Questions/remarques

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Thibault » 18 Août 2012, 10:01

Bonjour à tous, je suis un nouveau sympathisant de Lutte ouvrière et deux questions me viennent à l'esprit.

Je lis souvent que le communisme serait la fin de l'exploitation qui, si je comprends bien, est le fait que le salaire est inférieur à la valeur produite par le travailleur.

Mais comment payer les travailleurs ou financer des investissements productifs sans exploitation ?

Autre sujet sans rapport, durant l'été, je travaille en intérim dans une usine agroalimentaire. Certaines tâches sont particulièrement dures, un ouvrier m'a dit devoir travailler encore 3 mois avant de prétendre au chômage qu'il attend impatiemment. Cela ne me choque pas du tout et je le comprends même carrément au vu du boulot (même si financièrement c'est dur). Ma question porte sur la gestion de ce type de situation avec l’avènement du communisme : cette tâche est indispensable au process de production et très difficilement mécanisable. Que faire : partager le travail afin de diminuer les cadences et/ou le temps de travail ? Est-ce envisageable ?

Voilà pour mes 2 questions concrètes :smile:

Merci d'avance pour votre aide.
Thibault
 
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Message par Zelda » 18 Août 2012, 12:08

Bonjour Thibault, et bienvenue sur le forum. :wavey:

a écrit :Je lis souvent que le communisme serait la fin de l'exploitation qui, si je comprends bien, est le fait que le salaire est inférieur à la valeur produite par le travailleur.


Oui, mais pas seulement :
Non seulement la location de la force de travail payée à l'ouvrier est inférieure à ce qu'elle produit réellement comme richesses dans le temps imparti, mais en plus, le capitaliste s'alloue automatiquement et nativement tout ce que l'ouvrier va produire dans le temps imparti.
Ce qui revient à dire que les capitalistes tiennent les rênes de l'économie, et le droit perpétuel (tant que le capitalisme règne en tout cas) de mettre en valeur (ou de gaspiller d'ailleurs, d'un point de vue social !) le travail humain.

L'idée du socialisme, c'est que la mise en valeur du travail humain est d'emblée chose collective et préparée et réfléchie comme telle.

Par exemple, le travaileur (n'importe quel membre de la société donc) a fourni ses 4 ou 6h de travail collectif quotidien (je dis au pif) : En retour, il a droit à tout ce que la société moderne peut lui offrir. Et le parasitisme de la bourgeoisie sur l'économie est aboli. Ca règlerait à priori déjà un certain nombre de gros problèmes que la bourgeoisie décrète insurmontables aujourd'hui : la faim dans le monde, le gaspillage à un bout de la société, les manques criants à l'autre...

Sur ta seconde question

a écrit :cette tâche est indispensable au process de production et très difficilement mécanisable


Là, comme ça, je ne vois pas pourquoi une tâche ingrate ou stupide ne serait pas mécanisable ? Tu as un exemple ?
Zelda
 
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Message par Thibault » 18 Août 2012, 13:59

OK pour la réponse à la première question. Pour schématiser peut-on dire que l'argent accaparé habituellement par la bourgeoisie servira à satisfaire les besoins de tous ?

Pour la suite, il s'agit de l'affinage de fromages, les machines existent (mais sont chères) et l'organisation est compliquée mais réalisable avec de la volonté donc finalement ce doit être possible (à condition de le vouloir :roll: ).
Thibault
 
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Message par Puig Antich » 18 Août 2012, 18:34

Si il n'y a plus de plus-value extorquée sur le travail, alors l'argent perd toute espèce d'utilité, puisque sa fonction en tant que capital est de s'accumuler, tandis que sa fonction en tant que moyen d'échange simple est périmée et peut être remplacée par des moyens plus sociaux (les bons de travail, non-accumulables, dans un premier temps, par exemple).

Le socialisme ce n'est donc pas juste supprimer la catégorie profit de la comptabilité, c'est supprimer l'argent comme tel, la valeur d'échange; et d'abord en s'attaquant à cette idée saugrenue, religieuse, fétichiste, que la richesse vient de métaux précieux, de virements bancaires ou de bouts de papiers, alors qu'elle vient de l'effort musculaire et intellectuel, dont les fruits ne doivent s'échanger que pour autant qu'il y a pénurie (c'est la raison historique de l'apparition de l'argent), ou alors qu'ils sont accaparés par une classe de capitalistes, de bureaucrates et de marchands.

