par Gayraud de Mazars » 03 Mars 2018, 18:41
Salut Com_71,
Je suis d'accord avec toi, mais quelques précisions s'imposent au débat...
Si le PCF était un parti révolutionnaire, ses perspectives de développement futur seraient très bonnes. D’une part, le système capitaliste imposera une dégradation constante des conditions de vie de la majorité. Les travailleurs, mais aussi les chômeurs, la majorité des jeunes et des retraités et les classes moyennes seront durement touchés par l’évolution de l’économie dans les années qui viennent. Des centaines de milliers de personnes issues de toutes ces catégories sociales seront à la recherche de solutions, surtout face la montée de la droite nationaliste et raciste. D’autre part, le Parti Socialiste, qui depuis des décennies a été le principal concurrent « de gauche » du PCF, s’est largement effondré. Le programme réformiste de La France Insoumise, si jamais Mélenchon se trouvait au pouvoir, finirait en débâcle, ouvrant de grandes possibilités pour le développement d’un mouvement révolutionnaire oppositionnel.
Cependant, le PCF n’est pas un parti révolutionnaire. Son programme réformiste reproduit toutes les caractéristiques fondamentales de celui de La France Insoumise. Dans ces conditions, il lui sera impossible de devancer La France Insoumise sur le plan électoral. Il serait parfaitement illusoire d’imaginer que les prochains congrès du parti – qui seront, comme les précédents, complètement verrouillés par la direction – déboucheront sur un changement significatif dans les orientations du parti. Il est même possible qu’ils entrainent une nouvelle baisse de ses effectifs.
Une transformation radicale de sa politique ne pourrait résulter que de la pression de circonstances extérieures et de l’action de celles-ci sur sa base militante. En tout état de cause, cette transformation implique la remise en cause du pouvoir et des intérêts matériels de la direction actuelle. En conséquence, elle ne pourra s’accomplir qu’au prix d’intenses luttes internes, sur une période plus ou moins longue.
Les premières indications d’une différenciation et d’une rupture possible entre deux ailes du PCF sont déjà présentes. Jusqu’à maintenant, la viabilité politique et organisationnelle du PCF reposait sur deux piliers. D’une part, elle reposait sur l’implication des militants dans les luttes sur le terrain, souvent en rapport avec la CGT. D’autre part, elle reposait sur des accords électoraux avec le Parti Socialiste pour se procurer les moyens financiers et institutionnels nécessaires à l’entretien de l’appareil du PCF. Tant que ces deux piliers pouvaient coexister, la direction trouvait les moyens de garder la contestation interne dans certaines limites et préserver ainsi sa propre position.
Mais ceci ne sera plus aussi facile désormais. Bien des « partenaires municipaux » socialistes sont passés directement chez Macron. La dislocation du Parti Socialiste et l’effondrement de sa base électorale diminuent considérablement l’intérêt des anciens accords électoraux avec lui et les rendent beaucoup plus difficiles à justifier auprès de la base. La politique d’austérité au niveau nationale impose une politique d’austérité municipale, et là où la bureaucratie tentera de poursuivre la collusion avec le Parti Socialiste, le « grand écart » entre la politique municipale et l’opposition syndicale deviendra impossible à tenir. Il va falloir choisir son camp.
Une tendance révolutionnaire qui prend sa mission au sérieux doit donc s’efforcer d’assimiler les enseignements les plus importants de l’expérience historique de la lutte des classes, afin de pouvoir importer cette expérience dans les combats de son époque, et contribuer ainsi à l’émergence d’une direction révolutionnaire qui, le moment venu, puisse infliger une défaite décisive aux capitalistes et ouvrir la voie à la réorganisation socialiste de la société.
Fraternellement,
GdM
"Un seul véritable révolutionnaire dans une usine, une mine, un syndicat, un régiment, un bateau de guerre, vaut infiniment mieux que des centaines de petits-bourgeois pseudo-révolutionnaires cuisant dans leur propre jus."