Analyse de la crise (texte du dernier congrès de LO)

Marxisme et mouvement ouvrier.

Re: Analyse de la crise (texte du dernier congrès de LO)

Message par Gaston Lefranc » 05 Jan 2014, 11:05

Spartacre, je suis d'accord avec toi qu'il ne suffit pas de dire "abrogation du capitalisme". Bien entendu. Mais d'articuler nos mots d'ordre avec la nécessité du pouvoir des travailleurs pour les imposer : il me semble que c'est ceci la logique de transition. Et pas simplement avoir des mots d'ordre qu'on pense susceptible d'être repris par les travailleurs (c'est une condition nécessaire mais pas suffisante d'une logique transitoire).

Par exemple, sur la question des licenciements, je pense qu'il est erroné de demander une loi d'interdiction des licenciements, car si c'est impossible de l'obtenir - sommes nous d'accord là dessus ? - pourquoi se fixer un objectif impossible ? Pourquoi faire croire qu'il est possible d'obtenir de telles choses dans le cadre du capitalisme ? Cela apparaît à juste titre comme lunaire pour les travailleurs.

Il ne s'agit évidemment pas de renoncer à l'objectif de l'interdiction des licenciements, mais de proposer d'articuler ce mot d'ordre au pouvoir des travailleurs ; à mon avis :

- en se battant à court terme, quand il y a des plans de licenciements, pour l'expropriation et la nationalisation sous contrôle ouvrier des entreprises qui licencient. Car c'est la seule façon d'empêcher les licenciements. Il faut se battre pour que l'Etat garantisse la pérennité des emplois, car c'est le seul qui peut le faire, même si l'entreprise ne dégage pas de profits. Il est impossible d'obtenir d'un patron qu'il ne ferme pas sa boîte si elle n'est pas rentable (du coup, en général, on essaie de démontrer que le taux de profit est mirobolant, alors même que ce n'est pas le cas : car la crise est bien une réalité, et on ne peut pas conditionner notre refus des plans de licenciements au fait que l'entreprise dégage des profits...)

- en articulant cet objectif de court terme (évidemment difficile à atteindre, mais possible dans le cadre du système, contrairement au fait d'obtenir une loi d'interdiction des licenciements, antagonique au capitalisme) avec la nécessité de rompre avec la logique du profit, et donc d'exproprier les grands groupes capitalistes, ce qui pose directement la question du gouvernement des travailleurs pour réaliser cela.

Je ne crois pas qu'un tel discours relève du bordiguisme ou de l'abstraction pure "abrogation du capitalisme". C'est à mon avis un discours de vérité sur ce qu'il est possible d'obtenir dans le cadre du capitalisme, et sur la nécessité de rompre avec le capitalisme pour en finir avec les licenciements et le chômage de masse.
Gaston Lefranc
 
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Re: Analyse de la crise (texte du dernier congrès de LO)

Message par Jacquemart » 05 Jan 2014, 11:41

Juste sur un point, mais qui me tient à cœur : si on persiste à appeler « la crise » à la fois le récent soubresaut (depuis 2008) et la période qui dure depuis presque quarante ans maintenant, on s'empêche de comprendre ce qui se passe. Les deux phénomènes sont liés , mais distincts par leurs mécanismes et leurs effets. Désolé pour les métaphores médicales, mais c'est un peu comme une personne atteinte du sida qui attrape une grippe. Les deux sont des maladies, mais la grippe n'est pas le sida.

Bref, Gaston martèle que tout est dans la loi de la baisse du taux de profit, et que toute explication de la « crise » qui contredit (au moins au premier abord) l'idée que le taux de profit baisse est à rejeter. Cette manière de poser les problèmes me gêne un peu, parce que si jamais les faits montraient qu'on était face à une période de hausse du taux de profit, elle serait bien capable de nous dire que c'est les faits qui ont tort. Or, la loi de la baisse du taux de profit repose sur des hypothèses (plus implicites qu'explicites) sur la configuration du progrès technique et de la répartition des revenus. Mais ces hypothèses, même si elles sont probables, ou fréquentes sous le capitalisme, ne sont pas impératives — Marx lui-même le savait bien, qui avait identifié un certain nombre de « contre-tendances » possibles à la loi.