Le communisme est donc abolition de l'échange (de l'échange marchand) dans la planification de la réponse que donne la société à ses besoins, aux besoins de ses membres. Dans le capitalisme, tout part du besoin en trésorerie de l'entreprise, qui doit investir à une échelle toujours plus large pour valoriser son capital ; dans le communisme, tout part du besoin social, et c'est lui qui décide de l'échelle à laquelle on investit l'effort.

Dans la première phase, inférieure, du communisme, qu'on appelle aussi socialisme, il y a encore cet échange qui se manifeste par le fait que tout le monde doit travailler, pour avoir accès à sa part des produits du travail. Mais même cette obligation de travail, qui est un échange entre l'individu et la société, disparaît progressivement dans l'auto-régulation sociale, pour autant qu'il y a un contexte d'abondance matérielle.
Puig Antich
 
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Message par Thibault » 19 Août 2012, 07:46

Merci pour les réponses :smile:
Je parcours l'ABC du communisme de Boukharine sur le net où l'abolition progressive de l'argent est expliquée.
Que pensez-vous de ce livre (je cherche à accroitre mes compétences théoriques) ?
Thibault
 
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Message par Schuhmann » 19 Août 2012, 10:30

Salut Thibault !
La lecture de l'ABC est intéressante.
Mais, dans mon souvenir, elle montre surtout la situation dans laquelle les bolcheviks devaient former d'urgence, en pleine guerre civile (1919-1920), des milliers de militants qui venaient soutenir la révolution. Ils n'avaient souvent aucun bagage théorique ou littéraire !
Bonne lecture, mais les camarades peuvent te conseiller bien d'autres ouvrages !
As-tu lu Le manifeste ? L'Etat et la Révolution ? Le traité d'économie politique d'Ernest Mandel ? Pour vivre la révolution, la biographie de Trotsky par Deutscher est magnifique.
Schuhmann
 
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Message par Thibault » 19 Août 2012, 14:25

Bonjour.
Oui, j'ai lu le Manifeste mais pas les autres livres cités.
Thibault
 
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Message par Thibault » 19 Août 2012, 18:00

(Puig Antich @ samedi 18 août 2012 à 19:34 a écrit :Mais même cette obligation de travail, qui est un échange entre l'individu et la société, disparaît progressivement dans l'auto-régulation sociale, pour autant qu'il y a un contexte d'abondance matérielle.

Concernant l'échange travail-accès aux richesses, je ne vois pas comment on peut l'abolir :huh:
Thibault
 
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Message par clavez » 21 Août 2012, 12:03

pour prendre un exemple sommaire, dans la famille, l'accès au x richesses familiales n'est pas conditionné par un apport de travail.
A la fête de LO, l'accès aux choses est lié au besoin que les camarades en ont.
Toutes les formes de coopérations sont envisageables une fois qu'il n'y a pas de pénurie.
clavez
 
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Message par Zelda » 21 Août 2012, 12:33

(Thibault @ dimanche 19 août 2012 à 19:00 a écrit :
(Puig Antich @ samedi 18 août 2012 à 19:34 a écrit :Mais même cette obligation de travail, qui est un échange entre l'individu et la société, disparaît progressivement dans l'auto-régulation sociale, pour autant qu'il y a un contexte d'abondance matérielle.

Concernant l'échange travail-accès aux richesses, je ne vois pas comment on peut l'abolir :huh:

Une personne en situation de handicap mental lourd, par exemple, même dans notre société capitaliste, coûte toute sa vie cher à la société et ne lui rapporte rien. Je pense à ma cousine trisomique, d'une forme de trisomie particulièrement invalidante. Elle a surtout été soutenue par sa famille, mais aussi (pas assez) par la collectivité, tant qu'elle n'avait pas 18 ans en tout cas.
C'est la preuve d'une société assez élaborée, qui n'attend pas de chaque individu une rentabilité individuelle.
Par contre, il y aura toujours obligatoirement une rentabilité moyenne de l'individu moyen dans son apport à la société. Une société ne peut pas globalement ou indéfiniment dépenser plus de richesses qu'elle n'en génère.
Mais une société communiste aura à coeur de rentabiliser au maximum le travail humain, c'est à dire d'informatiser et robotiser au maximum, pour faire faire aux humains un travail intelligent, car c'est la particularité profonde de l'homme.
L'affinage de fromage, s'il s'agit de les retourner selon certains critères horaires, apparaît au contraire très facile à automatiser... S'il y a d'autres critères (d'odeur ou d'analyse), c'est effectivement plus délicat.
Zelda
 
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