Contre le dogmatisme ultra-gauchiste

Marxisme et mouvement ouvrier.

Contre le dogmatisme ultra-gauchiste

Message par Doctor No » 19 Juil 2014, 10:53

J'ai trouvé sur un site argentin (PTS ar.) un article théorique de la plus haute valeur et très pertinent pour les temps qui courent.
L’auteur L.T. s'attaque aux indécrottables ultragauches dans un article daté en 1937, le 28 septembre pour être plus précis, que je n'ai pas trouvé traduit en français sur Google ni ailleurs.
Alors je vous en fait profiter ("traduction" Google et mienne...). Alors si vous connaissez une meilleure version déjà traduite, merci de donner les références...pour les autres, moi, la version castillane me va.
En tout cas, vous en avez drôlement besoin de ce texte je pense...pour fortifier votre pensée théorique....entre autres utilités.

L'idéologie marxiste est concrète, c'est-à-dire, elle comprends tous les facteurs décisifs importants d'une question particulière, non seulement dans leurs relations mutuelles, mais aussi dans leur développement. Ne pas diluer la situation du moment présent dans la perspective générale; mais par la perspective générale rendre possible l'analyse de la situation actuelle avec toutes ses particularités.
C'est précisément par cette analyse particulière que la politique commence. L'opportuniste de la pensée sectaire, ont une chose en commun: ils tirent de la complexité de la situation et des forces en présence à un ou deux facteurs qui semblent les plus importants, et parfois ils le sont vraiment - pour isoler la réalité complexe et l’attribuer une force sans limites ni restrictions.

Pendant longtemps, avant la guerre, le réformisme s’est servi donc des facteurs très importantes mais temporaires: le fort développement du capitalisme, l’augmentation du niveau de vie du prolétariat, la stabilité de la démocratie, etc. C'est le sectarisme qui se sert maintenant de tendances et des facteurs principaux: le déclin du capitalisme, la baisse du niveau de vie des masses, la désintégration de la démocratie, etc. Mais, comme le réformisme de l'époque précédente, le sectarisme transforme les tendances historiques en facteurs absolus et omnipotents. Le "ultra-gauche" arrête leur analyse là où celle-ci commence. Ils opposent à la réalité un système préfabriqué. Cependant, les masses vivent dans la réalité. Et ce système sectaire n'a aucune influence sur la mentalité des travailleurs. Par son essence même, le sectarisme est consacré à la stérilité.

Le capitalisme impérialiste n'est plus capable de développer les forces productives de l'humanité et, par conséquent, ne peut pas donner aux travailleurs ni des concessions ni des réformes sociales efficaces. Tout cela est vrai. Mais tout cela n'est exact qu’à l’échelle de toute époque. Il y a des branches de l'industrie après la guerre qui ont été développés avec une force prodigieuse (l’automobile, l’aéronautique, l’électricité, la radio), malgré le fait que le niveau global de la production n'augmente pas ou très peu au-dessus du niveau de l'avant ou pendant la guerre. Cette économie pourrie a aussi ses flux et reflux. Les travailleurs ne finissent leur lutte presque jamais, que parfois résulte victorieuse. Il est vrai que le capitalisme prend aux travailleurs de la main droite ce qu'il donne de la gauche. Ainsi, l’augmentation des prix a annulé les grandes conquêtes de l'époque de Léon Blum. Mais ce résultat, déterminé par l'intervention de différents facteurs, à son tour, pousse les travailleurs à continuer sur la voie de la lutte. C'est cette puissante dialectique de notre époque qui ouvre une perspective révolutionnaire.

