Feminisme et écologie, le combat nécessaire

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Louis » 29 Oct 2002, 20:56

Si les divers rapports de domination et d'exploitation se combinent de manière complexe dans une société comme la nôtre, et que l'on peut être dominant dans certains rapports sociaux et dominés dans d'autres, on peut difficilement construire la classe porteuse du projet d'émancipation sur le caractère "dominé" de ses membres les opposant sur tous les plans de la vie collective à la classe des "dominants". Est-ce que ce n'est pas le projet d'émancipation ­ émancipation de toutes les dominations ­ qui pourrait constituer alors le ciment de la classe de la transformation sociale? La critique sociale classique et le sens du conflit social, comme l'écologie politique, le féminisme, la critique libertaire de la politique institutionnelle, les nouveaux mouvements sociaux, les luttes culturelles ou les apports de sciences sociales et de la philosophie auraient leur place, en articulation et en tension, dans ce projet émancipateur à inventer.
Et si nous étions à un moment charnière comme celui où l'on est passé de l'émancipation républicaine à l'émancipation portée par le mouvement ouvrier? On aurait alors à faire émerger une politique d'émancipation qui puise dans les traditions de la Révolution française et du mouvement ouvrier mais en faisant apparaître du neuf (dont l'écologie politique), comme le mouvement ouvrier a, au xixe siècle, fait advenir une nouvelle politique d'émancipation qui s'appuyait sur les acquis de la République sans s'y réduire. Chiche!
Louis
 
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Message par Louis » 29 Oct 2002, 20:58

L'oppression des femmes et la lutte pour leur émancipation

Grâce à leurs luttes collectives, les féministes ont contribué à ouvrir de nouveaux espaces de liberté pour l'ensemble des femmes tandis que d'autres forces (liées à la montée des intégrismes, à l'offensive néolibérale dans le monde, au développement de nouvelles guerres dans de nombreuses régions) mettent en cause ces fragiles acquis.

La plus grande conquête du féminisme des années soixante-dix, dans les sociétés occidentales, fut celle de la liberté (dans certaines limites malgré tout) de la contraception et de l'avortement. C'est un bouleversement sans précédent dont ne bénéficient pas encore toutes les femmes, loin de là, mais qui a marqué un tournant radical: les femmes peuvent contrôler (du moins théoriquement) leurs maternités.

De plus, ce qui semblait relever de "la vie privée".. des hommes, le droit de frapper son épouse, de violer toute femme non accompagnée d'un homme, voire d'abuser sexuellement de ses enfants, en particulier des petites filles, n'est plus toléré aussi facilement. Le mur du silence a été brisé. Dans les sociétés occidentales, des lois punissent ces crimes qui touchent plus particulièrement les femmes et les enfants, les hommes homosexuels, ou des hommes en prison.

La presse se fait également l'écho des inégalités de salaire ou des autres discriminations que subissent les femmes dans leur activité professionnelle ou de "leurs" difficultés à "concilier" vie professionnelle et vie familiale. Que les institutions politiques soient encore si peu féminisées, choque également l'opinion publique en Europe.

Mais dans les faits, qu'en est-il exactement? Dans le monde, ce sont toujours les femmes qui constituent les plus gros bataillons des analphabètes: en l'an 2000, elles représentent 60 % des enfants non-scolarisés et la majorité des adultes analphabètes (Le Monde du 29 avril 2000); les plus gros bataillons également des personnes les moins bien soignées: une femme meurt chaque minute de causes liées à la grossesse ou à l'avortement. Dans l'Afrique sub-saharienne, les femmes sont trois fois plus touchées par les maladies sexuellement transmissibles que les hommes (chiffres cités dans L'Humanité du 21 septembre 2000).

Si la force de travail salariée tend à se féminiser sur le plan mondial, les femmes continuent d'être moins payées que les hommes, d'être touchées plus massivement par la précarité, d'être victimes de violences au travail et dans la famille: "Au niveau mondial, au moins une femme sur trois a été battue, contrainte à avoir des rapports sexuels, ou maltraitée de quelque autre manière, le plus souvent par quelqu'un de sa connaissance, y compris son mari ou un autre membre de sa famille. Une femme sur quatre a été victime de sévices durant sa grossesse", sans compter les 130 millions de fillettes et de femmes mutilées, ou les "4 millions de femmes et de fillettes vendues annuellement dans le monde" (idem).

De plus ce sont toujours elles prioritairement qui doivent assumer la prise en charge des enfants ou des personnes dépendantes. En France même, des enquêtes récentes montrent que les femmes continuent d'assurer 80 % du "noyau dur" du travail domestique (vaisselle, cuisine, linge, soins matériels aux enfants, courses) et que le surinvestissement professionnel des hommes, quand ils sont en couple avec des enfants, ne compense pas le temps consacré par les femmes aux responsabilités familiales (Le Monde le 27 mai 2000). Toutes ces inégalités font système. La société est bien "patriarcale".