Bref, et pour en revenir à mon plus gros mouton, il y a donc une « crise » (disons, une trajectoire poussive et marquée par l'explosion de la finance, je préfère mettre « crise » entre guillemets vu ce qui précède) du capitalisme depuis les années 1970. Gaston affirme en substance que s'il y a crise, elle doit affecter les profits, et que si elle n'affecte pas les profits, ce n'est pas une crise. Mais une telle manière de raisonner obscurcit davantage les choses qu'elle ne les éclaire. Si le capitalisme est dans une configuration qui voit tout à la fois un taux de profit élevé et une production et des salaires à la traîne, c'est une forme de crise. Sans doute pas la même que celle qui affecte le taux de profit, mais une crise tout de même.

Je crois que le principal argument de Gaston se ramène au fond à l'idée que si le taux de profit est élevé, alors les capitalistes devraient nécessairement investir, et il n'y aurait ni stagnation de la production, ni chômage chronique et massif dans les pays développés. C'est en cela qu'il serait totalement contradictoire de parer d'une (longue) période de « crise » avec un divorce entre profits et investissements. Mais

1) On peut renverser l'argument : si réellement le taux de profit ne s'est pas rétabli dans les années 1980, d'où vient l'accumulation financière ? D'où vient l'ascension fulgurante des transactions monétaires, et surtout l'escalade des montants des fusions-acquisitions ? Avec quel argent, et dans quel but, les entreprises se rachèteraient-elles ainsi les unes les autres de plus en plus cher si leurs taux de profits étaient miteux ?

2) Il n'y a pas de contradiction logique entre un taux de profit relativement élevé sur la durée et l'atonie des investissements. Il suffit pour cela de constater qu'on est dans une configuration où la remontée du taux de profit a été obtenue par des moyens qui dépriment la demande (creusement des inégalités, pression sur les salaires). Dès lors, les entreprises peuvent fort bien dégager des bénéfices (éventuellement considérables) sur la base des capacités de production existantes sans avoir comme perspective de développer celles-ci étant donné la trajectoire générale du système (et, si l'on veut, en s'adaptant ainsi à cette trajectoire, elles la renforcent). Et voilà pourquoi, en nombre toujours croissant, les bénéfices qui ne sont pas gaspillés en consommation de luxe cherchent une issue du côté des activités financières.

Quoi qu'il en soit, pour départager les différentes explications, le raisonnement ne suffit pas : il faut aller voir les faits et le taux de profit lui-même. Encore une fois, je sais qu'une ardente polémique oppose différents économistes, et j'avoue ne pas avoir eu le courage de me plonger dans le détail des arguments. Mais in fine, c'est là que réside l'argument définitif. Pour les lecteurs intéressés, je mets en lien un article de Michel Husson qui me semble reprendre les principaux points de la discussion (avec une position opposée à celle de Gaston). Je ne me suis pas plongé dans le détails techniques, mais la « musique » d'ensemble me paraît juste, y compris dans la partie consacrée à la loi de la baisse tendancielle du taux de profit :

http://hussonet.free.fr/tprof9.pdf

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Re: Analyse de la crise (texte du dernier congrès de LO)

Message par erou » 05 Jan 2014, 12:44

modération : Post sans rapport avec la discussion, et par ailleurs copié-collé sur le net. Une telle contribution n'est pas admissible sur ce forum

