M. Lequenne, intro 2018 à son histoire du trotskysme

Marxisme et mouvement ouvrier.

M. Lequenne, intro 2018 à son histoire du trotskysme

Message par com_71 » 05 Déc 2018, 15:14

Introduction 2018
La première édition de ce livre parut en 2005 et fut assez vite épui-
sée. Son pari de n’être pas contredit avait été tenu (à deux petites erreurs ce livre parut en 2005 et fut assez vite épuisée. Son pari de n’être pas contredit avait été tenu (à deux petites erreurs
près, que l’ami qui me les avait signalées trouvera corrigées). Plus im-
portant était un oubli de ma part concernant la position de Marcel Gi-
belin en 1944. C’est le seul ajout à la réimpression.
En 2005, déjà, la IVe Internationale était en crise, divisée en deux
sections mondiales, l’une centrée sur le SWP des USA, avec une poli-
tique droitière, l’autre sur la France, centre des sections du reste du
monde, et tendant, à l’inverse, vers un certain gauchisme. Mais l’alter-
mondialisme ouvrait des espoirs d’une Ve Internationale. Cependant, le
chaos mondial me fit reprendre l’alternative « socialisme ou barbarie ».
C’est le second terme que nous vivons, et l’Internationale n’y a pas
échappé.
Dans les conclusions de ce livre, et malgré la suite de politiques
d’erreurs de la LCR, j’exprimais encore un possible redressement.
C’était une erreur.
Au-delà, l’Internationale a cessé d’agir en tant qu’organisation
mondiale portant une seule politique révolutionnaire. Elle devint une
organisation fantôme, dont la plupart des sections sont des groupes
« entristes » dans diverses organisations plus ou moins radicales, selon
Inprecor, qui lui tient lieu de porte-parole.
Son 16e Congrès, en février 2009, suivait de peu la formation du
NPA, qui en dissolvant la LCR, la section française de l’Internationale,
prétendait à un progrès par cet élargissement, donné comme modèle au
Congrès. Certes, le Congrès lui-même apparaissait comme fasciné par
les « révolutions bolivariennes ».Celles-ci, n’étant pas « proléta-
riennes », c’est-à-dire ne reposant pas sur des comités ouvriers et pay-
sans (des soviets, en russe), sont vouées à l’échec, comme nous en
voyonsdéjà les prémices (voir la situation du Venezuela).Le problème
d’une nouvelle Internationale était posé là, mais dans quelle voie pro-
grammatique ?
Qu’auraient dû faire des marxistes révolutionnaires ?
Soutenir de façon critique les plus avancées de ces révolutions, et
combattre les dirigeants qui se contentaient d’être du type « leader
maximo ».Ce qui sortit du 16e Congrès fut le contraire : la marche arrière ; l’assimilation à tous les « anticapitalistes », soit la voie du NPA.
Celui-ci a vu, dès sa fondation, sortir de ses rangs un premier
« groupe unitaire ». Allait-il faire renaître la LCR ? Non ! Un de ses
leaders, un certain Christian Picquet, réussit à l’entraîner à la pire dé-
générescence : le vendre au PCF, sans que l’on sache combien d’ex-
membres de la LCR l’y suivirent. Puis un second groupe sortit à son
tour et disparut dans le Front de gauche. Enfin, ce fut un troisième, pa-
radoxalement dirigé par plusieurs des fondateurs du NPA ! Celui-ci al-
lait lentement se décomposer lui aussi. On ne peut expliquer cela que
par une profonde démoralisation. Que restait-il, dans ce NPA, des trots-
kistes qui ne sont plus considérés comme membre de la IVe Internationale ?
Il fallut que huit ans passent pour que cette Internationale invisible
annonce la préparation de son 17e Congrès. On n’en attendait guère.
Ce fut pire que tout ce qu’on pouvait craindre.
Les pires congrès du passé restaient sous l’égide de son fondateur,
Trotski, et des principes marxistes-révolutionnaires. Il n’en était plus
question. La séparation n’était pas un fossé, mais un abîme !
Son document politique n’était rien d’autre que ce qu’aurait pu
écrire n’importe quel journaliste de gauche. Quant aux tâches, en se
fixant le but d’exister, elles trahissaient la pauvreté de ce qui existait,
et que nous révélait le peu de chiffres qui nous était fourni : 13 000 mi-
litants pour 40 pays sur quatre continents, en comptant ceux d’organi-
sations sympathisantes et observatrices. Toutes étaient représentées par
180 délégués.
La seule France fournissant des chiffres, il était aisé d’en déduire
la réalité. Elle avait droit à 5 délégués pour une section de 364 membres
élus selon le principe de 5 votants, eux-mêmes représentant chacun 5
militants. Ces chiffres misérables, qui ne correspondent pas entre eux,
étaient ceux qui restaient dans le seul NPA. Ils se partageaient trois pla-
teformes : la majoritaire, qui eut droit à 4 délégués, avait pour base les
textes adoptés par le Comité international (?) ; la deuxième en eut 1 en
se prononçant pour une Internationale révolutionnaire par 11 votes
(mince espoir dans cette misère !). Trois autres votes se perdaient. L’en-
semble donnait 49 voix, qui multipliées par 5 donnent 245 membres
votants, et non pas 367. Acceptons-les en mettant la différence sur ceux
qui ne sont pas venus voter.
Était-il possible que toute l’Internationale ait connu la même dégé-
nérescence que celle de France ? Le mystère se résout sans doute par
l’activité propred’un Comité exécutif, dont nous ne connaissons que
quelques membres français, lesquels ont dû opérer comme en France,
jetant les rétifs dans la démoralisation.
Il resterait donc 55 sections et organisations sympathisantes et ob-
servatrices, dans 40 pays, regroupant au total plus de 13 000 militants.
Comme leurs délégués ne pouvaient être élus que selon les mêmes lois
que ceux de France, il suffit de diviser deux fois par 5 ces 13 000, ce
qui donne 5 200.
La conclusion est simple : il n’y a plus de IVe Internationale.
Cependant, la situation générale ne tardera pas à redevenir préré-
volutionnaire. Les luttes actuelles contre les gouvernements des repré-
sentants directs du Grand Capital montreront la voie d’une nouvelle
Internationale, dont la politique ne peut que revenir au marxisme-ré-
volutionnaire. L’Histoire l’exige pour que la Barbarie ne mène pas à la
fin du monde.


http://lequenne.michel.free.fr/Telechar ... F_2018.pdf
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: M. Lequenne, intro 2018 à son histoire du trotskysme

Message par artza » 05 Déc 2018, 18:33

Bien creusé Michel :mrgreen:
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Re: M. Lequenne, intro 2018 à son histoire du trotskysme

Message par Gayraud de Mazars » 05 Déc 2018, 21:53

Salut camarades,

C'est désespérant et démoralisant de voir à quoi en est réduite notre chère IV° Internationale SU ! Un ancien de la Ligue qui n'a jamais renoncé !

Fraternellement,
GdM
"Un seul véritable révolutionnaire dans une usine, une mine, un syndicat, un régiment, un bateau de guerre, vaut infiniment mieux que des centaines de petits-bourgeois pseudo-révolutionnaires cuisant dans leur propre jus."
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Re: M. Lequenne, intro 2018 à son histoire du trotskysme

Message par com_71 » 05 Déc 2018, 23:01

L’ex-Secrétariat unifié de la IVe Internationale : du trotskysme à l’« écosocialisme »
Un article de la dernière Lutte de Classe :
https://mensuel.lutte-ouvriere.org//201 ... 14513.html
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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