Gramsci

Marxisme et mouvement ouvrier.

Gramsci

Message par com_71 » 11 Mai 2017, 01:57

lutte ouvrière a écrit :Il y a 80 ans : Gramsci, révolutionnaire communiste
10 Mai 2017

Cet article est traduit du journal de nos camarades italiens de L’Internazionale (UCI), à l’occasion de l’anniversaire de la mort de Gramsci, l’un des fondateurs du Parti communiste d’Italie.

Combien de fois Antonio Gramsci a-t-il été tué ? Une fois le 27 avril 1937, à la suite des dix années de prison auxquelles l’avait condamné le régime fasciste et une seconde fois par les staliniens, au premier rang desquels Togliatti, qui ont longtemps dissimulé ou amputé sa correspondance et les Cahiers de prison, pour en faire une sorte de père spirituel de la « voie italienne vers le socialisme ».

Gramsci tué une deuxième fois

On présente aujourd’hui Gramsci comme une espèce d’hérétique du marxisme, un penseur trouvant en réalité sa place légitime dans l’histoire de la pensée libérale démocratique, dont on se plaît à citer – de tous les bords politiques – des phrases sorties de leur contexte ou dont on célèbre les « intuitions ». Et voilà qu’on le tue une nouvelle fois !

L’année de sa mort dans un hôpital de Rome, 1937, est l’une des années les plus sombres pour le mouvement ouvrier international. C’est l’année durant laquelle la répression en Union soviétique fait le plus grand nombre de morts, s’acharnant en premier lieu sur la vieille garde bolchevique. C’est l’année de Nikolaï Ejov, le célèbre chef de la police stalinienne. C’est l’année où s’éteint la brève lueur d’espoir apportée par la révolution espagnole au prolétariat européen qui, en Italie et en Allemagne, est écrasé sous le talon de fer des dictatures fascistes. Et c’est justement depuis l’Espagne révolutionnaire, à Radio Barcelone, qu’un militant anarchiste italien rappellera l’œuvre de Gramsci. Ce même militant, Camillo Berneri, sera assassiné par les tueurs staliniens quelques jours plus tard, au cours des journées de mai.

Mais si la mort de Gramsci coïncide avec l’approfondissement d’une crise tragique pour toute l’humanité, sa vie de penseur et de militant socialiste s’est déroulée parallèlement à la reprise du mouvement révolutionnaire international.

L’influence des idées socialistes sur le jeune Gramsci commence avec ses premières lectures et grâce à l’exemple de son frère aîné, Gennaro, qui fut secrétaire de la section du Parti socialiste de Cagliari en Sardaigne et administrateur de la Bourse du travail locale. Ayant obtenu une bourse d’études, Gramsci s’inscrit à l’université de Turin, à la faculté de lettres. C’est dans l’atmosphère de cette ville industrielle que mûrissent ses convictions politiques. Il adhère au Parti socialiste en 1913, mais il est alors encore très fortement influencé par le philosophe idéaliste Benedetto Croce.

Avec les ouvriers turinois

Les nouvelles des événements révolutionnaires en Russie et les émeutes de Turin en août 1917 le rapprochent de l’aile la plus radicale du mouvement socialiste. En 1919, il fonde le journal L’Ordine Nuovo (l’Ordre nouveau), qui paraîtra d’abord comme un supplément turinois du quotidien socialiste Avanti ! (En avant !). Le journal regroupera bientôt les socialistes turinois, ouvriers et intellectuels, qui formeront par la suite l’une des composantes du Parti communiste. Gramsci figure parmi les dirigeants socialistes qui suivent, encouragent et organisent la lutte des travailleurs turinois durant le Biennio rosso (les deux années rouges) de 1919-1920.

Le débat, et même la polémique, qui se développe alors sur la question des conseils d’usine, dans lesquels Gramsci voyait l’embryon de soviets italiens, ne peut être traité en quelques lignes. Soulignons toutefois ici qu’il s’agit d’une discussion interne du mouvement communiste italien naissant. Gramsci défendait ses positions, justes ou erronées, en tant que communiste, militant de la révolution prolétarienne, qui cherchait à percevoir dans les luttes et les formes d’organisation que la classe ouvrière se donnait, la voie vers le renversement du capitalisme.

