Le premier congrès des écrivains et artistes noirs

Marxisme et mouvement ouvrier.

Le premier congrès des écrivains et artistes noirs

Message par com_71 » 09 Oct 2016, 16:21

Combat Ouvrier a écrit :Il y a 60 ans : Le premier congrès des écrivains et artistes noirs et le rôle des intellectuels

Du 19 au 21 septembre 1956 s’ouvrait à Paris le premier congrès des écrivains et artistes noirs à l’amphithéâtre Descartes à la Sorbonne. Y participèrent : Aimé Césaire, Franz Fanon, Léopold Sédar Senghor, Abdoulaye Wade, Jacques Rabemananjara, Edouard Glissant, Richard Wright, Hamadou Hampaté Ba, René Depestre, Jean Price-Mars, et bien d’autres.

Vers la décolonisation
Il s’agissait pour eux tous, de faire connaître au monde leur existence, leurs œuvres, leur pensée. Ils étaient unis et réunis par une condamnation commune du colonialisme, du racisme et de ses méfaits sur les peuples dominés et singulièrement sur les peuples noirs africains, caribéens, et noirs américains. Ce congrès eut lieu dans une période où s’affirmaient un peu partout dans le monde les revendications anticolonialistes, les mouvements de luttes indépendantistes dans les colonies. Au moment même où avait lieu ce congrès, la guerre d’Algérie faisait rage contre la colonisation française, et aux USA les premières luttes revendicatrices des Noirs contre la ségrégation raciale et pour les droits civiques débutaient tout juste.

Les limites des intellectuels
Ces écrivains et artistes noirs jouèrent un rôle d’éveilleurs de conscience anticolonialiste pour toute une génération. Mais en même temps, ils orientaient cette même génération vers les idées nationalistes. Aucun de ces écrivains et artistes noirs ne rejoignit le combat de classe des travailleurs contre le capitalisme et la bourgeoisie. Certains d’entre eux, comme Césaire, Depestre ou Wright étaient bien issus du communisme, mais de ce communisme perverti par le stalinisme et les partis staliniens. Le stalinisme, depuis longtemps, n’avait absolument plus rien à voir avec le programme communiste révolutionnaire de Marx, Lénine ou Trotsky. Certes, Aimé Césaire dans sa lettre à Maurice Thorez pour expliquer sa démission du PCF, critique le stalinisme. Il se dit même encore marxiste. Mais cela ne le conduit pas pour autant à prôner une véritable lutte révolutionnaire communiste.

Ces intellectuels et écrivains noirs, brillants, de grand talent, fleurons des universités françaises ont fait un autre choix. Pourtant, à l'époque même de leur jeunesse, dans les années 1920 et 1930, où ils se forgeaient une personnalité et une idéologie, Léon Trotsky, encore vivant, avait publié un ensemble de textes critiques du stalinisme et le vrai programme communiste correspondant à la période. Le poète André Breton, chantre du surréalisme, qui fut un ami d’Aimé Césaire et de bon nombre d’écrivains et artistes noirs, avait rompu avec le stalinisme et soutenu le programme trotskyste. Mais aucun des grands intellectuels noirs, d’Afrique, de la Caraïbe ou des USA ne prit ce chemin. Ils ont choisi une autre voie politique qui était celle du nationalisme. Les leaders de cette génération dont Senghor, Césaire, Fanon n’ont pas dépassé les limites de la dénonciation du colonialisme, du racisme. Et quelle que fut la valeur et la portée de leurs écrits - le Discours sur le colonialisme de Césaire reste ce qu’on a fait de mieux en matière de dénonciation du colonialisme - il n’en reste pas moins vrai que ce combat demeurait limité en ce sens qu’il n’était pas une lutte pour l’émancipation des exploités de l’exploitation capitaliste. Cela, seul le véritable programme communiste révolutionnaire peut y conduire.

Les intellectuels et la lutte pour la véritable émancipation des peuples
La voie empruntée par ces écrivains et artistes conduisit la plupart d'entre eux presque naturellement dans cette époque de décolonisation à des postes de notables et de dirigeants officiels. Senghor devint président du Sénégal ainsi que Abdoulaye Wade, Jacques Rabemananjara, vice-président de Madagascar. Césaire fit carrière comme député-maire en siégeant aux côtés du Parti socialiste français à l’Assemblée nationale. Mais on peut penser que s’il s’était trouvé parmi tous ces intellectuels de talent, dans leur jeunesse des révolutionnaires sincèrement communistes, désintéressés, non carriéristes, ils auraient pu aider valablement à la construction de véritables partis révolutionnaires. Léon Trotsky écrivait en 1938 : « la crise historique de l'humanité se réduit à la crise de la direction révolutionnaire ». Le prolétariat, depuis la révolution russe d’octobre 1917, jusqu’à aujourd’hui, malgré ses combats parfois héroïques et pré révolutionnaires, n’a pas trouvé à ses côtés suffisamment d’intellectuels. Ils auraient été précieux pour aider les travailleurs à construire une direction révolutionnaire dans leur lutte de classe contre l’exploitation capitaliste.

Il faudra pourtant bien qu’il y en ait, et il y en aura, dans la lutte victorieuse pour l’émancipation des opprimés et partant, de l’humanité entière pour sortir de l’esclavage salarié et de la barbarie.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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com_71
 
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