Trotsky en 1923 a écrit :Révolution et mysticisme
Quelles sont les caractéristiques essentielles du révolutionnaire ? Il faut souligner que nous n'avons pas le droit de séparer le révolutionnaire de la base sociale sur laquelle il a évolué et sans laquelle il n'est rien. Le révolutionnaire de notre époque, qui ne peut être lié qu'à la classe ouvrière, a ses particularités psychologiques propres, particularités d'entendement et de volonté. Si cela est nécessaire et possible, le révolutionnaire brise les obstacles historiques, ayant recours à la force pour réaliser son objectif. Si cela n'est pas possible, alors il fait un détour, creuse une sape, et écrase avec patience et détermination. Il est un révolutionnaire par ce qu'il n'a pas peur de briser les obstacles et d'employer la force implacablement ; en même temps il reconnaît la valeur historique. C'est son but permanent que de maintenir son travail, destructif et créateur, à son plus haut degré d'activité, c'est-à-dire de tirer de conditions historiques données le maximum de rendement possible pour la marche en avant de la classe révolutionnaire.
Le révolutionnaire ne connaît que des obstacles extérieurs à son activité et aucun obstacle intérieur. C'est-à-dire : il doit développer en lui-même, la capacité d'apprécier le champ de son activité dans tout son contenu concret, avec ses aspects positifs et négatifs et d'en tirer un bilan politique correct. Mais s'il est empêché intérieurement par des obstacles subjectifs à son action, s'il manque de compréhension ou de volonté, s'il est paralysé par un désaccord intérieur, par des préjugés religieux, nationaux ou corporatifs, alors il est tout au plus un demi-révolutionnaire. Il y a trop d'obstacles rien que dans les conditions objectives pour que le révolutionnaire puisse s'offrir le luxe de multiplier les obstacles et les frottements de caractère objectif par d'autres de caractère subjectif. Eduquer le révolutionnaire doit donc consister, par-dessus tout, à l'affranchir de ces vestiges d'ignorance et superstition que l'on trouve souvent dans une conscience très «sensible». Nous adoptons donc une attitude tout à fait irréconciliable vis-à-vis de tous ceux qui prononcent un seul mot sur la possibilité de combiner le mysticisme et la sentimentalité religieuse avec le communisme. La religion est irréconciliable avec le point de vue marxiste.
Nous pensons que l'athéisme, en tant qu'élément inséparable de la conception matérialiste de la vie, est une condition nécessaire de l'éducation théorique du révolutionnaire. Celui qui croit à un autre monde ne peut concentrer toute sa passion sur la transformation de celui-ci.
https://www.marxists.org/francais/trots ... 230618.htm