Le 14 juillet 1953

Marxisme et mouvement ouvrier.

Le 14 juillet 1953

Message par Jacquemart » 20 Juil 2014, 09:22

L'autre jour, à la télé, à l'occasion des cérémonies du 14 juillet, il a été fait allusion aux événements qui se sont déroulés le 14 juillet 1953, où place de la Nation, la police a ouvert le feu sans sommation sur un cortège d'Algériens lors de la dispersion, tuant 7 manifestants.

J'étais soufflé, car je n'en avais jamais entendu parler. Et je me suis dit que si le 17 octobre avait fini par sortir des oubliettes parce qu'on pouvait l'attribuer au grand méchant Papon, déporteur de Juifs et prétendument brebis galeuse de la belle démocratie française, le massacre du 14 juillet ne doit, si j'ose dire, rien à personne.

Un bon article trouvé sur le net : http://archives.seine-saint-denis.fr/Un ... ublie.html
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Re: Le 14 juillet 1953

Message par artza » 20 Juil 2014, 11:30

Il y a tout un bouquin de Maurice Rajsfus "1953, un 14 juillet sanglant" sur le sujet.

La police a tiré sur le cortège du MTLD (Messali), six travailleurs algériens tués et un ouvrier français Maurice Lurot trésorier du syndicat CGT des métaux du 18ème arrondissement de Paris.
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Re: Le 14 juillet 1953

Message par spartacre » 20 Juil 2014, 11:48

perso . J'y étais . J'avais à peine 15 ans . C 'était ma première manif .ça courait dans tous les sens ...Pour une initiation , c'en fut une . Les gens du Pcf , nous disaient , "attention , camarade , il faut éviter la provocation" .. j 'avais assisté au passage des algériens .. ça tranchait avec le reste : c 'était la colère . Un groupe compact ...Ils criaient leurs slogans en arabe..
Curieux , j'ai l 'impression que c 'était hier ..

Je crois que se sentir vieux ,c 'est plutôt une affaire d 'état d 'esprit , que je n' ai pas , je pense , restant fidèle à mes engagements ..

Même si certains petits bourgeois , pensent que je suis un attardé .. mais qu'importe ce qu'ils pensent !!!!
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Re: Le 14 juillet 1953

Message par Aumance » 21 Juil 2014, 12:33

et un article assez complet (et quelques photos) sur le site des archives de Seine-Saint-Denis

http://archives.seine-saint-denis.fr/Un ... ublie.html
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Re: Le 14 juillet 1953

Message par artza » 22 Oct 2014, 08:30

D. Kupferstein a réalisé un film documentaire sur cet événement.
"Les balles du 14 juillet 1943".

Ce film sera projeté le 31 octobre prochain à 19 heures au Centre culturel algérien 171 rue de la Croix-Nivert Paris 15ème métro Porte de Versailles.
artza
 
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Re: Le 14 juillet 1953

Message par artza » 25 Oct 2014, 09:11

artza a écrit :Il y a tout un bouquin de Maurice Rajsfus "1953, un 14 juillet sanglant" sur le sujet.

La police a tiré sur le cortège du MTLD (Messali), six travailleurs algériens tués et un ouvrier français Maurice Lurot trésorier du syndicat CGT des métaux du 18ème arrondissement de Paris.


Je viens de le refeuilleter, oui c'est un bon bouquin.
Bien sur Rajsfus se croit obligé d'en appeler aux "valeurs" et aux "idées" de la Résistance mais bon...

Dans le même ordre d'idées il est devenu coutumier d'honorer les manifestants algériens assassinés le 17 octobre 1961. Voilà ce qu'écrivait l'édito des bulletins d'entreprises Voix ouvrière le 23 octobre suivant :