Malgré cette évidence historique, sans rien y comprendre et peut-être même sans l’avoir jamais vraiment lu, les plus éloignés des politiciens du monde bourgeois se sont emparés ces dernières années de Gramsci, de Sarkozy en France aux politiciens de droite Gianfranco Fini ou Sandro Bondi en Italie. Mais c’est surtout dans le milieu des professeurs, des philosophes professionnels, que l’on trouve aujourd’hui les interprètes les plus improbables de la pensée de Gramsci. Ceux-là, mis devant la profondeur des écrits de Gramsci, ne pouvaient supporter l’idée que cette profondeur puisse provenir de son adhésion au marxisme, qu’ils réduisaient pour leur part depuis longtemps à une série de dogmes rigides. Ils se sont donc fabriqué un Gramsci de salon, philologue cultivé et humaniste libéral raffiné. Le sujet idéal de nombreux séminaires, débats académiques et autres tables rondes.

Quant à nous, le Gramsci qui nous intéresse est celui qui écrit, quelques mois après le congrès de janvier 1921 à Livourne : « Avec la création du Parti communiste, la classe ouvrière rompt avec toutes les traditions et affirme sa maturité politique. La classe ouvrière ne veut plus collaborer avec les autres classes pour le développement et la transformation de l’État parlementaire bureaucratique : elle veut travailler de manière positive, pour son propre développement autonome ; elle pose sa candidature à la direction de la société et affirme ne pouvoir accomplir cette fonction historique que dans le cadre d’institutions différentes des institutions actuelles, dans le cadre d’un nouvel appareil d’État, et non au sein de l’État parlementaire bureaucratique. »

L’Internazionale
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Re: Gramsci

Message par com_71 » 11 Mai 2017, 02:16

notice nécrologique de Gramsci par Blasco (Pietro Tresso) en 1937 a écrit :Un grand militant est mort... Gramsci

Après onze ans de prison, Antonio Gramsci est mort d'une apoplexie à Rome, dans une clinique, où la bestiale répression fasciste s'était vue obligée de le transférer il y a deux ans, pour éviter que l'homme le plus aimé du prolétariat d'Italie, finît par mourir au fond de son cachot.

Antonio Gramsci était venu au socialisme dans les années qui précédèrent immédiatement la guerre de 1914, lorsque, jeune étudiant, fils de paysans pauvres, de sa Sardaigne natale, il alla à Turin dans le but de continuer ses études. Ce fut dans la capitale du Piémont, au contact du prolétariat industriel le plus concentré et le plus expérimenté d'Italie, qu'il fit ses premiers pas sur le chemin de la révolution. Quoique d'un extérieur extrêmement négligé et d'un physique pénible, il faisait du premier abord la plus grande impression sur ceux qui avaient l'occasion de s'entretenir avec lui. Mussolini, qui, en 1914, avant son reniement, avait été appelé à Turin par le groupe des étudiants socialistes, dont Gramsci, se souvenait justement de lui, huit ans plus tard lorsqu'il écrit que le Parti Communiste avait pour tête un petit bossu, extraordinairement intelligent et malin...

La tourmente de 1914 et l'entrée en guerre de l'Italie en 1915 trouvèrent Gramsci, encore ignoré, encore obscur, à son poste de combat. Il ne fléchit point. Les racontars selon lesquels il aurait eu des hésitations ou même des sympathies pour le mouvement interventionniste, ne sont que des insinuations habilement répandues par certains « disciples » à retardement dans le but de justifier leur désertion et leur lâcheté. En 1917, dans l'année la plus dure de la guerre, au moment où la réaction s'acharne impitoyablement contre le révolutionnaire, tandis que Ercoli * (l'actuel secrétaire de l'I.C.), reniait le Parti au nom de la « Magna Anglia », Gramsci continue sa modeste besogne, assure le service de correspondance avec l'organe central du Parti « l'Avanti » comme il assure les liaisons avec les camarades restés à Turin, ou qui reviennent de la zone de guerre. Gramsci m'a affirmé lui-même, en 1922, qu'il n'avait jamais été interventionniste.

Mais c'est seulement en 1919 que Gramsci révèle entièrement toutes ses qualités de polémiste, de tête et de cœur de la classe ouvrière et plus particulièrement du prolétariat industriel du Piémont.

En 1919, le prolétariat italien est en pleine effervescence révolutionnaire. Les reculs successifs de la bourgeoisie rapprochent extraordinairement aux yeux de la classe ouvrière et des masses laborieuses la possibilité de la victoire définitive, du triomphe de la révolution. Les nouvelles provenant de Russie sur les victoires et la consolidation du pouvoir soviétique, emportent les masses d'enthousiasme. L'emblème de la faucille et du marteau couvre les murs des villes et des villages d'un côté à l'autre de l'Italie. Les noms de Lénine et de Trotsky sont acclamés comme des défis de combat par des millions d'ouvriers, de soldats, de petits paysans. Le Parti Socialiste, qui grossit de jour en jour se révèle absolument impuissant pour coordonner le mouvement des masses, pour organiser la révolution. Même les éléments révolutionnaires les plus conscients et décidés avancent d'un pas irrésolu et incertain.

