Cadeau de 1er mai

Marxisme et mouvement ouvrier.

Cadeau de 1er mai

Message par artza » 01 Mai 2015, 22:06

Histoire ou théorie?
En tout cas le point de vue d'un travailleur de la Poste exilé breton à Paris.
J'ai entendu ça dans un rad de Belleville la veille du 1er mai:

Moitié breton
moitié teuton
je vous présente mon pote kiki
il a des ancêtres en kippa
qui picolaient de la vodka
à l'ombre des tsars de la Russie

Un peu bretonne
un peu manouche
je vous présente ma pote Susie
son papa est de Tunisie
c'est un mélange qui détonne
comme le pet' qu'elle a dans la bouche.

Moi qui aime bien les étranges
les métèques et les métissés
j'ai un complexe, je suis stréssé
je vis dans la désolation
d'pas être issu d'l'immigration.

Je serais heureux comme un ange
d'avoir un grand-papa pygmée,
oui, mais voilà, c'est en Bretagne
que tous mes ancêtres, ils sont nés.

Pour moi les racines c'est le bagne
c'est un calvaire, une idée fixe
que je n'descende que d'Obélix.

Alors parfois je me console
à l'idée que des espagnols
au temps de la marine à voile
un jour remontant le courant
aient fait escale à Lorient.

Et qu'une grand mère un peu frivole
tombe amoureuse d'un hidalgo
et que de cet amour fugace
soit né un petit toréro.

Et tant pis si ça vous désole
ce p'tit caillou dans ma godasse
ce clandestin au fond d'la cale
de ma genèse familiale.

Je m'en fous de la celtitude
j'trouve ça triste comme la solitude
j'échange volontiers mon biniou
pour la guitare d'un andalou.

Oui mais voilà, j'suis pas sur
je n'aime pas la corrida
aucun don pour le flamenco
et quand parfois je me biture
je vomis toute ma sangria
car je n'ai rien rien d'un hidalgo.

Ah vraiment ils me désespèrent
les gens fiers d'être enracinés
les racines c'est bon pour les plantes
mais ce n'est pas not' destinée!
De tous mes celtiques ancêtres
j'm'en balance comme de l'an quarante
de l'air ouvrons vite les fenêtres!

Moi les racines, je trouve ça nul
aussi cons que les tubercules
je n'suis pas né pour qu'on m'enterre
je ne suis pas une pomme de terre
et quitte à être ridicule
je préfère être une libellule!

Pas le moindre gêne d'un p'tit chinois
ni même l'once d'un bourguignon
je vous jure que c'est pas par choix
qu'on m'a labellisé breton!

Un jour, un jour...
un jour j'ai fait un vrai cauchemar
c'était au fin fond de l'Histoire
avec une cousine germaine
j'batifolais sous un dolmen
je n'ose à peine ici vous dire
dans quel état était l'menhir!

C'est au moment le plus intime
qu'elle me fit sa déclaration
mais là je ne trouve plus de rimes
pour vous dire ma consternation
car au moment le plus propice
j'ai entendu son beuglement
alors foin de tous mes délices
je me réveillais prestement.

Adieu menhirs, adieu dolmens
adieu les amours consanguines
c'était un discours bleu-marine
c'était la fille du vieux Le Pen
s'excitant au mot de nation
s'indignant d l'immigration.
Ah je frémis de mes visions
éteignons la télévision!

Et vous voulez qu'sur ma voiture
pour vous prouvez que j'ai d'la culture
que je pose cet autocollant
que "je suis fier d'être breton"?

Moitié breton, moitié manouche
teuton, feuj ou de Tunisie
venus du fin fond d'la Russie...

Je vous présente mon pote Kiki
je vous présente ma pote Susie

Vous dites que vous trouvez ça louche?
Je vous dis kénavo, tant pis
vous dites que vous trouvez ça louche?
Je vous dis kénavo, tant pis

Olé!!!
artza
 
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Re: Cadeau de 1er mai

Message par satanas » 02 Mai 2015, 13:02

Une belle petite déclaration d'amour à l'humanité....
Et une belle petite (gentille) claque à tous les imbéciles heureux et fiers d'être nés quelque part... et s'autorisent à pourrir la vie de ceux qui sont nés ailleurs.....
satanas
 
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Re: Cadeau de 1er mai

Message par artza » 08 Mai 2015, 08:19

A la demande générale un petit deuxième de notre ami le postier breton de Paris:


TERRORISME

"Papa, maman, j'ai peur"
pleure l'enfant.
l'enfant quelque part sur la Terre,
un enfant qui pleure
un enfant qui crie:
"Papa, maman, j'ai peur"
où il y a la guerre,
quelque part sur la Terre,
quelque part sur la Terre
parce qu'il y a tous les jours
des m'sieurs qui font quelque part des affaires
au commerce des armes
et des bombardements
des larmes de l'enfant.

De l'enfant qui pleure
de l'enfant qui crie
"Papa, maman, j'ai peur".
Dans un pays pas loin d'ici,
car aucun pays n'est loin d'ici
pour les marchands de mort
quand il s'agit de faire son beurre;
et tant pis pour l'enfant qui pleure
et tant pis pour l'enfant qui crie:
"Papa, maman, j'ai peur"
au bruit des canons qui crachent la terreur.

"C'est par l'exportation
que s'enrichira la nation"
entonne le gouvernement.
Mais l'enfant
l'enfant qui crie:
"Papa, maman, j'ai peur"
n'entend pas,
il y a trop de bombes qui tombent
autour de lui.

Et l'ouvrier travaille ses huit heures
consciencieusement.
Travaille ses huit heures
parce qu'il faut nourrir ses enfants
et payer son loyer.
Travaille ses huit consciencieusement
durement
dans les ateliers des fabriques d'armement
à la fabrication des avions, des missiles et des chars
pour l'or, l'euro ou le dollar
qui se moquent de l'enfant,
de l'enfant qui pleure
de l'enfant qui crie:
"Papa, maman, j'ai peur".

Et l'état-major de l'industrie militaire
dit tant pis.
Tant pis pour lui
tant mieux pour les coffres-forts
tant mieux pour les affaires
tant mieux pour les actionnaires
tant mieux pour les Dassault, Luchaire et Lagardère.
Et tous ces braves gens
se disent bonjour au salon du Bourget
"Bonjour" devant leurs jolis jouets très chers
qui n'amusent pas l'enfant.
L'enfant qui pleure
l'enfant qui crie:
"Papa, mama, j'ai peur".

Et le travailleur rentre chez lui
après son dur labeur;
embrassent ses enfants qui rient
et la maman de ses enfants.
Et il s'assoit vidé, fatigué
devant l'écran de la télé
où les honnêtes milliardaires
s'apitoient dans les émissions.
Se plaignent du cours des actions
des charges et du coût des salaires
qui les saignent, les lacèrent, les assassinent...

Mais l'enfant qui pleure
l'enfant qui crie:
"Papa, maman, j'ai peur"
n'entend pas
ne comprend pas
à cause du bruit des bombes
qui tombent sur les ruines
qui tombent autour de lui.

Et puis une bombe tombe, là
près de lui.
Près de l'enfant qui pleure
près de l'enfant qui crie:
"Papa, maman, j'ai peur".
L'enfant ne pleure plus
l'enfant ne crie plus
l'enfant n'a pas eu de chance.
Il est mort.
Sur la tombe était écrit:
MADE IN FRANCE

artza
 
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