Pour qui sonne le glas.
Traqués, torturés, assassinés, les Algériens savent qu'ils gagneront l'indépendance pour laquelle ils se battent depuis sept années entières, et la dignité qui s'attache à l'indépendance, ils l'ont déjà gagnée dans le combat. En fait c'est eux qui le 17 octobre nous ont donné, à Paris, l'exemple d'une manifestation que n'oublieront pas ceux qui l'ont vue.
Pour ceux qui aiment mieux ignorer que l'on tue, que l'on incendie, que l'on torture en Algérie, qu'en France l'on arrête et l'on torture dans nos commissariats de quartier, il était assez désagréable de se voir rappeler ouvertement une telle vérité. Désagréable d'être dérangés dans leur tranquille médiocrité quotidienne.
Pourtant spontanément, des actes de solidarité eurent lieu. Mardi soir, lorsque les agents tirèrent dans la masse des Algériens qui avançaient boulevard Bonne-Nouvelle, ce sont des passants qui s'occupèrent des blessés ou les transportèrent à l'hôpital. Vendredi à Sainte-Anne, hôpital psychiatrique où furent emmenées les Algériennes arrêtées lors des manifestations, ces dernières purent s'enfuir grâce à la complicité du personnel hospitalier. Lorsque vendredi midi, place Nationale, chez Renault, un car de police survint devant un millier d'ouvriers, des cris jaillirent "assassins" et le car entouré par les travailleurs fut sérieusement secoué. Mais il ne s'agit là que de réactions individuelles.
Alors que des travailleurs algériens sont assassinés, que 11 500 d'entre eux ont été internés à Coubertin, au Palais des sports, qu'ont fait les organisations syndicales ?
FO est restée muette comme une carpe. La CFTC et la CGT se sont contentées de déclarations générales contre les violences exercées sur les Algériens. Tout au plus, dans certaines entreprises ou localités, la CGT, comme le PCF, a proposé les éternelles pétitions que l'on nous fait signer depuis sept ans que dure la guerre.
Cependant une telle incapacité ne reste pas impunie et l'on voit depuis quelques temps les flics se permettre de venir arrêter des travailleurs nord-africains à la porte des usines, quand ce n'est pas les assassiner.
Laisser la répression s'abattre sur les travailleurs algériens, c'est permettre qu'elle s'abatte par la suite sur nous tous. La politique du laisser-faire, du père tranquille qui, lui, ne veut pas se mêler des affaires des autres parce qu'au fond il espère échapper à leur sort, est celle qui a permis l'installation des camps de concentration, le règne de la terreur nazie. C'est celle qui permet à la bourgeoisie de nous dominer en nous battant séparément les uns après les autres.
Nos camarades de travail, parce qu'ils sont algériens, sont aujourd'hui victimes de la répression. Laisser faire cela, c'est permettre que demain, ceux qui n'ont pas envie de crier sur ordre "vive Salan" ou "vive Ortiz" dans la rue, soient arrêtés ou assassinés. C'est maintenant qu'il faut réagir pour que de telles exactions ne soient pas possibles. Pour le 1er novembre, le FLN appelle la métropole à manifester sa volonté de paix, côte à côte avec les Algériens. Jusqu'à maintenant, aucune organisation n'a donné de réponse.
Pendant ce temps, le gouvernement s'attaque aux organisations syndicales cheminotes et leur adresse une circulaire leur stipulant le cadre dans lequel il accepte le droit de grève, brandissant indirectement la menace de réquisition pour toute manifestation qui n'aurait pas l'heur de lui plaire. L es fédérations cheminotes ripostent par une journée de grève le jeudi 25 octobre, alors qu'elles auraient pu saisir l'occasion de le faire le 1er novembre.
Une grève pour le métro-bus est plus ou moins prévue pour ce jour-là. Qu'attendent les fédérations des autres secteurs ?
L'atteinte au droit de grève d'une catégorie de travailleurs est un coup porté au droit de grève de tous.
Si le gouvernement peut se battre sur plusieurs fronts, mitrailler les travailleurs algériens, s'attaquer à nos salaires, s'attaquer au droit de grève, c'est parce que nous luttons séparément.
Nous sommes tous solidaires les uns des autres. C'est tous ensemble que nous vaincrons.
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Re: Le 14 juillet 1953

Message par artza » 12 Avr 2015, 12:54

Daniel Kupferstein et son film, Maurice Rajsfus et son livre seront à la prochaine fête de LO...chacun pourra en discuter avec eux sous le chapiteau Karl Marx ;)
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