Un site pour écouter "Fragments d'un discours révolutionnaire, à l'école des trotskystes français" une émission en 25 épisodes, sur France Culture en août 2006.
http://www.radio-rouge.org/index.php/2006/...-1-aux-origines
a écrit :Le défaitisme révolutionnaire était une absurdité. Collaborer à la défaite de notre propre impérialisme, c'était impensable dans le cas du nazisme. Ça avait marché pour la Russie, et c'est le cas unique où ça a marché. La victoire du tsarisme, c'était l'emprise de la réaction tsariste sur toute l'Europe orientale. Et on pouvait, l'état d'esprit du peuple s'y prêtait, être partisan de la défaite de la Russie quand on était un révolutionnaire russe. Ça marchait, mais dans le cas de la France et de l'Allemagne, ou de l'Angleterre et de l'Allemagne, parler de la défaite de l'Angleterre en face du nazisme qui était le nouvelle forme du capitalisme, c'était une stupidité, c'était l'introduction d'une réaction sauvage qui n'aurait apportée que des misères à toutes les classes sociales. C'est pour ça que je dis que le défaitisme révolutionnaire était inacceptable. Or il faisait partie de la doctrine. Je suis presque devenu schizophrène, je me discutais avec moi même pendant des heures en me disant "enfin je ne peux pas être défaitiste révolutionnaire". Marcel Hic avait parfaitement compris ça, et peu à peu Trotsky a compris. Trotsky au fur et à mesure que la guerre approchait, a de plus en plus abandonné le défaitisme révolutionnaire, et dans l'étape ultime, c'est à dire lorsque la guerre est déclarée (mais là nous ne l'avons pas su en France), Trotsky a recommandé aux ouvriers américains de participer à la guerre et de pousser Roosevelt à entrer en guerre contre le nazisme. Ça c'est une chose que nous n'avons pas sue et qui est totalement contraire au défaitisme révolutionnaire. Trotsky partisan d'une intervention américaine, si nous l'avions su en fait ça ne nous aurait pas désarmés, on aurait dit "bon, ben enfin nous sommes d'accord avec lui", mais nous ne l'avons pas su. Seulement j'aurais dû connaitre la lettre de Marcel Hic et essayer de combattre pour cette position, donc avoir des contacts avec les résistants autres que trotskystes, en cachant mon identité. J'aurais été obligé de cacher mon identité, donc de mentir dans ce sens là. J'ai raté ma résistance.
(Matrok @ samedi 4 avril 2009 à 00:11 a écrit : Je connais cette série d'émissions depuis longtemps, et il y a une question que j'ai toujours voulu poser ici : Dans l'épisode 7 intitulé "Résistance" de cette série, Laurent Schwartz affirme (je prends la dictée) :a écrit :Le défaitisme révolutionnaire était une absurdité. Collaborer à la défaite de notre propre impérialisme, c'était impensable dans le cas du nazisme. Ça avait marché pour la Russie, et c'est le cas unique où ça a marché. La victoire du tsarisme, c'était l'emprise de la réaction tsariste sur toute l'Europe orientale. Et on pouvait, l'état d'esprit du peuple s'y prêtait, être partisan de la défaite de la Russie quand on était un révolutionnaire russe. Ça marchait, mais dans le cas de la France et de l'Allemagne, ou de l'Angleterre et de l'Allemagne, parler de la défaite de l'Angleterre en face du nazisme qui était le nouvelle forme du capitalisme, c'était une stupidité, c'était l'introduction d'une réaction sauvage qui n'aurait apportée que des misères à toutes les classes sociales. C'est pour ça que je dis que le défaitisme révolutionnaire était inacceptable. Or il faisait partie de la doctrine. Je suis presque devenu schizophrène, je me discutais avec moi même pendant des heures en me disant "enfin je ne peux pas être défaitiste révolutionnaire". Marcel Hic avait parfaitement compris ça, et peu à peu Trotsky a compris. Trotsky au fur et à mesure que la guerre approchait, a de plus en plus abandonné le défaitisme révolutionnaire, et dans l'étape ultime, c'est à dire lorsque la guerre est déclarée (mais là nous ne l'avons pas su en France), Trotsky a recommandé aux ouvriers américains de participer à la guerre et de pousser Roosevelt à entrer en guerre contre le nazisme. Ça c'est une chose que nous n'avons pas sue et qui est totalement contraire au défaitisme révolutionnaire. Trotsky partisan d'une intervention américaine, si nous l'avions su en fait ça ne nous aurait pas désarmés, on aurait dit "bon, ben enfin nous sommes d'accord avec lui", mais nous ne l'avons pas su. Seulement j'aurais dû connaitre la lettre de Marcel Hic et essayer de combattre pour cette position, donc avoir des contacts avec les résistants autres que trotskystes, en cachant mon identité. J'aurais été obligé de cacher mon identité, donc de mentir dans ce sens là. J'ai raté ma résistance.
