Feminisme et écologie, le combat nécessaire

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Louis » 02 Nov 2002, 21:11

a écrit :Chacun perçoit désormais la nécessité de remédier aux désordres écologiques. Le pire serait d'adopter une attitude catastrophiste, comme le font certains courants de l'"écologie profonde". L'avenir n'est pas joué, et si la démonstration semble faite que l'humanité peut nuire en profondeur à la biosphère, cela prouve a contrario qu'il n'est nulle fatalité "naturelle" et immanente. La pente peut être remontée. Aucune résignation donc: il s'agit simplement de prendre la mesure de l'urgence.
La question est largement ouverte d'une action coordonnée au niveau mondial pour une gestion raisonnée des ressources énergétiques, la maîtrise des émissions de gaz à effet de serre, la lutte contre la déforestation, l'autosuffisance alimentaire.
Dans une conférence sur le développement durable, deux jours après s'être déclaré candidat, Lionel Jospin a repris à son compte la proposition d'une "Organisation mondiale de l'environnement" (OME). Cette nouvelle institution internationale pourrait-elle faire contrepoids à l'OMC, comme le suggèrent Les Verts? Pour Jospin, l'objectif est celui d'un rapprochement entre investissements privés et fonds publics. "Parmi les cent premières puissances économiques mondiales, on compte en effet 49 Etats et 51 entreprises", constate-t-il. Mais la méthode Jospin n'est que subordination aux intérêts des multinationales les plus puissantes lorsqu'il propose une "démarche contractuelle avec les ONG et les entreprises dans deux domaines, l'eau et l'énergie" et la mise en place d'"une charte internationale des services de l'eau". Ne cherchez pas dans ce discours la volonté d'égratigner un tant soit peu Vivendi ou la Lyonnaise des eaux, puisqu'il s'agit au contraire de leur assurer toujours plus de clients. On privatisera donc les réseaux de distribution d'eau partout dans le monde, si ce n'est déjà fait, au lieu de permettre aux populations de gérer elles-mêmes une ressource de plus en plus précieuse. Les multinationales de l'eau se livrent à un véritable racket sur les prix, insupportable pour les plus démunis. Et là où les populations sont si pauvres que cela ne rapporte pas assez, où les risques de révolte sont trop importants, les subventions des Etats ou de la Banque mondiale assureront les profits de ces firmes, au nom bien sûr de grands projets humanitaires.