Rappelons qu’actuellement, la masse de capitaux parasitaires et spéculatifs qui ne peuvent plus directement s’investir dans la production par manque de rentabilité correspond à la somme faramineuse de pratiquement 700000 milliards de dollars !!
C'EST UNE REPONSE CONCRETE A LA QUESTION DU TAUX DE PROFIT.
Si les capitalistes trouvaient une rentabilité suffisante dans l'économie réelle, nul doute qu'ils y investiraient!
Les forces productives sont prises dans l’étau de l'antagonisme entre leur nature d'instruments du travail concret au service des besoins d'humanité et leur forme de capital productif assoiffé de plus-value ; elles tendent à s'amputer de leur propre surplus, inutilisable pour leur mise en valeur en tant que capital productif.
Elles sont contaminées par le parasitisme et la putréfaction du mode de production dans le cadre duquel elles fonctionnent : elles tendent à se nier elles-mêmes, à se transformer en forces de destruction.
erou
 
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Re: Analyse de la crise (texte du dernier congrès de LO)

Message par Doctor No » 05 Jan 2014, 17:37

Cette phrase nécessite (pour moi) des éclaircissements.
(Erou) Rappelons qu’actuellement, la masse de capitaux parasitaires et spéculatifs qui ne peuvent plus directement s’investir dans la production par manque de rentabilité correspond à la somme faramineuse de pratiquement 700000 milliards de dollars !!

Un "capital" qui n'est pas investi, est-il un capital ou de l'argent tout simplement? Un "capital potentiel"? (probablement)
Et s'il s'agit des sous dans des banques, ou autres formes ou organismes, est ce qu'ils servent à quelque chose?
Encore, les possesseurs de ces sommes, les laissent-elles "dormir" ou tirent-ils des intérêts (ce qui a mon avis représente les investir d'une manière ou d'une autre car la "spéculation" doit, pour fructifier, être investi réellement quelque part sous quelque forme, ou non?)
Tout ce parler des sommes faramineuses, plusieurs fois la valeur réelle de tout les avoirs et marchandises du monde, a t-il une réalité objective ou ce sont des "possibilités", des "jeu comptables" ou autre chose virtuelle, des concepts théoriques par exemple; ou des sous vrais, constants et sonnants?
Ce que je vois mal des capitalistes laisser des énormes sommes à dormir, sans même tirer un tout petit profit sur elles (parce que la "loi de la baisse tendancielle du taux de profit" ne veut pas dire, je pense, zéro profit ou un taux proche de zéro, non?)
Autrement d'où vient le profit, très réel et concret, des capitalistes?
Gaston dit que "ça baisse"; Husson dit que "ça monte", quelques-uns se basent dans les particularités de la crise pour contester les thèses de Gaston. J'ai lu ça chez d'autre économistes du NPA.
Erou sort sa marotte des "forces destructrices" même si on ne lui demande rien...(qui doivent s'appliquer à des moments de forte crise je pense, donc pas tout le temps)
Sur la "fin de la crise" (donc sur la destruction nécessaire du capital fixe et variable= meilleur solution capitaliste) on ne voit pas de sortie. Tout de même des articles de presse parlent d'un "rétablissement des profits des entreprises" et des augmentations de la production industrielle.
Y a t-il moyen de comprendre quelque chose?
Si, la seule chose que je "comprends" (?) ce que s'il s'agit d'une crise de sous consommation, Mélenchon c'est l'homme (alors pourquoi les capitalistes le boudent? Mystère...), mais s'il s'agit d'une crise de baisse de taux de profit il ne reste que la guerre, la ruine ou la révolution.
Que de passerait donc si on sort de là, lentement, tout en perdant du pouvoir d'achat? Et comment expliquer la différence de développement des pays capitalistes?
Que faire de l'Afrique qui se développe plus rapidement en ce moment même? Et d'autres pays émergents? Toute l'Amérique Latine, et en moins de 40 ans est passé des pays à forts relents semi féodaux à des pays capitalistes par la liquidation du problème agraire (agricultures capitalistes, industrialisation naissante, capitalisation) L'Afrique prends le même chemin.
Il faudrait qu'au lieu de répéter des trucs, on étudie (ceux qui peuvent) les choses. Mais il faudra des têtes, parce que si même pour Marx il s'est cassé les dents et i la failli laisser tomber, alors là aujourd'hui...
On sait que ça va pas, mais pourquoi...ça, à peu près seulement.
Finalement peut-être que tant que le capitalisme n'ait pas égalisé la planète entière, ces lois souffriront toujours des exceptions.
Doctor No
 
