CITATION notre canard est austère. oui, certes; mais la situation ne prête pas particulièrement à écrire des articles suitant la joie de vivre. je suis dans un millieu pb, et j'ai eu le reproche de sympathisans je ne sais combien de fois que "notre journal n'est que négatif" ou "qu'il est austère". Mais à qui s'adresse-t-on? A des gens qui vivent bien et trouvent le temps d'acheter et de lire télérama ou les inrockuptibles? Ou à des prolos, pour qui c'est un sacrifice financier d'acheter le canard, et qui le font parce que ça parle de ce que eux vivent?
Le style de Rouge me hérisse également: titrer un édito récemment en parlant de je ne sais plus quoi "d'la bombe" est triste pour une orga révolutionnaire.
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Sur le fond, en particulier le contraste avec Rouge je suis d'accord. LO est un canard qui s'adresse aux travailleurs, qui discute de leurs préoccupations. Et de ce point de vue, ce qui est aussi important c'est quand même la présence de nombre de correspondances de boîte où il y a des grèves, des mouvements partiels etc. Par contre cela ne nous oblige pas à faire austère. D'ailleurs je ne crois pas que ce soit l'objectif des rédacteurs de "faire un canard triste parce que vous comprenez, la pauvre vie de ces pauvres prolos est triste". Sinon comment expliquer par exemple les dessins humouristiques (leur qualité humouristique est une autre question, mais l'exercice est difficile). Et puis ce que l'on cherche au fond ce n'est pas tellement à montrer aux "prolos" à quel point leur vie est dur et faite d'exploitation, ça ils n'ont pas besoin de nous lire pour le savoir. On cherche à dénoncer les saloperies du gouvernement, du patronnat, de l'impérialisme (d'où le ton parfois un peu répétitif), à montrer qu'il existe aussi partielles soit-elles des luttes de la classe ouvrière (correspondances de boite), et à mettre en avant des perspectives pour les exploités (et là encore il peut y avoir un peu un ton répétitif). En gros, on fait un canard appelé "Lutte ouvrière" et pas "Marasme prolétarien" (de même d'ailleurs qu'on ne fait pas des bulletins de boite avec des écho larmoyant sur le sort des travailleurs). Maintenant, si cela ne plait souvent pas à des étudiants où autre, c'est en effet parce qu'ils n'y retrouvent pas leurs préoccupations, un ton "djeune qui bouge" etc. et là c'est en effet un choix de classe.
Enfin, le coup des prolos qui doivent se saigner aux quatre veines pour acheter le canard en faisant en moyenne le sacrifice de ... 4 euros par mois, faudrait peut-être pas trop pousser...