A propos du PS

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par stef » 02 Nov 2002, 23:08

Fred,

Quelques éléments de réponse.
a écrit :franchement, je ne vois pas où peut bien mener ta réflexion sur le PS et sa nature.

S'il s'agissait juste de satisfaction intellectuelle, ça n'aurait bien évidemment aucun intérêt.
C'est important pour la raison suivante. Si le PS demeure un parti du mouvement ouvrier, alors il est de très loin celui qui domine le mouvement ouvrier, au moins électoralement . Comme un trotskyste n'a pas la même orientation vis à vis d'un parti ouvrier que d'un parti bourgeois - pour des raisons que je considère comme acquise ici - ça devient essentiel.
Fondamentalement, vue la place prise par le PS, au moins électoralement - c'est un fait - déterminer une orientation vis à vis de lui est essentiel. Ce qui nécessite d'abord de s'accorder sur ce qu'est ce parti.

a écrit :Quant à dire que le PS serait un parti ouvrier parce que des ouvriers votent pour lui, c'est un raisonnement dangereux. Certains estiment, à tort ou à raison, que, vu son électorat populaire, le premier parti ouvrier de France est... le FN ! (...)

La caractérisation d'une organisation comme ouvrière ne s'appuie évidemment pas exclusivement sur sa base sociale. Sinon, effectivement, le cas du FN nous tombe dessus. Exemple inverse, d'ailleurs. Le PS US des années 1930 était essentiellement composé de petits bourgeois. C'était pourtant une organisation ouvrière - voir les textes de Trotsky sur la question.
Où est le mystère ? Il réside avant tout dans le diagnostic de pourquoi ce parti existe, quelle est la place politique qu'il occuppe. Dans le cas du PS, je répète qu'il n'existe que parce qu'il occuppe la place de la social-démocratie réformiste. C'est pour cela que les gens votent pour lui et pour rien d'autre. Ils votent avant tout en utilisant le seul outil qu'ils aient pour espérer en finir avec Chirac et se heurtent en permanence à la contradiction qui existent entre le sens qu'ils donnent à leur vote et la politique des dirigeants de ce parti (étant entendu qu'elle est identique sur le fond à celle de ceux du PCF).
Une dernière chose : la politique du PS de 2002 n'est pas plus réac que celle que menait G. Mollet et sa SFIO en 1956. La seule différence - et elle est importante - est que le PS ne dispose plus de "base ouvrière" qu'électorale. Ce qui donne une bien plus grande marge de manoeuvre à ses dirigeants bourgeois - mais pas plus bourgeois que Blum, Mollet ... ou Noske (l'assasin de Luxemburg-Liebknecht).

a écrit :Mais, justement, le PS s'appuit-il sur les ouvriers et les paysans ? Parle-t-il en leur nom ? Lorsque Fabius, Jospin ou Hollande font un discours, parlent-ils au nom des travailleurs ?

Qualitativement, leur discours est équivalent à celui d'un Blum, d'un Caballero (l'un des fossoyeurs de la révolution espagnole). Il est vrai que l'emballage est beaucoup moins "gauche". Mais sur le fond : quelle différence ?
Et puis, oui, le PS est forcé de s'appuyer sur les salariés pour que ses dirigeants puissent espérer revenir au pouvoir. C'est tout le fond de commerce d'un Emmanuelli, par exemple.
Dire cela n'est pas ignorer que leur discours s'est considérablement droitisé à partir de 1983. Mais encore une fois sur le fond : la politique du PS est 100% bourgeoisie depuis 1914. Ca n'a rien de neuf.
Je te renverse d'ailleurs la question : si ce n'est pas les couches populaires, quelle serait alors la base sociale du PS ? Les "bobos" ? Mais est-ce que ça suffit pour retrouver les ministères ?

a écrit :Faire pression sur le PS pour l'amener à mener une politique plus à gauche, n'était-ce pas justement la ligne officielle du PC, ces 5 dernières années ?