(Laurent Schwartz a écrit :Trotsky a recommandé aux ouvriers américains de participer à la guerre et de pousser Roosevelt à entrer en guerre contre le nazisme.
(lt 30.6.1940 a écrit :À la suite de nombre d'autres États européens plus petits, la France est en train de devenir une nation opprimée. L'impérialisme allemand a atteint des sommets militaires sans précédents, avec toutes les possibilités qui s'ensuivent pour un pillage mondial. Que va-t-il arriver ?
Du côté de toutes sortes de demi-internationalistes on peut s'attendre approximativement au type d'argumentation suivant : “ Des insurrections victorieuses dans les pays conquis, sous la botte nazie, sont impossibles, parce que tout mouvement révolutionnaire sera aussitôt noyé dans le sang par le conquérant. Il y a encore moins de raison d'attendre un soulèvement victorieux dans le camp des vainqueurs totalitaires. Des conditions favorables pour la révolution ne pouvaient apparaître qu'à la suite de la défaite de Hitler et de Mussolini. Il ne reste donc rien à faire qu'à aider l'Angleterre et les États-Unis. Si l'Union soviétique nous rejoignait il serait possible non seulement de donner un coup d'arrêt aux succès militaires de l'Allemagne, mais de lui infliger de lourdes défaites économiques et militaires. Le développement ultérieur de la révolution n'est possible que sur cette voie. ” Et ainsi de suite.
Cette argumentation qui superficiellement semble inspirée par la nouvelle carte d'Europe n'est en réalité qu'une adaptation à la nouvelle carte de l'Europe des vieux arguments du social-patriotisme, c'est-à-dire la trahison de classe. La victoire de Hitler sur la France a complètement révélé la corruption de la démocratie impérialiste, même dans le domaine de ses propres tâches. On ne peut pas la “ sauver ” du fascisme. On peut seulement la remplacer par la démocratie prolétarienne. Si la classe ouvrière liait son destin dans la guerre actuelle à celui de la démocratie impérialiste, elle ne ferait que s'assurer une nouvelle série de défaites.
“ Dans l'intérêt de la victoire ”, l'Angleterre a déjà été obligée d'introduire des méthodes de dictature dont la condition préalable était que le Labour Party renonce à toute indépendance politique. Si le prolétariat international, par ses organisations et tendances, devait prendre le même chemin, cela ne ferait que faciliter et accélérer la victoire du régime totalitaire à l'échelle du monde. Si le prolétariat mondial renonçait à l'indépendance de sa politique, une alliance entre l'U.R.S.S. et les démocraties impérialistes signifierait la croissance de l'omnipotence de la bureaucratie de Moscou, sa transformation ultérieure en agence de l'impérialisme et des concessions inévitables, de sa part, à l'impérialisme dans le domaine économique. Selon toute vraisemblance, la position militaire des différents pays impérialistes dans l'arène mondiale en serait grandement changée; mais la position du prolétariat mondial, du point de vue des tâches de la révolution socialiste, ne serait que très peu changée.
Pour créer une situation révolutionnaire, disent les sophistes du social-patriotisme, il faut porter un coup à Hitler. Pour remporter une victoire sur Hitler, il faut soutenir les démocraties impérialistes. Mais si, pour sauver “ les démocraties ”, le prolétariat renonce à une politique révolutionnaire indépendante, qui, au juste, utiliserait une situation révolutionnaire naissant de la défaite de Hitler ? Il n'a pas manqué de situations révolutionnaires dans le dernier quart de siècle. Mais il a manqué un parti révolutionnaire capable d'utiliser une situation révolutionnaire. Renoncer à préparer un parti révolutionnaire sous prétexte de provoquer une “ situation révolutionnaire ”, c'est conduire les ouvriers au massacre, les yeux bandés.
