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Message Publié : 26 Sep 2010, 10:44
par Mano
Bonjour,

Je voudrais savoir quel est "le propos" de LO sur la question de l'agriculture. Pour moi, la plupart des agriculteurs sont des victimes du capitalisme. Il subissent la déréglementation des prix liés à la scaro sainte loi de l'offre et de la demande. Ils sont obligés d'investir, donc de s'endetter, pour rester compétitif.
Ils font des semaines de fou (70h) pour des salaires de misère (800€). Sans parler du scandale du travail des femmes. Je prends l'exemple d'une exploitation que je connais où la femme qui a travaillé toute sa vie va avoir droit à une retraite de 400€ par mois! La souffrance vécue par ses personnes liées au fait de faire un travail pénible, qui prend du temps pour une rémunération dérisoire est criante!!

Je suis parfois assez blasé des discours qui parlent des agriculteurs uniquement en terme de pollueur!

Message Publié : 26 Sep 2010, 10:55
par Zelda
a écrit :Ils font des semaines de fou (70h) pour des salaires de misère (800€).


Il y a autant d'agriculteurs que de cas, et l'exemple que tu poses en loi est à mon avis très loin d'être majoritaire.

Mes cousins agriculteurs (producteurs laitiers dans la plaine des Vosges, ils passent à la production de viande car c'est moins de boulot) ne font pas du tout des semaines de fous, en dehors de quelques périodes de haute saison, ils ont par exemple des hivers à temps très très partiels, mais peu de vacances. Encore qu'associés à deux frères en GAEC, ils peuvent en prendre des vacances, et financièrement, ça va bien pour eux, je ne sais pas ce qu'ils s'allouent comme salaire, mais leur train de vie est bien supérieur à celui de mes cousins ouvriers.
Pourtant ils ont une ferme avec 40 têtes de bétail.
Ils ont la vie (et la mentalité) de petits bourgeois type petits commerçants qui vivent (pour l'instant) assez bien de leur travail. Ils se sentent clairement bien plus méritants que des ouvriers. Ils génèrent bien sûr des profits aux trusts de l'agro-alimentaire, alors de ce point de vue, on peut parler d'exploités, ils n'ont pas de salariés agricoles, donc je ne les vois pas comme des exploiteurs... Ce sont des petits bourgeois, catégorie floue et mouvante.

Message Publié : 26 Sep 2010, 11:11
par Mano
Oui ce que j'ai cité est un exemple précis, mais d'un point de vu global, qu'elle est la position de LO?

Message Publié : 26 Sep 2010, 11:18
par Zelda
Loin de moi l'idée de parler au nom de LO sauf quand je les cite textuellement, mais ce que Lo m'a fait comprendre en me faisant lire Marx, c'est l'idée suivante :

... que la petite bourgeoisie est une catégorie sociale fourre-tout et disparate, qu'il est difficile de la regrouper en classe sociale aux intérêts homogènes.

Message Publié : 26 Sep 2010, 11:20
par Mano
Donc, je dois comprendre que les agriculteurs font partis de la classe bourgeoise?

Message Publié : 26 Sep 2010, 11:51
par Zappa
Les agriculteurs en France sont surtout des petits bourgeois au sens où ils possèdent leurs petites propriétés, leurs outils de travail. Aujourd'hui un nombre pas négligeable d'agriculteurs galèrent sec à cause des diktats des grosses entreprises, des prix du marché ect... Comme disait Zelda la petite bourgeoisie est fourre tout et traverse des situations bien différentes. Et alors que des agriculteurs se retrouvent ruinés et miséreux, le discours doit bien sûr être que seul le monde du travail peut garantir durablement aux agriculteurs le fait de vivre de leur travail dignement, sans supporter la pression des grands groupes capitalistes.
De toute manière dans les pays développés, si la classe ouvrière rallie pas des franges significatives de la petite bourgeoisie, la révolution fera pas long feu.

Message Publié : 26 Sep 2010, 11:53
par Sinoue
Bonjour Mano, je pense que si tu veux connaitre les positions de LO sur tel ou tel sujet, il vaut mieux que tu prennes directement avec un militant. C'est quand meme plus sympa de visu et de vive voix.

"Il subissent la déréglementation des prix liés à la scaro sainte loi de l'offre et de la demande. Ils sont obligés d'investir, donc de s'endetter, pour rester compétitif. "

Comme beaucoup de firmes multinationales d'ailleurs.

Pour ma part, ma position personnelle sur le monde agricole actuel est en réalité très proche de celle sur le monde industrielle en général. Il y a les propriétaires de grandes exploitations agricoles, et les ouvriers agricoles. Au milieu des quels se trouve un tas de couches allant des administrateurs aux petits exploitants, chacun se rageant occasionnellement dans l'un ou l'autre de ces deux camps antagonistes lors des affrontements.

Le saisonnier n'est pas propriétaire, si ce n'est de sa propre main d'oeuvre, c'est donc un prolétaire des champs. Le petit agriculteur n'a d'autre avenir que de tomber de son statut en se faisant employer par de grands propriétaires. Il peut éventuellement vivre en autarcie, mais c'est un cas marginal et compliqué.

Les positions des partis se réclamant du communisme ont été parfois très variables. Mais l'agriculture française aujourd'hui n'a plus rien à voir avec la russe ou la mexicaine du début du siècle dernier.

Pourquoi te poses tu cette question?

Message Publié : 26 Sep 2010, 12:12
par Mano
Je pense que l'on ne peut pas parler du monde agricole comme d'une "classe" unifiée ou structurée. Pour moi, certains sont clairement capitalistes, d'autres se rapprochent davantage du prolétariat. S'ils n'ont pas de patrons, ils en ont un plus ou moins direct: coopérative agricole, société agroalimentaire qui fixent des contraintes de plus en plus difficiles. L'exemple que je mets en avant illustre pour moi beaucoup de similitude avec la classe ouvrière. Et certains vivent une véritable souffrance psychologique car contrairement en plus aux ouvriers, ils sont isolés!

Message Publié : 26 Sep 2010, 12:18
par Jacquemart
Salut Mano

Voici un texte de LO qui date certes un peu, mais dont le fond n'a guère vieilli, et qui devrait répondre à certaines de tes questions.

Message Publié : 26 Sep 2010, 15:06
par Mano
Texte très intéressant. Je suis globalement d'accord et cela illustre ce que j'évoquais plus haut. Il mériterait d'être actualisé. Il serait aussi intéressant de parler du travail des femmes, j'entends par la des femmes des exploitants agricoles, ainsi que de la question de l'écologie.

Je trouve qu'il y a un élément qui n'est pas non plus assez évoqué: c'est l'isolement des exploitants agricoles et de la souffrance qui en résulte.