Belles feuilles

Marxisme et mouvement ouvrier.

Belles feuilles : Trotsky, Lénine est mort

Message par com_71 » 14 Jan 2024, 08:37

Déjà cité mais, à quelques jours du 100e anniversaire...
Lénine est mort

Lénine est mort. Lénine n'est plus. Les obscures lois qui règlent le travail de la circulation artérielle ont mis un terme à cette existence. L'art médical a été impuissant à opérer le miracle que l'on attendait passionnément de lui, que des millions de cœurs exigeaient.

Combien y a-t-il d'hommes parmi nous qui auraient volontiers donné, sans hésitation, jusqu'à la dernière goutte de leur sang pour ranimer, pour régénérer l'organisme du grand chef, de Lénine Ilitch, de l'unique, de l'inimitable ? Mais il n'y a pas eu de miracle là où la science était impuissante. Et voici que Lénine n'est plus. Ces mots tombent dans la conscience de façon terrible, comme une roche géante tombe dans la mer. Y peut-on croire ? Peut-on accepter ?

La conscience des travailleurs du monde entier ne voudra pas admettre ce fait, car l'ennemi dispose encore d'une force redoutable ; la route à faire est longue ; le grand travail n'est pas achevé, le plus grand qui ait été entrepris dans l'histoire ; car Lénine est nécessaire à la classe ouvrière mondiale, indispensable comme, peut-être, personne ne l'a jamais été dans l'histoire de l'humanité.

Le second accès de sa maladie, beaucoup plus grave que le premier, a duré plus de dix mois. Le système artériel, selon l'amère expression des docteurs, n'a cessé de “ jouer ” pendant ce temps. Terrible jeu où le débattait la vie d'Ilitch. On pouvait s'attendre à une amélioration et presque à une absolue guérison ; mais on pouvait aussi s'attendre à une catastrophe. Tous nous espérions la convalescence ; ce fut la catastrophe qui se produisit. Le régulateur cérébral de la respiration refusa de servir et éteignit l'organe de la géniale pensée.

Et nous n'avons plus d'Ilitch. Le Parti est orphelin, la classe ouvrière est orpheline. C'est le sentiment que l'on éprouve avant tout, à la nouvelle de la mort du maître, du chef.

Comment irons-nous de l'avant ? Trouverons-nous la route ? N'allons-nous pas nous égarer ? Car Lénine, camarades, n'est plus parmi nous...

Lénine n'est plus, mais nous avons le léninisme. Ce qu'il y avait d'immortel dans Lénine son enseignement, son travail, sa méthode, son exemple vit en nous, dans ce Parti qu'il a créé, dans ce premier des Etats ouvriers, à la tête duquel il s'est trouvé et qu'il a dirigé.

Nos cœurs sont frappés, en ce moment, d'une si profonde affliction parce que, tous, nous sommes les contemporains de Lénine, nous avons travaillé à côté de lui, nous avons étudié à son école. Notre Parti, c'est le léninisme en action ; notre Parti, c'est le chef collectif des travailleurs. En chacun de nous vit une parcelle de Lénine, ce qui constitue le meilleur de chacun de nous.

Comment marcherons nous désormais ? Le flambeau du léninisme à la main. Trouverons-nous la route ? Oui, par la pensée collective, par la volonté collective du Parti, nous la trouverons !

Et demain, et après-demain, et dans huit jours, et dans un mois, nous nous interrogerons encore : est-il possible que Lénine ne soit plus ? Cette mort, longtemps encore, semblera un caprice invraisemblable, impossible, monstrueux, de la nature.

Que ce déchirement cruel que nous ressentons, que chacun de nous ressentira dans son cœur en se rappelant que Lénine n'est plus, soit pour chacun de nous un avertissement de tous les jours : songeons que notre responsabilité est maintenant beaucoup plus grande. Soyons dignes du chef qui nous a instruits !

Dans l'affliction, dans le deuil, serrons les rangs, rapprochons nos cœurs, tenons-nous plus étroitement groupés pour les nouvelles batailles !

Camarades, frères, Lénine n'est plus parmi nous. Adieu, Ilitch ! Adieu, chef !...

