La classe ouvrière

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Gaby » 09 Juil 2012, 13:38

(azadi @ lundi 9 juillet 2012 à 12:38 a écrit : Ce que je trouve hallucinant c'est la propension qu'ont certains gauchistes à utiliser la terminologie "classes moyennes" de la sociologie bourgeoise, catégorie fourre-tout et contradictoire créée pour diviser le prolétariat.
Sans compter les découpages ubuesques de l'Insee et son cortège de "professions intermédiaires" blablablablablah.
:roll:

Tu sais, une classe sociale peut aussi exister simplement à partir du moment où elle est une réalité dans les consciences des personnes, réalité finalement dérivée d'une situation différente (revenus plus élevés, sécurités en tout genre). Si un vaste groupe de personnes se reconnait derrière cette idée-là, alors il existe bien une "classe moyenne", ou plusieurs. On ne perd rien à affiner cette observation, maintenant il est bien important de proposer une politique à tous les travailleurs. Se refuser à employer le concept, c'est la méthode n'importe coué, même si l'on peut bien sûr souhaiter que tout le monde se reconnaisse dans les mêmes programmes et intérêts.
Gaby
 
Message(s) : 401
Inscription : 27 Fév 2004, 10:53

Message par com_71 » 10 Juil 2012, 00:22

(Gaby @ lundi 9 juillet 2012 à 14:38 a écrit : Tu sais, une classe sociale peut aussi exister simplement à partir du moment où elle est une réalité dans les consciences des personnes, réalité finalement dérivée d'une situation différente (revenus plus élevés, sécurités en tout genre). Si un vaste groupe de personnes se reconnait derrière cette idée-là, alors il existe bien une "classe moyenne", ou plusieurs.
Pas si on parle de classes sociales au sens de Marx.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
Avatar de l’utilisateur
com_71
 
Message(s) : 6006
Inscription : 12 Oct 2002, 00:14

Message par azadi » 10 Juil 2012, 07:56

(com_71 @ mardi 10 juillet 2012 à 01:22 a écrit :
(Gaby @ lundi 9 juillet 2012 à 14:38 a écrit : Tu sais, une classe sociale peut aussi exister simplement à partir du moment où elle est une réalité dans les consciences des personnes, réalité finalement dérivée d'une situation différente (revenus plus élevés, sécurités en tout genre). Si un vaste groupe de personnes se reconnait derrière cette idée-là, alors il existe bien une "classe moyenne", ou plusieurs.

Pas si on parle de classes sociales au sens de Marx.
Ce qui fait exister une classe sociale c'est son rapport au capital. Quelque soit le niveau du salaire ou les illusions idéologiques.
azadi
 
Message(s) : 3
Inscription : 30 Mars 2005, 10:53

Message par Puig Antich » 10 Juil 2012, 10:57

Chez Marx, classe moyenne veut dire bourgeoisie (la bourgeoisie en général, dans sa masse). D'ailleurs, ce n'est pas faux de faire le parallèle avec les classes qui se considèrent actuellement comme moyennes / moyennes-sup, car si elles sont rémunérées sous forme de salaire, elles sont rattachées par des milliers de voies à la bourgeoisie, ont intérêt à l'exploitation ouvrière, participent de l'encadrement capitaliste de la société, tout en ayant, parfois, un pied de l'autre côté de la barricade.
Puig Antich
 
Message(s) : 0
Inscription : 25 Nov 2004, 02:02

Message par Gaby » 10 Juil 2012, 11:26

Aux trois messages qui précèdent, une même réponse. Le sentiment d'appartenance à une classe a pour Marx une importance réelle. Il ne définit pas seulement les classes sociales en fonction de leur rapport en soi à l'organisation du travail, mais il accorde aussi de l'importance à la conscience que les individus ont d'eux-mêmes. Il suffit de lire ses textes sur la France pour voir qu'il y trouve par exemple important de différencier une bonne poignée de classes différentes. Bien sûr, la lutte du prolétariat contre l'arbitraire patronal est fondamentale parce qu'elle fonde le projet politique communiste, mais cela ne veut pas dire pour autant que Marx analyse la société comme un rapport à plat entre les propriétaires du capital, et les autres. Pas la peine de faire intervenir des barricades métaphoriques ici. Puig, ce n'est pas chez Marx que middle-class veut dire bourgeoisie, c'est chez les Anglais, où la noblesse conservait un poids encore au 19ème siècle, contrairement au contexte américain par exemple.

