Conditions objectives d'une révolution

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Stanislas » 16 Sep 2003, 13:10

Byrrh,

D'une part, il me semble que c'est là une déclaration d'intention que tu fais. Et d'autre part, je n'ai pas compris en quoi cela répondait à mon interrogation.
Stanislas
 
Message(s) : 0
Inscription : 16 Sep 2003, 07:39

Message par reval71 » 16 Sep 2003, 13:57

Ce que veut dire Byrrh c'est que lors de la révolution de 17 les bolchéviks n'ont pas imposés leur politique aux masses révolutionnaires mais que ce sont au contraire ces masses révolutionnaires qui ayant rejetées le fatra des partis conciliateurs et réformistes se sont tournés vers les bolchéviks en leur disant , vous voulez donner le pouvoir aux soviets, faites le.

Il ne faut pas oublier que si une faible partie de la direction de CC du parti Bolchévik était consciente de la poussée révolutionnaire des masses, la majorité du CC (Zinoviev Kamenev et Staline entre autres) considéraient que le prolétariat et la paysannerie russe n'étaient pas enclin a l'affrontement final contre la bourgeoisie.Et si Lénine a ferraillé ferme aussi bien en avril qu'en octobre contre la fraction droitière c'est parce qu'il sentait, lui la poussée des masses qui réclamaient que la révolution ne s'arrete pas là.

Concernant l'agitation dans la presse du parti, Lénine a eu plus a lutter contre la rédaction de la Pravda pour faire passer sa conception de la politique des révolutionnaires, que ramer a contre courant de l'opinion du prolétariat révolutionnaire car il ne faisait que retranscrire les aspirations profondes de ce prolétariat.
Le parti n'a pas maitrisé ni canalisé l'information dans un but de propagande, il a été porté au pouvoir par les masses conscientes et s'il n'avait pas répondu aux attentes de ces masses il aurait débarassé le plancher comme ceux qui lui avait précédé au pouvoir.

Voilà toute la différence entre une révolution et une grêve presse bouton.
reval71
 
Message(s) : 0
Inscription : 14 Oct 2002, 10:18

Message par Weltron » 16 Sep 2003, 15:04

He he !

Merci à Zen pour ses lumières, c'est bien de ce texte que je me souvenais vaguement.
Weltron
 
Message(s) : 0
Inscription : 25 Nov 2002, 15:10

Message par Stanislas » 16 Sep 2003, 17:57

CITATION (reval71 @ mardi 16 septembre 2003, 14:57)Ce que veut dire Byrrh c'est que lors de la révolution de 17 les bolchéviks n'ont pas imposés leur politique aux masses révolutionnaires mais que ce sont  au contraire ces masses révolutionnaires [...] Le parti n'a pas maitrisé ni canalisé l'information dans un but de propagande, il a été porté au pouvoir par les masses conscientes et s'il n'avait pas répondu aux attentes de ces masses il aurait débarassé le plancher comme ceux qui lui avait précédé au pouvoir. [...][/quote]
Certes, et chacun connait cette page d'Histoire. Ceci étant dit, je parle au présent. Et dans cette appréciation (à savoir : où en sommes nous aujourd'hui, et où en est le capitalisme), il est indispensable - à mon avis - de (re)définir une stratégie, des contenus, une politique immédiate, qui soient à la fois en prise sur les réalités et qui s'incrivent dans la durée. D'où l'interrogation sur la fonction actuelle de Parti-Guide.

D'où l'intérêt aussi de réflexions telles que celle de Négri et de Gorz sur le 'général intellect' et 'capital cognitif' (intérêt relatif, mais non négilgeable sur le plan théorique).

Car quoi que l'on puisse penser du 'réformisme' de l'un où de l'autre, il y a là des éléments pour caractériser le capitalisme actuel et son évolution, ses 'chances de s'en sortir', et pour nous ce qui doit s'inventer à renverser dans une autre perspective ('dépassement/abolition').
Stanislas
 
Message(s) : 0
Inscription : 16 Sep 2003, 07:39

Message par Weltron » 17 Sep 2003, 08:49

CITATION autant sur l'allemagne, je crois que tu te trompes profondément. L'opportunité de faire choir le mur ou non? Les impérialismes majeurs étaient réticents, car ils savaient que seules les masses pouvaient le faire, et que du coup l'instabilité politique en résultant pourrait déstabiliser toute l'europe. La France était contre encore plus car une allemagne réunifiée était un danger majeur pour elle en europe (c'est la réunification qui a poussé à la france a proposer le traité de maastricht).

En réalité, le début d'effondrement des régimes staliniens ("en haut, on ne peut plus") a poussé les travailleurs et les masses à manifester et s'en prendre directement au pouvoir (sièges du SED, de la Stasi) ("en bas on ne veut plus"). C'était l'engagement d'une révolution. Mais seulement l'engagement: dans la plus grande des confusions politiques (cf. le rôle des Eglises).