Du point de vue d'une révolution dans un pays donné, la défaite de son gouvernement impérialiste est incontestablement un “ moindre mal ”. Les pseudo-internationalistes refusent cependant d'appliquer ce principe aux démocraties vaincues. En revanche, ils interprètent la victoire de Hitler comme un obstacle, non pas relatif, mais absolu sur la voie de la révolution en Allemagne. Ils mentent dans les deux cas.
Dans les pays vaincus, la position des masses va immédiatement être extrêmement aggravée. À l'oppression sociale s'ajoute l'oppression nationale dont le fardeau principal est supporté par les ouvriers. De toutes les formes de dictature, la dictature totalitaire d'un conquérant étranger est la plus intolérable. En même temps, la réussite de la tentative des nazis pour utiliser les ressources naturelles et l'appareil industriel des nations vaincues, va inévitablement dépendre des paysans et des ouvriers autochtones. Ce n'est toujours qu'après la victoire que les difficultés économiques se présentent. Il est impossible de mettre un soldat armé d'un fusil près de chaque ouvrier et paysan polonais, norvégien, danois, néerlandais, belge, français. Le national-socialisme n'a pas de recette pour transformer les peuples vaincus d'ennemis en amis.
L'expérience des Allemands en Ukraine en 1918 a démontré combien il est difficile d'exploiter par des méthodes militaires la richesse naturelle et la force de production d'un peuple vaincu et à quelle vitesse une armée d'occupation se démoralise dans une atmosphère d'hostilité universelle. Les mêmes processus exactement vont se développer sur une bien plus grande échelle sur le continent européen sous l'occupation nazie. On peut s'attendre avec assurance à la transformation rapide de tous les pays conquis en poudrières. Le danger est plutôt que les explosions ne se produisent trop tôt sans préparation suffisante et conduisent à des défaites isolées. Il est en général impossible pourtant de parler de révolution européenne et mondiale sans prendre en compte les défaites partielles.
Hitler, le conquérant, rêve naturellement tout éveillé de devenir le bourreau en chef de la révolution prolétarienne dans toutes les régions de l'Europe. Mais cela ne signifie pas du tout que Hitler aura assez de force pour traiter la révolution prolétarienne comme il a pu le faire avec la démocratie impérialiste. Ce serait une erreur fatale, indigne d'un parti révolutionnaire, que de fétichiser Hitler, d'exagérer sa puissance, de sous-estimer les limites objectives de ses succès et de ses conquêtes. Il est vrai que Hitler a bruyamment promis d'établir la domination du peuple allemand aux dépens de toute l'Europe et même du monde entier “ pour un millier d'années ”. Mais selon toute vraisemblance, cette splendeur ne durera même pas dix ans.
Il nous faut apprendre des leçons du passé récent. Il y a vingt et un ans, non seulement les pays vaincus, mais les vainqueurs aussi sont sortis de la guerre avec leur vie économique désorganisée et ce n'est que très lentement — dans la mesure même où ils y arrivèrent vraiment — qu'ils se sont assuré [coquille — "assurés" — dans l'édition papier] les avantages de leur victoire. C'est pourquoi le mouvement révolutionnaire a pris d'importantes proportions dans les pays de l'Entente victorieuse aussi. Ce qui manquait, ce n'était qu'un parti révolutionnaire capable de prendre la tête du mouvement.
Le caractère total, c'est-à-dire englobant tout, de la guerre actuelle, exclut la possibilité d'un “ enrichissement ” direct aux dépens des pays vaincus. Même dans le cas d'une victoire totale sur l'Angleterre, l'Allemagne, afin de conserver ses conquêtes, serait obligée dans les premières années d'assumer des sacrifices tels qu'ils l'emporteraient de loin sur les avantages qu'elle pourrait tirer directement de ses victoires. Les conditions de vie des masses allemandes doivent en tout cas s'aggraver considérablement dans la prochaine période. Million après million de soldats vainqueurs vont retourner dans leur patrie et leur maison encore plus paupérisées même par rapport à ce qu'elles étaient quand ils en avaient été arrachés. Une victoire qui abaisse le niveau de vie des peuples ne renforce pas le régime, mais l'affaiblit. La confiance en eux des soldats démobilisés qui ont remporté tant de victoires doit avoir grandi énormément. Leurs espérances trahies vont se transformer en mécontentement et amertume. D'un autre côté, la caste des Chemises brunes [4] va s'élever encore plus au-dessus du peuple; son règne arbitraire et sa corruption vont provoquer une hostilité plus grande encore.