Gare de Tiflis, 22 janvier 1924.

https://www.marxists.org/francais/trots ... 42100p.htm
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Belles feuilles : Trotsky, Comment la révolution s'est armée

Message par com_71 » 16 Jan 2024, 12:38

Déjà cité, mais méritant bien sa place parmi les "belles feuilles" :
Trotsky, 9 juin 1918 a écrit :Maintenant, une nouvelle bataille se déroule sur le front occidental. Des centaines de milliers, des millions d’hommes périssent, des centaines de millions de biens sont détruits, partent en fumée et en cendres. Et tout cela aura pour résultat de déplacer une frontière de vingt, trente ou quarante kilomètres. C’est ainsi que les capitalistes vont épuiser, tuer les masses ouvrières de tous les pays, tant que là-bas, en Occident, nos frères ne nous feront pas écho, ne se soulèveront pas pour renverser le pouvoir bourgeois avec ses frontières politiques.

Les capitalistes appellent leur patrie la terre qu’ils entourent de baïonnettes, mais nous, nous disons que notre patrie, celle que nous a donné la nature, c’est le globe terrestre ; dans cette patrie, c’est-à-dire sur tout le globe, nous voulons organiser une seule économie fraternelle, ou il n’y aurait ni frontières, ni baïonnettes, ni antagonisme. Nous dirons : comme dans la même usine travaillent des Russes, des Polonais, des Estoniens, des Juifs, des Lettons, exactement de la même manière dans l’immense usine qui s’appelle le globe terrestre, des Russes, des Allemands, des Français, des Anglais peuvent travailler fraternellement. Et si nous créons ce cartel mondial des masses laborieuses contre les oppresseurs, contre les asservisseurs, nous établirons alors l’ordre véritable sur la terre.

Laissons les prêtres de toutes les religions, de toutes les confessions, nous parler du paradis dans un autre monde. Nous disons que nous voulons créer un véritable paradis pour les hommes sur cette terre.

Nous ne devons pas une seule heure perdre de vue notre grand idéal, le plus beau de tous ceux auxquels l’Humanité a aspiré. Pour comparer, prenez les anciennes doctrines religieuses, la doctrine du Christ ; tout ce que ces doctrines contiennent de meilleur, de plus noble, est incarné dans notre doctrine du socialisme. Et nous voulons que tout cela ne soit pas une croyance vague, mais une réalité, que les hommes ne vivent pas comme des bêtes sauvages en se battant pour un bout de pain, mais comme des frères qui cultivent ensemble la terre et la transforment en un grand jardin florissant pour l’humanité tout entière.
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Re: Belles feuilles

Message par Harpo » 16 Jan 2024, 19:01

Bonne année à tous.
Je n'arrive pas à trouver à quelle date L. Trotski a écrit ce texte. merci Artza pour la réponse...
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Re: Belles feuilles

Message par com_71 » 16 Jan 2024, 19:29

Cyrano (qui est en train de lire le recueil "Comment la Révolution s'est armée")
viewtopic.php?f=4&p=348633#p348633
nous a précisé : 9 juin 1918
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Re: Belles feuilles

Message par Harpo » 16 Jan 2024, 19:33

Merci com_71 pour cette précision.
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Re: Belles feuilles

Message par artza » 17 Jan 2024, 07:10

Pas trop d'accord avec la "christophilie" qui conclut ce passage.

Trotsky à l'occasion a su exprimer le dégoût que tout individu raisonnable ressent devant le catholicisme .
artza
 
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Belles feuilles : F. Engels

Message par com_71 » 08 Fév 2024, 18:12

Engels, préface à la brochure de Sigismund Borkheim, 1887, a écrit :.
... Et enfin, il n’y aura plus pour la Prusse-Allemagne d’autre guerre possible qu’une guerre mondiale, et, à la vérité, une guerre mondiale d’une ampleur et d’une violence encore jamais vues. Huit à dix millions de soldats s’entr’égorgeront ; ce faisant, ils dévoreront toute l’Europe comme jamais encore ne le fit encore une nuée de sauterelles. Ce sera les dévastations de la guerre de Trente ans, condensées en trois ou quatre années et répandues sur tout le continent : la famine, les épidémies, la férocité générale, tant des armées que des masses populaires, provoquée par l’âpreté du besoin, la désespérante confusion de fonctionnement du mécanisme artificiel régissant notre commerce, notre industrie et notre crédit ; et enfin la banqueroute générale. L’effondrement des vieux États et de leur sagesse politique routinière sera tel que les couronnes rouleront par douzaines sur le pavé et qu’il ne se trouvera personne pour les ramasser. Il est absolument impossible de prévoir comment tout cela finira et qui sortira vainqueur de la lutte ; un seul résultat est absolument certain : l’épuisement général et la création des conditions nécessaires à la victoire finale de la classe ouvrière.