Deux noms émergent : Bordiga et Gramsci.

Bordiga, déjà connu des jeunes avant la guerre, qui connaît mieux que Gramsci les hommes du Parti Socialiste, et le Parti lui-même, fonde à Naples l'hebdomadaire « Le Soviet » et organise d'un bout à l'autre de l'Italie sa fraction qui plus tard sera appelée la « fraction des abstentionnistes » parce qu'elle préconisa l'abstention des élections parlementaires. Le combat de Bordiga est le combat pour la scission d'avec les réformistes et les centristes ; le combat pour la construction du Parti de la révolution. Il est seul à se battre déjà depuis plus d'une année pour ce but. Gramsci ne voit pas encore cette nécessité. De l'expérience toute fraîche de la révolution d'octobre et des révolutions des autres pays, il retient surtout le phénomène de la croissance et du développement des « Conseils de Fabrique ». Il voit dans ces Conseils la forme révélée par l'histoire de l'auto gouvernement des masses travailleuses, les cellules vivantes de l'Ordre Nouveau.

L'Ordine Nuovo sera donc le titre de l'hebdomadaire qu'il fonde à Turin et dont il prend la direction. Toute la vraie personnalité de Gramsci, son originalité, sa grandeur, se trouvent dans ce journal. Pendant deux ans, dans des articles à forme très personnelle, mais qui reflètent tout le tourment et tout l'effort créateur de l'avant-garde révolutionnaire du prolétariat de Turin, Gramsci dévore les trésors de son intelligence, de sa culture et de sa passion révolutionnaire pour impulser les Conseils d'usine, pour en démontrer la valeur destructive de l'ordre capitaliste et nécessaire en tant que cellules constitutives de l'Ordre Nouveau, de l'ordre socialiste et communiste. Les ouvriers avancés des grandes usines de Turin, les membres des « Commissions Internes », se serrent autour de lui. Les bureaucrates syndicaux l'accusent de saper l'autorité et les fonctions des syndicats, mais lui-même répond en gagnant à son point de vue les majorités syndicales et en transformant ainsi les syndicats en puissants soutiens des Conseils d'usines au lieu d'en être les adversaires.

La défaite subie par le prolétariat italien en septembre 1920 à la suite de l'abandon des usines occupées sera la fin aussi de ce mouvement des Conseils d'usines, auxquels Gramsci a donné le meilleur de sa vie. « L'Ordine Nuovo », d'hebdomadaire se transforme en quotidien, mais il sera désormais autre chose que celui qu'il avait fondé.

Les philistins et les bureaucrates, ceux qui, aujourd'hui, cherchent à exploiter Gramsci au profit de la trahison et de l'escroquerie stalinienne, nous présentent déjà un Gramsci truqué, méconnaissable à ceux qui l'ont connu et à lui-même s'il était encore vivant.

Nous croyons pouvoir dire, par contre, que Gramsci, malgré ses qualités éminentes, s'est lui aussi trompé, et sur des problèmes importants. Et nous pouvons ajouter que lui en avait pleine conscience et ne craignait pas de le dire. La preuve en est que pendant des années il s'est refusé à recueillir en volume ses écrits. A la fin, il s'était décidé à le faire, mais il avait commencé à écrire une préface (il en avait déjà écrit environ 100 petits papiers de sa très petite mais claire calligraphie) dans laquelle il se critiquait lui-même avec cette honnêteté intellectuelle qui le caractérisait.

Ce projet a été brisé par son arrestation au moment des lois d’exception et maintenant, par sa mort.

Nous ne savons pas quelle a été l'évolution de Gramsci au cours des onze années de prison, mais nous pouvons affirmer ceci : toute l'activité de Gramsci, toute sa conception du développement du Parti et du mouvement ouvrier s'oppose de façon absolue au Stalinisme, à ses crapuleries politiques, à ses falsifications éhontées. Un des derniers actes politiques de Gramsci avant son arrestation, en 1926, a été celui de faire approuver par le B.P. du Parti italien, une lettre adressée au B.P. du Parti russe lui demandant de se contenir vis-à-vis du camarade Trotsky dans les limites d'une discussion entre camarades, et de ne pas adopter les méthodes qui fausseraient les problèmes controversés et empêcheraient le Parti et l'Internationale de se prononcer en pleine connaissance de cause. Cette lettre fut approuvée aussi par Grieco (Garlandi), Camilla Rayera et Mauro Scoccimarro.