Dans le cours de la dernière décennie, le pendule politique en Allemagne, du fait de l'impuissance de la démocratie tardive et de la trahison des partis ouvriers, est allé brusquement à droite, puis, à la suite de la désillusion avec les conséquences de la guerre et du régime nazi, le pendule ira encore plus nettement et plus fort à gauche. Le mécontentement, l'inquiétude, la protestation, les grèves, les heurts armés seront bientôt à l'ordre du jour en Allemagne. Hitler aura trop de soucis à Berlin pour pouvoir jouer avec succès le rôle de bourreau à Paris, Bruxelles et Londres.
En conséquence, la tâche du prolétariat révolutionnaire ne consiste pas à aider les armées impérialistes à créer une “ situation révolutionnaire ” mais à préparer, fondre et tremper ses rangs internationaux pour des situations révolutionnaires dont il ne manquera pas.
La nouvelle carte de guerre d'Europe n'invalide pas les principes de la lutte de classe révolutionnaire. La IV° Internationale ne change pas son cap.
(lt 9.7.40 a écrit :Cher Camarade Al
Je crois que nous sommes d'accord avec vous sur tous les points de caractère principiel tels qu'ils sont formulés dans votre lettre du 6 juillet.
Il est très important de comprendre que la guerre n'annule ni ne diminue l'importance de notre programme de transition. C'est le contraire qui est vrai. Le programme de transition est un pont entre la situation présente et la révolution prolétarienne. La guerre est la continuation de la politique par d'autres moyens. La caractéristique de la guerre est qu'elle accélère le développement. Cela signifie que nos mots d'ordre révolutionnaires de transition deviendront de plus en plus réels, effectifs, importants avec chaque nouveau mois de guerre. Nous n'avons bien entendu qu'à les concrétiser et les adapter aux conditions. C'est pourquoi dans votre premier paragraphe, j'éliminerais le mot “ modifier ” parce qu'il peut donner l'impression que nous voulons modifier quelque chose qui a un caractère de principe.
Nous sommes absolument partisans de l'entraînement militaire obligatoire et, de la même façon, du service militaire. Service militaire ? Oui. Par l'État bourgeois ? Non. Nous ne pouvons pas confier cette tâche, comme toute autre, à l'État des exploiteurs. Dans notre propagande et notre agitation, il nous faut différencier très nettement ces deux questions. C'est‑à‑dire, ne pas combattre la nécessité pour les ouvriers d'être de bons soldats et de construire une armée basée sur la discipline, la science, des corps solides, etc., y compris le service militaire, mais contre l'État capitaliste qui abuse de l'armée au compte de la classe exploiteuse. Dans votre paragraphe quatre, vous dites : “ Une fois que le service militaire est passé dans la loi, nous cessons de lutter contre lui mais continuons notre lutte pour l'entraînement militaire, etc. ” Je préférerais dire : “ Une fois que le service militaire est passé dans la loi, sans cesser de lutter contre l'État capitaliste, nous concentrons notre lutte pour l'entraînement militaire, etc.
Nous ne pouvons nous opposer à l'entraînement militaire obligatoire par l'État bourgeois, exactement comme nous ne pouvons nous opposer à l'éducation obligatoire par l'État bourgeois. L'entraînement militaire est à nos yeux une partie de l'éducation. Nous devons lutter contre l'État bourgeois : il abuse dans ce domaine comme dans les autres.
Il nous faut bien entendu lutter contre la guerre, non seulement “ jusqu'au tout dernier moment ”, mais pendant la guerre aussi, quand elle a commencé. Il nous faut cependant donner à notre combat contre la guerre son sens révolutionnaire plein, en nous opposant et en dénonçant impitoyablement le pacifisme. L'idée très simple et très grande de notre combat contre la guerre, c'est : “ Nous sommes contre la guerre, mais nous aurons la guerre si nous ne sommes pas capables de renverser les capitalistes.