Telle est la perspective si la course aux armements poussée à l’extrême porte à la fin ses fruits inévitables.

Voilà, Messieurs les princes et les hommes d’État, où votre sagesse a mené la vieille Europe. Et s’il ne vous reste rien d’autre à faire que d’ouvrir cette dernière grande sarabande guerrière, ce n’est pas pour nous déplaire. La guerre va peut-être nous rejeter momentanément en arrière, elle pourra nous enlever maintes positions déjà conquises. Mais, si vous déchaînez des forces que vous ne pourrez ensuite plus maîtriser, quelque tour que prennent les choses, à la fin de la tragédie vous ne serez plus qu’une ruine et la victoire du prolétariat sera déjà acquise, ou, au moins, inévitable.

Londres, 15 décembre 1887
Friedrich Engels

https://www.marxists.org/francais/engel ... rkheim.htm
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Belles feuilles : A. Breton : - Léon Trotsky : “Lénine” -

Message par com_71 » 11 Fév 2024, 11:32

Oui, ce beau texte, d'André Breton rendant hommage à Lénine et Trotsky, avait jusqu'à maintenant été omis ici.
Lire plutôt sur MIA
https://www.marxists.org/francais/trots ... 42100r.htm
pour apprécier les "soulignés en italique" d'A. Breton
Léon Trotsky : “ Lénine ” par André Breton

A certaines allusions qui ont été faites ici-même [1] et ailleurs, on a pu croire que d'un commun accord nous portions sur la révolution russe et sur l'esprit des hommes qui la dirigèrent un jugement assez peu favorable et que, si nous nous abstenions à leur égard de critiques plus vives, c'était moins par manque d'envie d'exercer sur eux notre sévérité, que pour ne pas rassurer définitivement l'opinion, heureuse de n'avoir à compter qu'avec une forme originale de libéralisme intellectuel, comme elle en a vu et toléré bien d'autres, d'abord parce que cela ne tire pas à conséquences, du moins à conséquences immédiates, ensuite parce que à la rigueur cela peut être envisagé, par rapport à la masse, comme pouvoir de décongestion. Il n'en est pas moins vrai que pour ma part je refuse absolument d'être tenu pour solidaire de tel ou tel de mes amis dans la mesure où il a cru pouvoir attaquer le communisme, par exemple, au nom de quelque principe que ce soit et même de celui, apparemment si légitime, de la non-acceptation du travail. Je pense en effet que le communisme, en existant comme système organisé, a seul permis au plus grand bouleversement social de s'accomplir dans les conditions de durée qui étaient les siennes. Bon ou médiocre, en soi défendable ou non au point de vue moral, comment oublier qu'il a été l'instrument grâce auquel ont pu être abattues les murailles de l'ancien édifice, qu'il s'est révélé comme le plus merveilleux agent de substitution d'un monde à un autre qui fût jamais ? Pour nous, révolutionnaires, il importe peu de savoir si le dernier monde est préférable à l'autre et, du reste, le moment n'est pas venu d'en juger. Tout au plus s'agirait-il de savoir si la révolution russe a pris fin, ce que je ne crois pas. Finie une révolution de cette ampleur, si vite finie ? Déjà les valeurs nouvelles seraient aussi sujettes à caution que les anciennes ? Allons donc, nous ne sommes pas assez sceptiques pour en rester à cette idée. S'il se trouve parmi nous des hommes qu'une pareille crainte laisse encore hésitants, il va sans dire que je m'oppose à ce qu'ils engagent avec eux, si peu que ce soit, l'esprit général dont nous nous réclamons, qui ne doit rester tendu vers rien tant que vers la réalité révolutionnaire, qui doit nous y faire parvenir par tous les moyens et à tout prix.

Libre, dans ces conditions, à Louis Aragon de faire savoir à Drieu La Rochelle, par lettre ouverte, qu'il n'a jamais crié : Vive Lénine ! mais qu'“ il le braillera demain puisqu'on lui interdit ce cri ” ; libre aussi à moi et à tout autre d'entre nous de trouver que ce ne serait pas une raison suffisante de se comporter ainsi, et que c'est faire la part trop belle à nos pires détracteurs, qui sont aussi ceux de Lénine, que de leur laisser supposer que nous n'agissons de la sorte que par défi. Vive Lénine ! au contraire, et seulement parce que Lénine ! On entend bien qu'il ne s'agit pas du cri qui se perd, mais de l'affirmation toujours assez haute de notre pensée.