Un dirigeant syndical qui se laisse guider uniquement par la tendance générale du capitalisme vers la pourriture et renonce à toute lutte économique et/ou partielle, sera, en effet, en dépit de leurs concepts «révolutionnaires», un agent de la réaction. Un dirigeant syndical marxiste ne doit pas seulement prendre en considération les tendances générales du capitalisme, mais aussi analyser les facteurs spécifiques de la situation, les circonstances, les conditions locales et l'élément psychologique, afin de proposer une attitude de combat, d’expectative ou de recul..
C'est seulement sur la base de cette activité pratique étroitement liée à l'expérience de la masse, que le leader du syndicat peut mettre à nu les tendances générales du capitalisme pourrissant et éduquer les travailleurs à la révolution.
Il est vrai que notre époque est caractérisée politiquement par une lutte à mort entre le socialisme (communisme) et le fascisme. Mais malheureusement, cela ne signifie pas que le prolétariat soit déjà conscient et partout de cette alternative, et vous pouvez, dans un pays donné à un moment donné, vous désintéresser de la lutte partielle de sauvegarde des libertés démocratiques. L'alternative fondamentale: communisme ou fascisme, établi par Lénine, est devenue pour beaucoup une formule creuse de laquelle trop souvent on a laissé les centristes pour couvrir leurs capitulations ou leur sectarisme pour justifier leur inaction.

Nous référant au gouvernement de la Generalitat de Catalogne, le malheureux Andrés Nin * a commencé sa déclaration radio avec la thèse suivante: «La lutte qui commence n'est pas la lutte entre la démocratie bourgeoise et le fascisme, comme certains le pensent, mais entre le fascisme et socialisme "(...) Toutefois, Nin a pratiquement transformé la formule léniniste en son contraire: il est rentré dans un gouvernement bourgeois qui avait l'intention de piller et étouffer toutes les réalisations, tous les points d'appui de la révolution socialiste naissante.

Le fond de sa pensée était à ce sujet: puisque cette révolution est une révolution socialiste "en substance" notre entrée dans le gouvernement ne peut pas faire autre chose que de l'aide (...)
Si les centristes de gauche se sont couverts de Lénine pour enfermer la révolution dans son contexte d'origine, c'est à dire celui de la démocratie bourgeoise, le soutien ultra-gauche sous le même alternative léniniste alternative le droit à ignorer et a "boycotter" le développement réel de la révolution (... )
L'alternative: socialisme ou le fascisme, signifie seulement, et il est très important, que la révolution espagnole ne peut être victorieuse que par la dictature du prolétariat. Mais cela ne signifie en aucune façon que la victoire est assurée à l'avance. Il s’agit également, et tout le travail politique est là, de transformer cette révolution hybride, confuse, sourde, à moitié aveugle et demi, en révolution socialiste. Il est nécessaire non seulement de dire ce qui est, mais aussi de partir de ce qui est. Les partis dirigeants, y compris même ceux qui parlent du socialisme dont le POUM, font tout ce qu'ils peuvent pour empêcher la transformation de cette semirrevolución, contaminée et rendu illisible, en révolution consciente et aboutie. La classe ouvrière poussée par son instinct, arrive certainement en temps de climax révolutionnaire, à poser des jalons importants sur la voie du socialisme. Mais ils ne sont que des étapes qui au moment de reflux sont balayés par les partis au pouvoir (...)
Il est nécessaire de surmonter les difficultés matérielles par l'action, c'est à dire par une tactique appropriée à la réalité.
La lutte armée en Espagne est actuellement dirigé par Franco d'un côté, de l'autre par Negrin-Staline. Si Franco représente le fascisme, Negrin-Staline en aucune façon représentent le socialisme. Au contraire, ils représentent un frein "démocratique" qui empêche le mouvement vers le socialisme. L'alternative historique: le communisme ou le fascisme, il n'a pas encore trouvé son expression politique. Loin de là (...)
Les centristes de gauche comme les incurables "ultra-gauchistes" citent souvent l'exemple de la politique bolchevique dans le conflit Kerensky Kornilov, sans rien y comprendre. Le POUM dit: "Mais les bolcheviks ont combattu avec Kerensky." Les gauchistes répondent: "Mais les bolcheviks ont refusé, pour contrer la menace de Kornilov, à Kerensky toute confiance." Les deux ont raison ... à moitié, c'est-à-dire ils ont à la fois tout à fait tort.

