Gaston Lefranc a écrit :Ce surcroît de valeur est ce qu'on peut appeler un "profit fictif", à ne pas confondre avec le profit (réel). C'est précisément quand les détenteurs d'actions veulent massivement convertir leurs titres en argent que la bulle se dégonflent, et on réalise alors qu'il y avait bien une bulle, c'est-à-dire une valorisation boursière déconnectée de l'économie réelle.
Cette notion de profit fictif me pose un gros problème. Un « capital fictif », je vois ce que c'est, et je trouve d'ailleurs cela dans Marx — par exemple, les actions survalorisées dont tu parles (ce n'est pas le seul exemple, et le même mot désigne des réalités assez diverses). Mais un « profit fictif », non je ne vois pas.
1) S'il s'agit du profit réalisé par exemple par la revente de ces actions dont le cours a grimpé, il est tout ce qu'il y a de plus réel : avec ce qu'il aura gagné, celui qui l'a réalisé pourra se payer un yacht ou une piscine pleine de champagne s'il le désire.
2) S'il s'agit du profit que
pourrait réaliser le détenteur de ces actions en cas de revente, il n'est pas fictif : il est juste inexistant, quel que soit le bout par lequel on le prenne. Je ne suis pas expert en la matière, mais il me semble qu'il est même formellement interdit d'enregistrer dans la comptabilité un tel profit potentiel (en termes de jargon comptable : « plus-value latente »). La seule chose que la comptabilité autorise à enregistrer à l'avance, c'est, à l'inverse, une perte potentielle ; l'entreprise constitue alors une provision qui vient
minorer son profit.
Donc, merci d'éclairer ma lanterne, parce que spontanément, je dirais que dans l'économie capitaliste, il peut exister des pertes, ou des manque à gagner, fictifs, mais pas des profits fictifs...