Disparition d'Eric Hobsbawm

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par artza » 06 Oct 2012, 17:16

(luc marchauciel @ samedi 6 octobre 2012 à 09:52 a écrit :
(bennie @ samedi  6 octobre 2012 à 08:43 a écrit : J'ai lu "Nations et nationalismes depuis 1780" .
Ca m'avait intéressé.

Pareil.

Artza, tu ne peux pas juger l'oeuvre d'un historien avec travers telle ou telle connerie qu'il raconte, surtout si ce n'est de la petite anecdote personnelle (plus fondamentalement, on pourrait sans douter évoquer à propos de son "Age des extrêmes" des parties sur l'URSS qui témoignent d'une vision réformiste-stalinienne du monde). Si LO faisait ça, elle ne pourrait plus inviter grand monde à venir présenter leurs bouquins à la fête.

Je n'ai jamais prétendu juger de l'oeuvre de Hobsbawm.
Je n'en aurais d'ailleurs pas la compétence.

J'ai simplement exprimé mon sentiment de dégoût plus pour l'ambiance que pour le bonhomme lui-même.

LO invite qui elle veut et qui veut bien venir à sa fête.

Hobsbawm aurait-il accepté?

Ca m'aurait pas empêché de digérer ma charlotte.
Pas sur que j'aurais été l'écouter.

Rassure-toi je n'ai pas les moeurs de certains, un peu stal tiens justement, d'aller pertuber sa prestation. :smile:
artza
 
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Re: Disparition d'Eric Hobsbawm

Message par Byrrh » 20 Sep 2019, 09:52

Lu dans Lutte ouvrière n°217 du 23 octobre 1972 :

LES BANDITS
E. J. Hobsbawn


Le livre d'Hobsbawn est une étude sur le « banditisme social ». Par ce terme, l'auteur désigne un certain type d'aventuriers qui, dans les sociétés agraires en crise, sont considérés comme des criminels par les autorités et les possédants et, comme des héros par la masse des paysans.

De Robin des Bois à Cartouche, en passant par Pancho Villa ou les Haïdoucs d'Europe Centrale, ces « bandits sociaux », sortis de la paysannerie, sont encore liés à elle par mille liens. Leur territoire se limite, la plupart du temps, à une région relativement étroite dont ils connaissent bien et la géographie et les habitants. Bien souvent, c'est le paysan qui les cache, les abrite, les nourrit de son plein gré... mais parfois aussi sous la menace.

D'où provient alors l'auréole dont la population pauvre les entoure ?

Simplement du fait que leurs actions de récupération individuelle s'exercent tout naturellement contre les possédants, c'est-à-dire contre les propriétaires terriens, les marchands et les fonctionnaires de l'Etat. Et le fait que les riches se fassent dévaliser apparaît bien souvent aux pauvres comme une juste revanche de la situation d'oppression dans laquelle ils se trouvent. De là à prêter aux « bandits sociaux » des nobles sentiments qu'ils n'avaient parfois pas, il n'y a qu'un pas que l'imagination populaire a aisément franchi. De plus, dans les sociétés féodales ou semi-féodales, l'admiration que leur témoignent les pauvres provient souvent du fait que ces « bandits » se disent libres à l'égal des nobles et, comme eux, portent les armes. Organisés en bandes (composées la plupart du temps de jeunes vachers, bergers, déserteurs), ces bandits ont souvent formé l'ébauche d'une paysannerie libre, refusant les contraintes de la société féodale. Ce sont eux qui, en Russie par exemple, donnèrent naissance aux communautés cosaques que le tsar tentera de gagner en leur attribuant des privilèges, après avoir vainement essayé de les écraser par les armes.

Mais là encore l'imagination populaire intervient. Pour le paysan asservi, comme ces hommes sont libres, ils ne peuvent être que nobles. Et on leur forge alors tout un passé mythique de « bons » nobles, injustement spoliés par les méchants et qui se sont mis du côté du peuple. Et cet « anoblissement» fictif se retrouve aussi bien en Europe Centrale qu'en Asie ou en Amérique du Sud.

Hobsbawn montre assez bien comment l'apparition des « bandits sociaux » correspondant à une crise des sociétés agraires, est une des réponses que la paysannerie donne à cette crise. L'appauvrissement et la ruine des paysans les poussent vers cette forme de révolte individuelle. Lorsque la révolte devient collective, on voit parfois ces « bandits sociaux » être tout naturellement portés à la tête des armées paysannes du fait de leur expérience des armes.

Regrettons qu'Hobsbawn n'ait fait qu'effleurer cet aspect du banditisme social que l'on retrouve aussi bien dans la révolution mexicaine de 1911 qu'aux origines de la révolution agraire en Chine.

Mais il était difficile, en moins de 150 pages, de passer en revue tous les aspects de ce phénomène. Un petit livre d'un grand intérêt.

Jean LIEVIN.

Petite Collection François Maspero. Prix 6,50 F.

Une remarque au passage : les camarades qui se sont chargés de la numérisation des collections d'anciens numéros de Lutte ouvrière ont fait œuvre utile, mais cette œuvre aurait pu être parachevée d'une façon relativement simple, en ouvrant chacun des PDF sortis du scanner avec le logiciel Acrobat Pro et en lançant la "reconnaissance du texte par ROC". Cela aurait ensuite rendu possible la recherche de texte dans ces PDF (sans parler de l'indexation automatique Google), tout en conservant l'aspect visuel des scans. C'est ce qu'avait fait l'association RaDAR pour ses DVD de collections anciennes de Rouge.

De mon côté, j'ai téléchargé l'ensemble des numéros parus dans les années 1970 et je leur ai fait subir ce traitement ; je n'ai pas retapé cet article de 1972 sur un ouvrage d'Eric Hobsbawm : il s'agit d'un copier-coller réalisé depuis le PDF. Il n'y a que l'année 1973 que je n'ai pu convertir : les PDF sont bien trop lourds et font planter le logiciel.
Byrrh
 
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