par Cyrano » 17 Oct 2018, 15:52
Le hasard veut que la semaine dernière, durant la manif (et du papotage…), un ancien du PCF m'a parlé de ça, que le capitalisme de toute façon était allait être foutu, puisque y'a la loi de la baisse tendancielle du taux de profit. Ah oui, cette loi dont juste le titre donne mal de tête – mais qui donne pas vraiment de bobo au capitalisme, on dirait. Et le soir, j'ai cherché dans Mandel, puis surprise! dans Marx? y'avait qu'un endroit (merci Marxist Internet Archives). Alors, v'la-t-y pas que j'ai vu le message de Jacquemart sur ce sujet.
La question de Jacquemart interpelle : effectivement, ça n'en cause que dans un seul endroit, un seul! Je n'avais pas pensé à ça. Et en plus, si ça se trouve, peut-être que Marx n'aurait pas rédigé définitivement tel que c'est présent dans le chapitre XIII du Livre III du Capital posthume? Ça, on ne saura jamais.
pouchtaxi, il y a une sacrée différence entre les manuscrits du Livre III et ce que tu donnes en exemple. Les manuscrits de 1844 étaient rédigés. Les textes de L'Idéologie Allemande eux aussi étaient rédigés - même si diverses circonstances n'en permirent pas la publication (Marx le dit dans sa préface à la Contribution à la Critique de l'Economie Politique). La correspondance privée, c'est pas des SMS, ce sont de vraies lettres, datées, signées. Et le manuscrit dit de Kreuznach, franchement, pfff, un texte de 1843! qui - on pourra en convenir - n'a pas déjà l'importance des brouillons du Capital.
Engels parle de la difficulté à établir ce Livre III à partir des gribouillis de Marx qui avait une écriture pourrite à laquelle il fallait être habitué. Il en parle dans la préface au Livre III :
«il n’existait qu’une première ébauche, et encore extrêmement incomplète. » et pas toujours très limpide : «A plusieurs endroits, l’écriture et la présentation ne révèlent que trop clairement l’irruption et les progrès graduels d’un de ces accès de la maladie, résultats du surmenage.» – Marx déconnait dans ce qu'il écrivait? Plus loin, Engels revient encore sur ses difficultés à transcrire : «En ce qui concerne la première section, le manuscrit principal n’était que très partiellement utilisable.» Et pour un cahier d'équations, de calcul sur les rapports plus-value et taux de profit, Engels charge un ami à lui «d’élaborer le contenu de ce cahier.»
Ce Livre III existe, je l'ai en main, mais je n'en avais lu que la préface d'Engels, chut. Mais là, j'ai lu le chapitre XIII sur la loi de la baisse... C'est digeste comme un gâteau basque. On y lit que «Etant donné l'importance de cette loi pour la production capitaliste, on peut dire que c'est le mystère dont la solution préoccupe toute l'économie politique depuis Adam Smith.»
Mais cette loi si mystérieuse n'est traitée qu'en 18 pages sur 830 pages de mon édition du Livre III. Ernest Mandel, sur les 1200 pages (en édition 10/18) de sont Traité d'Economie Marxiste traite le sujet en 7 pages. Et au-cu-ne mention de cette loi dans la correspondance Marx-Engels-etc. sur le Capital (même quand ça glose du taux d eprofit). Bah oui, après tout ce n'est qu'une loi qui «ne se manifeste pas sous sa forme absolue, mais sous forme de tendance à une baisse progressive.», dans le Livre III – ou encore, dans le Traité de Mandel : «Cependant, la tendance à la baisse du taux de profit ne joue pas de façon uniforme, d'année en année ou de décennie en décennie. Son jeu est limité par une série defacteurs agissant en sens contraire.» De là à penser que cette satanée Loi, pour les capitalistes, ne leur touche qu'une plus-value-ouille! sans faire bouger l'autre, y'aurait presque qu'un pas.