Qu'en disait Trotsky en janvier 33, avant les élections ?
https://www.marxists.org/francais/trots ... 330206.htmQuels sont les plans possibles du gouvernement Hitler-Hindenburg dans la perspective des élections au Reichstag ? Il est absolument évident que le gouvernement actuel ne peut admettre un Reichstag, dont la majorité lui soit hostile. C'est pourquoi, la campagne électorale et les élections doivent conduire, d'une manière ou d'une autre, à un dénouement. Le gouvernement comprend, que même sa victoire complète aux élections - c'est-à-dire s'il dispose au parlement de 51 % des mandats - non seulement ne signifiera pas un règlement pacifique de la crise, mais, au contraire, pourra apparaître comme le signal d'un mouvement décisif contre le fascisme. Voilà pourquoi le gouvernement ne peut pas ne pas se préparer à des actions décidées pour le moment où les résultats des élections seront connus.
La mobilisation préventive des forces nécessaires à cela n'en trouvera pas moins une application, si les partis gouvernementaux se retrouvent en minorité et doivent, par conséquent, abandonner définitivement le terrain de la légalité de Weimar. C'est ainsi que dans les deux cas, qu'il s'agisse d'une défaite parlementaire du gouvernement (moins de 50 %) ou d'une victoire (plus de 50 %), il faut s'attendre à ce que les nouvelles élections soient le point de départ d'une lutte décisive.
Une troisième variante n'est pas exclue : sous couvert de la préparation des élections, les nationaux-socialistes effectuent un coup d'Etat, sans attendre les élections. Une action de ce genre semblerait la plus juste du point de vue tactique, si l'on se place du point de vue des nazis. Mais, étant donné le caractère petit-bourgeois de ce parti, son incapacité à prendre l'initiative d'une action indépendante et sa dépendance vis-à-vis d'alliés méfiants, on peut en déduire qu'il est peu probable qu'Hitler se décide à une telle action. La supposition qu'un coup d'Etat de ce type soit conçu par Hitler conjointement avec ses alliés, est très peu vraisemblable, car les élections ont une deuxième fonction, qui est de modifier la répartition des sièges gouvernementaux entre les alliés.
Toutefois, au niveau de l'agitation, il est indispensable d'avancer cette troisième éventualité. Si les passions s'échauffent trop pendant la période préélectorale, un coup d'Etat pourrait devenir une nécessité pour le gouvernement, même si aujourd'hui, ses plans ne vont pas aussi loin.
Et après ?
https://www.marxists.org/francais/trots ... 330206.htm
Et aujourd'hui, se trouvant déjà devant des ruines, la direction de l'Internationale communiste craint plus que tout la lumière et la critique. Que périsse la révolution mondiale, mais que vive le faux prestige ! Les banqueroutiers sèment la confusion et brouillent les traces. La Pravda considère comme une " immense victoire politique " le fait que le Parti communiste allemand, alors qu'il recevait les premiers coups a perdu " seulement " 1 200 000 voix, pour une augmentation globale des votants de quatre millions. De la même manière, Staline, en 1924, jugeait comme une " victoire immense ", le fait que les ouvriers allemands qui avaient reculé sans combat, aient réussi à donner au Parti communiste 3 600 000 voix. Si le prolétariat, trompé et désarmé par les deux appareils, a donné cette fois-ci au Parti communiste près de cinq millions d'électeurs, cela signifie seulement qu'il lui aurait donné deux fois ou trois fois plus, s'il avait eu confiance en sa direction. Il l'aurait porté au pouvoir, si le parti avait su montrer qu'il était capable de le prendre et de le conserver. Mais il n'a rien donné au prolétariat si ce n'est la confusion, des zigzags, des défaites et des malheurs.
Oui, cinq millions de communistes sont encore parvenus à se rendre un à un aux urnes. Mais ils ne sont ni dans les entreprises, ni dans la rue. Ils sont désemparés, éparpillés, démoralisés. Sous le joug de l'appareil, ils ont perdu l'habitude d'être indépendants. La terreur bureaucratique du stalinisme a paralysé leur volonté, avant que soit venu le tour de la terreur criminelle du fascisme.