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Re: Analyse de la crise (texte du dernier congrès de LO)

Message par Gaston Lefranc » 05 Jan 2014, 21:38

Salut, pour répondre au dernier message de Jacquemart :

1) Jacquemart nous dit que je serais capable de dire que les « faits » ont tort pour coller à mon explication a priori. Or, précisément, j'ai montré dans mes messages précédents que les faits n'étaient pas ceux exposés par le texte de LO.

En l'occurrence, et j'ai moi même mené une étude à partir des données que nous fournit la comptabilité nationale française (cf. http://tendanceclaire.npa.free.fr/conte ... df-480.pdf) pour établir que la diminution de la part des profits qui sont investis est un mythe. C'est faux, et on a même constaté le contraire dans la période précédent le déclenchement de la crise de 2008 : un « surinvestissement », c'est-à-dire une augmentation de la part des profits qui sont réinvestis. Cela n'a d'ailleurs rien de surprenant : cette part a tendance à augmenter dans les phases ascendantes du cycle, et à diminuer dans les phases descendantes du cycle. Et c'est ce qu'on constate aujourd'hui. Bien entendu, on n'est pas obligé de me croire sur parole, on peut m'accuser d'avoir manipulé les données. Mais dans ce cas, il faut l'établir, plutôt que de dire que cela contredit la petite musique qu'on entend chez les keynésiens ou les marxo-keynésiens.

2) Oui, j'affirme que si il y a crise, cela doit affecter les profits. C'est une évidence, car le taux de profit est le thermomètre de la santé du capitalisme. Si le taux de profit est élevé, c'est que capitalistes parviennent à produire et à réaliser la plus-value ! Donc par définition, si le taux de profit est élevé, tout va bien pour l'économie capitaliste. Cette déconnexion entre croissance et profit n'existe pas.

C'est dommage qu'on ne puisse pas se mettre d'accord là dessus. Cela permettrait ensuite de discuter des causes de la crise : car même si l'explication de la crise est la bonne (à savoir des salaires trop faibles), cela affecte nécessairement le taux de profit ! Car si les capitalistes n'arrivent plus à vendre leurs marchandises en raison des salaires trop faibles, cela a bien entendu des conséquences sur le taux de profit !

3) Jacquemart s'interroge :

« Si réellement le taux de profit ne s'est pas rétabli dans les années 1980, d'où vient l'accumulation financière ? D'où vient l'ascension fulgurante des transactions monétaires, et surtout l'escalade des montants des fusions-acquisitions ? Avec quel argent, et dans quel but, les entreprises se rachèteraient-elles ainsi les unes les autres de plus en plus cher si leurs taux de profits étaient miteux ? »

Là, je crois qu'il y a une confusion. Par définition, les profits (en tout cas ceux mesurés par la comptabilité nationale) correspondent à la valeur monétaire de marchandises qui sont vendus. Et ces marchandises correspondent soit à des moyens de production (investissement), soit à la consommation des capitalistes. Il n'y a pas une troisième composante qui serait la spéculation financière. C'est ici confondre le capital réel et la plus-value réelle avec le capital fictif.

Quand une banque centrale crée massivement de la monnaie centrale, quand une banque commerciale fait des prêts qui ne financent pas l'accumulation du capital mais la spéculation, on ne peut évidemment pas considérer que toute cette monnaie correspond à une part des profits ! Or, il me semble que Jacquemart fait ce raisonnement quand il voit dans le boom de la spéculation, la preuve que les profits sont très élevés.