En tout cas, il faut se méfier des phrases à lourde emphase, du genre disant que les classes moyennes sont "liées de mille façons à la bourgeoisie"...
Gaby
 
Message(s) : 401
Inscription : 27 Fév 2004, 10:53

Message par Puig Antich » 10 Juil 2012, 11:50

Argumente
Puig Antich
 
Message(s) : 0
Inscription : 25 Nov 2004, 02:02

Message par com_71 » 10 Juil 2012, 14:01

(Puig Antich @ mardi 10 juillet 2012 à 11:57 a écrit : D'ailleurs, ce n'est pas faux de faire le parallèle avec les classes qui se considèrent actuellement comme moyennes / moyennes-sup, car si elles sont rémunérées sous forme de salaire, elles sont rattachées par des milliers de voies à la bourgeoisie...
Tu n'as jamais entendu d'authentiques prolétaires s'indigner : "ils veulent ruiner les classes moyennes" ? Moi si, plus d'une fois, et ils pensaient bien à eux...
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
Avatar de l’utilisateur
com_71
 
Message(s) : 6006
Inscription : 12 Oct 2002, 00:14

Message par Puig Antich » 10 Juil 2012, 15:17

Oui, oui. Même dans l'industrie et à la sortie des usines on entend des gens dire " il n'y a plus de classe ouvrière ". Après, il y a aussi d'authentiques classes moyennes, salariées par leur revenu, bourgeoises par leur pensée, leur pratique sociale, leur mode de vie, et, pour une bonne partie, par leurs intérêts.
Puig Antich
 
Message(s) : 0
Inscription : 25 Nov 2004, 02:02

Message par Gaijin » 16 Juil 2012, 21:31

Beaucoup de travailleurs aujourd'hui ne se pensent plus ouvriers. Un argument qui explique cet état de fait, c'est que, avant tout, l'idéologie dominante correspond à l'idéologie de la société. Nous sommes baignés en permanence par des idées petites bourgeoises. On est donc guidé a pensé "comme telle". Je dirai étouffé.

En dehors des périodes de lutte, en dehors des traditions ouvrières (en voie de disparition), en dehors de quelques militants, les gens ne se considèrent plus dans la classe ouvrière. C'est d'autant plus compréhensif que être ouvrier est considéré négativement. Aspect symptomatique, beaucoup de travail change d’appellation. On parle de "manœuvre", de "technicien de maintenance" pour l'ouvrier machiniste, de "technicien de surface" pour le balayeur. Etre ouvrier ne peut-être que "temporaire". Finalement, ce n'est pas tant que la société n'a plus de classe ouvrière, mais que celle-ci ne veut pas la voir.

Car si l'on regarde ce qui se passe dans les luttes, cette conscience renaît miraculeusement par jeune pousse. Même si la société est cependant capable (encore aujourd'hui) de désherber, elle finira tôt au tard par récréer les conditions propices pour la classe ouvrière. La classe (et la conscience) ouvrière est née de son rapport de force avec le capital. Je pense pas que le sentiment d’appartenance soit prépondérant par rapport aux conditions matérielles, sociales. Je ne nie pas, je remet juste les choses à leurs places.

Les travailleurs ont un bon matelas avant les mauvais jours et ne s'embarquerons pas dans des entreprises chimériques. Je pense que la vrai erreur est de prendre une photo de la situation actuelle et de dire merde, il y a plus de conscience ouvrière. Au cœur du cyclone, il y a pas de vent.
Gaijin
 
Message(s) : 0
Inscription : 24 Mai 2012, 21:57

Précédent

Retour vers Histoire et théorie

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 47 invité(s)