Hyarl :
a écrit :Ce qui est l'analyse que je retirerais de l'abstention du 21 avril. En conséquence, l'effondrement du PC et dans une moindre mesure du PS, libère la classe ouvrière des tutelles traitres et ouvre la voie à une possible unité d'action de la classe bien qu'elle soit privé d'organisation.
Je crois que tu te trompes en enjolivant l'abstention, inséparable des processus de décomposition lente du mouvement ouvrier (perte de substance de classe - la CGT qui ne se prononce plus pour le socialisme... - et tout simplement de forces militantes).
Il est absolument certain que l'abstention ouvrière et jeune exprime le rejet des directions PC et PS. Mais ce n'est pas ipso facto un mouvement à gauche. Cela n'exprime qu'un sentiment d'insatisfaction vis à vis de la politique suivie. Ni plus, ni moins.
On ne peut ignorer que cette frustration aboutit à remettre en selle le RPR, avec les conséquences que l'on voit actuellement jour après jour ! A la limite, cela n'aboutit qu'à faciliter ce qui était le programme fondamental des appareils en 1997 : assurer la gestion des affaires en attendant que la bourgeoisie soit en mesure de le faire directement. Comment l'ignorer ?
Autrement dit : l'abstention est un phénomène contradictoire et certainement pas une poussée à gauche ainsi que l'explique IO.
Idem pour ce qui est de la tutelle des appareils. Certes, le contrôle des appareils sur la classe est infiniment moindre qu'avant (penser au poids qu'avait la CGT dans l'industrie, p. ex.). Mais comment ignorer qu'en même temps, les institutions de classe du prolétariat - partis et syndicats - sont considérablement amoindries avec tout ce que cela implique quant à sa capacité de résistance à l'offensive du gvt UMP ?
Alors oui, il faut miser sur la spontanéité (l'unité de classe dont tu parles) mais sans se raconter d'histoires sur le fait que les obstacles sont levés. Ce sont plutôt d'autres obstacles qui apparaissent.
Un dernier point : je ne suis pas non plus d'accord avec toi pour dire aussi abruptement que la classe est "privée d'organisation". Privée d'organisation adaptée : ça, oui (et ce n'est pas nouveau - c'est au moins vrai depuis 1933).
Que ces organisations aient énormément perdu de substance et de forces, là aussi : oui.
Mais qu'elles aient disparu, certes non. Ce qui est vrai, c'est qu'elles
organisent moins. Les travailleurs les utilisent - plus ou moins selon le moment. Même l'effondrement électoral du PC n'autorise pas à dire cela. Exemple : l'Espagne. Le PCE est marginalisé électoralement. Son rôle politique est pourtant très important, ne serait-ce qu'à cause de son rôle au sein du syndicat CC.OO. (voir la récente grève générale sur la loi "Chômage" et le demi-recul d'Aznar).
L'enjeu de cet aspect est le suivant. Si on affirme ce que tu dis, on cesse de combattre en direction et contre les dirigeants du PS - on les ignore (ce qui est un magnifique cadeau à leur faire).
L'autre enjeu (on y reviendra) est que si la classe n'est plus représentée politiquement, l'axe du combat peut devenir celui de la constitution d'un parti ouvrier indépendant (Note 1). Or je considère que le combat à mener est pour la construction d'un Parti Ouvrier Révolutionnaire armé d'un programme marxiste (c'est pour cela que nous avons été expulsés du PCI en notre temps).
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Note 1.
Il faut ajouter que même en considérant que l'heure est à construire un "Parti Ouvrier Indépendant", il serait alors nécessaire de combattre pour que les dirigeants syndicaux en prennent l'initiative. Bref, ce ne serait de toutes façon pas dans les termes de Lambert que se poserait la question.