Salut ex Lucky,
ex Lucky a écrit :
En deux mots, contrairement a l'approche qu'avait LO jusqu'à maintenant, ce n'est pas les conditions de travail ni le chômage, ni les attaques sur tout y compris les retraites, qui peuvent faire le poids pour remonter le Taux de Profit. Cela joue un peu, mais très peu. Cela sert surtout pour démoraliser la classe ouvrière, et en fin de compte, a accentuer la crise!
Je crois que je comprends enfin ce que tu veux dire. C'est la première fois que tu t'exprimes aussi clairement. Contrairement à ce que j'avais pu comprendre jusque-là,
tu ne nies pas que les attaques sur les conditions de travail etc. représentent des tentatives pour le capital de faire remonter le taux de profit, mais (à l'échelle macroéconomique)
cela est très insuffisant et bien incapable d'inverser la tendance. Cela rend donc inéluctable une destruction massive de capital constant par le biais de la guerre.
Bien que ton approche garde un côté schématique qui l'affaiblit, formulée comme cela elle me semble plus juste. (A part la critique sur LO, car je ne vois pas où LO a écrit le contraire).
Schématique pourquoi ? Parce que rien ne permet de dire que si la tendance de fond perdure, il ne peut pas y avoir de remontée très provisoire sur une courte durée (et la période des années 1980-90-2000 où il y a eu une forte conjonction de phénomènes différents allant dans le même sens, c'est une courte durée). Et, oui, cela n'est pas suffisant pour inverser durablement la tendance. Et aussi, parce que la destruction massive de capital constant par le biais de la guerre, on n'a cessé de l'avoir en continu depuis la fin de la seconde guerre mondiale, répartie sur une quantité de conflits à travers le monde. Et puis il y a eu le petit élargissement du marché pour les principaux capitalistes, consécutif à la "rentrée dans le rang" de toute une série de pays (Chine, Inde, Russie...) dont l'économie s'était fermée à leurs capitaux (sauf à la marge), phénomène quasi achevé aujourd'hui (ou qui ne pourrait s'achever vraiment qu'à travers un conflit militaire, par exemple pour vraiment avoir "librement" accès à tout le marché russe ou tout le marché chinois). Et aussi, le petit élargissement du marché dû à l'augmentation de la population mondiale. Et celui dû à l'entrée d'un nombre croissant de services dans le secteur marchand.
Quant à savoir si l'issue, pour l'impérialisme, prendra la forme d'une guerre mondiale, c'est une vraie possibilité mais ce n'est pas la seule. Les guerres partielles, l'effondrement économique généralisé qui détruirait massivement du capital constant etc. peuvent aussi bien jouer un rôle. Mais on est clairement aujourd'hui à un stade de guerre commerciale exacerbée qui prépare la guerre tout court. (On peut aussi s'amuser à prédire que quand les Etats n'auront plus rien à privatiser, ils feront faillite... Sauf que ça peut arriver avant). Quant aux révolutions, il y en aura mais sans parti révolutionnaire elles échoueront.
Du coup, quand des économistes "se disant marxistes" comme Husson viennent expliquer que si, si, il y a une remontée du taux de profit, une "hausse tendancielle du taux de profit" comme il le dit par provocation, avec force appui de jolies courbes, tu nies ce phénomène.
Je ne sais pas s'il faut nier que le taux de profit ait remonté un petit peu sur une courte période, mais oui il faut nier que ce phénomène soit durable. Les instruments de mesure utilisés par Husson, comme je te l'ai déjà dit, ne me semblent pas fiables (on calcule ce taux avec des sources contestables). Et même en admettant qu'ils le soient, fiables, cela ne prouverait rien quant à la durabilité du phénomène. Husson dit en gros trente ans c'est long donc c'est un changement de nature, c'est là qu'il se trompe le plus à mon avis.
Mais ce que je ne comprends pas, c'est quels sont précisément les textes de LO qui te chagrinent ? Peux-tu donner des exemples, citer des passages ?