Analyse de la crise (texte du dernier congrès de LO)

Marxisme et mouvement ouvrier.

Re: Analyse de la crise (texte du dernier congrès de LO)

Message par spartacre » 17 Jan 2014, 12:52

Mais enfin GL que fais -tu de la financiarisation , de la bulle spéculative , de l 'inflation monétaire uniquement contenue par une intervention volontariste des Etats ? IL n 'y pas de profit économique simplement une accumulation d 'une masse d'argent ; ce que font d'ailleurs le traders est probant .. aucune création , aucun investissement productif : pas de "profit" réel au sens économique mais enrichissement d 'une minorité , une accumulation usuraire en quelque sorte .. la crise de l 'économie capitaliste actuelle , il me semble que c'est ça et bien ça....
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Re: Analyse de la crise (texte du dernier congrès de LO)

Message par Gaston Lefranc » 17 Jan 2014, 18:03

Il faut en effet distinguer le capital réel, les profits réels, et le capital fictif et les profits fictifs. Quand la valeur des actions doublent, cela ne change strictement rien à la valeur du capital réel, à la valeur des profits réels. Ce surcroît de valeur est ce qu'on peut appeler un "profit fictif", à ne pas confondre avec le profit (réel). C'est précisément quand les détenteurs d'actions veulent massivement convertir leurs titres en argent que la bulle se dégonflent, et on réalise alors qu'il y avait bien une bulle, c'est-à-dire une valorisation boursière déconnectée de l'économie réelle. Tu ne peux pas mélanger des serviettes et des chiffons, additionner du capital réel et du capital fictif, des profits réels (qui ont une contrepartie en terme de marchandises vendues) et des profits fictifs.
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Re: Analyse de la crise (texte du dernier congrès de LO)

Message par andrea » 17 Jan 2014, 18:25

Il n'en reste pas moins que face à l'insuffisante rentabilité de l'économie réelle, la spéculation financière bat son plein, les prêts de la banque centrale aux banques commerciales préparent une nouvelle bulle financière dont l'explosion, comme pour les autres bulles, ravagera l'économie réelle et les travailleurs... et les profits tirés de cette spéculation sont loin d'être tous fictifs!
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Re: Analyse de la crise (texte du dernier congrès de LO)

Message par Jacquemart » 17 Jan 2014, 19:18

Gaston Lefranc a écrit :Ce surcroît de valeur est ce qu'on peut appeler un "profit fictif", à ne pas confondre avec le profit (réel). C'est précisément quand les détenteurs d'actions veulent massivement convertir leurs titres en argent que la bulle se dégonflent, et on réalise alors qu'il y avait bien une bulle, c'est-à-dire une valorisation boursière déconnectée de l'économie réelle.

Cette notion de profit fictif me pose un gros problème. Un « capital fictif », je vois ce que c'est, et je trouve d'ailleurs cela dans Marx — par exemple, les actions survalorisées dont tu parles (ce n'est pas le seul exemple, et le même mot désigne des réalités assez diverses). Mais un « profit fictif », non je ne vois pas.

1) S'il s'agit du profit réalisé par exemple par la revente de ces actions dont le cours a grimpé, il est tout ce qu'il y a de plus réel : avec ce qu'il aura gagné, celui qui l'a réalisé pourra se payer un yacht ou une piscine pleine de champagne s'il le désire.

2) S'il s'agit du profit que pourrait réaliser le détenteur de ces actions en cas de revente, il n'est pas fictif : il est juste inexistant, quel que soit le bout par lequel on le prenne. Je ne suis pas expert en la matière, mais il me semble qu'il est même formellement interdit d'enregistrer dans la comptabilité un tel profit potentiel (en termes de jargon comptable : « plus-value latente »). La seule chose que la comptabilité autorise à enregistrer à l'avance, c'est, à l'inverse, une perte potentielle ; l'entreprise constitue alors une provision qui vient minorer son profit.

Donc, merci d'éclairer ma lanterne, parce que spontanément, je dirais que dans l'économie capitaliste, il peut exister des pertes, ou des manque à gagner, fictifs, mais pas des profits fictifs...
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Re: Analyse de la crise (texte du dernier congrès de LO)

Message par Gaston Lefranc » 17 Jan 2014, 23:29

Pour répondre à Andréa :

Tout à fait d'accord : il y a un lien étroit entre l'insuffisante rentabilité de l'économie réelle et la spéculation financière. Mais tout en précisant que ce n'est pas une partie des profits qui disparaît dans la spéculation (au lieu d'être investie). Cette création monétaire qui n'est pas utilisée dans l'économie monétaire mais dans la spéculation n'est pas une partie des profits. Voilà ce qu'il est important de préciser pour ne pas tout mélanger, et notamment pour ne pas inverser la cause (l'insuffisante rentabilité) et la conséquence (la spéculation). Or, c'est précisément cette inversion que font les réformistes qui expliquent que la spéculation est un détournement des profits qui autrement seraient investis...