Mais elle fut envoyée sur « une voie de garage » par Ercoli qui, étant à Moscou et en ayant pressenti les destinataires, a cru bon de la garder dans sa poche.

Nous pouvons affirmer aussi que, au moins depuis 1931, et jusqu'en 1935, la rupture morale et politique de Gramsci avec le Parti stalinisé était complète. La preuve est donnée non seulement par le fait que pendant ces années la presse a mis la sourdine à la campagne pour la libération de Gramsci, mais aussi par le fait que Gramsci avait été officiellement destitué en tant que Chef du Parti et que, à sa place, on avait dressé ce clown bon à tout faire qui s'appelle Ercoli ! Les camarades sortis de prison nous ont communiqué aussi, il y a deux ans, que Gramsci avait été exclu du Parti, exclusion que la direction avait décidé de tenir cachée au moins jusqu'à ce que Gramsci aurait été dans la possibilité de parler librement.

Et cela dans le but de pouvoir exploiter la personnalité de Gramsci à ses fins. En tout cas, les bureaucrates staliniens s'étaient arrangés pour ensevelir Gramsci politiquement avant que le régime mussolinien ne l'achevât physiquement.

Gramsci est mort, mais pour le prolétariat, pour les jeunes générations qui viennent à la révolution au travers de l'enfer fasciste, il restera toujours celui qui mieux que tout autre a incarné les souffrances, les aspirations et la volonté des ouvriers et des paysans pauvres d'Italie, au cours des vingt dernières années.

Il restera un exemple de droiture morale et de probité intellectuelle absolument inconcevable pour la congrégation des pique-assiettes staliniens dont le mot d'ordre est « s'arranger ».

Gramsci est mort, mais après avoir assisté à la décomposition et à la mort du Parti qu'il avait puissamment aidé a créer et après avoir entendu dans ses oreilles les coups de revolver chargés par Staline et qui abattirent toute une génération de vieux bolchéviks.

Gramsci est mort, mais après avoir su que des nouveaux vieux bolchéviks, comme Boukharine, Rikov et Rakovski étaient déjà prêts pour l'abattoir.

Gramsci est mort d'un coup au cœur, on ne saura peut-être jamais qui a contribué le plus à le tuer : les onze années de souffrance dans les prisons mussoliniennes ou les coups de pistolet que Staline a fait tirer dans la nuque de Zinoviev, de Kamenev, de Smirnov, de Piatakov et de leurs camarades dans les caves de la Guépéou.

Adieu Gramsci.

O. [BLASCO.]

* Ercoli était le pseudonyme de Palmiro Togliatti

https://www.marxists.org/francais/blasc ... ramsci.htm
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Re: Gramsci

Message par artza » 11 Mai 2017, 09:42

A propos de Gramsci une dicuss ancienne sur ce forum

https://forumamislo.net/viewtopic.php?f=11&t=29983
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Re: Gramsci

Message par Gayraud de Mazars » 11 Mai 2017, 12:10

Salut camarades,

Je le répète comme mot d'ordre si actuel et comme le précisait le camarade Antonio Gramsci, il faut toujours "Éduquer, Agiter, Organiser" !

"Éduquez-vous, parce que nous aurons besoin de toute votre intelligence. Agiter parce que nous aurons besoin de tout votre enthousiasme. Organisez-vous, car nous aurons besoin de toutes nos forces."

Fraternellement,
GdM
"Un seul véritable révolutionnaire dans une usine, une mine, un syndicat, un régiment, un bateau de guerre, vaut infiniment mieux que des centaines de petits-bourgeois pseudo-révolutionnaires cuisant dans leur propre jus."
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Re: Gramsci

Message par logan » 12 Mai 2017, 23:04

Un long texte de Bordiga à propos de Gramsci :
http://www.sinistra.net/lib/upt/prcomi/ ... sebof.html

La thèse de bordiga :
"En tant qu'idéologue, Gramsci s'inscrit dans ce vaste mouvement de réaction antimarxiste en épistémologie et en philosophie de l'histoire qui, suivant les époques et les aires culturelles, porte le nom de néo-kantisme, empiriocriticisme, vitalisme, pragmatisme, néo-idéalisme, etc. Les principaux caractères communs à toutes ces doctrines (qui se répercutent directement sur le plan de l'économie politique ou trouvent leurs pendants dans les conceptions subjectivistes de «l'école autrichienne» de Pareto, etc.) se ramènent au refus de toute position moniste et déterministe, c'est-à-dire de tout «objectivisme» (fût-ce celui de «l'idéalisme objectif», d'où l'abandon ou la défiguration calculée de l'hégélianisme) et à la résurrection plus ou moins explicite du spiritualisme tendanciellement individualiste et agnostique, dont l'aboutissement «conséquent» est le solipsisme.

