Conditions objectives d'une révolution

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Weltron » 16 Sep 2003, 08:07

Hello,

Au cours d'une récente discussion avec des militants de l'organisation autrichienne Linkswende (en France, Socialisme Par En Bas) s'est posée la question des conditions objectives pouvant mener à une révolution prolétarienne. Or, il se trouve que mes interlocuteurs ont défendu un point de vue très différent du mien.

La discussion a commencé losqu'un membre de l'organisation a déclaré que l'actuel mouvement anti-impérialiste pouvait porter en lui les germes d'une révolution et que, pour appuyer ses dires, il a évoqué la permière guerre mondiale et la révolution russe. J'ai répondu que je voyais quand même une grande différence entre maintenant et autrefois : à l'époque, les Européens ont directement souffert de la guerre impérialiste ; chaque famille ou presque avait un frère, un père, un mari ou un fils au front, et ceux qui restaient devaient trimer dans les usines. Aujourd'hui, et même si l'occupation irakienne a des répercussions dans le monde entier, la population européenne ne souffre pas autant qu'en 1917.

En gros, j'ai donc dit qu'une révolution prolétarienne ne pouvait avoir de chances de se produire qu'en cas de crise vraiment grave (je rappelle que je parle des conditions objectives d'une révolution).

La discussion s'est poursuivie avec un autre exemple, avancé par le même membre : celui de l'ex-DDR. Selon lui, la chute du mur de Berlin est la preuve qu'un mouvement de masse peut, même dans les conditions d'alors, mener à une révolution. Je dois dire que je n'ai pas su quoi répondre (la personne en question a grandi en Allemagne de l'Est et a vécu ces évéments directement), l'argument me paraissant plus que contestable. Avec le recul, je peux formuler ma réponse de la manière suivante : si le mur est tombé, c'est avant tout parce que les classes dirigeantes n'en avaient plus besoin. Il y avait certainement des personnes haut placées en DDR pour souhaiter voir le mur perdurer, mais la bourgeoisie européenne et nord-américaine (voire celle d'autres pays) n'avait rien contre sa disparition, au contraire. Donc, les gens qui ont manifesté avaient cette classe sociale derrière eux et, une fois n'est pas coutume, la bourgeoisie avait les mêmes intérêts qu'eux en ce qui concerne le mur. On est bien loin d'une révolution prolétarienne, où les travailleurs devront s'attendre aux attaques déchaînées de la bourgeoise, à l'intérieur comme à l'extérieur des frontières.

J'ai quand même poursuivi en disant que, selon moi, le rôle d'un parti révolutionnaire était, au moment de la crise profonde que j'évoque plus haut, de proposer aux masses la politique adéquate. Je fais cette précision car j'ai l'impression que mes interlocuteurs ont une vision exclusivement linéaire du processus, comme s'il s'agissait de convaincre le plus de gens possible jusqu'à ce qu'on soit assez pour faire la révolution, sans se préoccuper des conditions objectives ...

Je me tourne donc vers les intervenants de ce forum, et en particulier vers les camarades de LO (mais les réactions des autres sont également les bienvenues, évidemment :smile: ) :

1) Que pensez-vous des divers arguments avancés, dans cette discussion, par moi et par les autres militants ?

2) Il me semble avoir lu un jour un court passage de :lenine: où il dressait la liste des conditions objectives dans lesquelles le prolétariat pouvait prendre le pouvoir. C'était une liste assez formelle, composée de trois ou quatre points. Malheureusement, je ne me souviens plus où je l'ai vue. Quelqu'un sait-il de quoi je parle et pourrait-il m'en donner les références ?


Merci d'avances pour les réponses des uns et des autres !
Weltron
 
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Message par Barikad » 16 Sep 2003, 08:49

La citation de Lénine qui me semble la plus interressante à ce sujet est (je cite de mémoire): "La révolution devient possible lorsque les classe dominante ne peuvent plus exercer comme avant leur domination et losque les classe dominée ne peuvent plus accepter leurs dominations comme avant". C'est une citation trés approximative mais l'esprit générale me semble trés pertinents. Il faut effectivement un crise profonde de direction dans la domination bourgeoise et une révolte puissante des exploités et des opprimés pour réunir les conditions d'une révolution. Ce qui ne garantie en rien de sa réussite. Cela étant une autre question, celle du parti. Les deux ayant des liens, le parti travaillant aussi à faire grandir la colére des masse et se nourrissant de celle ci.
Barikad
 
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Message par Stanislas » 16 Sep 2003, 09:00

CITATION Il me semble avoir lu un jour un court passage de :lenine: où il dressait la liste des conditions objectives dans lesquelles le prolétariat pouvait prendre le pouvoir. C'était une liste assez formelle, composée de trois ou quatre points. Malheureusement, je ne me souviens plus où je l'ai vue. Quelqu'un sait-il de quoi je parle et pourrait-il m'en donner les références ?[/quote]

Je ne connais pas le passage en question, mais à mon sens le terme 'formel' que tu emploies est approprié. Les conditions dans lesquelles le prolétariat peut prendre le pouvoir dépendent 'objectivement' (justement) des conditions dans lesquelles le capitalisme s'exerce en tant que système dominant. Une liste prête à l'emploi me semble fort peu dialectique. Le capitalisme et ses modes de fonctionnement évoluent, quand bien même sa visée ne change pas. De même les conditions d'existence du prolétariat et de leur combat de classes évolue, et pour en revenir à Lénine, c'est avant tout " dans l'analyse concrète des situations concrètes " que l'on peut estimer les conditions possibles ou non d'une révolution.
Stanislas
 
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Message par Stanislas » 16 Sep 2003, 09:37

CITATION (Barikad @ mardi 16 septembre 2003, 09:49) "La révolution devient possible lorsque les classe dominante ne peuvent plus exercer comme avant leur domination et losque les classe dominée ne peuvent plus accepter leurs dominations comme avant"[/quote]
Je trouve le père Vladimir un peu 'rigide' si l'on se réfère strictement à cette optique. Cela revient à occulter pour partie la capacité du capitalisme à résoudre ses propres contradictions. Ce n'est que mon opinion bien entendu. Et peut-être faut-il replacer la citation en question dans la lecture globale du texte ?
Stanislas
 
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Message par Stanislas » 16 Sep 2003, 12:49

CITATION (Byrrh @ mardi 16 septembre 2003, 13:17)
En tous les cas, le rôle d'information et d'agitation coordonnées incombe encore au parti révolutionnaire et à sa presse (souvenons-nous de Trotsky parcourant le front dans son train blindé, ou des "agit-trains" couvrant toute la Russie comme le firent les colporteurs de gazettes à l'époque de la Révolution française).[/quote]
Pourquoi ce rôle doit-il être délégué au 'Parti-Guide' ? En quoi ce Parti peut-il s'octroyer le droit de maîtriser (canaliser ? - mais c'est peut-être là un procès d'intention) l'information et/ou l'agitation, dans la mesure il n'est qu'un levier du mouvement révolutionnaire ?
Stanislas
 
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