Je ne vois pas de raison de renoncer au mot d'ordre de référendum du peuple sur la guerre. C'est un mot d'ordre excellent pour démasquer la futilité de leur démocratie sur une question aussi vitale que la guerre.
Je ne crois pas que la revendication des milices ouvrières doive être éliminée par celle de l'entraînement militaire pour tous. L'approche de la guerre et la guerre elle‑même, avec la montée des sentiments chauvins, vont inévitablement provoquer des pogroms contre les syndicats, les organisations et journaux révolutionnaires, etc. Nous ne pouvons renoncer à nous défendre. L'entraînement militaire pour tous ne peut que nous faciliter la création de milices ouvrières.
“ La propriété gouvernementale [...] de toutes les industries de guerre ” devrait être remplacée par “ nationale ” ou “ propriété d'État ”.
Telles sont les remarques que je peux faire sur votre lettre.
a écrit :1. Review in Lutte Ouvrière, No 80 (10-17 March 1970) of Sur la deuxième guerre mondiale, texts by Leon Trotsky collected and edited by Daniel Guérin, Taupe editions, Brussels.
This collection of texts contains the greater part of the analyses which Trotsky devoted to the coming of the Second World War from 1937 until his death in August 1940.
As far as Trotsky was concerned, if the First World War had brutally ripped aside the Second (Socialist) International's veil of opportunism, the Second war was not going to provide any surprises.
On 10 October 1938 he wrote:
'Today all the starting positions have been occupied with precision prior to the war. But wherever the bourgeoisie continues to feed the labour bureaucracy, the Social Democrats and ex-Communists will be found completely on the side of their general staffs, and, what is more the first fiddle of chauvinism will be in the hands of the musicians of the Stalin school. Not only the fiddle, but also the revolver aimed at the revolutionary workers!"
Right from the start he denounced the operation mounted by the bourgeoisie and reformists of all stripes who were attempting to drag the workers into war by representing it as a struggle between 'democracy and fascism'. He continued to show without ceasing that this argument assisted the Anglo-French (and later the American) imperialists in attempting to harness their own people to the defence of their own interests threatened by German imperialism. Trotsky returned to this question in numerous writings to demonstrate the criminal policy of the French and English 'democracies', so accomplished in the plunder and enslavement of the colonial peoples.
As for the war itself, from the summer of 1937 Trotsky foresaw it would be unleashed in three or four years' time. The essential criterion for this was the achievement of German rearmament. The scenario that the English bourgeoisie put forward at this time was for the reinforcement of British armaments, which had to acquire an adequate level to 'assure peace'. As can be seen, 'the deterrent' does not date from yesterday.
At the time of the Munich agreement Trotsky shows that, far from guaranteeing peace, it simply proved that the 'Western democracies' preferred to sacrifice Czechoslovakia rather than allow Hitler to satiate himself on their colonies. It was on these premises that, from 1938 onwards, Trotsky was able to foresee the rapprochement of the now isolated USSR with Hitler (a rapprochement whose possibility he had proclaimed from 1933 on). And the Kremlin bureaucrats passed quickly from celebrating 'the alliance of the democracies against fascism' to the Hitler-Stalin pact. But no sooner had the German-Soviet pact been signed than Trotsky perceived that the capitulationist policy of Stalin could only assist the next offensive of Hitler, against the USSR. That is indeed what happened in 1941.
More than any other person of his time Trotsky had a clear vision of the reality of the coming war. Each of his analyses permits us to grasp the point of the political actions it was necessary to undertake. And his writings are full of precious indications for militant workers who found themselves in the political torment that preceded the war.