Les bolcheviks ne restèrent pas neutres entre les camps de Kerensky et de Kornilov. Ils ont accepté le commandement officiel, car ils n'étaient pas assez forts pour l'abattre. C'est précisément en Août, lorsque le soulèvement de Kornilov s’est produit, qui date de la hausse prodigieuse des bolcheviks. Cette ascension n'a été possible que grâce au double aspect de la politique bolchevique. En participant en, première ligne à la lutte contre Kornilov, les bolcheviks n’avaient pas la moindre responsabilité pour la politique de Kerensky, au contraire, ils la dénonçaient comme responsable de l’agression réactionnaire et comme incapable de maîtriser. C’est ainsi, que se préparèrent les prémisses politiques de la Révolution d'Octobre, dans lequel l’alternative: le bolchevisme ou contre-révolution (le communisme ou le fascisme), d’une tendance historique est devenu une réalité vivante et immédiate.
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Re: Contre le dogmatisme ultra-gauchiste

Message par artza » 20 Juil 2014, 19:20

Merci pour ce texte qui me va très bien, dès le début "ne pas diluer la situation du moment présent dans la perspective générale; mais par la perspective générale rendre possible l'analyse de la situation actuelle avec toutes ses particularités".

Comme on le sait étudier la médecine est une bonne chose, de là à devenir un bon médecin...
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Re: Contre le dogmatisme ultra-gauchiste

Message par Doctor No » 20 Juil 2014, 22:25

Mais, de rien...
Comme dit, étudier la médecine ne fait pas nécessairement un bon médecin, mais sans connaitre les textes, on coupe les jambes au patient et on le rend immobile.

Comme dit le texte
L'alternative fondamentale: communisme ou fascisme, établi par Lénine, est devenue pour beaucoup une formule creuse de laquelle trop souvent on a laissé les centristes couvrir leurs capitulations ou leur sectarisme pour justifier leur inaction.


La leçon est claire: abandonner l'énonciation des vérités générales abstraites et s'adonner à l'investigation concrète, factuel, de tous les jours, guidée par la science théorique.

Pratiquer la politique donc, guider l'action, pas la contemplation. Prolétaire de préférence. Pas non plus l'anarcho-syndicalisme mâtiné de l'énonciation (de temps en temps) des vérités générales abstraites (Un gauchisme récurrent, vieux, usé, mais toujours présent).

Les bolcheviks ne restèrent pas neutres entre les camps de Kerensky et de Kornilov. Ils ont accepté le commandement officiel, car ils n'étaient pas assez forts pour l'abattre. C'est précisément en Août, lorsque le soulèvement de Kornilov s’est produit, qui date de la hausse prodigieuse des bolcheviks. Cette ascension n'a été possible que grâce au double aspect de la politique bolchevique.

Voilà! La dialectique appliquée est la recette: non pas blanc ou noir, mais blanc ET noir, après investigation exhaustive de la réalité telle quelle est.

Mais comme disait un autre "Qui mettra la sonnette au chat?" Et qui trouvera le texte dans une version correcte du point de vue du français? A t-il jamais été traduit? Sur le MIA à la date (28/09/1937) en français il n'y a rien, dans la traduction anglaise non plus et la version castillane vient d'argentine.

J'ai tout de même la curiosité de connaître le texte entier, peut-être il n'est qu'un chapitre d'une œuvre plus large et les circonstances de sa publication. Autrement on restera (encore) sur une généralité de plus.
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Re: Contre le dogmatisme ultra-gauchiste

Message par lavana » 21 Juil 2014, 08:50

Bonjour,

ton texte intitulé " les ultra-gauches en général et les incurables en particulier quelques considérations théoriques" a donc bien été traduit en français. Dans le tome 15 des oeuvres éditées par l'institut Léon Trotsky.