En substance, on essaie de nier la possibilité même d'une connaissance objective, c'est-à-dire d'une science, d'une prévision dialectique des événements fondée sur des lois, c'est-à-dire sur l'enchaînement objectif et contraignant des processus matériels; quant à ces derniers, ou on nie tout simplement leur existence, ou on les déclare indéchiffrables. On commence, disait Lénine dans «Que faire?» par
«nier la possibilité de donner une base scientifique au socialisme et de prouver du point de vue de la conception matérialiste de l'histoire sa nécessité et son inévitabilité»."
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Re: Gramsci

Message par Kéox2 » 13 Mai 2017, 13:32

Bon, ben il faut que je me replonge d'urgence dans "Matérialisme et empiriocriticisme" de Lénine... :mrgreen:
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Re: Gramsci

Message par Gaby » 13 Mai 2017, 20:34

Fascinant ce texte de Bordiga. C'est la base théorique du sectarisme de bibliothécaire, le marxisme réduit à une vulgate millénariste, avec des angles qui ne peuvent convaincre personne : interdiction de se préoccuper des opprimés parce qu'ils ne luttent pas contre l'exploitation, attaque intégrale contre la démocratie, fétichisation du jacobinisme, etc. Quand on lit bien le fond "théorique", on comprend que ça peut servir de précis à n'importe quelle organisation qui vit en dehors du temps et du sol. Ca se récite sans jamais avoir à expliquer pourquoi le communisme n'a pas encore gagné. Et tant pis si ce texte a 90 ans, le fait que la stratégie bordiguiste n'ait mené à rien, c'est une préoccupation d'"immédiatiste".
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Re: Gramsci

Message par com_71 » 14 Mai 2017, 03:30

l'Internazionale a écrit :Le débat, et même la polémique, qui se développe alors sur la question des conseils d’usine, dans lesquels Gramsci voyait l’embryon de soviets italiens, ne peut être traité en quelques lignes. Soulignons toutefois ici qu’il s’agit d’une discussion interne du mouvement communiste italien naissant. Gramsci défendait ses positions, justes ou erronées, en tant que communiste, militant de la révolution prolétarienne, qui cherchait à percevoir dans les luttes et les formes d’organisation que la classe ouvrière se donnait, la voie vers le renversement du capitalisme.


"Gramsci défendait ses positions, justes ou erronées, en tant que communiste, militant de la révolution prolétarienne". On ne peut dire que la même chose de Bordiga.
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Re: Gramsci

Message par logan » 22 Mai 2017, 09:30

com_71 a écrit :
l'Internazionale a écrit :Le débat, et même la polémique, qui se développe alors sur la question des conseils d’usine, dans lesquels Gramsci voyait l’embryon de soviets italiens, ne peut être traité en quelques lignes. Soulignons toutefois ici qu’il s’agit d’une discussion interne du mouvement communiste italien naissant. Gramsci défendait ses positions, justes ou erronées, en tant que communiste, militant de la révolution prolétarienne, qui cherchait à percevoir dans les luttes et les formes d’organisation que la classe ouvrière se donnait, la voie vers le renversement du capitalisme.


"Gramsci défendait ses positions, justes ou erronées, en tant que communiste, militant de la révolution prolétarienne". On ne peut dire que la même chose de Bordiga.


Alors celle-là ellest bien bonne. :shock:

Gramsci soutint Staline publiquement, au moment fatidique de 1926... tandis que Bordiga a combattu la ligne de Staline dès le début.
Mais sans doute le soutien à Staline est-il le signe que l'on est un vrai "communiste, militant de la révolution prolétarienne" !
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Re: Gramsci

Message par com_71 » 22 Mai 2017, 11:46

logan a écrit :
Alors celle-là elle est bien bonne. :shock:

... sans doute le soutien à Staline est-il le signe que l'on est un vrai "communiste, militant de la révolution prolétarienne" !


La phrase citée visait la discussion de 1919-1920 sur les Conseils d'usine.
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