a écrit :
Mais l'eau rare et chère n'est pas l'apanage du tiers monde. En France même, l'eau potable vient à manquer dans les régions où l'agriculture industrielle pompe toujours plus les réserves et pollue les nappes phréatiques. En Bretagne, les groupes à qui les municipalités ont "délégué" le service public sont incapables d'assurer la qualité de l'eau. Groupes, municipalités et Etat, chacun se renvoie la responsabilité. La Cour des comptes, dans un rapport publié ces jours-ci, accable les pouvoirs publics et précise que d'autres régions pourraient prochainement connaître les mêmes difficultés. Ce n'est que sous la pression des usagers, notamment par le boycott des factures d'eau, que certaines municipalités remettent en cause ce système.
L'idée d'une OME relève de ces mesures symboliques proposées pour conforter l'idéologie dominante: ce n'est qu'une façon d'habiller le refus d'attaquer la misère environnementale à la racine et de s'en prendre à la marchandisation du monde. Comme si cette nouvelle instance, si vraiment elle voyait le jour, pouvait se suffire à elle-même. Sa création ne serait pas sans rappeler celle du ministère de l'Environnement en 1971, lorsque les premières contestations écologistes sont apparues. Ce ministère, toujours dépourvu aujourd'hui de pouvoirs réels et d'un budget significatif, n'a jamais empiété sérieusement sur les prérogatives des grands corps de l'Etat qui agissent depuis les super-ministères des Finances ou de l'Industrie. Ce ne sont pas les qualités des quelques militants verts arrivés dans le cabinet de Dominique Voynet ces dernières années qui sont en cause, mais la nature même de l'Etat, qui ne peut être transformée par une simple alliance politique avec un parti de gestion comme le PS.
Ainsi, devant les réalités du fonctionnement des institutions, Les Verts se sont beaucoup agités pendant leurs cinq années de participation gouvernementale, pour finalement se renier sur la plupart des dossiers qui concernaient directement l'écologie: concernant les OGM, lorsque la ministre Dominique Voynet a accepté de signer les premières mises en culture, avant de sauver la face par un moratoire obtenu devant la multiplication des actions dirigées par la Confédération paysanne, en compagnie de nombreux militants verts; sur les transports, avec les aides au diesel pour les routiers, la poursuite du programme autoroutier, jusqu'à la réouverture aux poids lourds, ces prochains jours, du tunnel du Mont-Blanc. Qui se souvient seulement du programme français de lutte contre l'effet de serre, si rapidement contredit dans les faits par la capitulation en matière d'écotaxe, sous les censures conjuguées de Fabius et du Conseil constitutionnel? Ni la gestion chaotique de la chasse, ni la récente loi sur l'eau ne marqueront durablement la trace du premier gouvernement rose-vert en France. A l'heure des bilans, le social-libéralisme a incontestablement progressé dans la gauche plurielle, Verts compris. L'écologie politique, elle, a perdu de sa substance.
Les Verts se sont pris au piège d'une contradiction qu'ils avaient pourtant contribué à mettre à jour: face à des atteintes contre la biosphère difficilement réversibles, il y a urgence à agir, sans attendre des lendemains révolutionnaires. Mais partout l'écologie se heurte à la logique prédatrice du capitalisme, logique folle qui interdit de penser des réformes durables. Ainsi, beaucoup de militants écologistes s'interrogent aujourd'hui. Si les accords internationaux, dix ans après Rio, ne débouchent sur rien, si la participation gouvernementale est une impasse, où en est le projet écologiste? Quelle issue choisir?




a écrit :
Le meilleur chemin, à n'en pas douter, est celui des luttes collectives. C'est le chemin pris à l'origine par le combat écologiste, lorsque les antinucléaires, par dizaines de milliers, obstruaient la construction des centrales. La lutte, c'est le seul espoir des paysans du Mouvement des sans-terre (MST) du Brésil face aux escadrons de la mort, le seul espoir des liquidateurs damnés de Tchernobyl que le gouvernement russe veut abandonner sans pension, le seul espoir, aussi, pour les Toulousains victimes d'AZF de pouvoir dire enfin: "Plus jamais ça!" Non, l'écologie sociale n'a pas d'avenir si elle n'est pas d'abord portée par celles et ceux qui subissent ensemble la crise sociale et la crise écologique, par les mouvements sociaux, les luttes démocratiques, au Nord comme au Sud, dans l'indépendance des possédants.
L'écologie sociale, c'est cette compréhension que les limites de la biosphère auxquelles nous nous heurtons sont, pour une bonne part, socialement déterminées, qu'écosystèmes et systèmes sociaux sont inextricablement liés. Si sols fertiles, air pur et eau potable viennent à manquer, c'est à cause de la façon dont nous produisons et dont nous consommons. Le capitalisme pille les ressources naturelles, pollue tant et plus l'environnement, modèle nos comportements quotidiens et génère un consumérisme absurde et gaspilleur. Il n'en est pas moins incapable de répondre aux besoins humains les plus élémentaires de milliards d'individus. N'en déplaise à Lionel Jospin et Noël Mamère, le capitalisme n'est pas "moderne". L'avenir de la planète exige au contraire qu'il soit révolu.



cher rojo cela te semble t il pas une intervention combinant respect de l'environnement et lutte de classe ?
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Message par com_71 » 02 Nov 2002, 21:29

(lcr @ 2/11/02 a écrit :Le capitalisme pille les ressources naturelles, pollue tant et plus l'environnement, modèle nos comportements quotidiens et génère un consumérisme absurde et gaspilleur. Il n'en est pas moins incapable de répondre aux besoins humains les plus élémentaires de milliards d'individus. N'en déplaise à Lionel Jospin et Noël Mamère, le capitalisme n'est pas "moderne". L'avenir de la planète exige au contraire qu'il soit révolu.