Si personne ne le fait, j'essaierai de le copier. je n'ai pas de scan.
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Re: Contre le dogmatisme ultra-gauchiste

Message par lavana » 21 Juil 2014, 09:51

J'oubliais. L'essentiel du texte de Trotsky est déjà cité. Il ne manque que quelques paragraphes.
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Re: Contre le dogmatisme ultra-gauchiste

Message par lavana » 21 Juil 2014, 13:33

Les ultra-gauches en général et les incurables en particulier quelques considérations théoriques"


Dans le tome 15 des oeuvres éditées par l'institut Léon Trotsky.




La pensé marxiste est concrète, c'est-à-dire qu'elle envisage tous les facteurs décisifs ou importants pour une une question donnée, non seulement dans leurs relations réciproques mais encore dans leur développement. Elle ne dissout pas la situation du moment présent dans la perspective générale; mais par la perspective générale, elle rend possible l'analyse de la situation présente dans toute sa particularité.
C'est précisément avec cette analyse concrète que commence la politique.
La pensée opportuniste comme la pensée sectaire ont ce trait de commun, qu'elles extraient de la complexité des circonstances et des forces un ou deux facteurs qui leur paraissent les plus importants, - et qui le sont parfois en fait - les isolent de la réalité complexe et leur attribuent une force sans limites ni restriction.

Pour la longue époque de l'avant-guerre, le réformisme s’est servi, de cette manière, de facteurs très importants mais temporaires: le développement puissant du capitalisme, l’élévation du niveau de vie du prolétariat, la stabilité de la démocratie, etc. C'est le sectarisme qui se sert maintenant des tendances et des facteurs les plus importants : le déclin du capitalisme, la baisse du niveau de vie des masses, la décomposition de la démocratie, etc. Mais, de même que le réformisme de l'époque précédente, le sectarisme transforme des tendances historiques en des facteurs tout-puissants et absolus. Les "ultra-gauches" arrêtent leur analyse là où elle ne fait que commencer. Ils opposent à la réalité un schéma tout fait.
Or, les masses vivent dans la réalité. C'est pourquoi le schéma sectaire n'a pas la moindre emprise sur la mentalité des travailleurs. Par son essence même, le sectarisme est voué à la stérilité.

Le capitalisme impérialiste n'est plus capable de développer les forces productives de l'humanité et, pour cette raison, il ne peut accorder aux ouvriers ni concessions matérielles ni réformes sociales effectives. Tout cela est juste. Mais tout cela n'est juste que sur l'échelle d'une époque entière. Il y a des branches de l'industrie après la guerre qui ont été développés avec une force prodigieuse (l’automobile, l’aéronautique, l’électricité, la radio), malgré le fait que le niveau global de la production n'augmente pas ou très peu au-dessus du niveau de l'avant ou pendant la guerre. Cette économie pourrissante a en outre ses flux et reflux. Les travailleurs n'en finissent presque jamais avec la lutte, qui est parfois victorieuse. Il est vrai que le capitalisme reprend aux travailleurs de la main droite ce qu'il leur a donné de la main gauche. C'est ainsi que la hausse des prix annihile les grandes acquisitions de l'ère Léon Blum. Mais ce résultat, déterminé par l'intervention de différents facteurs pousse à son tour les ouvriers dans la voie de la lutte. C'est précisément cette puissante dialectique de notre époque qui ouvre une perspective révolutionnaire.