Pour répondre à Jacquemart :

J'ai mis "profit fictif" entre guillemets. Car de la même façon que le capital fictif n'est pas du capital, ce que j'ai appelé "profits fictifs" n'est pas du profit.
Non, le bénéfice réalisé lors d'une plus-value boursière n'est pas du profit. Le profit, c'est la forme monétaire de la plus-value, extorquée dans la production et qui a pour contrepartie la production et la vente de marchandises.
C'est assez facile de voir qu'une plus-value boursière n'est pas du profit. Imagine X détient une action qui vaut 10. Une semaine plus tard, il la vend à Y alors que l'action vaut 20. Si je te suis, il y a un profit réel de 10. Ensuite, Y la vend à Z quand l'action vaut 30. Y à son tour réaliserait un profit de 10. Etc. Et imaginons a contrario que X n'est vendu son action a personne. Dans ce cas pas de profit ? Cela n'a pas de sens : quand X vend à Y, il encaisse du pognon et se débarrasse d'un titre (donc il réalise en effet un "gain" monétaire)... mais Y, au contraire, se débarrasse de son pognon pour acquérir un titre. Donc au niveau macro, il n'y a pas de profit.
Si le niveau des profits dépendait du nombre de transactions, cela invaliderait complètement la théorie marxienne de la valeur : ce serait le fait de faire une transaction qui créerait le profit... alors que sans transaction (si le détenteur de l'action ne change pas) alors pas de profit !
Gaston Lefranc
 
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Re: Analyse de la crise (texte du dernier congrès de LO)

Message par spartacre » 18 Jan 2014, 00:01

s"il te plait GB , ne me fais pas dire ce que je ne dis pas : je n'inverse pas la cause en faisant de la spéculation la cause de la crise ( c'en est une conséquence), cette "inversion" ce sont les réformistes qui la font qui prétendent solutionner la situation en "proposant" d 'orienter " mieux" les "investissements spéculatifs , vers des investissements "utiles" . Mais pas nous à LO .. ou alors serions nous devenus d 'incorrigibles réformistes .. ce que je ne crois pas ..
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Re: Analyse de la crise (texte du dernier congrès de LO)

Message par Gaston Lefranc » 18 Jan 2014, 09:35

spartacre, je n'ai pas dit que tu as dit cela, je ne te répondais pas en particulier. Mais par contre, je maintiens que dans la résolution de LO, il n'y a pas du tout cette analyse que le développement de la spéculation est une conséquence de la crise de rentabilité. Puisqu'il est nié qu'il y a une crise de rentabilité. Et quand on explique que les profits sont de moins en moins investis et sont utilisés de plus en plus dans la spéculation, il y a bien cette confusion entre profits réels et "profits fictifs", et cette idée que sans cette spéculation, ces profits seraient alors utilisés dans l'économie réelle. Bien entendu, LO n'en tire pas de conclusion réformiste (et je m'en félicite bien entendu !). Mais cette analyse de la crise pousse bien à en tirer la conclusion politique que la suppression des marchés financiers ou leur contrôle strict permettrait (en limitant la spéculation) de dynamiser l'économie réelle.
Gaston Lefranc
 
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Re: Analyse de la crise (texte du dernier congrès de LO)

Message par Gaby » 18 Jan 2014, 11:41

On a tous des plaisirs coupables, moi c'est la lecture du blog de Paul Krugman, qui ici cause de l'austérité aggravée par Hollande.

http://www.nytimes.com/2014/01/17/opini ... rance.html
Gaby
 
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Re: Analyse de la crise (texte du dernier congrès de LO)

Message par Gaston Lefranc » 19 Jan 2014, 00:37

Sur le même thème, cf. "NPA : quand commencerons-nous à défendre une analyse marxiste de la crise et un vrai projet anticapitaliste dans les médias ?" :
http://tendanceclaire.npa.free.fr/article.php?id=569
Gaston Lefranc
 
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Re: Analyse de la crise (texte du dernier congrès de LO)

Message par Zorglub » 19 Jan 2014, 00:51

Loin de moi l'idée de participer à un débat que des spécialistes ne tranchent pas eux-mêmes entre les études de Lefranc et celles citées par Jacquemart. Et je suis peut-être à côté de la plaque.
Sur le fond de l'analyse, LO souligne toujours le fait que la domination du capital financier n'est qu'une évolution inéluctable du capital qui repose toujours sur la plus-value dégagée. Cette ponction sur la plus-value est devenue telle depuis longtemps qu'elle menace le renouvellement de la plus-value même (un exemple concret avec les LBO) alors qu'elle réussit à éviter, pour l'instant, la destruction directe par guerre ou crise majeure.
Donc, dire que notre analyse mènerait à des conclusions réformistes alors même que nous disons :
Le seul moyen de réguler le système bancaire est l’expropriation de ses propriétaires et actionnaires et sa collectivisation sous le contrôle de la population.

Quand bien même l'analyse serait fausse, il n'y a pas d’ambiguïté, sauf à prendre un paragraphe pour réformiste puis le suivant pour du bordiguisme.
Zorglub
 
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