Entièrement d'accord avec cette conclusion lcr. "Socialisme ou barbarie"
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par Louis » 02 Nov 2002, 23:46

ben simplement que le discours d'ob me semble conjuguer de façon assez dynamique luttes de classe et soucis de l'environnement

passons donc a la pratique (ceci dit "pas de pratique révolutionnaire sans théorie révolutionnaire")

Premierement, je pense que nous privilégions la lutte contre le nucléaire. Pas uniquement par ses dangers objectif (bien que ceux ci soient loin d'etre négligeable, et le problemes des déchets a longue durée de vie une épine dans le pieds des générations future) mais aussi parce qu'elle implique une sorte de société (centralisée, policiere) dont nous ne voulons pas pour notre futur

Il y a aussi en général ce qu'on appelle le "développement durable" C'est aujourd'hui un gadget qu'utilisent tous les gouvernements (le notre en particulier) Moi je pense que seul le socialisme peut mener au développement durable

Nous nous battons aussi contre toutes les implantations industrielles qui saccagent la nature, font peser a l'homme (et en particulier aux salariés qui y travaillent) des risques insensés. Nous l'avons vu dernierement a toulouse, ou en bretagne lors de la marée noire

Dans l'aggriculture nous défendons un autre mode de production, moins intensif et plus respectueux des équilibre de la nature

Pour tous ces combats et d'autres que j'ai oublié, nous luttons en general au travers de collectifs qui rassemblent le plus largement possible.
Louis
 
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Message par Louis » 02 Nov 2002, 23:48

sort les beaux passages rojo, j'ai pas lu son livre :(
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Message par emma-louise » 19 Jan 2003, 08:20

26/12/2002
Nouvelles Questions Féministes se dote d'un comité de rédaction franco-suisse, sous la responsabilité de Christine Delphy (CNRS, Paris) et Patricia Roux (Université de Lausanne, Suisse). Incluant près de cinquante femmes, celui-ci veut être le carrefour d'expériences multiples : par les ancrages disciplinaires de ses membres (sociologie, littérature, sciences politiques, histoire, anthropologie, philosophie, droit), par sa composante intergénérationnelle (plus de la moitié n'ont pas la trentaine ou à peine), par la diversité des formes d'engagement dans lesquelles les membres sont investies.
La revue demeure fidèle à sa ligne scientifique et militante, tout en profitant du renforcement de l'équipe pour revoir complètement sa maquette et sa gestion. L'ensemble de la revue est structuré autour de différentes rubriques qui se retrouvent dans chaque numéro. Le « Grand angle » propose un dossier thématique. La rubrique « Champ libre » publie des articles qui ne sont pas liés au thème spécifique du numéro, et permet d'intégrer des textes « spontanément » soumis à la revue. Le « Parcours » est consacré à un entretien avec une militante ou une intellectuelle qui retrace sa trajectoire féministe, ou analyse l'itinéraire d'une expérience, d'une idée, d'une théorie. Les « Comptes-rendus » concernent aussi bien des ouvrages que des colloques ou des manifestations militantes qu'il est intéressant de mettre en perspective. Enfin, la rubrique « Collectifs » donne la parole à des associations, des réseaux ou des groupes de recherche féministes qui veulent présenter leurs activités ou ouvrir un débat sur les problèmes auxquels ils sont confrontés.
Informations et Abonnements : Secrétariat de rédaction NQF
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Message par emma-louise » 21 Jan 2003, 16:07