Comment peut-on imaginer que la création gigantesque de liquidités par les banques centrales depuis le début de la crise sont une preuve que les profits sont élevés ? C'est magique, et c'est céder à l'illusion nominaliste qu'il suffit de créer de la monnaie pour faire monter les profits.

4) Jacquemart affirme :

« Il n'y a pas de contradiction logique entre un taux de profit relativement élevé sur la durée et l'atonie des investissements. Il suffit pour cela de constater qu'on est dans une configuration où la remontée du taux de profit a été obtenue par des moyens qui dépriment la demande (creusement des inégalités, pression sur les salaires). »

Et bien si, il y a une contradiction, et l'argument que donne Jacquemart me semble faux. Quand le taux de profit est élevé, c'est que les capitalistes parviennent à vendre leurs marchandises, et donc que la demande est élevée. En fait, Jacquemart fait dépendre le niveau de l'accumulation du niveau des salaires (qui déterminerait la demande), alors que Marx fait dépendre la vigueur de l'accumulation du taux de profit, ce qui permet de comprendre que la baisse des salaires joue positivement sur le taux de profit et donc sur l'accumulation.

« L'exemple » chinois est quand même une belle illustration qu'une très forte accumulation avec des salaires très faibles (par rapport aux profits). Et ce qui plombe le taux de profit et qui menace l'accumulation, ce n'est pas que les salaires sont trop faibles, c'est la hausse de la composition organique du capital (cf. un texte que j'ai déjàç cité : http://actuelmarx.u-paris10.fr/cm6/com/ ... Mylene.doc)
Gaston Lefranc
 
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Re: Analyse de la crise (texte du dernier congrès de LO)

Message par pouchtaxi » 11 Jan 2014, 16:05

Le débat lancé par Gaston Lefranc semble tourner court.

La contribution initiale de GL cite un passage du livre II du Capital. C’est le joli passage sur la tautologie et la demande solvable de consommation qui est destiné à foudroyer le « keynésianisme à 100% » du texte sur la crise du dernier congrès de LO.

Relançons ce jeu, un brin scolastique mais amusant, des citations célèbres :

Livre III, chapitre XXX du même Capital :

« La raison ultime de toute véritable crise demeure toujours la pauvreté et la limitation de la consommation des masses, en face de la tendance de la production capitaliste à développer les forces productives comme si elles n'avaient pour limite que la capacité de consommation absolue de la société. »

(page 446 du livre III de la petite édition de poche des éditions sociales de 1977 ou bien dans la Pléiade, économie II, page 1206 mais la numérotation des chapitres n’est pas le même.)


Pour les puristes de la langue, une version allemande :

« Der letzte Grund aller wirklichen Krisen bleibt immer die Armut und Konsumtionsbeschränkung der Massen gegenüber dem Trieb der kapitalistischen Produktion, die Produktivkräfte so zu entwickeln, als ob nur die absolute Konsumtionsfähigkeit der Gesellschaft ihre Grenze bilde."


(MIA)




Misère du schématisme 100 % et misère de cette tournure d’esprit qui prétend jauger un courant du mouvement ouvrier à travers l’absence ou bien la présence de quelques mots-clés fétichisés dans un texte.

J’imagine que GL aura quelque scrupule à traiter Marx de keynésien et de sous-consommationniste. J’imagine aussi qu’il va m’expliquer que je n’ai rien compris, que la citation est séparée de son contexte ou encore que la traduction est mauvaise et que d’ailleurs le travail éditorial d’Engels est discuté…

Bon enfin, remercions GL d’avoir pris la peine d’informer les amis de LO de l’existence de la LBTTP et de ses contre-tendances.