From this point of view one of the particularly interesting writings of this collection is the transcript of a discussion of Trotsky with the American Trotskyists of the Socialist Workers Party. This time it is not a matter of an analysis of the world war itself, but of the concrete measures that the American revolutionaries would be able to take in order to find a way to the masses, most of whom had already been won to chauvinist ideas. An opponent of abstract opposition to the war', he attempted to find forms of struggle that would allow the workers in uniform to oppose the officer corps of the bourgeoisie. As far as he was concerned, in the same way as the revolutionary party had to utilise bourgeois institutions in 'normal times' (parliament, the schools, the courts), in wartime it was necessary to use the only strong institution, the army, to turn it against the bourgeoisie. That is why he elaborated a certain number of transitional demands capable of mobilising the workers in uniform, including those who had been won over to support the war effort, such as for example military training controlled by the trade unions, the creation of a proletarian officer corps, etc.
It is unfortunate that this text was literally cut to pieces by Guérin (nearly four cuts per page, notably on page 254), who in his preface writes:
'In order to provide them with more homogeneity, and to concentrate the thought of Leon Davidovitch better on one and the same subject, we have deliberately left passages out of certain texts that have no connection with the question.'
Sure enough, the selection of texts from such an author as Trotsky is always difficult. But in any case we think that whatever texts were chosen should have been published complete. This is even more the case because in his preface Daniel Guerin very freely interprets the last text to which we referred, and more especially writes:
'Trotsky did not hesitate to proclaim that America must not remain neutral. According to him it was necessary to give Hitter such a decisive blow that Stalin would cease to fear him. And he encouraged the American workers to engage in an intensive military preparation.2
Nothing, absolutely nothing at all in this collection allows Guérin to define Trotsky's ideas in this manner. Very much to the contrary: all his writings show his steadfast opposition to American militarism as well as the unceasing advice he addressed to the workers that they should not fall into the trap of the 'Sacred Union'.3
Daniel Guérin has manifestly attributed his own views on this question to Trotsky, and he gives a meaning which is consistently opposite to Trotsky's real position. It is unfortunate that this feature has marred an otherwise indispensable collection of texts for those who want to understand what the Second World War was really about.
a écrit :
2. Letter by Daniel Guérin, 'On the Writings of Leon Trotsky on the Second World War published by La Taupe' in Luete Ouvrière, No 87 (29 April-5 May 1970).
Comrades,
Your summary of the book of Trotsky, On the Second World War, charges me with 'literally cutting to pieces' the transcript of a discussion of Trotsky with some American Trotskyists. But here it was a matter of an extremely long document where the most varied subjects were touched upon, and where the interventions of the various participants were often as long as Trotsky's replies. If I was obliged to carry out four cuts on page 254, it is because otherwise I would have been obliged to give space for the development of certain questions (generally of American domestic policy) without direct link with the subject of the collection: the Second World War. I also regret that you have charged me with 'interpreting very freely' the thought of Trotsky on two points: a) The abandonment of American neutrality. As Trotsky says explicitly on pages 129 and 131:
'The intervention of the United States, which would be capable of changing the orientation of the Kremlin .... To make the Kremlin change its policy there remains only one way, but a sure one. It is necessary to give Hitler such a decisive blow that Stalin will cease to tear him. In this sense, it is possible to say that the most important key to the Kremlin's policy is now in Washington.4
b)The support for military preparations for the workers:
'We must be for compulsory military training for the workers and under the control of the workers', and on page 252: 'The war is inevitable .... We must learn the art of handling arms.'
And he did not hesitate to treat as 'deserters' those who evaded this duty.5
I fully expect you to publish this final word. Thank you and most fraternally.
Daniel Guérin
a écrit :3. Reply of Lutte Ouvrière in No 87, 29 April-5 May 1970.
In 250 pages of collection of texts there is this bit of phrase, 'to make the Kremlin ... it is necessary to give Hitler'. Ambiguous, perhaps, but the sense of it cannot remain in doubt when what precedes it and what follows it is read. This is the bit of phrase, then, that allows Daniel Guérin to write (we are quoting from his preface):
'Trotsky did not hesitate to proclaim that America must not remain neutral. According to him it was necessary to give Hitler such a decisive blow that Stalin would cease to fear him. And he encouraged the American workers to engage in an intensive military preparation.'