Il serait fâcheux, en effet, que nous continuions en fait d'exemple humain à nous en rapporter à celui des Conventionnels français, et que nous ne puissions revivre avec exaltation que ces deux années, très belles d'ailleurs, après lesquelles tout recommence. Ce n'est pas dans un sentiment poétique, si intéressant soit-il, qu'il convient d'aborder une période même lointaine de révolution. Et j'ai peur que les boucles de Robespierre, le bain de Marat ne confèrent un prestige inutile à des idées qui, sans eux, ne nous apparaîtraient plus si clairement. Violence à part car c'est bien cette violence qui parle le plus éloquemment pour eux il est toute une part de leur caractère qui nous échappe ; aussi nous rattrapons-nous sur la légende. Mais si, comme je le crois, nous sommes avant tout à la recherche de moyens insurrectionnels, je me demande, en dehors de l'émotion qu'ils nous ont donnée une fois pour toutes, je me demande pratiquement ce que nous attendons.

Il n'en est pas de même des révolutionnaires russes, tels qu'enfin nous parvenons à les connaître un peu.

Voici donc ces hommes de qui nous avons tant entendu médire et qu'on nous représentait comme les ennemis de ce qui peut encore trouver grâce à nos yeux, comme les fauteurs de je ne sais quel encore plus grand désastre utilitaire que celui auquel nous assistons. Voici que dégagés de toute arrière-pensée politique, ils nous sont donnés en pleine humanité ; qu'ils s'adressent à nous, non plus en exécuteurs impassibles d'une volonté qui ne sera jamais dépassée, mais en hommes parvenus au faîte de leur destinée, et qui se comptent soudain, et qui nous parlent, et qui s'interrogent. Je renonce à décrire nos impressions.

Trotsky se souvient de Lénine. Et tant de claire raison passe par-dessus tant de troubles que c'est comme un splendide orage qui se reposerait. Lénine, Trotsky, la simple décharge de ces deux noms va encore une fois faire osciller des têtes et des têtes. Comprennent-elles ? Ne comprennent-elles pas ? Celles qui ne comprennent pas se meublent tout de même. Trotsky les meuble ironiquement de menus accessoires de bureau : la lampe de Lénine à l'ancienne Iskra, les papiers non signés qu'il rédigeait à la première personne et plus tard... enfin tout ce qui peut faire le compte aveugle de l'histoire. Et je jurerais que rien n'y manque, en perfection ni en grandeur. Ah ! certes, ce ne sont pas les autres hommes d'Etat, que par ailleurs se garde lâchement le peuple d'Europe, qui pourraient être vus sous ce jour !

Car la grande révélation de ce livre, et je ne saurais assez y insister, c'est que beaucoup des idées qui nous sont ici les plus chères et desquelles nous avons pris l'habitude de faire dépendre étroitement le sens moral particulier que nous pouvons avoir, ne conditionnent nullement notre attitude en ce qui regarde la signification essentielle que nous entendons nous donner. Sur le plan moral où nous avons résolu de nous placer, il semble bien qu'un Lénine soit absolument inattaquable. Et si l'on m'objecte que d'après ce livre, Lénine est un type et que les types ne sont pas des hommes, je demande quel est celui de nos raisonneurs barbares qui aura le front de soutenir qu'il y a quelque chose à reprendre dans les appréciations portées çà et là par Trotsky sur les autres et sur lui-même, et qui continuera à détester vraiment cet homme, et qui ne se laissera en rien toucher par son ton de voix qui est parfait.

Il faut lire les brillantes, les justes, les définitives, les magnifiques pages de réfutation consacrées aux Lénine de Gorki et de Wells. Il faut méditer longtemps sur le chapitre qui traite de ce recueil d'écrits d'enfants consacrés à la vie et à la mort de Lénine, en tout point dignes du commentaire, et sur lesquels l'auteur exerce une critique si fine et si désespérée : “ Lénine aimait à pêcher. Par une journée chaude il prenait sa ligne et s'asseyait sur le bord de l'eau, et il pensait tout le temps à la manière dont on pourrait améliorer la vie des ouvriers et des paysans. ”