Mais ça n'a pas dépassé l'engagement d'un processus révolutionnaire, notamment parce que l'aspiration fondamentale à l'unité allemande a pu être canalisée par le gouvernement ouest-allemand qui n'avait pas de challenger sur ce terrain. Du coup, les exigences remettant en question l'Etat de RFA (réunification et pas absorption) ont été mises au rancard.

Pas parce que la bourgeoisie aurait eu des intérêts communs avec les travailleurs et leurs aspirations, mais parce que la confusion politique des travailleurs était telle et l'avant-garde organisée atteignant le degré zéro dans les deux parties del'allemagne, ceci a donné la marge de manoeuvre nécessaire au gouvernement Kohl, malgré l'hostilité déclarée de la France et de la bureaucratie du kremlin. [/quote]

Je ne sais pas ... Tout cela est intéressant, mais je crois qu'il faut replacer cette position dans le contexte de la discussion : il était question de savoir s'il était réaliste d'espérer une révolution dans la situation actuelle (c'est à dire, sans crise profonde). Et à ce titre, l'exemple de l'ex-Allemage de l'Est me semble vraiment tiré par les cheveux. À la chute du mur, quels journaux européens ont crié au scandale ? Quel commentateurs ont fustigé la violence des manifestants qui mettent l'état en danger ? Alors qu'on a tous en mémoire l'image du bolchévik avec le couteau entre les dents ... C'est pour ça que cet argument ne me convainc pas.

Et bien sûr, je suis près à croire que certains, dans les classes dirigeantes, voyaient la chute du mur d'un mauvais oeil, mais il y aussi certainement eu des gens que l'ouverture du marché est allemand a réjouis : plus de stabilité, plus de possibilités de se faire du fric, et un état plus fort pour protéger l'économie de marché, le capitalisme ... Alors que, dans les masses, quelle place tenaient les idées communistes ? Les gens en avaient marre, certes, mais leurs revendications concernaient davantage la liberté de voyager, la possibilité d'acheter des produits de l'ouest, de ne plus être persécutés par la police, etc.

Enfin bon, je dis ça, je me trompe peut-être. Mais je trouve vraiment que cet exemple d'une supposée capacité des masses à se mettre en mouvement dans n'importe quelle condition et à faire la révolution est exagéré. Comparés à ce qu'a dû subir la Russie soviétique au début des années 20, ces événements (sans vouloir le moins du monde en nier l'importance) semblent bien tranquilles. La cause en est à mon avis qu'il ne s'agissait pas d'une lutte du prolétariat contre la bourgeoise pour le pouvoir (et à ce titre, j'y reviens, l'exemple de mon interlocuteur n'est pas bon).
Weltron
 
Message(s) : 0
Inscription : 25 Nov 2002, 15:10

Message par Stanislas » 17 Sep 2003, 13:48

CITATION Mais sur la partie subjective, il n'est pas vrai et n'a jamais été vrai qu'une condition d'une révolution soit que les idées communistes soient fortes dans les masses. Comme une sorte de préalable.

Si l'on entend par là qu'il faut un parti, alors on parle de la condition d'une révolution victorieuse, mais pas d'une crise révolutionnaire qui n'a pas besoin de parti pour se produire.[/quote]
Tout à fait d'accord. Il s'agit là d'un argument basé sur une analyse de la praxis en 'cohérence', à mon avis, et non d'une Nième récitation de ce qui s'est produit dans des conditions particulières, à un moment particulier, décoonectée de toute réalité avec le capitalisme contemporain.
Stanislas
 
Message(s) : 0
Inscription : 16 Sep 2003, 07:39

Message par Weltron » 17 Sep 2003, 16:50

CITATION Mais sur la partie subjective, il n'est pas vrai et n'a jamais été vrai qu'une condition d'une révolution soit que les idées communistes soient fortes dans les masses. Comme une sorte de préalable.

Si l'on entend par là qu'il faut un parti, alors on parle de la condition d'une révolution victorieuse, mais pas d'une crise révolutionnaire qui n'a pas besoin de parti pour se produire.

Mais même en Russie en 1917, les masses ne sont pas entrées en lutte "pour le communisme" mais pour en finir avec l'existant. Par pour un idéal, mais pour sortir d'un véritable cauchemar. [/quote]

Oui, tu as effectivement raison sur ce point.

Quoi qu'il en soit, la situation sociale en Allemagne de l'Est avant la chute du mur était bien éloignée de celle que nous connaissons aujourd'hui en Europe. Ici, en bas "on peut encore", et en haut, "ils peuvent toujours". Cela ne veut pas dire que cela ne changera jamais, bien sûr ...

Toutefois, il me semblait important de me doter des quelques précisions théoriques que m'apporte ce thread, afin de critiquer une certaine vision de mes interlocuteurs (ou que, en tous cas, je leur prête), marquée par la tendance à occulter complètement les conditions objectives dans lesquelles peut se produire une révolution prolétarienne victorieuse.
Weltron
 
Message(s) : 0
Inscription : 25 Nov 2002, 15:10

Précédent

Retour vers Histoire et théorie

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 49 invité(s)