Quelques mots à propos du livre suivant:
Pouvoir légal et pouvoir réel dans la Catalogne révolutionnaire de 1936
de Josep Antoni Pozo González, traduit par Roland Corominas.
C’est au départ une thèse d’histoire en catalan devenu un livre « grand public » publié en castillan en 2012. La traduction française est dorénavant disponible, éditée par le CERMTRI.
L’auteur, historien du mouvement ouvrier (je préfère à catalan ou espagnol ou je ne sais quelle autre « appartenance » nationale…..), étudie le phénomène de dualité des pouvoirs dans la Catalogne de l’été 1936, très précisément entre le 18 juillet et la dissolution du comité central de milices antifascistes suivie de près par l’entrée de dirigeants de la CNT et du POUM dans la Généralité (gouvernement de la bourgeoisie catalane). C’est-à-dire, car l’auteur est fort heureusement très clair, la trahison que cette séquence historique constitua vis-à-vis de l’élan révolutionnaire qui d’un seul et même mouvement brisa le soulèvement franquiste et initia rien de moins qu’une révolution.
La brièveté de ce qui précède appelle tout de même une précision. L’auteur ne se fait aucune espèce d’illusion sur le CCMA. Il considère que cet organisme est une structure de front populaire qui ne s’est jamais attribué comme tâche de devenir une direction politique unifiée du processus révolutionnaire. Il montre comment cette politique du CCMA, qui très rapidement, en l’espace d’un été, remet tout bonnement le pouvoir à la bourgeoisie, désarme le prolétariat de Catalogne qui, à la base, avec ses comités, débute effectivement une révolution sociale qui restera locale et sans avenir.
Je recommande très chaudement ce livre qui est le fruit non seulement d’un travail érudit d’historien mais est tout autant un acte militant et politique. En effet, il prend clairement parti dans le débat désormais classique sur la nature sociale des évènements de l’été 36 en Espagne.