Vive donc Lénine ! Je salue ici très bas Léon Trotsky, lui qui a pu, sans le secours de bien des illusions qui nous restent et sans peut-être comme nous croire à l'éternité, maintenir pour notre enthousiasme cet invulnérable mot d'ordre :

“ Et si le tocsin retentit en Occident et il retentira , nous pourrons être alors enfoncés jusqu'au cou dans nos calculs, dans nos bilans, dans la N.E.P., mais nous répondrons à l'appel sans hésitation et sans retard : nous sommes révolutionnaires de la tête aux pieds, nous l'avons été, nous le resterons jusqu'au bout. ”

Notes

[1]. La Révolution surréaliste, n° 5, 15 octobre 1925.
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Lénine, les bolcheviks garderont-ils le pouvoir ?

Message par com_71 » 11 Fév 2024, 21:10

...la force de résistance des prolétaires et des paysans pauvres, nous ne l'avons pas encore vue, car cette force n'apparaîtra dans toute son ampleur que lorsque le pouvoir sera aux mains du prolétariat., lorsque des dizaines de millions d'hommes, écrasés par la misère et par l'esclavage capitaliste, verront à l'expérience, sentiront que le pouvoir dans l'Etat est exercé par les classes opprimées, que le pouvoir aide la classe pauvre à lutter contre les propriétaires fonciers et les capitalistes, qu'il brise leur résistance. Alors seulement nous pourrons voir quelles forces encore intactes de résistance aux capitalistes dorment chez le peuple, alors seulement se manifestera ce qu'Engels appelle «socialisme latent», alors seulement pour chaque dizaine de milliers d'ennemis déclarés ou cachés, se révélant par leur action ou par leur résistance passive contre le pouvoir de la classe ouvrière, se dresseront par million de nouveaux combattants, plongés jusqu'alors dans le sommeil politique, végétant dans les souffrances de la misère et le désespoir, qui avaient cessé de croire qu'ils sont eux aussi des hommes, qu'ils ont eux aussi droit à la vie, que toute la puissance d'un Etat moderne centralisé puisse être aussi à leur service, que les détachements de la milice prolétarienne les appellent, eux aussi, avec une confiance sans réserve, à prendre une part directe, immédiate, quotidienne à la gestion de l'Etat.

Les capitalistes aidés des propriétaires fonciers et grâce à la bienveillante participation des Plékhanov, des Brechkovskaïa, des Tsérétéli, des Tchernov et consorts, ont tout fait pour salir la république démocratique, pour la salir par leur servilité devant la richesse, à tel point que le peuple est en proie à l'apathie, à l'indifférence, que tout lui est égal, car un homme qui souffre de la faim ne peut distinguer la république de la monarchie, un soldat transi de froid, nu-pieds, harassé, qui meurt pour les intérêts d'autrui, ne peut pas aimer la république.

Mais quand le dernier manœuvre, quand n'importe quel chômeur, quand toute cuisinière, tout paysan ruiné verra - non pas dans les journaux, mais de ses propres yeux - que le pouvoir prolétarien ne rampe pas devant la richesse, mais qu'il aide le pauvre, que ce pouvoir ne recule pas devant des mesures révolutionnaires, qu'il prend aux parasites leur superflu pour le donner aux affamés, qu'il installe de force les sans-abri dans les appartements des riches, qu'il contraint les riches à payer le lait, mais ne leur donne pas une goutte de lait tant que les enfants de toutes les familles pauvres n'en ont pas reçu en quantité suffisante, quand ils verront que la terre est remise à ceux qui la travaillent, que les usines et les banques sont placées sous le contrôle des ouvriers, qu'un châtiment immédiat et sévère attend les millionnaires qui dissimuleront leur richesse, quand donc le pauvre verra et sentira tout cela, alors aucune force des capitalistes et des koulaks, aucune force du capital financier mondial qui brasse des centaines de milliards, ne pourra vaincre la révolution populaire ; c'est elle, au contraire, qui vaincra le monde entier, car dans tous les pays mûrit la révolution socialiste.

Notre révolution est invincible, si elle n'a pas peur d'elle-même, si elle confie la totalité du pouvoir au prolétariat, car nous avons derrière nous des forces encore infiniment plus considérables, plus développées, plus organisées du prolétariat mondial, écrasées pour un temps par la guerre ; mais la guerre ne les a pas détruites ; elle les a, au contraire, multipliées.


https://www.marxists.org/francais/lenin ... 001-22.htm
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