L'oppression des femmes n'est pas seulement un "reste archaïque" des millénaires passés. Elle est toujours actuelle. Elle a été récupérée par le système capitaliste même si cela a produit et produit toujours de nouvelles contradictions au sein du système, comme nous le verrons. C'est pourquoi le combat féministe est lui-même toujours d'actualité.

Etre féministe, ce n'est pas détester les hommes, ni penser que des sentiments amoureux sincères entre hommes et femmes sont impossibles. Non, être féministe, c'est être lucide sur un système social qui, malgré certaines évolutions, établit un rapport de forces au profit des hommes, et leur accorde de nombreux privilèges collectifs et individuels. Cette suprématie masculine, ébranlée par les luttes féministes, se répercute jusque dans les actes de la vie quotidienne, dans la vie intime des couples et des individus des deux sexes, quelle que soit leur orientation sexuelle. Ce sont ces relations que nous voulons changer. Etre féministe en effet, c'est surtout considérer qu'il est nécessaire et souhaitable de transformer en profondeur les relations entre les femmes et les hommes.

Pour chercher à définir quelles sont les voies de libération et d'émancipation pour les femmes, nous tiendrons compte de l'apport qu'ont représenté les luttes et la réflexion des militantes et chercheuses féministes, en France en particulier, au cours des dernières décennies.
Louis
 
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Message par Louis » 29 Oct 2002, 21:00

non, c'est pire, c'est du Philippe Corcuff
Louis
 
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Message par Louis » 29 Oct 2002, 21:21

tssss !

Pour le féminisme, c'est quand meme évident, étant donné que l'exploitation spécifique des femmes a commencé avant la division de la société en classe
Louis
 
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Message par Barnabé » 29 Oct 2002, 21:58

a écrit : Pour le féminisme, c'est quand meme évident, étant donné que l'exploitation spécifique des femmes a commencé avant la division de la société en classe


Je crois que l'oppression envers les femmes a commencé avant le capitalisme. De fait on trouve des sociétés primitives où il n'y a pas de classes sociales et où il y a une discrimination des femmes (exemples les papous baruya étudiés par Maurice Godelier dans La production des grands hommes).
Cela étant dit on a pas réondu à la question de l'exploitation des femmes dans la sociétés capitaliste.
La bourgeoisie au pouvoir utilise l'idéologie sexiste patriarcale essentiellement afin de diviser la classe ouvrière. Et si (à différents degrés) toutes les femmes en sont victimes, c'est bien tout de même l'instrument d'une politique de classe de la bourgeoisie.
L'oppression des femmes ne pourra prendre fin que dans une société où les classes sont abolies.

Cela ne veut pas dire qu'il n'y ait pas de lutte à mener pour l'égalité des femmes d'ici à la révolution, et du reste le mouvement ouvrier a souvent été à la pointe de ces combats, (lutter pour l'unité de la classe ouvrière et contre les préjugés machistes en son sein est une tâche des révolutionnaires).

Cela ne veut pas dire non plus que la prise du pouvoir par la classe ouvrière résolve automatiquement le problème. Il y aura encore de ce point de vue une lutte politique à mener (cf Kollontaï qui se pose le problème dans le cadre de la russie révolutionnaire).

Rest que dans une société capitaliste, poser le problème des femmes comme complètement indépendant de la lutte de classe n'est pas juste et pourrait entraîner à dire (j'ai eu cette discussion il y a quelques jours avec un camarade de la LCR) que prôner l'unité de la classe ouvrière risquait de diviser les femmes entre travailleuses et bourgeoises!!
Barnabé
 
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Message par Louis » 29 Oct 2002, 22:12

je suis d'accord avec barnabé sur l'essentiel

Maintenant, que ce combat se situe dans le cadre de la lutte de classe ne veux pas dire que l'on doive oublier les bases spécifiques de cette oppression

sinon barnabe, je ne comprend pas ta conclusion

a écrit :
Rest que dans une société capitaliste, le problème des femmes comme complètement indépendant de la lutte de classe n'est pas juste et pourrait entraîner à dire (j'ai eu cette discussion il y a quelques jours avec un camarade de la LCR) que prôner l'unité de la classe ouvrière risquait de diviser les femmes entre travailleuses et bourgeoises!!


c'est un camarade qui défendait cette orientation ? En tout cas ce n'est pas la position de la ligue (qui pense qu'il ne peut y avoir socialisme authentique sans fin de l'oppression des femmes
Louis
 
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