Un dirigeant syndical qui se laisse guider uniquement par la tendance générale du capitalisme pourrissant pour renoncer à toute lutte économique et/ou partielle, serait, en fait, malgré ses conceptions "révolutionnaires" un agent de la réaction. Un dirigeant syndical marxiste doit non seulement envisager les tendances générales du capitalisme, mais aussi analyser les traits spécifiques de la situation, les circonstances, les conditions locales et l'élément psychologique, afin de proposer une attitude de combat, d’expectative ou de recul..
C'est seulement sur la base de cette activité pratique intimement liée à l'expérience de la masse, que le leader du syndicat peut mettre à nu les tendances générales du capitalisme pourrissant et éduquer les travailleurs à la révolution.
Il est vrai que notre époque est caractérisée politiquement par une lutte à mort entre le socialisme (communisme) et le fascisme. Mais malheureusement, cela ne signifie pas que le prolétariat soit déjà conscient et partout de cette alternative, ni qu'il puisse dans un pays donné à un moment donné, se désintéresser de la lutte partielle pour la sauvegarde des libertés démocratiques. L'alternative fondamentale: communisme ou fascisme, établi par Lénine, est devenue pour beaucoup une formule creuse dont se servent trop souvent les centristes de gauche pour couvrir leurs capitulations ou les sectaires pour justifier leur inaction.
En entrant dans le gouvernement de la Generalitat de Catalogne, le malheureux Andrés Nin * a commencé sa déclaration radio avec la thèse suivante: «La lutte qui commence n'est pas la lutte entre la démocratie bourgeoise et le fascisme, comme certains le pensent, mais entre le fascisme et socialisme " Cette formule était d'ailleurs la formule courante du P.O.U.M. Tous les articles de La Batalla n'en furent que des interprétations et des variations. Nous avons vu quelques sectaires, par exemple en Belgique, s'emparer de cette formule pour y trouver la justification, totale ou partielle, de la politique du P.O.U.M. Cependant, Nin a pratiquement transformé la formule léniniste en son contraire: il est rentré dans un gouvernement bourgeois qui avait pour objectif de spolier et d'étouffer toutes les acquisitions, tous les points d'appui de la révolution socialiste naissante.

Le fond de sa pensée était à peu près ceci : puisque cette révolution est une révolution socialiste "par essence" notre entrée dans le gouvernement ne peut que l'aider. Et le sectaire pseudo-révolutionnaire de s'écrier : "La participation de Nin au gouvernement est peut-être une faute, mais ce serait un crime d'exagérer son importance. Nin n'a-t-il pas donc pas reconnu que la révolution est socialiste "par essence" . Oui; il l'a proclamé, mais seulement pour justifier une politique qui sapait les bases de la révolution.
Le caractère socialiste de la révolution, déterminé par les facteurs sociaux fondamentaux de notre époque, n'est cependant pas servi tout prêt et tout assuré dès le début même du développement révolutionnaire. Non, dès avril 1931, le grand drame espagnol a pris le caractère d'une révolution "républicaine" et "démocratique". Pendant les années qui suivirent, la bourgeoisie a su imposer son estampille aux événements, bien que l'alternative léniniste : communisme ou fascisme, ait gardé - en dernière analyse- toute sa valeur. Plus les centristes de gauche et les sectaires transforment cette alternative en une loi suprahistorique, et moins ils sont capables d'arracher les masses à l'emprise bourgeoise. Pis encore, ils ne font que renforcer cette emprise. Le P.O.U.M. a chèrement payé cette expérience, sans d'ailleurs, hélas, en tirer les enseignements nécessaires.
Si les centristes de gauche se couvrent de Lénine pour emprisonner la révolution dans son cadre primitif, celui de la démocratie bourgeoise, les ultra-gauche puisent dans la même alternative léniniste alternative le droit d' ignorer et de "boycotter" le développement réel de la révolution."La différence " ai-je dit en réponse à un camarade américain "entre le gouvernement Negrin et celui de Franco, est celle entre la démocratie bourgeoise pourrissante et le fascisme." C'est par cette constatation élémentaire que commence notre orientation politique. -Comment - de s'écrier les ultra-gauches - on veut nous acculer ainsi au choix entre le socialisme et le fascisme ! Mais c'est de l'opportunisme pur ! La révolution espagnole est au fond la lutte entre le socialisme et le fascisme. La démocratie bourgeoise ne présente pas la moindre issue…Et ainsi de suite.