And it is not ourselves who emphasise this, it is Guérin who stresses his 'must not' Apart from the sole phrase above quoted, and otherwise contradicted by the context, can Guérin provide us with the slightest text, in this collection or elsewhere, where Trotsky writes that America 'must not' remain neutral, or that he pronounced in favour of the entry of the USA into the war, and with good reason, that justifies Guérin in writing in the same preface:
'It is thus that, presenting or even calling for the entry of the United States into the war on the side of the Western Allies, Trotsky was led into lambasting the American pacifists, considered as "enemy no I" by him, and to encouraging the United States to accelerate their military preparations.'
Where did he see Trotsky appeal to the United States to enter the war, or press them to accelerate their military preparations? Where? In the same phrase quoted in his letter, doubtless, a phrase, so it seems, that he makes say many things.
Sure enough, Trotsky affirms that in the conditions of war he proposed that the American revolutionaries ought to be in favour of military preparations for the workers, and he does lambast the revolutionaries who would evade this task. But is this policy due to the participation of the USSR in the conflict - as Guérin would have us believe - and in what way is it so different from the position of Lenin on war?
As far as Guérin is concerned, this must be an 'interpretation' to he drawn from what Trotsky wrote in this sole phrase quoted by him, because if there is any other in the entire collection we have not been able to find it. This sole phrase where Trotsky says 'it is necessary to give Hitler' is only an analysis and a statement, and not the expression of support that Guérin would have us believe, for this is an interpretation that is otherwise contradicted by all Trotsky's work; the same text from which the phrase is taken is analysing the inevitability of the entry of the United States into the war as part of the struggle for world hegemony, and that went for the USA as well as Hitler as far as Trotsky was concerned.
It is this sole phrase, therefore, that allows Guérin to make all these statements, including that there are two Trotskys, one the internationalist and the other a second Trotsky who even 'allows himself to be led into taking up positions that seem to contradict, to a certain extent, those of the first Trotsky, the internationalist'.
Then in the same manner, on the following line in another context, Guérin writes of Trotsky:
'On several occasions, as has been seen, in the same way he insisted on the fact (which to him seems to provide extenuating circumstances) that Stalin had co-operated with Hitler above all out of fear of him.'
If Trotsky had found extenuating circumstances for Stalin, in this context or in any other, he would have no need of the pen of Daniel Guérin to tell him so. If such were the case he would have clearly said it, and in addition this contention, coming up one does not know why, would have a social or historical sense. Why should it be necessary to excuse the myopia of Stalin from Trotsky's point of view?
Yes, in the preface Guérin does provide Trotsky with ideas that he did not hold. Yes, he does interpret his writings by distorting them to a great extent, and it is because we cannot believe that Guérin has done this deliberately that we have not written that he has falsified their sense. In any case, as far as we are concerned, this preface adds nothing to Guérin's reputation.
And when we see in these conditions how the editor is reading and interpreting the texts that are published, why should we not ask if the cuts have indeed been wisely done?
Moreover, we are in principle against the general idea of such collections of select pieces, which under the pretext of opening up a subject, all too often choke it.
a écrit :Notes du traducteur pour tout l'échange :
1. L Trotsky, 'A Fresh Lesson', (10 October 1938), Writings of Leon Trotsky (1938-39), New York, 1974, p76.
2. L Trotsky, 'The US will Participate in the War, (1 October 1939) and 'On the Question of Workers' Self Defence', (25 October 1939), Writings of Leon Trotsky (1939-40). New York, 1973, pp95, 97, 103,
3. The Union Sacrée was the alliance of workers and bourgeoisie demanded by the reformists to defend France during the First World War.
4. L Trotsky, 'The US will Participate in the War', op cit, pp95, 97.
5. L Trotsky, 'Discussions with Trotsky', (12-15 June 1940), Writings of Leon Trotsky (1939-40), op cit, pp256, 258.
(Ottokar @ samedi 4 avril 2009 à 06:51 a écrit : il faut la faire à NOTRE façon, avec une armée démocratique et populaire, dont les officiers soient élus, contrôlés, il faut etc.
Là, il va falloir relire, mais ça m'étonnerait qu'on puisse trouver de telles formulations.
Une armée démocratique et populaire, c'est après la prise du pouvoir. Il s'agissait de proposer aux travailleurs de se battre pour être au maximum respectés, mais sans penser changer le caractère de l'armée.L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
a écrit :Chers Amis,
Il faudrait selon moi renforcer et approfondir notre campagne contre les préjugés et les mensonges des tendances pacifistes.
