lier en s'y créant des sympathisants, avec tous ces milieux. Mais le professionnel est membre du parti avant d'être ingénieur,

En résumé, nous voulons dégager un type de révolutionnaire opposé au monde bourgeois et pour y réussir, une discipline parfaite dans l'organisation est absolument nécessaire. Il faut tendre de plus en plus à organiser le travail d'une façon responsable et établir des liens de travail politiques et organisationnels entre les militants. Tout notre effort dès le début a été dans cette direction, le plus grand danger pour une organisation étant l'habitude de travailler en suivant les liens personnels (« amitié », façon de vivre, etc.) qui donne naissance à des petits groupes ou cliques et non pas à un ensemble de rapports résultant du travail organisationnel pratique et théorique.

Pour procéder à la mise en place de tous les rouages, il est nécessaire de savoir quels sont les membres qui se sentent capables d'être "militants professionnels", soumis à la discipline absolue de l'organisation et déterminant par leur vote le cours de notre travail. Ceux qui ne s'en sentent pas encore capables, c'est-à-dire qui ne trouvent pas encore une base suffisante dans le passé et le présent de l'organisation, continueront à militer comme jusqu'à présent, mais ne pourront pas déterminer les voies politiques de notre organisation.

Nous ne connaissons maintenant que les côtés difficiles et pénibles de cette vie, mais notre développement et la lutte des masses transformeront cette situation de professionnel en privilège en faisant apparaître tout ce qu'une telle vie contient de fort et de profondément humain.

Ce qui caractérise le révolutionnaire, c'est qu'il n'attend de son activité qu'une seule récompense, c'est la reconnaissance tôt ou tard que celle-ci a été conforme aux intérêts véritables de l'humanité. C'est pourquoi il peut résister à toutes les épreuves : s'il est relativement facile de donner sa vie d'un seul coup, il faut savoir aussi la donner peu à peu dans la lutte opiniâtre que nécessite le renversement de la bourgeoisie. Ce type d'individu n'est pas rare. Le parti dégage ce sentiment de sacrifice total, de dignité et, si l'on veut de félicité.

EXTRAITS DE "QUE FAIRE" DE LENINE

« L'expérience révolutionnaire et l'habileté organisatrice sont choses qui s'acquièrent. Il suffit qu'on veuille développer en soi les qualités nécessaires. Il suffit qu'on ait conscience de ses fautes - conscience qui en matière révolutionnaire, équivaut à une demi-réparation. ».
« ...Sans une "dizaine" de chefs de talent (les talents ne surgissent pas par centaines) éprouvés et professionnellement préparés et instruits par une longue pratique, bien d'accord entre eux, aucune classe de la société contemporaine ne peut mener la lutte ».
« Le seul principe sérieux d'organisation pour les militants de notre mouvement doit être : secret rigoureux, choix minutieux des membres, préparation de révolutionnaires professionnels. Avec ces qualités, nous aurons quelque chose de plus que la "démocratie" : une confiance fraternelle complète entre révolutionnaires ».
« On a vu se vérifier une fois de plus la bonne remarque de Parvus, qu'il est difficile de saisir un opportuniste avec une simple formule : il signera aisément n'importe quelle formule et s'en dégagera non moins aisément, car l'opportunisme consiste précisément dans l'absence de tout principe déterminé et ferme ».
alex
 
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Message par alex » 26 Juil 2003, 18:08

CAUPO,je ne sais pas à qui tu penses au sujet des rats de bibliothèque ( heureusement que beaucoup de militants y compris les plus illustres les ont fréquenqués !)mais si c'est RICHARD MOYON ce dernier connait trés trés bien LO pour y avoir militer et l'a quitté à ma connaissance sur le fait qu'il estimait qu'il n'y avait pas de réelles discussions en son sein( ce n'est d'ailleurs pas le seul); Je pense que c'est pour cela qu'il insiste autant sur la démocratie et la réflexion de TOUS qui doit selon lui et BARTA, dont se réclame LO, régner au sein d'une organisation communiste.
MOYON est aujourd'hui animateur de Cinquième Zone qui milite en direction de la jeunesse dans les cités.
alex
 
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Message par alex » 27 Juil 2003, 18:32

CAUPO, il me semblait que c'est toi qui trouvait qu'il y avait comme un hic quand au développement de LO, certains avancent des réflexions et j'y réfléchi mais s'il ne faut pas critiquer LO sous peine de faire le jeu de la bourgeoisie comme tu le dis, c'est pitoyable!
Au moins MOYON reste un militant ouvrier organisé, autour d'un bi-mensuel à l'adresse des jeunes des cités ouvrières, ce qui à ma connaissance n'est pas ton cas!
Si LO est la meilleure des orga ,pourquoi n'y est tu pas?
alex
 
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Message par pelon » 27 Juil 2003, 23:40

Rappelons que le Moyon en question a fait une grossesse nerveuse car LO n'a pas appelé à voter Chirac. On ne peut même pas dire qu'il est passé dans la poubelle de l'Histoire puiqu'il n'est rien.
pelon
 
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Message par alex » 28 Juil 2003, 18:58

Quelle modération envers d'autres militants qui eux au moins n'ont pas arrêté ou trahi, ce qui mérite un minimum de respect!
MOYON n'est malheureusement pas le seul à avoir appelé à voter CHIRAC ;
j'ai l'impression que c'est la haine pour tous ceux qui ont quitté LO:
le même style modéré était réservé au responsable de Voix des Travailleurs.
alex
 
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Message par pelon » 28 Juil 2003, 20:07

CITATION (alex @ lundi 28 juillet 2003, 19:58)Quelle modération envers d'autres militants qui eux au moins n'ont pas arrêté ou trahi, ce qui mérite un minimum de respect!
MOYON n'est malheureusement pas le seul à avoir appelé à voter CHIRAC ;
j'ai l'impression que c'est la haine pour tous ceux qui ont quitté LO:
le même style modéré était réservé au responsable de Voix des Travailleurs.[/quote]
Je ne parle pas de pour qui Moyon a appelé à voter. Qui s'en soucie ? Je parle du texte hystérique qu'il a écrit contre LO pour n'avoir pas appelé à voter Chirac. C'est ce petit monsieur qui semble avoir la haine. Moyon écrit ... la caravane passe. :hinhin:
pelon
 
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