Fraternellement.
pouchtaxi
 
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Re: Analyse de la crise (texte du dernier congrès de LO)

Message par Gaston Lefranc » 11 Jan 2014, 23:53

Si tu veux jouer au "jeu" des citations, il faut être capable de les interpréter. C'est ce que fait Mick Brooks (ici par exemple : http://www.karlmarx.net/marx-crisis-the ... sispartone ), où il explique que pour Marx, la "raison ultime" ne renvoie pas du tout à un mécanisme causal qui expliquerait la crise, mais renvoie à l'essence du capitalisme. C'est une phrase très générale, et Marx n'y développe pas une explication des causes qui conduisent à la crise. Cela, il s'en occupe dans la section III du livre III.

Je sais bien que les sous-consommationnistes s'appuient sur cette citation. C'est vraiment une défense bien faible de leurs théories. Le jeu des citations ne m'intéresse guère. Il me semble avoir donné des arguments dans mes messages. Il serait préférable de continuer la discussion sur la base de raisonnements. Je n'ai pas critiqué l'analyse de LO sur la base de "l’absence ou bien la présence de quelques mots-clés fétichisés dans un texte". Réduire la discussion que nous avons entamé à une bataille de citations ou de mots clé, c'est refuser de discuter sur le fond des divergences entre nous.

Marx n'est pas une bible où il faudrait trouver la cause des crises dans une phrase qui donnerait la "clé". Dans le livre III, il y a toute une section (la III) où Marx travaille en scientifique pour comprendre ce qui amène à la crise. Si on se donne la peine de suivre le raisonnement de Marx, on comprend que le blocage des salaires, le faible pouvoir d'achat des travailleurs n'est pas une cause de la crise, mais une conséquence de la crise, et qu'il constitue une contre-tendance à la tendance à la baisse du taux de profit qui conduit à la crise. Et ce n'est pas une phrase très générale, et alors que Marx n'étudie pas les causes des crises, qui peut constituer un "argument" valable.
Gaston Lefranc
 
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Re: Analyse de la crise (texte du dernier congrès de LO)

Message par andrea » 13 Jan 2014, 11:56

Effectivement, pour Marx, la loi essentielle de l'économie est celle de la baisse tendancielle du taux de profit.
Pour contrecarrer cette loi, les capitalistes, à défaut de conquérir de nouveaux marchés, accentuent l'exploitation de la classe ouvrière pour dégager plus de plus-value; ce faisant, ils dépriment la réalisation de cette même plus-value par la sous consommation populaire! Seules solutions comme le dit Rosa Luxembourg, la barbarie (l'économie d'armement, les guerres, le parasitisme financier...) ou alors le socialisme
andrea
 
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Re: Analyse de la crise (texte du dernier congrès de LO)

Message par Gaston Lefranc » 14 Jan 2014, 00:03

Autrement dit, quand les capitalistes n'exploitent pas assez, c'est la crise car pas assez de plus-value est dégagée ; et quand les capitalistes exploitent trop, c'est la crise aussi, car les capitalistes n'arrivent pas à réaliser la plus-value....

Mais, d'où vient cette idée qu'une exploitation trop forte des prolétaires dépriment la réalisation de la plus-value ? Pas de chez Marx en tout cas ! Derrière cette idée là, il y a l'idée que ce sont les besoins des travailleurs qui déterminent le niveau de la demande, comme si le capitalisme avait pour finalité de satisfaire les besoins humains. C'est l'inverse qui est vrai : c'est la production qui détermine les besoins. Et si les salaires sont bas et que beaucoup de plus-value est extorquée, les capitalistes n'ont aucun mal à réaliser cette plus-value : l'investissement et la consommation des capitalistes augmentent avec la hausse des profits.
Gaston Lefranc
 
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Re: Analyse de la crise (texte du dernier congrès de LO)

Message par andrea » 14 Jan 2014, 15:18

Vu le petit nombre de capitalistes (proportionnellement), le niveau actuel de leur consommation (très élevé!) et l'insuffisante rentabilité de l'économie réelle, restent la spéculation financière...et la guerre!
andrea
 
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