L'alternative: socialisme ou le fascisme, signifie seulement, et c'est assez important, que la révolution espagnole ne peut être victorieuse que par la dictature du prolétariat. Mais cela ne signifie en aucune façon que la victoire est assurée à l'avance. Il s’agit encore, et toute la tâche politique est là, de transformer cette révolution hybride, confuse, mi-aveugle et mi-sourde en révolution socialiste. Il faut non seulement dire ce qui est, mais aussi savoir partir de ce qui est.
Les partis dirigeants, même ceux qui parlent du socialisme, le POUM y compris, font tout ce qu'ils peuvent pour empêcher la transformation de cette mi-révolution, souillée et défigurée, en révolution consciente et achevée.
La classe ouvrière poussée par son instinct, réussit, certes, dans les moments de culmination révolutionnaire, à poser des jalons importants sur la voie du socialisme. Mais ce ne sont que des jalons qui pendant le reflux sont balayés par les partis dirigeants. Il n'est pas difficile de sauter par-dessus cette réalité contradictoire en s'appuyant sur quelque généralisation sociologique. Mais cela n'avance pas les choses d'un pouce. Il faut surmonter les difficultés matérielles par l'action, c'est-à-dire par une tactique appropriée à la lutte.


La lutte armée en Espagne est actuellement dirigé par Franco d'un côté, de l'autre par Negrin-Staline. Si Franco représente le fascisme, Negrin-Staline ne représentent nullement le socialisme. Au contraire, ils représentent un frein "démocratique" qui empêche le mouvement vers le socialisme. L'alternative historique: le communisme ou le fascisme, n'a pas encore trouvé son expression politique. Loin de là.
Depuis juillet 1936, la révolution espagnole est rejetée même loin en arrière de l'objectif que formulait Nin sans le comprendre. Mais la guerre civile en Espagne reste malgré tout un fait d'une importance capitale. Il faut prendre ce fait tel qu'il est, c'est-à-dire comme la lutte armée entre deux camps sociaux, subjugués d'un côté par la démocratie bourgeoise, de l'autre par le fascisme avéré. Il s'agit de trouver une attitude juste envers cette lutte hybride, pour la transformer du dedans en lutte pour la dictature du prolétariat.

Le gouvernement Negrin-Staline est un frein quasi démocratique sur la voie du socialisme, mais c'est aussi un frein, certes ni sûr, ni durable, mais néanmoins un frein sur la voie du fascisme.
Demain, après-demain, le prolétariat espagnol pourra peut-être briser ce frein pour s'emparer du pouvoir. Mais s'il aidait, même passivement, à le briser aujourd'hui, il ne servirait que le fascisme. La tâche est non seulement d'apprécier théoriquement les deux camps à leur juste valeur, mais encore d'utiliser pratiquement leur lutte pour faire un bond en avant.





Les centristes de gauche comme les incurables "ultra-gauchistes" citent souvent l'exemple de la politique bolchevique dans le conflit Kerensky Kornilov, sans rien y comprendre. Le POUM dit: "Mais les bolcheviks luttaient ensemble avec Kerensky." Les gauchistes répondent: "Mais les bolcheviks refusaient, même sous la la menace de Kornilov, à Kerensky toute confiance."
Les deux ont raison ... à moitié, c'est-à-dire que tous deux ont tort complètement.

Les bolcheviks ne restèrent pas neutres entre les camps de Kerensky et de Kornilov. Ils acceptèrent le commandement officiel, tant qu'ils ne furent pas suffisamment fort pour le renverser.
C'est précisément du mois d'août, avec le soulèvement de Kornilov que date l'ascension prodigieuse des bolcheviks. Cette ascension n'a été possible que grâce au double aspect de la politique bolchevique. En participant en première ligne à la lutte contre Kornilov, les bolcheviks ne prenaient pas la moindre responsabilité pour la politique de Kerensky, au contraire, ils la dénonçaient comme responsable de l’assaut réactionnaire et comme incapable de le maîtriser. C’est ainsi, qu'ils ont préparé les prémisses politiques de la Révolution d'Octobre, dans lequel l’alternative: le bolchevisme ou contre-révolution (le communisme ou le fascisme), d’une tendance historique est devenu une réalité vivante et immédiate.