Alors les parisiens vous avez un trou dans votre emploi du temps ? J'ai trouvé ça : Conférence-débat :
Quel engagement, quelles luttes féministes aujourd'hui ?
A l'occasion de la parution du numéro spécial Antipatriarcat de No Pasaran

avec CHRISTINE DELPHY (sociologue, chercheure au CNRS, directrice de Nouvelles Questions Féministes)
Travail domestique et genre
avec DANIEL WELZER-LANG (sociologue, directeur de recherche à l'équipe Simone, université de Toulouse-Le Mirail)
Antisexisme et masculinité
Mardi 21 janvier 2003 - 20H
CICP, 21 ter rue Voltaire 75011 Paris (M° Rue des Boulets ou Nation)
organisé par le Scalp/Reflex, groupe parisien du Réseau No Pasaran
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Message par emma-louise » 21 Jan 2003, 20:42

Les mouvements de libération des femmes ont permis une remise en cause des rôles sexués et de leur distribution hiérarchique. Les femmes ont conquis des droits fondamentaux : droit à l'instruction, à l'indépendance civile, droit de vote, droit à l'avortement.
Et pourtant, en dépit des avancées, notre société reste profondément sexiste. Les progrès dans l'égalité formelle masquent la persistance des discriminations.

Plus touchées par le chômage et la précarité, les femmes sont également les premières concernées par les temps partiels imposés. Elles gagnent environ 27% de moins que les hommes et sont doublement discriminées car, à la maison, ce sont surtout elles qui s'activent.
Les femmes sont quasiment absentes de la scène politique : seulement 11% des députés, 6% des maires et 5% des sénateurs sont des femmes.
En revanche, elles sont majoritaires sur les affiches publicitaires où on les montre nues sous n'importe quel prétexte.
Quant aux violences à l'encontre des femmes, les chiffres en disent long : en France, on estime qu'une femme sur sept est victime de violences conjugales, qu'une femme est violée tous les quarts d'heure.

Les revendications féministes sont d'autant plus nécessaires que l'idéologie du droit à la différence, l'éloge de la "féminité", en bref, les théories essentialistes, refont surface.
Faire la part de l'inné et de l'acquis est un ancien et indissoluble débat. Cependant, estimer les différences anatomiques essentielles, c'est transformer l'origine des hommes et des femmes en destin et justifier les inégalités. Si tout était conditionné par la naissance, il serait vain de se mobiliser pour changer les choses.
Nous pensons que le poids de l'histoire et de la culture est déterminant.
"On ne naît pas femme, on le devient", disait Simone de Beauvoir. Aussi est-il possible d'agir pour que la culture, l'éducation, les mentalités évoluent vers l'égalité. Tout doit être possible pour chacun, quels que soit son sexe, sa couleur de peau, sa sexualité. Être féministe, c'est pour nous être universaliste.

Les luttes des années 1970 nous permettent de revendiquer aujourd'hui, parallèlement à la présence de groupes non mixtes et d'une lutte autonome des femmes, l'existence d'un mouvement féministe mixte. Les femmes ont montré qu'elles pouvaient lutter elles-mêmes contre les discriminations. Elles ont su s'arroger une prise de parole publique, qui leur était jusque-là refusée dans les mouvements mixtes, même progressistes. La domination masculine ayant été ébranlée, il nous est aujourd'hui possible de réfléchir ensemble, hommes et femmes. La mixité doit contribuer à enrichir le débat, à mieux comprendre les résistances qui subsistent et à mieux les combattre. De plus, les hommes sont directement concernés par les rôles imposés et les modèles de virilité.

Enfin et surtout, être féministe, c'est vouloir repenser les rapports de sexe, se battre contre les rapports dominant/dominé, casser les modèles sociaux ; c'est opter pour une autre société. Le féminisme n'est pas une question de sexe (l'exemple de certaines femmes militant contre l'IVG ou pour le retour des femmes au foyer montre suffisamment qu'être une femme n'est pas un brevet de féminisme !) : c'est une question de valeurs, c'est un choix de société.
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