Non, justement. La ligne du PC était de couvrir à gauche la politique de la "gauche plurielle" qu'il a intégralement soutenue sur l'ensemble de ses apsects. Les dirigeants du PCF n'ont RIEN de plus à gauche que ceux du PS. Leur politique est aussi 100% bourgeoise. Exemple : Gayssot, le soutien de fait aux interventions impérialistes, etc.
Les déclarations du PC n'étaient donc pas hypocrithes. Elles étaient mensongères. Le rôle de sa direction était de faire passer la politique de la gauche plurielle (fût-ce au prix de la destruction du PCF) - et c'est cela qu'ils ont payé aux présidentielles.
Il n'y a aucun signe "plus" à donner aux dirigeants du PC vis à vis de ceux du PS. Ni historiquement (En vrac : Russie, Chili, Espagne, etc.) que conjoncturellement (depuis 1981 en France : ils ont tout fait passer aux cotés du PS).

a écrit :Vouloir faire pression sur la direction du PS pour qu'elle rompe avec la bourgeoisie me semble aussi sérieux que vouloir faire pression sur la direction de l'UMP pour qu'elle rompe avec le capital.

Il ne s'agit pas de faire "pression" au sens de "réformer" les dirigeants du PS - pas plus que ceux du PCF.
Il s'agit de comprendre que pour avancer la classe a besoin de souder ses forces d'une part et de se soumettre ses organisations - dont le PS mais pas seulement. Ce mouvement objectif tend à disloquer les bureaucraties.
C'est dans ce mouvement de centralisation des forces ouvrières que se construit l'organisation révolutionnaire, en exprimant ce qui est nécessaire.
Soyons plus précis. Je suis inconditionellement pour en finir avec le gouvernement UMP, pour un gouvernement des organisations du mouvement ouvrier. Maintenant il est bien évident qu'en cas d'existence d'un tel gouvernement - la seule alternative possible à l'UMP en 2002 - les dirigeants stals et du PS n'auraient rien de plus pressé que de remettre la bourgeoisie en selle. Autrement dit : ça ouvre des possibilités, ça ne résout rien définitivement. D'où la nécessité du parti révolutionnaire - qui agit alors dans une situation plus favorable.

Ceci dit, croire que les PS sont hermétiques aux sentiments des masses serait une grosse erreur. Exemple. L'un des PS à avoir été le plus loin est sans doute le Labour anglais (Blair et sa 3° voie, etc.). Et puis il y a eu l'affaire de l'Irak et la politique obscène de Blair. Ceci s'est soldé par une manif monstre contre l'intervention en Irak (300 000 personnes). Le lendemain, le congrès du Labour qui avait lieu ce jour là se divise sur : 1/ la poursuite des privatisations 2/ l'intervention en Irak...
Etant entendu que la base de toutes ces contradictions, c'est le fait que fait que les PS ne savent pas jusqu'où ils peuvent aller sans scier eux-mêmes la planche sur laquelle ils sont - autrement dit dégouter tellement les travailleurs qu'ils perdent tout espoir d'accéder au pouvoir.
stef
 
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Message par pelon » 08 Nov 2002, 12:59

Wolf

Je t'ai demandé (je ne sais plus où) quels étaient selon toi les critères qui pouvaient justifier que le PS était un parti ouvrier.

La seule chose que tu me réponds est que les travailleurs VOTENT PS. Et tu dis que finalement, le PC n'est pas plus ouvrier que le PS, que ça politique est fondamentalement la même, ce qui est vrai.

Il me semble que cette discussion ne nous mènera à rien, car chacun a donné ses arguments et j'ai l'impression qu'on tourne en rond.

Mais une remarque: nous ne nous demandons pas si le PS est un parti ouvrier comme pourrait le faire un biologiste qui se demande si tel animal est un mamifère. Nous nous posons ces questions dans un but MILITANT.

Et justement, dans notre action militante, dans les quartiers populaires, dans les entreprises, dans les syndicats, nous sommes confrontés aux militants du PC en permanence et très très rarement du PS. C'est ça qui fait que pour nous, c'est un parti ouvrier et c'est ça qui guide nos rapports avec le PC. C'est pour cela que nous n'avons pas tout à fait la même attitude envers le PC qu'envers le PS.

Quand nous faisons de la politique, nous la faisons d'abord pour les travailleurs du rang et ensuite pour faire des démonstrations politiques aux autres militants ouvriers. Je connais personnellement peut-être 20 ou 30 militants PC (et autant d'ex-PC) avec lesquels j'ai des rapports parfois fraternels et parfois conflictuels. Aucun du PS (et 1 seul des verts pour l'anecdote, et 1 alternatif).

Et ne pas se poser la question en ces termes, discuter de manière abstraite de ces problèmes c'est agir en universitaire et non en révolutionnaire.
pelon
 
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