Nous devons enseigner cette leçon à la jeunesse.. Nous devons lui inculquer la méthode marxiste. Mais, quant aux gens qui ont passé depuis des dizaines d'années l'âge d'aller à l'école et qui s'obstinent à nous opposer toujours - à nous et à la réalité- les mêmes formules, qu'ils ont d'ailleurs prises chez nous, il faut les reconnaître publiquement comme des incurables qu'il est nécessaire de tenir à plusieurs lieues des états-majors où s'élabore la politique révolutionnaire.


Il apparaît que pendant que nous écrivons ces lignes une nouvelle " épuration" s'effectue en Espagne sur une échelle grandiose. De ce que l'on peut comprendre de télégrammes volontairement confus, le coup est dirigé cette fois-ci contre les anarcho-syndicalistes. Il est fort possible que ce soit la préparation d'une réconciliation entre Negrin-Staline et franco. Mais il n'est pas exclu que la bureaucratie de Moscou, qui croit que tout peut se régler par le G.P.U, prépare de cette manière une "victoire" qui lui échappe toujours. En réalité elle ne peut que préparer ou le triomphe de Franco; ou quelque dictature militaire d'un Miaja républicain qui ressemblera à Franco comme deux gouttes d'eau.
Seuls des imbéciles complets peuvent se faire des illusions sur les objectifs et les méthodes de la clique stalinienne ou de la démocratie négriniste. la lutte entre les deux camps peut très bien cesser d'un coup. Cette nouvelle situation dicterait une nouvelle tactique, au service du même but stratégique. Mais en ce moment-ci encore la lutte militaire entre Négrin et Franco continue et la tactique d'aujourd'hui est dictée par la situation d'aujourd'hui.



Dernière édition par lavana le 21 Juil 2014, 13:47, édité 1 fois.
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Re: Contre le dogmatisme ultra-gauchiste

Message par com_71 » 21 Juil 2014, 13:42

La classe ouvrière poussée par son instinct, réussit, certes, dans les moments de culmination révolutionnaire, à poser des jalons importants sur la voie du socialisme. Mais ce ne sont que des jalons...


C'est dans le texte cité.

C'est très bien, même indispensable d'étudier toutes les manoeuvres de Lénine et du parti bolchevik.
Et même de faire des expériences - de pensée malheureusement - sur ce qu'aurait pu faire un parti révolutionnaire dans la révolution espagnole.

Mais sans oublier la condition principale : "la culmination révolutionnaire"
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: Contre le dogmatisme ultra-gauchiste

Message par com_71 » 21 Juil 2014, 13:49

Lavana, tu es sûr d'avoir bien recopié ce passage ?
Le gouvernement Negrin-Staline est un frein quasi démocratique sur la voie du socialisme...
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: Contre le dogmatisme ultra-gauchiste

Message par artza » 21 Juil 2014, 15:55

Le gouvernement Negrin-Staline est un frein quasi démocratique sur la voie du socialisme, mais c'est aussi un frein, certes ni sûr, ni durable sur la voie du fascisme...


et plus haut:

Negrin-Staline... représentent un frein "démocratique" qui empêche le mouvement vers le socialisme.
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Re: Contre le dogmatisme ultra-gauchiste

Message par lavana » 21 Juil 2014, 17:30

Com 71 , mon recopiage est correct.
Ainsi que les deux phrases citées par Artza...

Je pense qu'il veut dire que le gouvernement Negrin a au moins les apparences de la démocratie, qu'il n'est pas une dictature "complête" comme Staline (ou autre).
Qu'en dites-vous ?
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