Libéraux et démocrates disent : “ Il faut aider les démocraties, par tous les moyens, sauf une intervention directe en Europe. ” Pourquoi cette limitation stupide et hypocrite ? S'il faut défendre la démocratie, nous devrons la défendre aussi sur le sol européen, d'autant plus que c'est le meilleur moyen de défendre la démocratie en Amérique. Aider l'Angleterre — à écraser Hitler — par tous les moyens, y compris l'intervention militaire, signifierait le meilleur moyen de défendre “ la démocratie américaine ”. Cette limitation purement géographique n'a aucun sens, ni politique, ni militaire.
Ce que nous considérons comme valant d'être défendu, nous sommes prêts à le défendre les armes à la main — en Europe comme aux États‑Unis. C'est l'unique possibilité d'assurer la défense des libertés civiles et autres bonnes choses en Amérique.
(Trotsky a écrit :Chers Amis,
Il faudrait selon moi renforcer et approfondir notre campagne contre les préjugés et les mensonges des tendances pacifistes.
Libéraux et démocrates disent : “ Il faut aider les démocraties, par tous les moyens, sauf une intervention directe en Europe. ” Pourquoi cette limitation stupide et hypocrite ? S'il faut défendre la démocratie, nous devrons la défendre aussi sur le sol européen, d'autant plus que c'est le meilleur moyen de défendre la démocratie en Amérique. Aider l'Angleterre — à écraser Hitler — par tous les moyens, y compris l'intervention militaire, signifierait le meilleur moyen de défendre “ la démocratie américaine ”. Cette limitation purement géographique n'a aucun sens, ni politique, ni militaire.
Ce que nous considérons comme valant d'être défendu, nous sommes prêts à le défendre les armes à la main — en Europe comme aux États‑Unis. C'est l'unique possibilité d'assurer la défense des libertés civiles et autres bonnes choses en Amérique.
Mais nous refusons catégoriquement de défendre les libertés civiles à la manière française : les ouvriers et les paysans donnent leur sang pendant que les capitalistes concentrent entre leurs mains les leviers de commande [1]. L'expérience Pétain devrait former maintenant le nouveau centre de notre propagande de guerre. Il est, bien sûr, important d'expliquer aux ouvriers avancés que le véritable combat contre le fascisme est la révolution socialiste. Mais il est plus urgent, plus impératif, d'expliquer aux millions d'ouvriers américains que la défense de leur “ démocratie ” ne peut être confiée à un maréchal Pétain américain — et il ne manque pas de candidats à ce rôle.
L'article de Carl O'Shea [2] dans le Socialist Appeal du 10 août est excellent. Nous pouvons de cette façon développer une campagne très efficace contre William Green aussi bien que John L. Lewis qui rejette purement et simplement la conscription en faveur d'une armée serve de volontaires.
L'Institut d'Opinion publique a établi que plus de 70% des ouvriers sont en faveur du service militaire obligatoire. C'est un fait d'une immense importance ! Les ouvriers prennent au sérieux toutes les questions. S'il faut défendre la patrie, on ne peut pas abandonner cette défense à l'arbitraire des individus. Il faut une attitude commune. Cette conception réaliste montre combien nous avions raison de rejeter d'avance les attitudes pacifistes ou demi‑pacifistes purement négatives. Nous nous situons sur le même terrain que 70% des ouvriers — et sur cette base nous commençons à développer une campagne afin d'opposer les ouvriers à leurs exploiteurs sur le terrain militaire. Vous, ouvriers, vous souhaitez défendre et améliorer la démocratie. Nous, de la IV° Internationale, nous voulons aller plus loin. Mais nous sommes prêts à défendre la démocratie avec vous, seulement à la condition que ce soit une vraie défense, pas une trahison à la manière de Pétain.
Sur cette route, je suis sûr que nous pouvons avancer.
(Matrok a écrit :je ne vois pas comment on pourrait comprendre ça autrement que "Trotsky partisan d'une intervention américaine" (pour reprendre encore les mots de Schwartz)...
a écrit :Si la classe ouvrière liait son destin dans la guerre actuelle à celui de la démocratie impérialiste, elle ne ferait que s'assurer une nouvelle série de défaites.
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